La structure élémentaire de la signification en linguistique - article ; n°3 ; vol.4, pg 5-17
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Description

L'Homme - Année 1964 - Volume 4 - Numéro 3 - Pages 5-17
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

A. Julien Greimas
La structure élémentaire de la signification en linguistique
In: L'Homme, 1964, tome 4 n°3. pp. 5-17.
Citer ce document / Cite this document :
Greimas A. Julien. La structure élémentaire de la signification en linguistique. In: L'Homme, 1964, tome 4 n°3. pp. 5-17.
doi : 10.3406/hom.1964.366665
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1964_num_4_3_3666655
LA STRUCTURE ÉLÉMENTAIRE
DE LA SIGNIFICATION EN LINGUISTIQUE
par
A. J. GREIMAS
// est difficile de poser, en linguistique, le problème de la signification du concept
de structure. Le linguiste, en effet, est porté à le résoudre dans le cadre de sa propre
méthodologie qui est nécessairement descriptive. Il aurait tendance à constituer d'abord
un corpus de tous les emplois et de toutes les définitions de la structure, à obtenir
ensuite, par réductions successives, un inventaire restreint, à transformer finalement
cet inventaire en structure...
Avant d'analyser les différentes conceptions de la structure, il a déjà besoin de
savoir ce qu'est la structure. Autrement dit, le statut structural du langage est en droit
antérieur au mot-concept de structure. Ainsi se manifeste, une fois de plus, la prin
cipale difficulté du fondement d'une sémantique structurale : l'outil méthodologique
se confond avec l'objet d'études.
Cette difficulté ne peut être surmontée que si l'on distingue, tout en les considérant
comme objets linguistiques, les considérations épistémologiques de la description du
langage tel qu'il se manifeste à nous. Mais cette distinction, à son tour, n'est possible
que si l'on fait sienne la théorie de la hiérarchie des langages élaborée par les
logisticiens.
Dans cette perspective, la description d'une langue-objet n'est que la construction
d'un langage sémantique secondaire, construction qui présuppose l'utilisation du
matériel se situant, lui, au niveau tertiaire du langage. Le concept de structure fait
partie de ce matériel. On voit que la définition de celle-ci n'est possible qu'à l'aide de
notions appartenant au niveau quaternaire ou épistémologique. Toute théorie du
langage — et le concept de structure qui, pour nous, en est l'élément essentiel — ne
peut être conçue qu'à partir d'un petit nombre de présupposés qui sont à la fois :
a) indispensables à la construction d'une sémantique structurale ;
b) et qui resteront non analysés parce qu'ils n 'appartiennent à aucun des trois 6 A. J. GREIMAS
niveaux (langue à décrire, métalangage sémantique, métalangage méthodologique)
constamment utilisés par la linguistique.
L'auteur de cette étude n'a pas la prétention de présenter sa propre conception de
la structure. La théorie du langage, qui est implicitement postulée, est celle de Saussure
et de ses grands continuateurs : Hjelmslev, Jakobson, Brondal. La tâche qu'il s'est
proposée consiste surtout à faire apparaître, sous des contradictions apparentes, l'unité
profonde du structuralisme d'inspiration saussurienne.
Le premier postulat du saussurisme est, on le sait, celui de la double implication
du signifiant et du signifié. On connaît les conséquences théoriques considérables
qui ont pu être tirées de ce postulat :
— Pas de signifié («pensée ») sans signifiant (« langage »).
— Pas de signifiant (c'est-à-dire de différences dans le signifiant) sans signifié
(c'est-à-dire sans différences dans le signifié).
On a cependant moins insisté sur le fait que, sémantiquement parlant, la distinc
tion entre le signifiant et le signifié, et leur réunion sous forme de la double implicat
ion, n'est qu'une formulation tautologique du concept de signification. Cette évi
dence mérite cependant d'être soulignée : si tout langage est d'abord une totalité
signifiante, il n'existe pas, dans le langage, de structures qui ne soient des structures
de signification.
77 n' est peut-être pas inutile d'énumêrer à l'avance les principales presuppositions
impliquées dans la définition de la structure et qui apparaîtront progressivement au
cours de cet exposé :
a) la discontinuité du signifiant ;
b) la notion de présence dans la perception ;
c) la relation en tant que présence simultanée ;
d) la coexistence de la conjonction et de la disjonction (qui réunit a et c) ;
e) l'affirmation que les propriétés définissent les objets (au niveau du langage).
i. Continuités et discontinuités.
La linguistique traditionnelle — qui se conformait d'ailleurs en ceci aux
tendances générales de son temps (évolutionnisme, histoire, etc.) — insistait
volontiers sur le caractère continu des phénomènes linguistiques. Ainsi, le passage
de a latin de mar à e français de mer était considéré comme inconscient, insaisis
sable, sans solution de continuité. De même, dans l'aire géographique du gallo-
roman, le passage d'un patois à l'autre, d'un dialecte à l'autre se faisait à pied
ou à bicyclette avec le « sentiment linguistique » de permanence. La tâche du
linguiste-historien consistait à ramener, en remontant aussi haut que possible,
les différences à des identités. STRUCTURE DE LA SIGNIFICATION 7
C'est dans ce contexte qu'il faut situer, en lui rendant son caractère révolu
tionnaire, l'affirmation saussurienne que la langue est faite d'oppositions.
Cette constatation pourtant ne va pas de soi, et l'on peut se demander s'il
est possible, tant qu'on reste sur le plan de la « réalité », c'est-à-dire de la substance
phonique et de l'articulation individuelle et occurrentielle, de concevoir, par
exemple, un phonème autrement que comme un champ de dispersion comparable
à celui du tir d'artillerie ; ou encore, s'il est possible de saisir le caractère discontinu
des faits linguistiques, de dire de la langue autre chose que le fameux « tout se
tient » ou « tout est dans tout ».
La seule façon d'aborder, à l'heure actuelle, le problème de la signification
consiste à affirmer l'existence des discontinuités, sur le plan de la perception, et
celle d'écarts différentiels1, créateurs de signification, sans se préoccuper de la nature
des différences perçues.
2. La première conception de la structure.
Nous percevons des différences et, grâce à cette perception, le monde « prend
forme » devant nous et pour nous.
Mais que signifie au juste — sur le plan linguistique — l'expression « percevoir
des différences » ?
a) Percevoir des différences, cela veut dire : saisir au moins deux termes-
objets comme simultanément présents.
b) Percevoir des différences, cela veut dire : saisir la relation entre les termes,
les relier d'une façon ou d'une autre.
D'où la première définition, généralement utilisée d'ailleurs, du concept de
structure : présence de deux termes et de la relation entre eux.
Deux conséquences en découlent immédiatement :
a) Un seul terme-objet ne comporte pas de signification.
b) La signification présuppose l'existence de la relation : c'est l'apparition de
la relation entre les termes qui est la condition nécessaire de la signification.
Tout approfondissement de la notion de structure exige l'analyse des éléments
de sa définition. Il faudra donc considérer successivement la notion de relation et
celle de terme-objet. Quant à l'expression présence, elle n'est pas analysable à ce
niveau : elle implique, en effet, le mode d'existence des termes-objets dans la
perception, elle conduirait à s'interroger sur la nature même de la perception.
Son analyse, selon le principe du minimum épistémologique, n'appartient plus
à la linguistique, ni même à la sémiologie.
i. Cf. C. Lévi-Strauss, La pensée sauvage, Paris, 1962. A. J. GREIMAS
3-1. Conjonction et disjonction.
A propos de la relation, une double constatation s'impose dès lé commence
ment :
a) Pour que deux termes-objets puissent être saisis ensemble, il faut qu'ils
aient quelque chose en commun (c'est le problème de la ressemblance et, dans ses
prolongements, celui de l'identité).
b) Pour que deux termes-objets puissent être distingués, il faut qu

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