Le cerveau de l assassin Prévost. - article ; n°1 ; vol.3, pg 233-244
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1880 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 233-244
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1880
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Paul Broca
Le cerveau de l'assassin Prévost.
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 3, 1880. pp. 233-244.
Citer ce document / Cite this document :
Broca Paul. Le cerveau de l'assassin Prévost. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 3, 1880. pp.
233-244.
doi : 10.3406/bmsap.1880.3303
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1880_num_3_1_3303BROCA. — LE CERVEAU DE ť ASSASSIN PRÉVOST. 233 Г.
La différence entre ces deux types n'est pas très grande,
car on sait que chez l'homme l'origine de la carotide gauche
n'est séparée que par un petit intervalle de celle du tronc
brachio-céphalique ; il suffit que cet intervalle disparaisse
pour que les deux vaisseaux se fusionnent. Toutefois, la
différence des types n'est pas sans importance, car elle
est en rapport avec la forme du thorax, plus large et moins
long chez les bipèdes que chez les quadrupèdes. L'apparition
du second type chez l'homme peut donc être considérée
comme une anomalie régressive.
On sait que l'origine des branches de la crosse de l'aorte
présente de nombreuses anomalies ; beaucoup d'entre elles ne
trouvent pas leur explication dans l'anatomie comparée, et
ne peuvent être attribuées qu'à des accidents de développe
ment ; mais il en est qui reproduisent chez l'homme un type
normal chez d'autres animaux. Ce sont les plus intéressantes,
et celle que je vous présente au nom de M. Chudzinski est de
ce nombre.
Vous pouvez voir que la crosse de l'aorte ne donne nais
sance qu'à deux vaisseaux. Le second est l'artère sous-cla-
vière gauche, qui est normale. Le premier, beaucoup plus
volumineux, monte verticalement dans une étendue d'environ
1 centimètre, puis se divise en deux troncs savoir : le tronc
brachio-céphalique, qui se porte à droite et se divise comme
à l'ordinaire, et l'artère carotide gauche qui se porte à gau
che et reprend bientôt sa position normale le long du cou-
Cette disposition est tout à fait semblable à celle que l'on
observe chez l'orang. Il est digne de remarque que ce sujet
appartient à la race nègre.
Le cerveau de l'assassin Prévost;
FAR M. PAUL BROCA.
Je vous présente le moule du cerveau d'un criminel qui
avait, à quelques années d'intervalle, assassiné deux personnes 234 SÉANCE DU 4 MARS 1880.
pour les voler, et qui a été décapité à Paris il y a quelques
semaines.
Ce moule sera conservé dans notre musée, et ceux qui vou
dront l'y étudier plus tard seront sans doute frappés comme
vous de son volume extraordinaire, car il excède de beaucoup
les plus grands cerveaux de notre vaste collection. On pourra
donc être tenté de croire que le cerveau de Prévost était
excessivement grand, tandis qu'en réalité il ne dépassait que
fort peu le poids du cerveau des individus de même sexe, de
même taille et de même âge. Je dois donc expliquer avant
tout cette apparente contradiction.
Il est nécessaire, pour éviter les déformations, de durcir le
cerveau avant de le mouler ; à cet effet on plonge ordinair
ement le cerveau dans l'alcool pendant une quinzaine de
jours ; il y perd une notable partie de son poids (un quart
ou un tiers) et son volume se réduit en proportion. Tous les
moules cérébraux du musée ont été fait sur des cerveaux
ainsi rétractés.
Mais ce n'est pas dans l'alcool qu'a été préparé le cerveau
du sergent de ville Prévost. Le corps a été transporté à l'Ecole
pratique dans le laboratoire de mon collègue et ami Robin ;
le cerveau, extrait le jour même par M. Gadiat, directeur
adjoint de ce laboratoire, pesait avec ses membranes \ 422 gram
mes, et ne présentait qu'un volume à peu près ordinaire. Dé
sirant conserver la structure des éléments microscopiques,
M. Gadiat plongea cet organe dans le liquide de Millier, qui, au
lieu d'absorber l'eau et de faire rétracter les tissus, s'y infiltre
au contraire de manière à augmenter le poids et le volume
des parties. Il en est résulté que l'encéphale de Prévost, au
moment où il a été moulé, pesait 1822 grammes, tandis qu'il
aurait pesé tout au plus 1100 grammes s'il avait été durci
dans l'alcool.
Prévost était très grand (lm,84) et très robuste. Il était né
le 31 décembre 1836, et avait par conséquent un peu plus de
quarante-trois ans. La soudure des sutures crâniennes était no
tablement plus avancée qu'elle ne l'est ordinairement à cet âge ; BROCA. — LE CERVEAU DE L* P. ASSASSIN PRÉVOST. 235
elle était parvenue au degré que l'on observe généralement
de cinquante à cinquante-cinq ans ; mais l'état des muscles
et des viscères montrait que le sujet était encore dans toute
la force de l'âge mûr. En outre, la nature de sa mort l'a
soustrait à l'amaigrissement cérébral qui est la conséquence
des maladies chroniques. Dans ces conditions, le poids moyen
du cerveau ne doit pas être différent de celui qui correspond
à la moyenne de l'âge de quarante ans, soit Ш0 grammes
environ. La balance a donné 1422 grammes, on peut dire par
conséquent que le cerveau de Prévost est un peu supérieur à
la moyenne, et, quoique cette différence ne soit pas consi
dérable, nous pouvons en tenir compte. Elle s'accorde d'ail
leurs avec les observations de M. Bordier.
Nous savons que notre collègue, analysant avec beaucoup
de sagacité l'histoire des cas où un crime est commis par
deux individus, a établi une distinction entre le premier cr
iminel qui conçoit le projet du crime, et le complice qui l'aide
dans l'exécution. Celui-ci est presque toujours beaucoup
moins intelligent que celui-là. M. Bordier ayant eu, pendant
l'Exposition des sciences anthropologiques, l'occasion de me
surer les crânes d'assassins qui avaient ainsi opéré à deux
et qui avaient été décapités ensemble, a cherché et retrouvé
dans la Gazette des tribunaux l'histoire de leurs crimes, et a
pu constater ainsi que la capacité crânienne du premier cr
iminel est généralement supérieure à la moyenne, et que celle
du second, du complice, est généralement inférieure et sou
vent très inférieure à la moyenne.
Les criminels isolés sont aussi quelquefois des espèces de
brutes au crâne bas et étroit; mais dans la grande majorité
des cas ce sont des individus intelligents, et souvent même
très intelligents, quoique mal équilibrés. On conçoit ainsi
comment M. Bordier, après avoir mesuré un grand nombre
de crânes d'assassins de toutes sortes, a trouvé que leur ca
pacité cérébrale est supérieure en moyenne à la moyenne
ordinaire.
Ce ne sont pas seulement les criminels qui présentent ce 23fi séance du 4 mars 1880.
phénomène. Les aliénés non paralytiques et les suicidés sont
très souvent dans le même cas. Le suicide n'est pas toujours,
tant s'en faut, un acte d'aliénation. Il y a des suicidés par
faitement conscients et que je suis bien loin de comparer à
des assassins ; ils ont toutefois avec eux cela de commun qu'ils
obéissent le plus souvent à une excitation cérébrale, à une
passion violente ou à un faux jugement, et les cerveaux
doués d'une grande activité sont plus sujets que les autres à
cet état d'exaltation. Pour ces divers motifs le poids moyen
du cerveau des suicidés est supérieur à la moyenne. Nous pos
sédons une collection de crânes extraits de la partie de l'an
cien cimetière de l'Ouest (1790-1825) où l'on inhumait exclu
sivement les corps provenant de la Morgue. La capacité
moyenne de ces crânes est supérieure non seulement à celle
des crânes de la fosse commune, mais encore à celle des
crânes des sépultures particulières. Parmi les corps qui sont
exposés à la Morgue, on ne transporte au cimetière de la
Morgue que ceux qui n'ont pas été reconnus, et la plupart de
ceux-là sont des corps d'individus suicidés par submersion.
Je reviens à Prévost. Ce n'était pas un de ces assassins qui
se laissen

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