La spécialisation internationale : coûts probables pour les pays industrialisés - article ; n°70 ; vol.18, pg 323-338
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Description

Tiers-Monde - Année 1977 - Volume 18 - Numéro 70 - Pages 323-338
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Grjebine
La spécialisation internationale : coûts probables pour les pays
industrialisés
In: Tiers-Monde. 1977, tome 18 n°70. pp. 323-338.
Citer ce document / Cite this document :
Grjebine André. La spécialisation internationale : coûts probables pour les pays industrialisés. In: Tiers-Monde. 1977, tome 18
n°70. pp. 323-338.
doi : 10.3406/tiers.1977.2713
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1977_num_18_70_2713LA SPÉCIALISATION INTERNATIONALE :
Coûts probables pour les pays industrialisés
par André Grjebine*
La « révolution keynésienne » a conduit à l'abandon progressif des concept
ions héritées du libéralisme classique en matière de politique économique
interne. Sur le plan international, cette révolution n'a pas eu d'équivalent.
Non que la liberté des échanges soit toujours et partout la règle. Loin de là.
Mais, en dehors des pays socialistes, les théories classiques — en particulier
la loi des avantages comparatifs de Ricardo — servent encore de référence à
la plupart des politiques commerciales. Et, si certaines d'entre elles s'en écartent
considérablement, c'est le plus souvent de manière anarchique, dans un climat
de crise économique, en subissant l'opprobre de la communauté internationale.
L'évolution économique des pays industrialisés à économie de marché
au cours des trente dernières années a encore renforcé cet état d'esprit. Il
est probable, en effet, que le développement des échanges — favorisé notam
ment par l'abaissement des tarifs douaniers à la suite du « Kennedy round »
et, au niveau européen, par la création du Marché commun — a joué un rôle
important dans la croissance rapide qu'ont connue ces pays durant cette période.
En ce qui concerne les pays en voie de développement, l'effet positif du
libre-échange semble infiniment plus discutable et il est vraisemblable
que, dans plusieurs cas, un recours accru au protectionnisme aurait permis un
démarrage économique qui n'a pu se faire, ou, du moins, a été durablement
retardé par la concurrence irrésistible des industries occidentales.
La recherche d'un « nouvel ordre économique mondial » qui a marqué ces
dernières années aurait pu conduire à une remise en question du principe même
* Chargé de mission à la direction de la Prévision du ministère de l'Economie et des
Finances. Les opinions exprimées ici n'engagent que leur auteur.
Berne Tiers-Monde, t. XVIII, n° 70, avril-juin 77 323 ANDRÉ GRJEBINE
d'une division internationale du travail inspirée de la loi des avantages compar
atifs. Il n'en a rien été. Bien au contraire, les difficultés économiques rencont
rées par les pvd sont le plus souvent attribuées non à la division internationale
du travail elle-même mais aux entorses qu'auraient fait subir à celle-ci les
principaux pays industrialisés.
On est alors tenté de penser qu'il suffirait de supprimer ces entorses et
de renforcer la spécialisation internationale pour permettre le décollage
économique du Tiers Monde.
Dans cette optique, le renchérissement du prix du pétrole, et, plus géné
ralement, l'augmentation des prix des matières premières, en 1972-1973, ont
été souvent perçus comme des signes annonciateurs d'une immixtion — d'au
tant plus brutale qu'elle n'avait que trop tardé — des pvd dans les grands
courants d'échange internationaux.
Un redéploiement mondial des activités visant à optimiser les ressources
détenues par les différentes zones régionales devrait — selon les théories
d'inspiration ricardienne encore dominantes sur ce sujet — accroître la spécia
lisation de chaque région du monde dans les activités qui font le plus grand
usage des facteurs de production dont cette région dispose en abondance.
Par conséquent, les pvd devraient se spécialiser, d'une part dans les secteurs
de première transformation des matières premières qu'ils produisent, d'autre
part dans les secteurs incorporant une quantité importante de travail et plus
particulièrement de travail peu ou pas qualifié.
Au contraire, les pays industrialisés devraient se spécialiser dans les indust
ries appliquant des technologies avancées dans lesquelles la part des salaires
du personnel peu ou pas qualifié est faible.
Par ailleurs, les activités de service qui ne peuvent généralement être
éloignées de leur lieu d'utilisation vont, selon toute vraisemblance, continuer
à se développer d'une manière prépondérante au sein des pays industrialisés,
quel que soit le coût d'une telle localisation.
Cette spécialisation internationale risque de s'accentuer d'autant plus
rapidement qu'elle correspond aux aspirations sociales actuelles des sociétés
occidentales. D'une part, en effet, les emplois « manuels », voire « techniques »
sont de plus en plus délaissés par les travailleurs des pays occidentaux au profit
des emplois offerts par le secteur tertiaire, d'autre part, l'intérêt grandissant
porté aux problèmes de l'environnement ne peut qu'encourager les industries
polluantes à s'expatrier dans des pays du Tiers Monde moins exigeants à
cet égard.
Simultanément, un grand nombre de dirigeants de pvd tendent à considérer
le développement des échanges extérieurs comme une condition nécessaire
au décollage économique de leurs pays.
324 LA SPÉCIALISATION INTERNATIONALE
Un large consensus des gouvernements semble donc devoir se dégager
— dans un premier temps au moins — en faveur d'un redéploiement mondial
des activités.
Une telle vision néglige, dans une large mesure, les coûts secondaires
croissants inhérents à cette division internationale du travail. Or, on peut
se demander si ces « coûts secondaires » ne risquent pas d'égaler, voire de
surpasser les effets bénéfiques qu'en attendent aussi bien les pays industrialisés
que les pays en voie de développement.
De même que sur le plan interne les automatismes équilibrants prévus
par la théorie classique n'ont pas joué et qu'au contraire l'application des
remèdes suggérés par celle-ci a conduit, au début des années trente, à une
aggravation de la crise, de même il est à craindre qu'un renforcement de
la spécialisation internationale amène non une optimisation des ressources
mondiales, mais une accentuation des déséquilibres.
L'objet de cette première étude est de répertorier quelques coûts probables
d'un redéploiement mondial des activités conforme à la loi des avantages
comparatifs pour les pays industrialisés. Une étude ultérieure sera consacrée
aux problèmes que risque de poser un tel redéploiement aux pays en voie de
développement.
L'application de la théorie de l'échange international d'inspiration « clas
sique » peut amener à penser que le renforcement de la division internationale
du travail ne présentera que des avantages pour les pays industrialisés.
En particulier, on pourrait en attendre un « assainissement » des économies
occidentales grâce à un redéploiement interne des facteurs de production des
secteurs en perte de vitesse vers les secteurs les plus dynamiques.
La réalité semble devoir être infiniment plus complexe et le redéploiement
mondial des activités qui s'esquisse risque de poser de très sérieux problèmes
aux pays industrialisés.
a) Vers une concurrence irrésistible dans certains secteurs
Un renforcement de la spécialisation internationale suppose un accroiss
ement des débouchés offerts à certains secteurs des économies industrialisées
et, au contraire, une concurrence accrue — pouvant éventuellement entraîner
leur disparition — dans d'autres secteurs.
En ce qui concerne ces derniers, on peut distinguer, en schématisant, trois
degrés dans la menace que fait peser sur eux l'industrialisation du Tiers Monde :
i) Apparition et développement dans les pvd d'industries de substitution
venant concurrencer, voire interdire certaines exportations en provenance
des pays industrialisés vers les pvd considérés;
325 ANDRÉ GRJEBINE
2) Développ

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