Le nom de l aspect - article ; n°4 ; vol.59, pg 839-859
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Description

Revue des études slaves - Année 1987 - Volume 59 - Numéro 4 - Pages 839-859
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Georges Drettas
Le nom de l'aspect
In: Revue des études slaves, Tome 59, Fascicule 4. Tome 59, fascicule 4. pp. 839-859.
Citer ce document / Cite this document :
Drettas Georges. Le nom de l'aspect. In: Revue des études slaves, Tome 59, Fascicule 4. Tome 59, fascicule 4. pp. 839-859.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1987_num_59_4_5700LE NOM DE L'ASPECT
PAR
GEORGES DRETTAS
Naturlich wiirde sich niemand mit solchen
Studien beschàftigen, wenn es nicht wirklich ein
Wesen gäbe, das Odradek heisst.
Franz KAFKA, Die Sorge des Hausvaters.
En un moment où la linguistique générale semble ressentir le besoin de
façonner des outils descriptifs robustes, la pratique de l'inventaire n'est pas
superflue.
Si l'on imaginait un musée des faits de langue, la vitrine des catégories y
verrait figurer en bonne place l'aspect. Et le visiteur attentif se laisserait sans
aucun doute séduire par cet objet que les replis d'une longue histoire font
miroiter. L'observateur innocent serait aussi pris de vertige devant l'étonnante
variété des désignations d'un phénomène tout à la fois présent et insaisissable.
La terminologie propre au domaine aspectuel est foisonnante. Cette carac
téristique est due essentiellement à deux facteurs :
— Il y a d'une part Ibistoire qui a engendré des traditions grammatic
ales dont le poids se fait encore sentir. A cet égard, la slavistique tradition
nelle occupe une place considérable à côté du domaine sémitique.
— Le deuxième facteur remarquable est la démarche descriptive issue de
la linguistique structurale. On peut attribuer à cette dernière la représentation
du fait aspectuel selon le modèle d'une opposition à deux termes. Dans cette
opposition, la notion de marque joue un rôle important. En bref ceci veut dire
que les auteurs qui adoptent ce modèle, considèrent que dans une opposition
aspectuelle à deux termes (par ex. : perfectif/imperfectif), l'un des termes est
marqué et l'autre non-marqué (Stankov 1980, p. 24). Dans cette optique, on
s'efforce d'assigner à chacun des termes de l'opposition une caractérisation
sémantique invariante.
Or, on doit remarquer que la phase généralisante d'une analyse — par
exemple, la tentative de B. Comrie (1976) - éprouve de très grandes dif-
Rev. Êtud. slaves, Paris, LIX/4, 1987, p. 839-859. G. DRETTAS 840
ficultés à intégrer les legs de la tradition, en particulier dans le domaine
terminologique.
Ainsi le terme « temps X » hérité de la tradition grecque, a été largement
utilisé pour désigner des formes aspectuelles ; ľ« aoriste », produit de cette
même tradition, est encore largement employé pour désigner des réalités
différentes. Dans la tradition slave, les termes ď« accompli » et ď« inac
compli » désignent habituellement les formes qui expriment respectivement
le perfectif et l'imperfectif . Par exemple, la pratique lexicographique bulgare
actuelle étiquette les léxèmes verbaux par les termes spécifiques svsršen vid /
nesvsršen vid.
L'instabilité terminologique du domaine aspectuel reflète aussi bien le
poids de la tradition que la difficulté des descripteurs à rendre compte de leurs
analyses d'une façon qui soit aisément généralisable.
L'étude des langues balkaniques illustre abondamment les difficultés que
je viens d'évoquer.
Avant d'aborder les faits de notre domaine, il convient de signaler que les
problèmes liés à la terminologie sont loin de laisser indifférents maints lin
guistes. U suffirait, pour s'en convaincre, de se rapporter à la brève mais
brillante intervention de D. Cohen (1981) qui, dans une perspective résol
ument structuraliste, met en contraste le système russe et le système de l'arabe
classique. On se doit aussi d'évoquer la démarche de A. Culioli (1983) qui
accompagne son analyse d'un système de représentation graphique. Dans ces
deux cas, fort différents quant aux fondements théoriques respectifs, le souci
du langage descriptif semble dominant.
Mon but n'est pas ici de proposer une analyse détaillée des systèmes
verbaux de toutes les langues balkaniques, ce qui serait fort long, mais d'illus
trer quelques questions que suggère immanquablement toute utilisation géné
ralisante de Y aspect. Je me limiterai donc aux faits bulgares et grecs, sans
pouvoir du reste prendre en compte les systèmes dialectaux. Ce dernier point
n'est pas sans importance factuelle, dans la mesure où des variations morpholog
iques ou fonctionnelles des systèmes de la langue dite commune sont imput
ables aux diverses bases dialectales.
Par bulgare j'entends un ensemble dialectal diversifié qui comprend deux
langues écrites officialisées : le bulgare littéraire, basé essentiellement sur des
dialectes orientaux, et le macédonien basé sur un groupe de dialectes
du Sud-Ouest (Prilep, Bitola, Vêles, etc.).
Pour le grec, je considérerai essentiellement la dhimotiki (non littéraire).
Par dhimotiki j'entends l'ensemble des variétés parlées du grec qui, sans être
strictement standardisées, servent de base aux variétés écrites, en particulier
dans la pratique scolaire. S'il est assez difficile de définir avec précision les
contours de cet ensemble, on peut le caractériser par le trait sociolinguistique
suivant : le jeu des variations alternantes ne semble pas réglé par une référence
fonctionnelle à des domaines dialectaux définis géographiquement, comme
c'est le cas, par exemple, en albanais littéraire contemporain.
Dans la balkanologie linguistique — ou ce que d'aucuns appellent « li
nguistique balkanique » —, on n'examine habituellement les systèmes verbaux
des langues concernées qu'en relation à deux faits :
a) la disparition de l'infinitif ;
b) la formation du futur « périphrastique » au moyen de l'auxiliaire
« vouloir ». LE NOM DE L'ASPECT 841
A côté de ces faits que certains auteurs considèrent comme des « balka-
nismes primaires»1, on examine parfois le sort du parfait périphrastique
formé à l'aide de l'auxiliaire « avoir ».
LE BULGARE
Le bulgare a, semble-t-il, assez souffert de son insertion dans l'ensemble
slave. Cette insertion a en effet déterminé une certaine façon de concevoir
l'expression de l'opposition imperfectif/perfectif dans la langue. Face à une
morphologie déséquilibrée (cf. Drettas 1985), beaucoup d'auteurs ont eu et
continuent d'avoir une grande difficulté à intégrer dans leur description de
l'opposition fondamentale les deux formes respectiv
ement étiquetées « aoriste » et « imparfait » (cf. S. Ivančev 1978, p. 61 sa.).
Le verbe bulgare semble être tiraillé entre l'idéal d'une conjugaison harmon
ieuse et la réalité d'une morphologie contradictoire, pénétrée de défectivités
apparemment déroutantes, surtout si la variante examinée est le « bulgare
littéraire ».
Sans revenir en détail sur un exposé précédent (Drettas 1985), je crois
utile de donner brièvement les traits principaux du déséquilibre évoqué, en
soulignant que ce dernier, s'il pose problème, n'en est pas moins fécond,
puisqu'il est lié à la créativité lexicale de la langue.
Verbes simples.
Nous avons, en bulgare, un certain nombre de verbes simples, c'est-à-dire
n'ayant ni préverbes ni suffixes perfectivants ou imperfectivants, et qui pré
sentent une conjugaison complète que j'illustre schématiquement par la pre
mière personne du singulier du présent (= non-passé).
- impft : píšex -» forme en -/ : pišel
V « écrire », présent :piSa
^ aor. : pisax •* forme en -/ : písal
Ces verbes sont classés dans la catégorie des verbes imperfectifs par la plu
part des descripteurs (cf. Ivančev, Stankov, etc.). Cet étiquetage est fondé sur
le critère suivant : indépendamment de traits proprement morphologiques, on
considère comme imperfectif en soi tout verbe dont le présent peut apparaître
sans être nécessairement précédé d'un relateur-subordonnant ou de la parti
cule modale de futur.
Les verbes simples mettent en évidence l'opposition aspecto-temporelle de
base, qu'

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