Le lent apprentissage de l autogestion. Les coopératives de production agricole d Abadla, Algérie - article ; n°88 ; vol.22, pg 809-836
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Le lent apprentissage de l'autogestion. Les coopératives de production agricole d'Abadla, Algérie - article ; n°88 ; vol.22, pg 809-836

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Description

Tiers-Monde - Année 1981 - Volume 22 - Numéro 88 - Pages 809-836
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Reboul
Le lent apprentissage de l'autogestion. Les coopératives de
production agricole d'Abadla, Algérie
In: Tiers-Monde. 1981, tome 22 n°88. Transformations agraires. pp. 809-836.
Citer ce document / Cite this document :
Reboul Claude. Le lent apprentissage de l'autogestion. Les coopératives de production agricole d'Abadla, Algérie. In: Tiers-
Monde. 1981, tome 22 n°88. Transformations agraires. pp. 809-836.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1981_num_22_88_4069LE LENT APPRENTISSAGE
DE L'AUTOGESTION
LES COOPÉRATIVES DE PRODUCTION AGRICOLE
D'ABADLA, ALGÉRIE
par Claude Reboul*
Ce texte a été écrit à la suite de trois missions (juin igy8, février igyg,
juin ig8o) à Abadla, sur invitation du ministère de l'Agriculture et de la
Révolution agraire.
Sa matière première est constituée d'observations et d'entretiens avec les
administrateurs militaires et civils du périmètre, les agronomes de l'encadrement
technique et des services d'expérimentation, les présidents de coopérative et les
attributaires, l'agent-comptable de la CAPCS, les responsables de l'êtable du
périmètre.
Je suis heureux de remercier ici les autorités militaires et civiles du péri
mètre pour la cordialité de leur accueil et pour les grandes facilités d'enquête
qui m'ont été accordées. Je remercie tout particulièrement M. Djidjelli, directeur
du Commissariat au Développement rural ď Abadla, M. Oulebsir, agronome,
pour son assistance technique et linguistique, ainsi que M. Bendjemaa, directeur
de la station d'agronomie de I'INRA**. '
I. — La coopérative de production et le plan
i) La voie socialiste du développement agricole
L'Algérie tire l'essentiel des recettes de son commerce extérieur de
l'exportation de produits non renouvelables : gaz et pétrole1, et importe
* Maître de Recherches à I'inra, Station d'Economie et de Sociologie rurales, Paris.
** Un rapport contenant l'ensemble des observations monographiques est disponible
à I'inra. Réf. : C. Reboul, be lent apprentissage de l'autogestion, inra, 6 pass. Tenaille, Paris,
juillet 1980.
1. Le poste : « hydrocarbures » représentait 98,2 % de l'ensemble des recettes d'expor
tation en 1980. Communication du secrétaire d'Etat au Commerce extérieur faite à l'Assem
blée populaire nationale le 26 mai 1981, El Moudjahid, 27 mai 1981.
Bévue Tiers Monde, t. XXII, n° 88, Octobre-Décembre 1981 тм — 28 8lO CLAUDE REBOUL
des quantités croissantes de produits agricoles, qui sont renouvelables
sous condition, toutefois, que soit entretenue la capacité de production
des sols. Cette situation menaçante pour l'avenir du pays a conduit
les responsables politiques à donner maintenant un caractère prioritaire
au développement de la production agricole nationale.
Si l'objectif prête peu à discussion, il n'en est pas de même des
moyens. On retrouve alors des débats qui concernent à des degrés
divers tous les pays du Tiers Monde : peut-on brûler les étapes du
développement agricole par une industrialisation rapide ou faut-il au
contraire retrouver le lent cheminement historique des pays indust
rialisés en mettant en œuvre toute la gamme des technologies inter
médiaires ? Convient-il d'encourager la petite exploitation familiale, la
grande exploitation à salariés ou la coopérative de production ?
Ces choix politiques sont nécessairement fonction du système éc
onomique qu'un pays s'est donné ou qu'on lui a imposé. En Algérie,
l'option socialiste s'est traduite en agriculture par une série de réformes
qui ont profondément modifié les modes d'exploitation du sol : tran
sformation des fermes de colons en domaines autogérés, limitation de
la propriété privée et création d'un Fonds de la Révolution agraire
mesures de soutien à la coopérative de production. Les résolutions,
de la зе session du Comité central du fln (Alger, mai 1980) ont confirmé
les orientations contenues dans la Charte de la Révolution agraire, qui
font de la coopérative de production et de sa variante, le domaine
autogéré, la structure de base de la voie socialiste du développement
agricole. Mais il a été pris acte cependant, avec une vigueur nouvelle,
de la diversité actuelle des modes d'exploitation. Il existe un secteur
privé important qu'on ne saurait réorganiser autoritairement sans
conséquences catastrophiques pour la paysannerie qui le compose,
pour la production et finalement pour l'ensemble de la population. A
l'opposé, les domaines autogérés ont une marge d'autonomie souvent
si réduite qu'il s'agit en réalité plutôt d'exploitations d'Etat.
Dans ces conditions, le développement de la coopération au stade
de la production ne peut être qu'un phénomène lent. La politique
agricole vise à ce que les domaines autogérés ajustent progressivement
leur pratique à leur vocation, et encourage en même temps les exploi
tations privées, et d'abord les bénéficiaires du fonds de la Révolution
agraire, à s'organiser en coopératives de production.
La coopérative de production apparaît ainsi comme une construction
progressive, dans son organisation interne comme dans son expansion,
résultat de l'initiative des agriculteurs et de l'assistance de l'Etat. LENT APPRENTISSAGE DE l' AUTOGESTION 8ll LE
2) Autogestion et planification
L'histoire récente du périmètre irrigué d'Abadla1 a vu se succéder,
et dans une certaine mesure coexister, trois modes d'exploitation qui
sont pratiqués dans toute l'Algérie : la petite exploitation familiale à
base de travail manuel, la grande exploitation d'Etat mécanisée,
employant une main-d'œuvre salariée, la coopérative de production.
Elle offre donc des éléments de comparaisons critique entre modes
d'exploitation comme entre technologies pratiquées, sous certaines
réserves cependant. Si l'exploitation familiale et l'exploitation d'Etat
sont en effet des formes d'entreprises nettement typées, la coopérative
de production conquiert, elle, lentement son autonomie et par consé
quent son identité par rapport au statut d'exploitation d'Etat qu'elle
avait à l'origine et qui était celui de la grande exploitation constituée
sur le périmètre avant son démembrement en coopératives de production.
Cette lente autonomisation se fait par rapport aux contraintes de
production et de commercialisation imposées initialement par le Plan,
mais dans certaines limites. Le Plan s'assouplit, mais ne disparaît pas.
L'ambiguïté du mot « autogestion », à cet égard, explique qu'il puisse
être employé à tort et à travers en pays capitaliste.
La Révolution agraire redistribue la terre aux agriculteurs dans le
cadre d'exploitations collectives appelées à devenir des coopératives de
production. L'option socialiste ne s'exprime pas seulement dans la
volonté d'égaliser les chances de réussite, au départ, en attribuant la
terre aux agriculteurs, en quantités égales, compte tenu de la qualité
des sols, et en les faisant bénéficier sans discrimination d'une assistance
matérielle et technique. Elle s'exprime aussi dans les contraintes aux
quelles la gestion de la coopérative de production est soumise. En
ayant le souci d'assurer aux membres des coopératives une rémunération
minimum et de leur fixer en même temps des contraintes d'emploi,
vis-à-vis des plus jeunes comme des plus âgés en particulier, l'Etat
ne fait pas du profit l'impératif premier de la gestion des coopératives.
Il n'est pas question — en principe — que la rentabilité d'une
coopérative soit obtenue ou améliorée en écartant les travailleurs les
plus faibles, en licenciant une main-d'œuvre jugée excédentaire ou
encore par une trop basse rémunération de sa main-d'œuvre. Mais la
coopérative ne peut pas davantage étendre ses terres au détriment
2. Abadla, ancien camp de regroupement de la guerre de libération, est situé à 100 km
au sud-ouest de Béchar, au pied de l'Atlas saharien, à 600 m d'altitude. La pluviométrie est
de 50 mm à 70 mm par an, concentrés au printemps et à l

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