Le concept existentiel de vie chez Kuki Shùzō (1888-1941) - article ; n°1 ; vol.40, pg 67-77
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Description

Ebisu - Année 2008 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 67-77
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2008
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Mayuko Uehara
Augustin Berque
Britta Boutry-Stadelmann
Nathalie Frogneux
Suzuki Sadami
Le concept existentiel de vie chez Kuki Shùzō (1888-1941)
In: Ebisu, N. 40-41, 2008. Actes du colloque de Cerisy. "Être vers la vie. Ontologie, biologie, éthique de l'existence
humaine". pp. 67-77.
Citer ce document / Cite this document :
Uehara Mayuko, Berque Augustin, Boutry-Stadelmann Britta, Frogneux Nathalie, Sadami Suzuki. Le concept existentiel de vie
chez Kuki Shùzō (1888-1941). In: Ebisu, N. 40-41, 2008. Actes du colloque de Cerisy. "Être vers la vie. Ontologie, biologie,
éthique de l'existence humaine". pp. 67-77.
doi : 10.3406/ebisu.2008.1521
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ebisu_1340-3656_2008_num_40_1_1521n" 40-41 , Automne 2008 - Été 2009 Ebisu
L CONCEPT EXISTENTIEL DE VIE
CHEZ KUKI SHÙZÔ (1888-1941)
UEHARA Mayuko
Université Meisei
Pour réfléchir à la question de l'« être vers la vie », nous traiterons de
la philosophie de Kuki Shùzô flÏÏLMxa, qui est connu comme praticien
et théoricien de Xiki V*#, phénomène caractérisant la culture japonaise
de l'époque d'Edo1, ainsi que de la théorie de la contingence. Une lecture
de ce philosophe nous donne l'impression d'une attitude positive face au
« destin », en d'autres termes face à « la vie ». Mais ne serait-ce qu'une
intuition liée à une simple lecture ?
En ce qui concerne sa propre vie, il suffit de considérer la complexité
du contexte familial dans lequel Kuki a vécu pour saisir l'expérience de l'af
fliction qui l'a mené vers une crise d'identité. Pourtant, son discours phi
losophique est exempt du désappointement ou du désespoir qu'on aurait
pu attendre dans cette situation. N'est-ce pas là le reflet d'une manière de
vivre, chez le philosophe de Yiki, la manifestation de cette résignation qu'il
a apprise de la vie ?
C'est à partir de cette intuition que nous envisagerons la signification
de la vie dans la pensée de Kuki. Notre point de départ intuitif rejoint sa
rencontre avec la philosophie de la vie et la philosophie de l'existence qui
sont nées en Allemagne et en France à la fin du xixe siècle et au début du
xxe siècle. Dans les années 1 920, Kuki a, en fait, côtoyé les dernières ten
dances de la pensée en Europe. De retour au Japon, il s'est avant tout attelé
1 Viki est une conscience esthétique qui a été raffinée et s'est épanouie dans la
culture des courtisanes d'Edo. Selon Kuki, l'iki, qui implique trois occasions : la « coquett
erie » (bitai MM), la « vaillance » {iki, ikiji M.%M>) et la « résignation » (akirame §t#>), se
caractérise par la relation entre homme et femme, dont l'idéal est de rester non unifiée. UEHARAMayuko
à la rédaction d'un essai philosophique sur la culture japonaise, « Iki » no
kôzô rV^ # j <DW?à (La structure de Y iki), ainsi qu'à la construction d'une
théorie originale de la contingence. Parallèlement à cela, il a présenté les
dernières pensées européennes de Bergson et de Heidegger, entre autres.
Comment Kuki a-t-il introduit et assimilé le concept de vie et celui
d'existence ? Comment se situent-ils par rapport à la philosophie de la
contingence ? Pour répondre à ces questions, nous nous proposons d'étu
dier deux textes de Kuki, à savoir : « Mon point de vue philosophique »
( Tetsugaku shiken @^fAM) de 1 936 et « Conceptions de la vie humaine »
(Jinsei-kan K^WÙ) de 1934. Le premier texte concerne son interprétation
de la philosophie de l'existence. Dans le second texte, le plus important
pour cette étude, les questions de vie et d'existence sont examinées sous
trois aspects : « l'immortalité de l'âme » (reikon fumetsu M^/fM), « la
volonté libre » {ishijiyû lÊSêÉ) et « la divinité » (kami tt). On ne peut
pas dire que cet essai approfondisse suffisamment le concept de vie, mais
il nous indique la direction fondamentale du système philosophique de
Kuki. Nous tenterons, en nous appuyant sur cet essai, de redessiner la
conception de la vie du point de vue de la contingence.
La philosophie de l'existence chez Kuki
Intéressons-nous d'abord au terme « vie » et à ses équivalents japonais,
puisqu'il y en a plusieurs, à savoir : sei ÉË, seimei ^.fà2,jinsei Àrfe3, seikatsu
^fefiS. Sei signifie à la fois « le fait de vivre » et « la vie ». Depuis la seconde
moitié du xixe siècle seimei traduit, en fait, les termes occidentaux tels que
life, vie ou LebenA. Il désigne « la vie » et « la source selon laquelle les êtres
1 On peut ajouter un autre synonyme des termes sino-japonais, sei et seimei, qui est
le terme autochtone du Japon inochi $3, pourvu des sens suivants : « la force motrice des
êtres vivants », « la durée de vie », « la vie entière » selon le dictionnaire de japonais Kôjien
EïS^E, 6e édition, Tokyo, Iwanami shoten ëiféïf /£, 2008.
3 Ce terme apparaît déjà dans les classiques chinois comme les poèmes de Du Fu
ttS ou le Han shu îÉH (Livre des Wan). Jinsei-kan est la traduction de Lebensanschauung,
qu'a proposée Inoue Tetsujirô #±£f^6P (1855-1944) dans le Kôjien. Ce dernier est
connu comme le protagoniste qui a poussé le système universitaire à la partialité pour la
philosophie allemande.
4 Tetsugaku, shisô hon.yakugo jiten ¥$¥■ • iBffiifliKlniSft (Dictionnaire de traduction
de la philosophie et de la pensée), Ronsôsha liîlilti, 2004, p. 180. Seimei £fà, d'origine
chinoise {shengming), signifiait originellement « la durée de vie » et était synonyme de seimei
tîfefà, signifiant « l'étoffe innée (umarenagara no soshitsu zË S t\t£-hl £> <?)WW) et la vie reçue
(sazukatta inochi JSfro/cè) », mais le terme traditionnellement plus courant au Japon
était inochi. Les deux termes seimei se concurrençaient comme traductions des mots occ
identaux durant l'époque Meiji, mais depuis l'emploi de seimei a disparu. En outre, seimei
a perdu le sens « durée de la vie ». Par ailleurs, pour un aperçu de l'étude sur l'introduction Le concept existentiel de vie chez Kuki Shùzô (1888-1941) 69
vivants existent en tant qu'êtres vivants ». Le terme jinsei est défini comme
« l'existence et la vie humaine », ainsi que « la durée de la vie humaine dans
ce monde ». Seikatsu désigne, quant à lui, « le fait d'exister et avoir des
activités » et « le moyen de vivre et le fait de gagner sa vie »\ Ce ne sont là
que des compréhensions d'ordre général.
Dans l'essai que nous étudierons principalement, Kuki traite dejinsei-
kan, qui signifie la « conception de la vie humaine », comme nous l'avons
mentionné auparavant. Notons que le terme jinsei est déterminé par le sens
de « l'être humain » qui équivaut au mot jin À. Kuki exprime l'essentiel
de sa conception de la vie humaine par « toute la vie d'un être humain »,
« la façon véritable de vivre » et « la relation réciproque des vies » des êtres
humains. Cette conception de la vie humaine implique nécessairement la
perspective de la « vision du monde » (sekai-kan ]È9f-M). À l'ouverture de
son essai, Kuki précise que « la conception de la vie humaine et la vision
du monde ne sont pas séparables [...] Il semble impossible de concevoir la
vision du monde sans se fonder sur la conception de la vie humaine, ni,
en réalité, la conception de la vie humaine sans se fonder sur la vision du
monde6 ». « La vision du monde » semble désigner ici le monde historique
où la vie des êtres humains en relation se déroule. Ainsi, l'être humain est
« créateur de l'histoire » et en même temps « l'être humain historique peut
exister seulement en créant la société avec les autres », nous dit Kuki dans
« Ningengaku to wa nani ka ? » ÀIr]^ h. làM^ (Qu'est-ce que la science
de l'être humain ?)7.
Notre préoccupation suivante est de considérer le sens de la philo
sophie de l'existence selon Kuki. Ce dernier est le traducteur du terme
Existenz, qui a ét

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