La succession de l abbé Breuil - article ; n°5 ; vol.24, pg 1249-1260
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1969 - Volume 24 - Numéro 5 - Pages 1249-1260
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Varagnac
La succession de l'abbé Breuil
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 5, 1969. pp. 1249-1260.
Citer ce document / Cite this document :
Varagnac André. La succession de l'abbé Breuil. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 5, 1969. pp.
1249-1260.
doi : 10.3406/ahess.1969.422132
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1969_num_24_5_422132ET COMBATS DÉBATS
LIRE LA PRÉHISTOIRE : DEUX INTERPRÉTATIONS DE L'ART PARIÉTAL
La succession de l'abbé Breuil
elles était en anthropologie L'abbé sont devenu dues Breuil classique. principalement et est en décédé préhistoire, Or, en en quelques à M. août que André l'on 1961. années, qualifie Leroi-Gourhan. En se un sont à demi-siècle, bon manifestées droit de son révolutionnaires des enseignement innovations, :
Connu depuis longtemps des milieux de spécialistes, surtout par les fouilles
exemplaires qu'il a menées, notamment à Arcy-sur-Cure et, récemment, à Pincevent,
il vient de publier coup sur coup plusieurs ouvrages retentissants qui tendent à
modifier ou à contester les vues de l'abbé Breuil sur les points suivants :
1. l'apparition de l'homme dans la série animale ;
2. la chronologie des arts préhistoriques ;
3. le caractère parcellaire, fragmentaire, des œuvres pariétales ;
4. le bien-fondé des comparaisons entre la préhistoire et les cultures archaïques
révélées par l'ethnographie ;
5. la signification magico-religieuse de l'art préhistorique.
Sans doute, l'abbé Breuil n'a pas œuvré en paléontologiste, mais il a accepté
et largement diffusé les notions de paléontologie humaine qui avaient cours dans la
première moitié du siècle. Le premier des deux volumes que M. Leroi-Gourhan
a publiés, en 1964 et 1965 (Paris, Albin Michel), sous le titre général Le Geste et la
Parole, ne se borne pas à mettre en pleine lumière les aspects nouveaux de cette
science, mais les enrichit d'une méthode inédite.
On sait que, depuis un ou deux lustres à peine, les spécialistes de la paléontologie
ont totalement changé de point de vue quant aux étapes de l'hominisation ; ce
bouleversement avait été très clairement présenté dans l'ouvrage magistral du
professeur Piveteau paru en 1962 (Paris, Hachette) sur L'Origine de l'Homme —
V Homme et son passé. Depuis un siècle environ que les savants admettaient d'inté
grer la genèse du genre humain à l'évolution des espèces, notre parenté lointaine
avec les singes avait longtemps été conçue comme une filiation. Des générations de
1249 DÉBATS ET COMBATS
chercheurs avaient attendu la découverte du missing link, du chaînon manquant,
à la fois simiesque et humain.
D'importantes trouvailles, et notamment celle de Г Oréopithécus, avaient enfin
conduit à abandonner ces vues simplistes et à reconnaître que les singes sont un
rameau des Primates orienté depuis très longtemps vers une spécialisation totalement
étrangère à la lignée d'où devaient surgir, un jour, les Hominidés. Sans doute, un
ancêtre commun a dû exister, mais il faudrait le chercher très loin dans le Tertiaire,
si bien que les singes ne peuvent nous apparaître que comme des cousins énormément
éloignés et différenciés.
Cette vue nouvelle ne résolvait pas pour autant la question de l'apparition de
l'Homme. Sans doute, Bergson avait proposé l'heureuse définition : homo faber.
Mais ce recours à la technologie ne suffisait pas à satisfaire les anthropologues.
Si le Pithécanthrope de Java avait été découvert sans aucun outillage, le Sinanthrope
de Choukoutien, qui apparaissait comme son proche parent, était associé à une
industrie, certes, de fort médiocre apparence, mais que l'abbé Breuil avait reconnue
comme déjà assez évoluée. Enfin, la découverte de l'Atlanthrope de Teraifine en
Algérie, due à M. Camille Arambourg, attribuait définitivement aux pithécanthro-
piens une industrie déjà bien évoluée : l'Acheuléen inférieur.
Où était donc le seuil de l'humain ? On s'acharnait alors à le rechercher en termes
de capacité crânienne : les pithécanthropiens étaient dotés d'environ 1 000 cm3,
la nôtre pouvant atteindre 1 500 cm3. Comme les singes supérieurs n'en possèdent
que 500 cm3, les premiers hommes techniciens devaient, pensait-on, se situer entre
eux et les pithécanthropes : c'était ce que le Dr Henri Vallois appelait « le Rubicon »,
et qu'il pensait pouvoir situer vers 800 cm3.
Les fouilles ne l'ont pas confirmé. En Afrique australe, Dart, puis Broom et,
enfin, Leakey, ont mis au jour des vestiges si surprenants qu'ils furent d'abord
contestés avec ténacité. Mais ils ont bien fini par imposer une nouvelle évidence :
avant les pithécanthropiens, et même dès les débuts du Quaternaire, avait vécu
un être manifestement humain par un double caractère : la bipédie et la fabrication
d'une industrie élémentaire. Ses premiers représentants connus furent dénommés
Australopithèques ; un prédécesseur, également faiseur d'outils, fut appelé Zinjan-
thrope.
M. Leroi-Gourhan propose de les qualifier globalement d'Australanthropes ;
or, leur capacité crânienne n'est pas supérieure à celle des chimpanzés ! Si donc la
spécialisation cérébrale apparaît, dans l'ensemble, comme l'orientation majeure
de la lignée humaine, la bipédie a joué un rôle déterminant en provoquant l'abandon
de la vie arboricole, donc le choix du milieu où pouvaient se poursuivre les progrès
ultérieurs. Partant de cette constatation, M. Lévi-Gourhan ne s'est pas contenté
de constater l'antériorité de l'adaptation du squelette sur celle du système nerveux,
il a recherché quelles ont été les modifications structurales de ces mécanismes que sont,
depuis leurs origines, les corps des Vertébrés, et a appliqué à cette enquête les qualités
exceptionnelles de technologue dont il a fait preuve dans toute sa carrière, doublant
ainsi la classification chronologique par des vues pénétrantes sur le développement
des machines corporelles.
Il est impossible de résumer toute la richesse de ces démonstrations ; prélevons-en
seulement la notion qui éclaire le titre de l'ouvrage.
Dès le milieu de l'ère primaire, apparaissent les Vertébrés, pour lesquels se pose
le problème de la capture mobile des aliments. Il comportera deux solutions, soit
1250 LA SUCCESSION DE L'ABBÉ BREUIL A. VARAGNAC
que la bouche devienne un organe à la fois de capture et d'ingestion, soit que cette
capture soit confiée aux membres antérieurs. La première formule conduira aux
mammifères mâcheurs herbivores ; la seconde, aux préhenseurs carnivores, comme
les félins, ou frugivores et omnivores, comme les primates, dont le mieux adapté
à cette répartition de fonctions entre la bouche et la main n'est autre que l'homme,
seul à posséder la station debout.
Mais il en résulte, pour toute l'évolution du genre homo, une étroite corrélation
bucco-manuelle, qui se traduit par la gesticulation et, finalement par l'écriture qui
figure des sons. A ce point, les analyses de M. Leroi-Gourhan atteignent un secteur
social et psychologique, auquel sa maîtrise hors de pair des faits matériels et techniques
l'a bien moins préparé. Sa reconstitution hypothétique des structures sociales des
Anthropiens (p. 205 et suivantes) ne tient étrangement aucun compte de l'apparition
tardive du foyer à air libre, dont l'importance a dû, cependant, être considérable
pour l'autonomie de la famille et la répartition des tâches selon les sexes : il suppose,
au contraire, une organisation sociale analogue à elle-même pendant l'énorme durée
de tout le paléolithique.
Ce qui est plus grave, c'est qu'il conçoit — conformément à certaines tendances
actuelles — toute vie de l'esprit comme un jeu de symboles. Il en tire la conclusion
suivante : « Depuis le paléolithique supérieur, mais, surtout, depuis l'agriculture,
le monde des symboles (religieux, esthétique

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