Le barrage des femmes. Les femmes mossi du Burkina-Faso - article ; n°102 ; vol.26, pg 443-449
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Description

Tiers-Monde - Année 1985 - Volume 26 - Numéro 102 - Pages 443-449
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Soon-Young Yoon
Le barrage des femmes. Les femmes mossi du Burkina-Faso
In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°102. pp. 443-449.
Citer ce document / Cite this document :
Yoon Soon-Young. Le barrage des femmes. Les femmes mossi du Burkina-Faso. In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°102. pp.
443-449.
doi : 10.3406/tiers.1985.3503
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1985_num_26_102_3503LE BARRAGE DES FEMMES
LES FEMMES MOSSI DU BURKINA-FASO
par Soon- Young Yoon*
I. — Introduction
De temps à autre, un exemple nous rappelle que la contribution
féminine à la prise de décision fait partie intégrante de la lutte pour le
développement. Tel est le cas du projet du « barrage des femmes »
mis en œuvre sur le plateau du Yatenga (au nord du pays). Les raisons
de ce choix sont les suivantes :
II s'agit là d'une expérience qui part de la base, à savoir l'initiative
féminine en vue de résoudre le problème de l'eau et de la participation
communautaire.
Le « barrage des femmes » fait partie d'un programme d'auto-déve
loppement régional conçu par les groupes Naam, une organisation
non gouvernementale.
C'est un mouvement de renouveau rural qui promeut la parti
cipation des femmes à l'œuvre de modernisation, tout en s'inspirant des
traditions culturelles, sociales et spirituelles.
Il a eu un rôle décisif dans la participation des femmes aux projets
de développement et à l'amélioration de leur bien-être ainsi que de celui
de leurs enfants.
Historique. — Les organismes d'aide au développement s'intéressent
depuis une dizaine d'années au plateau du Yatenga. Depuis la coloni
sation, la région a beaucoup de mal à recouvrer la prospérité qu'elle a
connue par le passé (taux de mortalité infantile élevé, faibles revenus,
malnutrition chronique). La reprise dépend d'une transformation gra
duelle de l'économie qui n'est que très partiellement influencée par le
* Expert Unicef.
Revue Tiers Monde, t. XXVI, n° 102, Avril-Juin 1985 SOON-YOUNG YOON 444
marché international et l'économie monétaire. Chez les Mossi (le groupe
ethnique dominant), la propriété privée de la terre n'existe pas. Les
cultures sont essentiellement vivrières.
Malgré leur place prépondérante dans l'économie, les femmes mossi
n'étaient pas traditionnellement sollicitées pour la gestion de la commun
auté, excepté dans quelques cas. La situation a nettement évolué et,
comme nous le verrons, les femmes y ont beaucoup contribué1.
Le problème de Veau et les questions technologiques. — Les pluies sont
rares et pénètrent tout de suite dans le sol. La nappe phréatique est
très profonde. Il existe trois méthodes traditionnelles de collecter l'eau :
les puits, les petites retenues en terre et les marigots. L'agriculture
irriguée n'est pas très répandue. Après l'Indépendance en i960, le
gouvernement fit construire deux barrages, selon un modèle français,
coûteux et faisant appel à une haute technologie.
Planification : assistance administrative et technique. — Durant des
années, les villageois ont parlé de construire de petits barrages en terre
pour retenir les pluies saisonnières. Les femmes du groupe Naam
(une ONG locale) du village de Saye menacèrent les hommes de retourner
chez elles s'ils ne voulaient pas construire de barrages. L'argument
fut persuasif et en 198 1 les hommes et les femmes construisirent le pre
mier barrage appelé « barrage des femmes ».
Bien que l'initiative de ce projet naquît au sein d'un groupe local,
des sources diverses fournirent l'assistance technique et administrative
pour construire d'autres barrages dans la région. La source la plus
importante est une fédération régionale non gouvernementale qui réunit
tous les groupes locaux Naam à divers niveaux administratifs. La
seconde est une ong internationale (Six-S) et le troisième partenaire
est l'Etat. Le degré d'autonomie administrative et le type d'organisation
des groupes Naam sont exceptionnels.
La première intervention de I'unicef date de 1978 avec l'octroi
de crédits pour la construction de puits, l'achat de pompes, de chariots,
de moulins à céréales à moteur, de médicaments, etc. Des mécaniciens
furent formés pour la maintenance des pompes et des moulins et des
auxiliaires sanitaires pour les premiers soins.
1. Pour d'autres documents sur la société Mossi, voir « The Rains », un documentaire
de trente minutes de la chaîne ввс réalisé en 1983 (disponible auprès de I'unicef, New York).
On peut aussi consulter Brenda Gael McSweeney, An approach to collecting and examining
data on rural women's time use and some tentative findings : the case of Upper Volta, Working
Paper, The Population Council, mars 1979, et Elliott P. Skinner, The Mossi of the Upper
Volta, Stanford U. Press, Stanford, California, 1984. LES FEMMES MOSSI DU BURKINA-FASO 445
IL — L'histoire du barrage
En décembre 1979, les représentants des fédérations de groupes
Naam se réunirent pour la première fois à Ouahigouya. Les discussions
furent animées, les problèmes si nombreux que l'on n'aborda que les
priorités. Finalement une femme décréta qu'il était inutile de continuer
tant que l'on n'avait pas résolu le problème de l'eau2. A Saye, trois
déléguées furent élues pour soumettre le problème aux anciens et aux
hommes. Elles se montrèrent résolues à construire un barrage. Les
anciens croyaient que le Dieu musulman et les ancêtres Mossi ramèner
aient les pluies mais il n'en fut pas ainsi. Après tout, les femmes avaient
peut-être raison. On choisit donc une date pour débuter. Des centaines
de gens appartenant à plus de trois villages se réunirent. C'était la saison
sèche et il n'y avait donc pas beaucoup à faire. Après une longue matinée
de travail, les groupes se réunirent par âge et par sexe et participèrent
au repas organisé par les femmes.
En février 1980, le tracé de ses bords était déjà bien avancé. Mais le
conseiller des Naam, Bernard Ouedraogo, leur recommanda de prendre
un technicien pour la construction. Les hommes et les femmes répl
iquèrent qu'ils ne pouvaient pas attendre.
Ainsi les villageois ne tardèrent pas à terminer et engagèrent quel
qu'un pour garder le barrage jour et nuit. Une fuite se produisit en
août 1980 qui fut tout de suite colmatée par les villageois qui envoyèrent
ensuite une délégation à l'office Naam pour réclamer de l'aide.
Elle fut fournie conjointement par les Six-S, des donateurs inte
rnationaux dont I'unicef et la Fédération des groupes Naam.
Un barrage comme celui de Saye revient approximativement à
20 millions de francs dont la moitié représente la contribution des
villageois en nourriture, matériel et main-d'œuvre, alors que l'Etat
dépense environ 500 millions de francs pour des projets similaires.
On célébra le dernier jour par une fête et des danses. L'initiatrice du
projet, Minata, chanta les plantes et les arbres qui naîtraient autour du
barrage. Les villageois se dispersèrent et quelques heures plus tard,
les premières pluies de 1981 se mirent à tomber.
"Le barrage de Somiaga et les autres. — Au village voisin de Somiaga,
Minata était encore plus impatiente d'organiser son propre village.
2. L'étude de Brenda McSweeney met en évidence que sur un total de 14 heures de travail,
la collecte de l'eau et du combustible prend 44 minutes en tout alors que la préparation de
la nourriture en prend 132. Pendant les sécheresses, le temps nécessaire pour trouver l'eau
et le combustible augmente de manière dramatique car il arrive que des femmes doivent
alors marcher pendant vingt-quatre heures sans rien pouvoir ramener. 44-6 SOON-YOUNG YOON
Avec ses i 600 habitants, Somiaga disposait de quatre fois plus de
travailleurs que Saye et pouvait le terminer en moins de trois
mois.
Les villageois de Somiaga prirent Saye comme exemple. Ils tirèrent
aussi la leçon des erreurs commises. Le barrage donna également aux
femmes l'occasion de démontrer les avantages d'un nouveau four à
économie de combustible aux villages voisins.
Ainsi il y a actuellement cinq autres barrages en construction dans la
région. La moitié des fonds provient d'agences comme I'unicef. Ces

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