La théorie du champ sensori-tonique de Werner et Wapner - article ; n°2 ; vol.62, pg 423-447
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Description

L'année psychologique - Année 1962 - Volume 62 - Numéro 2 - Pages 423-447
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 16
Langue Français
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Extrait

Eliane Vurpillot
La théorie du champ sensori-tonique de Werner et Wapner
In: L'année psychologique. 1962 vol. 62, n°2. pp. 423-447.
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Vurpillot Eliane. La théorie du champ sensori-tonique de Werner et Wapner. In: L'année psychologique. 1962 vol. 62, n°2. pp.
423-447.
doi : 10.3406/psy.1962.26926
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1962_num_62_2_26926REVUE CRITIQUE
LA THÉORIE DU CHAMP SENSORI-TONIQUE
DE WERNER ET WAPNER
par Éliane Vurpillot
La première formulation de la théorie du champ sensori-tonique de
la perception date de 1949 (Werner, Wapner, 1949) ; un second article
théorique (Werner, Wapner, 1952), des discussions relatives à l'inte
rprétation de nombreux résultats expérimentaux et enfin l'introduction
au compte rendu d'une vaste étude génétique (Wapner, Werner, 1957)
ont développé le contenu du premier article et systématisé, sous forme
de postulats, les hypothèses initiales sans les modifier autrement que
sur des points de détail.
A travers ces exposés, la théorie de Werner et Wapner nous apparaît
comme doublement interactionniste. Tout percept serait le fruit d'inter
actions, d'une part entre excitations sensorielles et toniques au niveau
du sujet, d'autre part entre l'état de l'organisme et celui des objets qui
l'environnent. Le nom même donné à la théorie résume ce double aspect.
C'est une théorie de « champ », qui considère le percept comme lié à
l'ensemble de la situation et conditionné par toutes les stimulations
reçues par un sujet, à un instant donné, qu'elles proviennent du monde
extérieur ou de son organisme, de l'objet à percevoir ou de ceux qui
l'entourent. Ce champ est sensori-tonique, c'est-à-dire que, dans le
processus dynamique qui engendre la perception, on peut toujours
distinguer une composante sensorielle et une tonique. Enfin, non seul
ement l'état psychophysiologique de l'organisme, à un instant donné,
mais la personnalité entière du sujet déterminent le percept. Si la théorie
du champ sensori-tonique a pris corps en 1949, c'est que l'on se trouve
alors en présence de deux importantes séries de faits expérimentaux.
De nombreuses recherches sont en cours, qui toutes mettent en évidence
l'existence de modifications du percept sous l'influence des motivations
du sujet. Le principal problème théorique posé par ces expériences est
d'expliquer comment l'état de l'organisme peut modeler un percept
visuel, obtenu à partir d'une donnée sensorielle aussi dépendante de la
stimulation physique émise par l'objet et des possibilités physiologiques
de l'appareil visuel, que l'est une image rétinienne. 424 REVUE CRITIQUE
Le deuxième ensemble de faits expérimentaux que nous trouvons à
l'origine de la réflexion de Werner et Wapner est fourni par les recherches
qu'a lancées l'aviation américaine sur la perception de la verticalité.
Elles ont mis en relief l'importance des sensations proprioceptives et
leur influence sur la perception visuelle.
Or, pas plus les théories sensorielles que les théories motrices n'offrent
une interprétation satisfaisante des faits observés. La psychophysique
— que Werner et Wapner (1949) considèrent comme le prototype de la
méthodologie expérimentale sensorielle — cherche, par des artifices
statistiques, à neutraliser les variations intra-individuelles et, par là
même, néglige le rôle de l'organisme.
Les théories behavioristes insistent sur le rôle de l'action. A la limite,
elles confondent la perception d'un objet avec l'usage qu'on peut en
faire ; moins absolues, elles font une part aux facteurs sensoriels et
moteurs. Mais Werner et Wapner reprochent à l'interaction sensori-
motrice proposée par ces théories, son caractère associationniste.
Comment des éléments aussi différents intrinsèquement pourraient-ils
agir l'un sur l'autre ? Bien qu'on puisse distinguer une composante
motrice et une composante sensorielle, celles-ci ne sont point des éléments
dont la synthèse formerait le percept. Les conditions posées à leur
interaction sont les suivantes (Werner, Wapner, 1949) :
1) La base de la perception se trouve dans un processus dynamique
total, analysable en facteurs, mais non réductible à une simple
addition de ceux-ci et antérieur à sa traduction en aspects sensoriels
et toniques ;
2) Ces facteurs (sensoriels et toniques) présentent des propriétés dyna
miques communes.
Il semble donc que, pour Werner et Wapner, la condition nécessaire
et suffisante à l'existence d'une interaction soit une équivalence fonc
tionnelle définie comme la possibilité, pour deux facteurs, d'être substi
tués l'un à l'autre sans qu'il en résulte de changement au niveau du
résultat final. Dans ce cas particulier, le résultat est le processus dyna
mique total, base de la perception. Cette définition de l'interaction est,
comme le fait remarquer Allport (1955), très restrictive.
I. — La nature sensori-tonique de la perception
On peut toujours distinguer dans la perception, disent Werner et
Wapner, une composante sensorielle et une composante tonique.
Tonus est pris dans un sens large et désigne un état de tension orga
nique qui se manifeste aussi bien au niveau de la musculature lisse que
de la musculature striée. Il dépend du tonus musculaire mis en jeu par
le simple maintien d'une posture chez un individu immobile, comme
de l'activité musculaire développée par un mouvement. La composante
tonique serait fournie par les sensibilités interoceptive et proprioceptive,
alors que la composante sensorielle serait d'origine extéroceptive. VURPILLOT. CHAMP SENSORI-TONIQUE DE WERNER ET WAPNER 425
Cependant, l'essentiel n'est pas dans la nature des deux composantes
de la perception, mais dans l'existence d'un complexe sensori-toniquè,
considéré comme un processus dynamique, primitif, dont on peut faire
l'analyse, mais non point la synthèse.
C'est là une donnée gestaltiste, un tout primitif, radicalement
différent de ses constituants. La nature sensori-tonique de la perception
se présente donc comme une notion syncrétique et ni l'articulation entre
les composantes, ni le mécanisme de l'interaction ne sont abordés.
L'existence de ce complexe sensori-tonique ainsi posée, les auteurs
voient en lui la seule réalisation possible d'une interaction entre facteurs
sensoriels, que ceux-ci soient d'une part les stimulations issues de l'objet,
d'autre part celles que fournit l'organisme, ou que ces stimulations
proviennent de diverses sources propres à l'organisme : viscérales et
somatiques.
Un complexe sensori-tonique est-il vraiment indispensable et ne
pourrait-on pas proposer un schéma plus simple ? Chaque stimulation
extéroceptive entraînerait une réponse motrice, que celle-ci soit expli
cite (mouvement) ou implicite (modification du tonus musculaire). Dans
un cas comme dans l'autre, il y aurait modification tonique, donc
message proprioceptif retransmis au système nerveux central et intégré
avec le message extéroceptif initial. Ces messages proprioceptifs, consé
cutifs aux mouvements de réponse, sont connus sous le nom de stimu
lations réafférentes (von Holst, 1954) et leur influence sur des percep
tions visuelles a été démontrée expérimentalement (Held, Hein, 1958 ;
Held, Bossom, 1961).
Il semble, d'après des références citées dans différents articles, que
cette interaction entre phénomènes d'origine motrice et phénomènes
d'origine sensorielle, puisse être mise en évidence sur trois plans :
neurophysiologique, pathologique et psychologique.
1. Arguments neurophysiologiques
Des recherches récentes (dont Dusser de Barenne, McCulloch, 1938 ;
Penfield, Erickson, 1941) ont montré que les zones de projection corticale
sensorielle et motrice se chevauchaient largement. Au niveau des local
isations cérébrales, il n'est donc pas légitime de séparer complètement
aires motrices et aires sensorielles et il serait plus correct de parler de
cortex sensori-moteur, tout au moins pour certaines aires cérébrales.
Ce recouvrement anatomique se traduit, au niveau fonctionnel, par
une interaction : la stimulation électrique de zones sensorielles
corticales

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