La Révolution et la famille - article ; n°1 ; vol.46, pg 151-168
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1991 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 151-168
The French Revolution and the Family.
What the French Revolution intended to throw into question and transform in the familial field stemmed largely from the expectations of French society at the end of the Ancien Régime concerning the distribution of powers among the state, family, and individual. But those expectations were contradictory : they sought both more civil and moral autonomy for the couple and the individual, and more extensive state-provided safety net for families in trouble. In the revolutionary legislation and the practices it ordained, one must thus isolate will to maintain continuity with the Ancien Régime.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Burguière
La Révolution et la famille
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 46e année, N. 1, 1991. pp. 151-168.
Abstract
The French Revolution and the Family.
What the French Revolution intended to throw into question and transform in the familial field stemmed largely from the
expectations of French society at the end of the Ancien Régime concerning the distribution of powers among the state, family,
and individual. But those expectations were contradictory : they sought both more civil and moral autonomy for the couple and
the individual, and more extensive state-provided safety net for families in trouble. In the revolutionary legislation and the
practices it ordained, one must thus isolate will to maintain continuity with the Ancien Régime.
Citer ce document / Cite this document :
Burguière André. La Révolution et la famille. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 46e année, N. 1, 1991. pp. 151-
168.
doi : 10.3406/ahess.1991.278934
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1991_num_46_1_278934LA REVOLUTION FRAN AISE ET LA FAMILLE
ANDR BURGUI RE
Ce que les tenants du courant conservateur ou légitimiste reprochent la
Révolution depuis le début du xixe siècle et dès la Révolution elle-même plus
encore que avoir exécuté le roi et détruit la monarchie est avoir détruit la
famille Or si on cherche dans les débats révolutionnaires les preuves de la pré
méditation un tel assassinat on risque être dé Députés ou pamphlétaires
évoquent la voix ou les droits de la Nature la liberté ou le Bonheur de indi
vidu autorité ou le despotisme paternel les vertus conjugales ou filiales
éducation ou amour des enfants etc Mais si on met part le tribunal de
famille institution la plus originale créée par la Constituante dans ce
domaine la famille ce pôle majeur de la réalité sociale ce lieu de pouvoir de
socialisation et de protection au sein duquel partisans et adversaires de la Révo
lution ont passé essentiel de leur existence est rarement désignée comme telle
Meurtre par accident Confondre le mot et la chose croire que la famille
commencé exister dans les préoccupations et les débats de la Révolution
partir du moment où elle pouvait être nommée relèverait un nomina
lisme bien naïf On peut même dire que le mode apparition de la famille dans
la crise révolutionnaire est abord une mise en mots une prise de parole qui
instaurent partir de la convocation des tats généraux dans les cahiers de
doléances puis dans les débats des assemblées et côté elles propos un
domaine qui était voué jusque-là une existence largement tacite désormais
affrontent ouvertement différentes conceptions de la parenté de ordre fami
lial et travers lui de ordre social qui étaient inscrites depuis longtemps dans
les pratiques dans les formes organisation domestiques dans les règles de la
vie quotidienne mais qui avaient jamais eu occasion être aussi globale
ment explicitées
Nous devons également résister effet commémoration qui pousse
historien se placer en aval de la Révolution la considérer du haut un
xixe siècle achevé ou même au-delà pour une célébration en forme de comptabi
lité de ce que les manuels scolaires appellent rituellement uvre de la Révo
lution fran aise confondant dans la meilleure tradition positiviste le travail
législatif et les transformations de la société). Ou pour un procès en bonne et
151
Annales ESC janvier-février 1991 no pp 151-168 LA POPULATION ET LE POLITIQUE
due forme En écartant accusation formulée par la pensée contre-révolution
naire nous ne pouvons ignorer que nous devons cette pensée une grande
partie de armature conceptuelle avec laquelle nous abordons le problème de la
famille La démarche qui consiste placer organisation familiale au centre de
architecture sociale la fois comme cellule de reproduction biologique et de
reproduction distincte du réseau de parenté et liée lui voir en elle le
lieu acquisition des règles et des valeurs qui ordonnent le jeu social doit beau
coup la sociologie conservatrice du xixe siècle bonaldienne et leplaysienne qui
est préoccupée de comprendre la société pour la réformer avec la conviction
que les maux dont semblaient souffrir la société fran aise la misère immora
lité instabilité provenaient de la déstabilisation opérée par la Révolution et
que la société fran aise étaient en quelque sorte malade de la
Devons-nous pour échapper une conception trop organiciste de la famille
qui confond celle-ci avec organisation domestique réduire les débats qui met
tent en cause organisation de la famille sous la Révolution une opposition
entre attachement la sphère du privé et extension du domaine public Tra
duire ainsi la question familiale dans les termes de époque serait largement
inadéquat La famille est sous Ancien Régime une institution publique et de
plus en plus depuis elle récupéré une partie des prérogatives des institu
tions locales municipales ou villageoises vidées de leur substance par exten
sion de administration monarchique Entre le pouvoir familial et celui des
appareils centralisés glise et tat existe désormais un espace de discon
tinuité et même de vide qui terme peut contribuer isolement de la sphère
familiale En respectant la diversité des coutumes en particulier en matière de
succession tat reconnaît la famille une forme de compétence publique
abandon de cette quasi-neutralité de tat sous la Révolution et les nom
breuses mesures législatives dans la perspective un code civil unique ne peu
vent donc se comprendre comme une extension de la sphère publique aux
dépens du domaine privé mais comme un renforcement de autorité publique
centralisée aux dépens du pouvoir dont disposait localement dans la sphère
publique instance familiale
Devons-nous rapprocher le privé de intime et en faire le domaine réservé
de individualité Dans la vision ou du moins le discours de la Révolution
est éloigner individu de la famille pour le rapprocher de tat car propos
du mariage du divorce des successions et une certaine fa on propos de
enfant est pour défendre individu contre le despotisme familial que les
révolutionnaires ont prétendu légiférer et réclamer intervention de tat
Devons-nous alors faire du privé le nouveau territoire du couple désormais
soustrait au contrôle des pouvoirs centralisés comme des solidarités proches
solidarités de voisinage et de parenté Il sera tout aussi difficile de savoir dans
quel camp le situer celui de la famille ou celui de tat La législation et le dis
cours révolutionnaires ont contribué la promotion de la cellule conjugale et
donc une certaine nuclearisation de la sphère familiale en renfor ant son
autonomie et en exaltant ses vertus Mais sur quelles bases Celle de égalité
entre mari et femme La Révolution préconisée et même établie par la loi au
début de la Convention Mais après Thermidor elle est revenue sur ses innova
tions les plus audacieuses pour aboutir avec le Code civil un ordre patriarcal
et marital certains égards plus strict que celui de Ancien Régime
152 BURGUI RE LA VOLUTION FRAN AISE ET LA FAMILLE
Celle une moindre soumission des enfants autorité parentale et surtout
paternelle Ici encore et dans une périodisation analogue concernant éduca
tion du jeune enfant publique ou non obligatoire ou non) âge de la majorité
le statut des enfants illégitimes que les constituants dans un premier élan de
générosité ont décidé appeler naturels la Révolution abord combattu
absolutisme patriarcal pour le rétablir la fin avec des droits quasi illimités
Nous pourrions choisir autres catégories de affrontement idéologique qui
envahit les débats révolutionnaires celle qui oppose les intérêts particuliers
intérêt général la diversité naturelle des familles abstraction de unité
nationale nous retrouverions la même difficulté ajustement aux enjeux com
plexes de opposition entre la famille et tat révolutionnaire
Nous entendons pas limiter notre réflexion au seul niveau de affronte
ment idéologique même si esprit du temps nous invite et si les données pro
pres la conjoncture révolutionnaire qui met en débat et en discours ordre de
la société doivent nous amener le croiser chaque pas Nous souhaitons égale
ment apprécier action législat

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