La répartition géographique de la population française et l'aménagement du Territoire - article ; n°4 ; vol.11, pg 701-724

Nadine Perrin

Description

Population - Année 1956 - Volume 11 - Numéro 4 - Pages 701-724
Les contrastes de peuplement des régions françaises et l'inégalité de leur évolution retiennent depuis longtemps l'attention. Les organismes de recherche, les Pouvoirs publics, l'opinion même ont constaté et parfois mis en lumière le problème du déséquilibre entre les régions en expansion et celles qui se dépeuplent. Cependant, ce n'est qu'à une époque récente que le concept même du phénomène s'est bien dégagé, et qu'est née l'expression « Aménagement du territoire », plus sociale, plus heureuse que la classique « mise en valeur ». Mme Nadine Perrin, géographe, chargée de recherches à l'I.N.E.D., expose ici les données générales du problème et décrit les institutions et organismes créés en vue de le résoudre.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1956
• Nombre de lectures: 112
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Nadine Perrin
La répartition géographique de la population française et
l'aménagement du Territoire
In: Population, 11e année, n°4, 1956 pp. 701-724.
Résumé
Les contrastes de peuplement des régions françaises et l'inégalité de leur évolution retiennent depuis longtemps l'attention. Les
organismes de recherche, les Pouvoirs publics, l'opinion même ont constaté et parfois mis en lumière le problème du
déséquilibre entre les régions en expansion et celles qui se dépeuplent. Cependant, ce n'est qu'à une époque récente que le
concept même du phénomène s'est bien dégagé, et qu'est née l'expression « Aménagement du territoire », plus sociale, plus
heureuse que la classique « mise en valeur ». Mme Nadine Perrin, géographe, chargée de recherches à l'I.N.E.D., expose ici les
données générales du problème et décrit les institutions et organismes créés en vue de le résoudre.
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Perrin Nadine. La répartition géographique de la population française et l'aménagement du Territoire. In: Population, 11e année,
n°4, 1956 pp. 701-724.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1956_num_11_4_4798RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE LA
DE LA POPULATION FRANÇAISE
ET L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
l'attention. l'inégalité l'opinion Les contrastes même de Les leur organismes ont de constaté évolution peuplement de et recherche, retiennent parfois des mis régions les depuis en Pouvoirs lumière françaises longtemps publics, le proet
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qui se dépeuplent. Cependant, ce n'est qu'à une époque
récente que le concept même du phénomène s'est bien dégagé,
et qu'est née l'expression • Aménagement du territoire »,
plus sociale, plus heureuse que la classique « mise en valeur ».
Mme Nadine Pbrrin, géographe, chargée de recherches à
n.N.E.D., expose ici les données générales du problème et
décrit les institutions et organismes créés en vue de le
résoudre.
I. LES DONNEES DU PROBLEME
Si l'on fait abstraction des descriptions de l'école géographique
qui, pendant longtemps, a été la seule à s'attacher aux évo
lutions de cette espèce, l'on a eu affaire jusqu'à une époque
presque contemporaine, moins à une étude rationnelle du problème
qu'à des conflits souvent passionnels entre partisans et adversaires
de ces inégalités et des évolutions qui les maintenaient. Innovatrice
dans ce domaine, l'école géographique française a analysé par des
monographies et par des études plus générales, mais souvent trop
théoriques, le sous-développement d'une partie du pays et les
contrastes avec d'autres régions constamment en expansion.
Un grand progrès a été fait grâce aux. travaux du groupe de
géographes, d'économistes et de sociologues, dirigé par M. Gabriel
Dessus. 11 s'est agi d'une recherche précise des aspects démogra
phiques et économiques de chaque région, aboutissant à une éva
luation des différents degrés d'évolution et à une première carte
des régions sous-peuplées et sous-développées en France. Ces tra
vaux sont à l'origine du premier comité d'étude et d'action locales : LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE LA POPULATION FRANÇAISE 702
le Comité d'Etude et d'Aménagement de Reims et de sa région, créé
le 8 juin 1943 (1).
En 1949, un Cahier de [Institut national d'études démogra
phiques : « Dépeuplement rural et peuplement rationnel >, posait
le problème sous un aspect intéressant. Une étude théorique de la
population optimale examinait les facteurs qui peuvent justifier ou
déterminer le peuplement d'une région; des enquêtes portaient sur
des zones en voie de dépeuplement, et en particulier sur le dépar
tement agricole du Gers, Tun des plus atteints (315.000 habitants
en 1846, 190.000 en 1946).
Cette étude et d'autres, faites simultanément par des comités,
des bureaux d'études, des organismes publics ou privés, pouvaient
donner une assise à une politique plus générale de peuplement qui
n'a malheureusement jamais été définie de façon précise.
En 1945, prenant conscience des déséquilibres dont souffrait
l'économie française, le gouvernement avait élaboré le premier plan
de modernisation et d'équipement mais, ayant surtout pour but le
développement des industries de base, ce plan n'avait pas atténué
les disparités régionales. Quand, au lendemain de la Libération,
M. Clauoius-Petit a créé et pris en main с l'aménagement du ter
ritoire э, de nombreux éléments du problème apparaissaient déjà,
révélant des inégalités fondamentales démographiques, économiques
et sociales. Résumons-les d'abord à grands traits.
Aspects démographiques Sans même étudier la mortalité et la
des disparités régionales. fécondité suivant les régions, les migrat
ions donnent une première idée de
l'inégalité des développements.
L'émigration affecte soit des zones de forte densité et de forte
natalité comme la Bretagne où cette exubérance ne trouve pas, dans
l'industrie, une contrepartie suffisante, soit des régions déjà peu
peuplées, mais pauvres naturellement.
En 1954, la densité moyenne est de 78 h. /km2, mais elle n'excède
pas 25 h./km2 pour la France rurale. La comparaison des recense
ments de 1936 et 1954 souligne la part prépondérante des régions
exclusivement agricoles dans ce dépeuplement (2). Les treize dépar
tements dont la population a diminué de plus de 5 % pendant ces
huit années, ont tous plus de 55 % de population masculine employée
dans l'agriculture. En 1946, on comptait trente-deux départements
où la population masculine agricole dépassait 50 % de la population
totale, parmi lesquels le Gers (73 %), la Lozère (69 %) et le Lot
(67 %).
de (1)la région Ce comité de Reims, a été homologué le 27 septembre sous 1945 le nom (J.O. de du Comité 13 octobre d'étude 1945). ou d'aménagement
(2) J. P. Gravier fait remarquer que les zones d'agriculture riches comme le Vau-
cluse ou les Pyrénées-Orientales n'ont que 46 ou 47 % environ de population active
masculine agricole. Ce pourcentage est sensiblement le même que celui des polders
hollandais. L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE 703 ET
' Au sein de ce monde rural, les parties montagneuses apparaissent
les plus atteintes. Dans les zones ayant moins de 20 h./km2, on note
une grande partie du Massif Central (Causses et Cévennes, en parti
culier), les vallées pyrénéennes, une grande partie des Alpes (la
Haute Provence, notamment). Il faut ajouter à ces régions montag
neuses, les régions à agriculture pauvre : Gers, Landes et une
grande partie du Sud-Ouest.
Le contraste est bien accusé par la carte où les départements sont
représentés par des surfaces proportionnelles à la population (3).
D'une façon générale, région dépeuplée signifie population
moyenne plus âgée. Les cartes de répartition des jeunes de moins
de 15 ans et de 15 à 25 ans par département, et la carte de réparti
tion du pourcentage des jeunes par grandes régions mettent en év
idence l'opposition entre les départements situés au nord d'une ligne
Vendée-Belfort, assez riches en jeunes (39 départements groupent
62 % de jeunes) et les départements situés au sud, pauvres en jeunes
(51 départements ne rassemblent que 38 % de jeunes) (3 bis).
Les aspects économiques. Ces inégalités démographiques peuvent
avoir, ou non, des fondements écono
miques. Les migrations ou les différences de natalité peuvent être
en rapport avec les ressources économiques naturelles; mais par
fois aussi, un déséquilibre économique se produit qui, entraîné par
sa propre force, n'a tendance qu'à croître.
Le contraste entre la densité des zones congestionnées et l'atonie
des régions d'o