Le mariage chez les Isawaghen d In Gall. Extrait des carnets d enquête de Suzy Bernus - article ; n°2 ; vol.62, pg 219-238
20 pages
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Le mariage chez les Isawaghen d'In Gall. Extrait des carnets d'enquête de Suzy Bernus - article ; n°2 ; vol.62, pg 219-238

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Description

Journal des africanistes - Année 1992 - Volume 62 - Numéro 2 - Pages 219-238
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Suzanne Bernus
Le mariage chez les Isawaghen d'In Gall. Extrait des carnets
d'enquête de Suzy Bernus
In: Journal des africanistes. 1992, tome 62 fascicule 2. pp. 219-238.
Citer ce document / Cite this document :
Bernus Suzanne. Le mariage chez les Isawaghen d'In Gall. Extrait des carnets d'enquête de Suzy Bernus. In: Journal des
africanistes. 1992, tome 62 fascicule 2. pp. 219-238.
doi : 10.3406/jafr.1992.2365
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1992_num_62_2_2365Document
Le manage chez les Isawaghen ďln Gall (Niger)
Extrait des carnets d'enquête
de Suzy Bernus (1972)
En 1972, à In Gall, Suzy menait une enquête sur les généalogies, ce qui
l'amenait souvent, à propos des alliances, à prendre des notes sur la compens
ation matrimoniale. Puis nous avons eu, elle et moi, l'occasion d'assister à
un mariage, plus exactement à la partie la plus publique de celui-ci, le moment
où la mariée est conduite à la maison de son mari. Pendant plusieurs heures,
nous avons suivi le cortège, mêlées aux vieilles femmes vêtues de noir qui enser
raient étroitement une forme blanche, complètement invisible sous un grand
tissu qui la recouvrait entièrement, marchant à l'aveuglette collée au dos d'une
des vieilles. Le cortège était mené par la conteuse et chanteuse aveugle, Taheera
Agguzum, d'origine servile, spécialiste des chants de mariage, une de nos infor
matrices privilégiées1. Elle n'a pas cessé de chanter pendant l'interminable éti-
rement du cortège au long des ruelles, trajet volontairement allongé, ponctué
de longues pauses où tout le monde s'asseyait en rond autour de la mariée et
de la chanteuse.
Pendant tout ce trajet, qui marque le transfert d'une famille dans une autre
et le passage de l'état de fille à celui de femme mariée, passage qui possède
donc une valeur initiatique, la jeune femme doit être sans cesse entourée par
les femmes de sa famille pressées les unes contre les autres (on nous faisait
sans cesse signe de rester collées au groupe). On dit qu'ainsi les mauvais esprits
ne peuvent pas l'atteindre. Il est vrai qu'elle est à ce moment-là particulièr
ement vulnérable, comme tout individu qui subit un processus initiatique2. Elle
est en effet symboliquement morte ; le groupe compact des femmes qui l'entou
rent constitue une sorte d'« œuf » ou d'utérus dans lequel elle serait remise.
Elle est portée dans le dos comme un petit enfant par une
femme qu'on appelle « la remplaçante de sa mère », ce qui est l'équivalent méta-
1. Voir ci-dessous la généalogie de Taheera d'après les notes de Suzy et mon article « Taheera la vieille
aveugle », Cahiers de littérature orale n° 11 « Conteurs » : 179-81.
2. D'autres dangers étaient peut-être jadis plus réels, tel celui d'un enlèvement. Un Touareg qui assis
tait en badaud au cortège nous faisait des signes montrant qu'il voulait prendre la mariée et l'emport
er. II s'agissait bien sûr d'une plaisanterie, mais il n'en a probablement pas toujours été ainsi.
],шгпч1 des afncumsie\. « 12) l<»42 : 21V-2SÎ. 220 JOURNAL DES AFRICANISTES
phorique le plus proche de « porter dans le ventre ». La naissance de la femme
nouvelle se fera dans la maison du mari, mais seulement après les sept jours
de réclusion-gestation dans l'alcôve construite en nattes autour du lit à la manière
d'une petite tente nomade. Nous avons conduit la jeune femme, à la rencontre
de laquelle étaient venues ses belles-sœurs en habits de fête, jusqu'au seuil de
cette maison, avons assisté à l'échange de plaisanteries entre les vieilles fem
mes et les amis du mari, puis nous sommes reparties, saluées et remerciées au
passage par un homme allongé devant une maison : le mari, attendant tran
quillement chez un ami le moment où il lui serait permis de rejoindre sa femme.
Après cette cérémonie, Suzy et moi avons repris ensemble l'enquête sur
le mariage avec la vieille Taheera. Je donne ici les notes du carnet de Suzy,
sous une forme non retouchée, sauf en ce qui concerne la transcription des
termes tasawaq et l'addition de quelques sous-titres et notes explicatives. Ces
textes ont toute la saveur du document de terrain.
Geneviève Calame-Griaule
iú Le mariage à In Gall
Compensation mat ri m on iale
taggel (ou taggsl) : Isherifen, 3 ou 4 chameaux
ou 2 ihetlan1 de grandes dimensions
ou 1 palmier en remplacement d'un chameau
on peut aussi mélanger.
Avant, pour le premier mariage d'un enfant, c'était le père qui donnait
la taggel. Ce sont les gens de la maison de la femme et ceux du garçon qui
discutent entre eux.
Le père montre ce qu'il donne. Si les parents de la fille sont d'accord,
on part à la mosquée attacher le mariage.
Les chameaux restent pour la fille, c'est elle qui en est désormais propriét
aire, mais c'est le mari qui gère la propriété. En cas de divorce, si c'est le
mari qui répudie la femme, elle garde la dot. Si c'est la femme qui veut s'en
aller, c'est le mari qui garde la dot.
Pour les Imesdraghen, celui qui est riche donne 3 chameaux ; moins riche :
2 chameaux ; encore moins riche : 1 chameau.
La dot d'une fille ne peut jamais servir pour le mariage d'un fils.
Second mariage : l'homme doit se débrouiller pour trouver lui-même sa
dot ; la famille ne s'en occupe plus.
La dot est fixe de mère en fille ; ce qu'une mère a eu, sa fille doit l'avoir
(ou l'équivalent).
Actuellement, on donne de l'argent. Quand le père est mort, s'il y a des
oncles, ils paient. Sinon il faut se débrouiller. Exemple : Ghumud a dû payer
son premier mariage.
1 — 2 chameaux qui sont restés à la femme au moment du divorce.
1. Pluriel de abatol, bassin de décantation du sel ; ensemble des bassins salants constituant une exploi
tation : cf. E. et S. Bernus, Du sel et des dattes. Introduction à l'étude de la communauté d'In Call
et de Tegidda-n-Tesemt, Niamey, 1972 (Études nigériennes 31). 222 JOURNAL DES AFRICANISTES
2 — 3 chameaux : idem.
3 — pas de dot, a refusé le mariage (un an de vie conjugale).
4 — pour la dernière, 1 chamelle. Comme les parents de la fille étaient
pauvres, ils ont vendu la
Les parents de la fille.
Si on a fait le mariage, les parents de la fille peuvent lui donner chamelle,
vaches, abatol, ou palmiers ; cela s'appelle tanafut. Cela reste la propriété de
la femme, mais si le mari la gaspille, dans le cas de divorce il n'est pas obligé
de la rembourser. Si la femme meurt, héritage de la tanafut : 1/3 au mari,
1/3 aux enfants (fille : 1/3, garçon : 2/3), 1/3 au père de la femme : ceci est
valable même en cas de divorce. Idem en ce qui concerne la taggel.
Héritage : takasut, ce qu'on hérite de son père et de sa mère.
Cadeaux de la famille de la fille :
— au beau-père (arzirey) : 1 boubou, 1 pantalon, 1 turban, 500 ou 1 000 francs ;
— à la belle-mère (arzirey wey wane) : 1 pagne noir, 1 camisole, 1 turban, 500
ou 1 000 francs.
Vocabulaire : pagne, taari ; camisole, taggu ; boubou, tubulu ; pantalon,
wardum ; turban, tobay (H), tungu (F) ; sandales, taghmiyo.
Cadeaux de la famille de la fille (à la fille), tanafut (litt. : « bienfait »)
lit, nattes, couvertures
canaris, assiettes
riz, 1 egigi (charge d'un animal)
blé, 1
mil
Cadeaux du mari à sa femme (alkilla)
4 pagnes : 1 de satin noir, 2 bleu bazin, 1 noir
2 blouses blanches, 2 blouses noires
6 turkudi (tissu indigo de luxe, sorte de bazin ; terme hausa)
2 paires de sandales
parfums, pommades, poudres
Bijoux offerts par la famille du mari.
Alliance
Au bout d'un certain temps, on peut considérer son beau-père comme son
père (si on a donné 3 ou 4 enfants à sa femme). On peut l'appeler Baba ou
par son nom.
La sœur de la mère de la femme est considérée comme une autre belle-
mère. Le meilleur mariage est celui avec la tabobaz (fille de la sœur du père).
On a des devoirs envers sa tabobaz.
« Le neveu (tegeze) est plus que le fils (ize). » DOCUMENT 223
Le terme arzirey s'emploie uniquement quand on épouse une fille qui n'est
pas parente. , C'est un terme réciproque (désigne beau-père et- gendre).
Sororat : on épouse la petite sœur de sa femme décédée mais pas la sœur
aînée.
Une veuve : ne peut pas être épousée par le frère de son mari

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