Le leadership ethnique dans le travail social. Choix du métier et pratiques professionnelles - article ; n°3 ; vol.23, pg 291-312

Emmanuel Jovelin

Description

Déviance et société - Année 1999 - Volume 23 - Numéro 3 - Pages 291-312
The first riots by young people in the Lyonnaise region during the summer of 1981 served to highlight the problems of the suburbs (violence and unemployment). When these events were repeated several years later, despite different policies being put in place, it threw onto the national stage the problem of the difficulty of integration of young immigrants into the world of work. This article takes up again the questions raised over ten years ago : those of access for young people of foreign origin to the post of facilitator and those concerning ethnicisation. Whilst looking at the work practices of these young people, the author has tried to understand the factors determining their choices in employment and how objective conditions tied to social position or contacts have favoured such choices.
Die ersten Jugendkrawalle in der Region von Lyon im Sommer 1981 dienten als Ausloser der Thematisierung von Problemen der Vorstädte (Gewalt und Arbeitslosigkeit). Diese Ereignisse, die sich einige Jahre spater trotz Etablierung verschiedener Politiken wiederholten, wurden auf den nationalen Kontext als Problem der Arbeitsmarktintegration jugendlicher Migrantinnen projiziert. Dieser Artikel verfolgt eine Fragestellung, die sich seit mehr als zehn Jahren aufdrângt: Die Frage nach dem Zugang von Jugendlichen fremder Herkunft zur Sozialarbeit und nach der Ethnisierung ihrer Funktionen. Über eine Analyse des professionellen Handelns dieser Jugendlichen sucht der Autor nach den Bedingungen, die die Berufswahl bestimmen, und analysiert, wie objektive Bedingungen der sozialen Position und des konjunkturellen Verlaufs die Entstehung dieser Wahl beeinflussen.
De eerste jongerenrellen in de regio van Lyon in de loop van de zomer van 1981, waren de voedingsbodem voor de ontwikkeling van de problematiek in de voorsteden (geweld en wer- keloosheid). De gebeurtenissen die zich -ondanks de verschillen in aanpak en beleid- een aan- tal jaren later herhaalden hebben het probleem van de moeilijke integratie van immigranten- jongeren op de arbeidsmarkt op de nationale scene aan het licht gebracht. Dit artikel wil de kans aangrijpen om, na tien jaar, opnieuw enkele zaken in vraag te stellen, waaronder in hoofd- zaak deze van de toegang van jongeren van vreemde origine, de beweegredenen en de etnici- teit van hun functies. Door de analyse van de professionele praktijk van de jongeren, zoekt de auteur de determinatiefactoren van de keuze om de functies van animator te vervullen en in welke mate de objectieve voorwaarden verbonden aan een sociale positie of aan de conjunc- tuur dergelijke keuze hebben beïnvloed.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: DEVIANCE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1999
• Nombre de lectures: 47
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Emmanuel Jovelin
Le leadership ethnique dans le travail social. Choix du métier et
pratiques professionnelles
In: Déviance et société. 1999 - Vol. 23 - N°3. pp. 291-312.
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Jovelin Emmanuel. Le leadership ethnique dans le travail social. Choix du métier et pratiques professionnelles. In: Déviance et
société. 1999 - Vol. 23 - N°3. pp. 291-312.
doi : 10.3406/ds.1999.1698
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1999_num_23_3_1698Abstract
The first riots by young people in the Lyonnaise region during the summer of 1981 served to highlight
the problems of the suburbs (violence and unemployment). When these events were repeated several
years later, despite different policies being put in place, it threw onto the national stage the problem of
the difficulty of integration of young immigrants into the world of work. This article takes up again the
questions raised over ten years ago : those of access for young people of foreign origin to the post of
facilitator and those concerning ethnicisation. Whilst looking at the work practices of these young
people, the author has tried to understand the factors determining their choices in employment and how
objective conditions tied to social position or contacts have favoured such choices.
Zusammenfassung
Die ersten Jugendkrawalle in der Region von Lyon im Sommer 1981 dienten als Ausloser der
Thematisierung von Problemen der Vorstädte (Gewalt und Arbeitslosigkeit). Diese Ereignisse, die sich
einige Jahre spater trotz Etablierung verschiedener Politiken wiederholten, wurden auf den nationalen
Kontext als Problem der Arbeitsmarktintegration jugendlicher Migrantinnen projiziert. Dieser Artikel
verfolgt eine Fragestellung, die sich seit mehr als zehn Jahren aufdrângt: Die Frage nach dem Zugang
von Jugendlichen fremder Herkunft zur Sozialarbeit und nach der Ethnisierung ihrer Funktionen. Über
eine Analyse des professionellen Handelns dieser Jugendlichen sucht der Autor nach den
Bedingungen, die die Berufswahl bestimmen, und analysiert, wie objektive Bedingungen der sozialen
Position und des konjunkturellen Verlaufs die Entstehung dieser Wahl beeinflussen.
De eerste jongerenrellen in de regio van Lyon in de loop van de zomer van 1981, waren de
voedingsbodem voor de ontwikkeling van de problematiek in de voorsteden (geweld en wer-
keloosheid). De gebeurtenissen die zich -ondanks de verschillen in aanpak en beleid- een aan- tal jaren
later herhaalden hebben het probleem van de moeilijke integratie van immigranten- jongeren op de
arbeidsmarkt op de nationale scene aan het licht gebracht. Dit artikel wil de kans aangrijpen om, na tien
jaar, opnieuw enkele zaken in vraag te stellen, waaronder in hoofd- zaak deze van de toegang van
jongeren van vreemde origine, de beweegredenen en de etnici- teit van hun functies. Door de analyse
van de professionele praktijk van de jongeren, zoekt de auteur de determinatiefactoren van de keuze
om de functies van animator te vervullen en in welke mate de objectieve voorwaarden verbonden aan
een sociale positie of aan de conjunc- tuur dergelijke keuze hebben beïnvloed.Déviance et Société, 1999, Vol. 23, No 3, pp. 291-312
LE LEADERSHIP ETHNIQUE DANS LE TRAVAIL SOCIAL
CHOIX DU MÉTIER ET PRATIQUES PROFESSIONNELLES*
E. JOVELIN**
Les premières émeutes des jeunes dans la région Lyonnaise au cours de l'été 1981, ont
servi de révélateur au mal des banlieues (violence et chômage). Ces événements qui se sont
répétés quelques années plus tard, malgré les différentes politiques mises en place, ont pro
jeté sur la scène nationale, le problème de l'intégration difficile sur le marché du travail,
des jeunes issus de l'immigration. Cet article veut saisir l'occasion de reposer des ques
tions soulevées depuis plus de dix ans: celles de l'accès des jeunes d'origine étrangère aux
fonctions d'animations et celles de l'ethnicisation de leurs fonctions. Tout en analysant les
pratiques professionnelles de ces jeunes, l'auteur cherche à comprendre les facteurs de
détermination du choix des fonctions de l'animation et comment les conditions objectives
liées à une position sociale ou à la conjoncture ont favorisé l'émergence d'un tel choix.
Mots-clés: Jeunes leaders - Leadership ethnique - Travail social - Travailleurs
sociaux d'origine étrangère - Professionnalisation - Immigration
Le thème de ce propos concerne l'accès aux fonctions d'animation des jeunes issus de
ce qui est couramment appelé des «milieux défavorisés», devenus leaders dans le travail
social des «quartiers en difficulté». Ces propos proviennent d'une thèse de sociologie sur
«Les travailleurs sociaux d'origine étrangère en France. Vocation ou repli professionnel?
Analyse sociologique d'un groupe professionnel» (Jovelin, 1998a) dans laquelle nous ten
tons de déterminer et de comprendre les facteurs qui poussent les personnes d'origine
étrangère issues du Maghreb et de l'Afrique noire, à choisir les professions sociales (édu
cateurs, animateurs, assistants sociaux). Nous y comparons également les modalités d'ac
cès aux professions sociales entre les travailleurs sociaux d'origine étrangère et les tra
vailleurs sociaux Français d'origine. Aussi avons-nous constitué deux échantillons d'une
enquête par questionnaire: 170 travailleurs sociaux d'origine étrangère et 200 Français
d'origine en formation, avec 121 réponses pour les premiers et 133 pour les seconds aux
quelles s'ajoutent 27 entretiens semi-directifs dont ceux de 12 leaders. Cet article a pour
objet la mise en évidence des contradictions vécues par ces travailleurs sociaux entre leur
statut et leur fonction d'une part, leur origine et les modes de sociabilités traditionnels issus
de leur passé de jeunes dans le quartier d'autre part. Les questions que nous nous posons
sont celles-ci: Comment devient-on leader ethnique? Quelles représentations ces leaders
* Cet article a bénéficié d'une lecture et d'une critique bienveillantes de Dominique Duprez (CLERSE/
IFRESI/CNRS), et Laurent Mucchielli (CESDIP/CNRS), qu'ils en soient remerciés.
** Institut social Lille Vauban et Université de Lille 3 (I.U.T B carrières sociales). 292 Déviance et Société
ont-ils de leur fonction? Le fait d'être soi-même d'origine étrangère et de participer à l'e
ncadrement des personnes d'une même origine que soi permet-il une meilleure action
sociale?
Pour tenter de répondre à ces questions, nous nous appuyons sur un échantillon de
douze leaders (dix hommes et deux femmes), âgés de vingt-deux ans à quarante-et-un ans,
à l'itinéraire comparable à celui de l'ensemble des travailleurs sociaux d'origine étrangère,
puisqu'ils sont issus majoritairement de milieux ouvriers, de familles nombreuses, à faible
capital scolaire ; seuls trois parents de ces leaders maîtrisent la lecture. De même en est-il
de leurs trajectoires scolaires assez accidentées, avec les mêmes caractéristiques pour tous
(Jovelin, 1998b) à savoir plusieurs redoublements pour certains, et un discours révélant une
amertume envers une institution scolaire qui ne les a ni acceptés, ni aidés comme ils l'au
raient souhaité en même temps qu'un constat sur le faible soutien reçu, de ce point de vue,
de leurs parents. Ce discours, cependant, n'est pas propre aux travailleurs sociaux d'origine
étrangère que nous avons rencontrés. Pour eux, comme pour les Français d'origine, l'école
a souvent été contestée, essentiellement par ceux qui ont subi des échecs ou qui furent
orientés vers des voies qu'ils ne souhaitaient pas. Tous possèdent les diplômes profession
nels du travail social (Diplôme d'Etat relatif aux Fonctions d'Animation, Diplôme Univers
itaire de Technologie-carrières sociales, Diplôme d'Etat d'Educateur Spécialisé).
I. Approche théorique de la notion de leader
De nombreux travaux de recherche sur le phénomène des leaders ont vu le jour dont le
plus important est l'ouvrage de Whyte (1943 et 1996), «street corner society», consacré par
l'auteur à la vérification des structures de groupe; à l'étude du leadership au niveau des jeunes
de quartiers populaires; au fonctionnement du leader et au rapport que ce dernier entretient
avec les autres jeunes. Dans cet ouvrage Whyte considère que le leader est l'élément central
dans le groupe; il donne vie à ce dernier; c'est la courroie de transmission entre son groupe
et ceux du quartier et il se pose ajuste titre les questions de: comment devient-on leader et
dans quell