La satiation verbale - article ; n°1 ; vol.68, pg 231-249
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Description

L'année psychologique - Année 1968 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 231-249
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Chauviere
La satiation verbale
In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°1. pp. 231-249.
Citer ce document / Cite this document :
Chauviere M. La satiation verbale. In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°1. pp. 231-249.
doi : 10.3406/psy.1968.27606
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1968_num_68_1_27606LA SATIATION VERBALE
par Michèle Chauvière
Le phénomène de satiation verbale peut être défini par la perte du
sens des mots qui suit leur répétition ou leur présentation prolongée.
Très tôt signalé, le phénomène n'a été que fort peu étudié en dehors de
l'école introspective de Titchener. La pauvreté des articles parus dans
la littérature à ce sujet peut s'expliquer ainsi : l'importance du phéno
mène n'a pu être saisie en raison du manque de méthode objective de
mesure de celui-ci. Mais avec le courant d'intérêt que suscitent les
processus cognitifs, le phénomène devient l'objet d'études spécifiques.
Rappelons brièvement les premiers travaux. Basette et Warne (1919)
se livrent à une analyse descriptive et introspective de la disparition du
sens du mot à la suite de sa répétition ; une telle disparition survient
en 3 à 3,5 s avec un rythme de de 3 s. Selon Mason (1941),
on peut constater des changements observables de la réponse psycho
galvanique relatifs aux de sens qui affectent le mot répété
oralement. Une tentative d'explication du phénomène renvoie aux effets
consécutifs flguraux de Kohler et Wallach ; dans ce contexte théorique,
un postulat central affirme que l'activation d'un processus nerveux
tend avec le temps à interférer avec sa propre continuation. Comme
Eysenck l'a montré par ailleurs, il s'agit d'une sorte de parallèle au
postulat d'inhibition réactive de Hull.
Si un tel processus nerveux peut être considéré comme applicable à
tous les processus nerveux, c'est-à-dire ici à la fois aux traces mnémon
iques et à leur sens, peut-être aurait-on alors une explication de la
perte du sens des mots ?
Dans une tout autre optique Smith et Raygor (1959) mettent en
évidence les deux phénomènes suivants :
1) L'activité d'association dans la pensée est une fonction de la satiation ;
2) Le processus de satiation lui-même se déroule différemment selon la
structure de la personnalité.
Parmi ces premières recherches, signalons encore une thèse de
doctorat non publiée de Gaynor concernant l'influence de la satiation
sur le rappel, ainsi qu'un rapport imprimé de Gibson.
Continuant les travaux déjà anciens de Severance et Washburn (1907)
sur le rôle des facteurs longueur et nombre de syllabes du mot dans la
cohésion de la trace mnémonique, Wertheimer et Gillis (1958) examinent
systématiquement le rôle des variables suivantes dans l'apparition de la 232 REVUES CRITIQUES
satiation : fréquence du mot, nombre de syllabes, nombre de lettres,
le réfèrent est-il un objet ou non, la structure du mot.
Les résultats obtenus peuvent être résumés ainsi : les mots courts
perdent leur sens plus tardivement que les mots longs mais, contrair
ement aux prévisions, les mots monosyllabiques perdent moins vite leur
sens que les mots dissyllabiques. Les résultats pour la fréquence et
l'objectivité du réfèrent sont peu clairs. Au total, les auteurs pensent que
l'on se fait une idée trop simple du phénomène de satiation, et que l'on
ne peut obtenir une image satisfaisante du phénomène en faisant varier
une condition et en contrôlant les autres statistiquement.
Ils mettent l'accent sur l'idée que le varie bien suivant
les caractéristiques des mots, mais aussi avec les sujets — en particulier,
pour un sujet qui présente peu d'after effect, le temps de disparition du
sens des mots est plus long.
Erow E. trouve une corrélation satisfaisante entre des effets consé
cutifs flguraux importants et une perte rapide du sens des mots.
En résumé les travaux du laboratoire de Titchener (Basette et Warne,
1919 ; Don et Weld, 1924 ; Severance et Washburn, 1907), et les travaux
qui ont suivi (Smith et Raygor, 1956 ; Wertheimer et Gillis, 1958 ;
Miiler, 1963 ; FilJenbaum, 1963) font toujours appel à des méthodes
introspectives pour étudier l'apparition et la genèse du phénomène.
Il faut attendre les travaux de Lambert et Jakobovits (1960) pour
que l'on se propose de donner une extension au concept de satiation en
introduisant de nouvelles méthodes de mesure, et en reliant le phéno
mène lui-même à une théorie de la signification (Osgood).
Avant de poursuivre plus avant l'analyse de travaux mettant en
œuvre des méthodes objectives, il convient de préciser les trois concepts
fondamentaux qui seront fréquemment utilisés ensuite : satiation
connotative, satiation associative et génération.
La satiation connotative est opérationnellement définie par le
déplacement de la signification du mot vers les zones neutres sur les
échelles bipolaires du différenciateur.
La satiation associative réside dans la réduction de la disponibilité
des associations habituelles de ce mot, consécutive à la répétition.
Quant à la génération, elle se situe à l'opposé de la satiation. Gomme
les études de Yelen et Schulz (1963) le montrent, il est des cas où la
répétition entraîne un déplacement de la signification du mot vers les
pôles extrêmes des échelles (indice d'une augmentation d'intensité de la
signification).
I. — SATIATION ET GÉNÉRATION
A) Problèmes de méthodologie
II convient de s'attarder quelque peu sur la méthode employée et
ceci pour deux raisons au moins : d'une part, elle est en rupture avec
celle des travaux antérieurs, d'autre part elle situe d'emblée les MICHÈLE CHAUVIÈRE 233
recherches dans une perspective théorique de la signification qui est
celle d'Osgood.
Rompant avec la tradition introspective, Lambert et Jakobovits
utilisent le différentiateur sémantique d'Osgood comme révélateur du
phénomène, en supposant que si un mot perd son sens à la suite de la
répétition, il tendra à être estimé dans les zones neutres ( — 1,0, +1)
sur un ensemble d'échelles bipolaires.
L'expérience princeps (1960) se déroule comme suit : les auteurs
utilisent 9 échelles bipolaires, 3 pour chacune des dimensions de l'espace
sémantique (Osgood, Suci, Tannebaum), Valeur, Puissance, Activité ;
l'estimation est faite pour 5 mots du langage courant.
Le sujet doit estimer la place d'un mot sur l'une des échelles, après
répétition de celui-ci ; on présente le mot pendant 1 s ; puis 15 s s'écoulent
durant lesquelles le sujet doit répéter le mot présenté au rythme de 2
à 3 s.
A la suite de la répétition, le mot est estimé sur l'une des échelles
en 7 points. Cette procédure est répétée jusqu'à ce que tous les mots
soient estimés sur les 9 échelles ; l'ordre de présentation est déterminé
de telle manière qu'un éventuel effet de halo soit évité — groupe
expérimental.
Dans la procédure classique, 3 groupes contrôle accompagnent ce
groupe expérimental :
— Groupe contrôle en attitude silencieuse pendant 15 s après la
présentation du stimulus (c'est-à-dire pendant la durée de répétition
pour le groupe expérimental). Contrôle de l'effet de l'intervalle temporel.
— Groupe contrôle avec présentation d'un mot différent : par
exemple, le mot Key est présenté pendant 1 s, répété pendant 15 s, puis
War apparaît pendant 1 s, et immédiatement après War est estimé.
Ce dernier contrôle est introduit pour voir quel est l'effet de la répétition
sur la stabilité des estimations.
— Groupe retest contrôle pour lequel il y a estimation immédiate
ment après la présentation sans répétition et sans intervalle.
Les résultats obtenus dans cette expérience témoignent d'une
différence significative entre le groupe expérimental et les groupes de
contrôle, alors que la différence entre les groupes de contrôle n'est pas
significative. Dans la condition de satiation expérimentale, cell

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