La tour de Babel. Groupes et relations ethniques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord - article ; n°4 ; vol.41, pg 817-838
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La tour de Babel. Groupes et relations ethniques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord - article ; n°4 ; vol.41, pg 817-838

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1986 - Volume 41 - Numéro 4 - Pages 817-838
The Tower of Babel: Ethnic Relations and Conflicts in North Africa and the Middle East. L. Valensi.
North Africa and the Middle East have long been areas of great linguistic and religions diversity. This paper explores the different ways in which the social sciences have confronted the problem of ethnicity in this region—from the invention of natural groups to account for dominated segments of the population, through the study of the interaction and conflict between groups.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Lucette Valensi
La tour de Babel. Groupes et relations ethniques au Moyen-
Orient et en Afrique du Nord
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 41e année, N. 4, 1986. pp. 817-838.
Abstract
The Tower of Babel: Ethnic Relations and Conflicts in North Africa and the Middle East. L. Valensi.
North Africa and the Middle East have long been areas of great linguistic and religions diversity. This paper explores the different
ways in which the social sciences have confronted the problem of ethnicity in this region—from the invention of "natural" groups
to account for dominated segments of the population, through the study of the interaction and conflict between groups.
Citer ce document / Cite this document :
Valensi Lucette. La tour de Babel. Groupes et relations ethniques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 41e année, N. 4, 1986. pp. 817-838.
doi : 10.3406/ahess.1986.283314
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1986_num_41_4_283314LUCETTE VALENSI
LA TOUR DE BABEL
GROUPES ET RELATIONS ETHNIQUES
AU MOYEN-ORIENT ET EN AFRIQUE DU NORD
ternel descendit pour voir la ville et la tour
avaient bâties les fils des hommes Puis
ternel dit ... Allons descendons met
tons la confusion dans leur langage afin ils
ne comprennent plus la langue les uns des
autres Ainsi ternel les dispersa de là sur
toute la terre et ils cessèrent de bâtir la ville
est pourquoi on lui donna le nom de Babel
Genèse 115-9
Le pluralisme ethnique linguistique et religieux surgi comme un phéno
mène social et politique auquel les sociétés contemporaines étaient générale
ment pas préparées Loin de disparaître par un processus intégration et
assimilation les particularismes résistent et refleurissent Ils font même leur
apparition dans des pays qui ayant édifié leur unité nationale depuis long
temps avaient pu recevoir des travailleurs et des réfugiés comme immigrants
temporaires mais non pas concevoir leur installation permanente
Le Moyen-Orient et Afrique du Nord ont du pluralisme une expérience
millénaire Périodiquement des tableaux et inventaires nomment situent
dénombrent des groupes minoritaires définis principalement par leur religion
leur langue ou leur origine géographique Exercice vertigineux qui évoque ce
personnage Italo Calvino monsieur Palomar donc activité principale était
de regarder les choses du dehors et qui employait cerner les contours
Annales ESC juillet-août 1986 no pp 817-838
817 LES SOCI PLURIELLES
une vague une seule en la distinguant bien de toutes les autres Or au
Moyen-Orient pour en tenir aux groupes qui identifient eux-mêmes comme
des entités distinctes intérieur de ensemble politique et culturel où ils ins
crivent certains tendent se concentrer davantage dans une région spécifique
tels les Druzes dans le Jabal dru syrien les Coptes en Egypte ou les
Kurdes au Kurdistan mais la plupart et les trois exemples signalés ne font
pas exception sont dispersés au milieu autres groupes vivent séparés par des
frontières politiques et entretiennent pas de relations régulières avec leurs
congénères établis dans des pays différents Au surplus les relations entre
groupes contigus varient selon les lieux Ainsi en Iran les Kurdes parlent des
langues indo-européennes comme la majorité de la population mais il ne agit
pas une langue homogène et du reste ils sont sunnites alors que la majorité
des Iraniens est chiite inverse les turcophones Iran sont en
chiites mais non pas les Turkmènes qui sont sunnites comme les Turcs Ana-
tolie En Irak et en Turquie où la population est majoritairement sunnite
comme les Kurdes ceux-ci se distinguent par la langue et les activités économi
ques Pour compliquer le tableau aire de dispersion des Kurdes largement
coïncidé aux massacres de 1915 avec celle des Arméniens chrétiens
monophysites de langue indo-européenne employés dans des activités diffé
rentes de celles des Kurdes
Pour finir ce que nous classons et désignons comme un groupe ethnique et
religieux peut correspondre en fait une série de communautés discontinues
dans espace parlant des langues différentes et privées un cadre institu
tionnel commun Ainsi des juifs des pays arabes et de ce qui constitué
Empire ottoman dispersés de Anatolie où des groupes parlant araméen
ont subsisté au xxe siècle au Maroc où certains parlaient surtout le ber
bère autres arabe autres enfin espagnol Et on encore rien dit des
karaïtes qui contraire des autres juifs ne prennent pas en compte les ensei
gnements du Talmud dans leurs pratiques et leurs croyances ni des dönme de
Smyrn ou Istanbul descendants des adeptes de Sabbatai Zvi convertis
islam en 1666
Pour être ancienne cette expérience du pluralisme au Moyen-Orient en
est pas moins au ur des mouvements et des conflits politiques que la région
connus depuis le xixe siècle mouvement des nationalités dans les Balkans et en
Anatolie qui accompagné la désintégration de Empire ottoman premier
génocide du xxe siècle et déportation massive des Arméniens confessionna-
lisme et guerre civile au Liban conflits entre Coptes et musulmans Egypte
mouvements de résistance des Kurdes de Irak la Turquie etc
Les périodes édification nationale et de construction tats modernes
ont généralement correspondu dans la région avec des régimes orientation
séculariste Les clivages ethniques ou religieux étaient alors passés sous silence
ou considérés comme des séquelles des systèmes abolis condamnées comme les
autres disparaître Politologues et historiens envisageaient donc le problème
du pluralisme suivant deux perspectives ou bien celle de la construction natio
nale autrement dit un groupe donnait naissance un mouvement de
nationalité qui réussissait ou non former un tat-nation ou
bien celle de intégration de assimilation des groupes minoritaires dans
de nouvelles unités politiques homogènes ethnologie et anthropologie
818 VALENSI EN AFRIQUE DU NORD ET AU MOYEN-ORIENT
produisaient comme habitude des monographies sur des groupes parti
culiers ou sur une des caractéristiques une communauté quelconque sans
aventurer dans la recherche de modèles qui rendraient compte de ensemble
du tissu social Les projets théoriques les plus ambitieux se limitaient la popu
lation majoritaire ou un de ses segments les plus importants laissant pour
compte les éléments minoritaires en dépit de leur active participation la
dynamique sociale pensons Robert Montagne ou Ernest Gellner pour le
Maghreb ou Jacques Berque qui pour être sensible au chatoiement des
sociétés il décrit en est pas moins aveugle telle ou telle de leurs
nuances2 Carlton Coon est ma connaissance le seul anthropologue qui ait
proposé un modèle global des sociétés du Moyen-Orient et de Afrique du
Nord susceptible de rendre compte aussi des groupes mineurs ou inférieurs Son
modèle est celui de la mosaïque dont chaque fragment correspondrait une
fonction spécifique dans la division sociale du travail en même temps une
unité ethnique religieuse ou linguistique3 Jolie métaphore mais modèle insuf
fisant la mosaïque de Coon prétend décrire un dispositif social et une dyna
mique chaque nouveau besoin provoquant insertion dans la mosaïque un
nouveau groupe présentant des traits culturels spécifiques Mais le dessin du
tissu social ses modifications les relations entretiennent ses diverses com
posantes se révèlent beaucoup plus complexes que la métaphore de Coon ne le
suggère Entre étude micro-locale et les propositions trop générales une place
restait donc vacante
Plongeant dans un passé plus ancien les historiens se sont intéressés au
statut légal et politique un certain nombre de minorités et ont répondu sur
tout une question tel groupe a-t-il bénéficié de conditions favorables ou non
sous tel système politique Ils ont donc été conduits faire alterner les phases
de prospérité avec les périodes adversité et saisir chaque groupe dans une
relation verticale avec le pouvoir politique comme sujet et victime de ce pou
voir Significativement les minorités silencieuses qui ont pas mis en
question les autorités dont elles dépendaient ont pas retenu attention et
jusque récemment on aurait cherché en vain une étude sérieuse sur les Assy
riens en Irak ou les Coptes en Egypte comme si la légitimité scientifique ne
pouvait acquérir au prix une action politique ou une mutation sociale
qui mette le groupe mine

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