La Religion Romaine selon Jean Bayet - article ; n°1 ; vol.11, pg 27-47
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Religion Romaine selon Jean Bayet - article ; n°1 ; vol.11, pg 27-47

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1972 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 27-47
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

La Religion Romaine selon Jean Bayet
In: Etudes sur la religion romaine. Rome : École Française de Rome, 1972. pp. 27-47. (Publications de l'École
française de Rome, 11)
Citer ce document / Cite this document :
Boyancé Pierre.La Religion Romaine selon Jean Bayet. In: Etudes sur la religion romaine. Rome : École Française de Rome,
1972. pp. 27-47. (Publications de l'École française de Rome, 11)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1972_ant_11_1_1529LA RELIGION ROMAINE
SELON M. JEAN BAYET(i)*
Le titre du livre de M. Jean Bayet définit bien l'objet qu'il s'est 144
proposé. C'est d'une histoire qu'il s'agit en substance, non comme dans
Wissowa d'un tableau précédé d'une introduction historique. Plus que
dans aucun autre exposé, plus même que chez MM. Cyril Bailey, Franz
Altheim, Albert Grenier, Pierre Fabre, apparaît le souci de saisir les
phénomènes dans leur genèse, leur succession, de distinguer et de nuanc
er des étapes, ^Naturellement il n'est pas possible d'éluder les problè
mes de structure et, au centre du volume dans « La religion de la Eome
républicaine », les chapitres VI sur les dieux et VII sur le culte permet
tent d'envisager d'ensemble une définition des principales valeurs et
des institutions religieuses.
Si vigoureusement conçu, si bien étudié que soit le plan, il ne peut
échapper à tout arbitraire, inséparable d'une synthèse, et si le chapitre II
réserve à la première partie sur « Les bases ethniques et psychologiques »
les « dominantes de la mentalité religieuse des Eomains », c'est au sein
de la seconde, au chapitre VII sur le culte, que se trouve une section
« La piété et le sentiment religieux », dont une liaison plus étroite avec
les « dominantes » eût pu apparaître aussi naturelle.
Cette histoire se définit comme histoire politique et cette définition
se recommande particulièrement pour la religion romaine. M. Bayet
en a partout le très vif sentiment. A l'affaiblissement du sens cosmique
(p. 56), correspond dans l'esprit latin la prédominance du souci civique
et social (p. 57). Ce sont les besoins de l'Etat qui engagent les Eomains
à s'enrichir de nouvelles divinités et «les pontifes sont hommes politi
ques autant que prêtres » (p. 57). En son essence même cette religion
« s'offre comme une construction voulue » (p. 5) et à cet égard le rôle
attribué à Numa a valeur, sinon d'histoire, au moins de symbole (p. 88).
Le développement des cultes est lié étroitement au devenir de la cité.
(x) Jean Bayet, Histoire politique et psychologique de la religion romaine (Bi
bliothèque historique), Paris, Payot, 1957; 1 vol. in-8°, 334 pages.
* BEA, LX, 1958, p. 144-162. 28 ÉTUDES SUR LA RELIGION ROMAINE
Au centre même de l'exposé les initiatives d'Auguste ont caractère émi-
145 nemment politique et c'est sur le terrain politique que se placera le conf
lit final avec le christianisme.
Il conviendrait, au reste, de s'entendre sur le sens à donner à « poli
tique ». Le cas d'Auguste pourrait inviter à imaginer une intervention
artificielle, imposant aux individus les contraintes que l'on juge utiles
au corps social. M. Bayet ne dissimule pas à certains moments les cal
culs des hommes d'Etat, ce qu'il appelle leur « pragmatisme ». Pour la
divination il montre comment sa minutie même, sa précision permettent
d'en limiter le domaine et de lui soustraire une certaine liberté d'action
(p. 54). Je crois même pour ma part qu'il l'exagère un peu: il nous en
gagerait presque à prendre en exemple ce Claudius Pulcher obligeant
les poulets sacrés à boire puisqu'ils ne voulaient pas manger! Mais tout
ceci ne doit pas nous amener au point de vue de Polybe ou de M. Thiers
sur la religion qu'il faut au peuple pour le rendre gouvernable. Bien plu
tôt la romaine apparaît politique en ce sens que l'Etat est pour
l'individu le médiateur naturel entre les dieux et lui. Le civisme se lie
indissolublement à la tradition religieuse et cette tradition est toujours
pour un Eomain ce qui le met plus sûrement que toute conception per
sonnelle, qu'elle soit sentimentale ou rationnelle, en présence du divin.
On le verra bien à la fin de l'Antiquité, quand le paganisme se raidira
farouchement en sa foi dans les destins romains. Mais on l'aura vu aupa
ravant dans tout le cours de l'histoire. On l'aura vu chez un Cicéron,
chez qui on aura le paradoxe relevé récemment « qu'un traité de droit
politique [le De legibus] soit littéralement encombré de théologie », alors
que le traité des Devoirs moraux s'en passe allègrement (P. Milton- Va-
lente, L'éthique stoïcienne chez Cicéron, Paris, 1957, p. 349). On l'aura
vu même chez un Auguste, où la sincérité religieuse de l'individu est
incontestable et s'inspire sans doute aux sources mêmes de son patrio
tisme. Le dieu n'est utile à l'Etat que parce que l'Etat est cher aux
dieux. M. Bayet a le sentiment profond de cette unité indissoluble, quand
il se propose d'écrire une histoire politique de la religion romaine.
En s'attachant d'autre part à l'aspect psychologique, M. Bayet
entend bien nous signifier que c'est tout de même en définitive dans
l'âme des Eomains, autant et sans doute plus que dans les institutions,
que le fait religieux a son fondement et seule l'analyse des états d'esprit,
des sentiments et, dans une certaine mesure, des idées nous dévoile les
aspects les plus profonds. On sait assez que les Eomains se considé
raient comme le plus religieux des peuples. C'est en se comparant aux
autres, ennemis ou rivaux, Carthaginois et Grecs notamment, qu'ils LA RELIGION ROMAINE SELON M. JEAN BATET 29
découvraient dans leur religion le secret véritable de leur force. Plus
qu'aucun autre ils attribuaient à leur sens de la distance entre le Dieu
et l'homme, à leur respect des êtres supérieurs, les succès mêmes de leur
politique. La perfection rituelle de leur maniement du sacré n'est que
la traduction, sur le plan pratique, de ce sentiment fondamental. Aussi
faut-il savoir un gré particulier à M. Bayet d'avoir, là même où il étudie 146
les prêtrises et où il expose les rituels, toujours cherché à préciser les
états d'âme et, en particulier, pour user d'un terme qui lui est cher, les
« dosages » des éléments, variés par leur origine et leur nature psychol
ogique, qui les constituent.
Quelques exemples montreront mieux que tout commentaire sa
façon de procéder et illustreront en même temps certains de ses points
de vue. P. 66, pour définir les cultes domestiques et l'attachement qu'ils
suscitent: « Ils satisfaisaient un double instinct, de recours précis à cha
que instant et de rêverie vague et familière ». — P. 74, pour l'évolution
des formules du type Dis manïbiis alicuius, plus tard Dis manibus alicui:
« Le plus simple est de voir en ces formules des témoignages de la libé
ration difficile du mort individuel, autrefois prisonnier d'une collectivité
anonyme ». — P. 139, pour le sens du divin à Eome: « On doit affi
rmer. .. la survie millénaire (selon les cas, individuelle ou sociale, «pri-
mitiviste » ou cultivée) d'un respect instinctif, fait d'incompréhension
admirative en face de la nature ». — P. 140, pour l'importance reconnue
aux prodigio,, portento,, monstra: « On peut parler du besoin des prodig
es, et d'une sorte d'appel au drame divin de la mentalité collective des
Eomains, quand le drame humain atteint une certaine tension, d'attente
ou de catastrophe ». Il faudrait encore pouvoir citer (p. 146) l'analyse,
d'après Tite-Live, des crises d'émotions religieuses en 428 et 213. —
— P. 155 sur l'apollinisme à Rome, d'après M. Jean Gagé: «... une
atmosphère de fêtes divines, harmonieuses et détendues, appelant toute
la population à une participation de bonheur et de générosité humaine ».
— P. 148 l'auteur constate avec beaucoup de pénétration: « Ces alter
nances ou oscillations de la mentalité populaire entre la curiosité fréné
tique de l'inconnu et l'attachement obstiné aux formes du passé ont
dû en bien d'autres occasions dramatiser l

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents