Le rôle du secteur informel dans un contexte de régionalisation - article ; n°155 ; vol.39, pg 581-596
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le rôle du secteur informel dans un contexte de régionalisation - article ; n°155 ; vol.39, pg 581-596

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 155 - Pages 581-596
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Claude Vérez.
Le rôle du secteur informel dans un contexte de régionalisation
In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°155. pp. 581-596.
Citer ce document / Cite this document :
Vérez. Jean-Claude. Le rôle du secteur informel dans un contexte de régionalisation. In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°155. pp.
581-596.
doi : 10.3406/tiers.1998.5262
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1998_num_39_155_5262LE ROLE DU SECTEUR INFORMEL
DANS UN CONTEXTE
DE RÉGIONALISATION
Jean-Claude VÉREZ*
La mondialisation s'accompagne d'un processus de régionalisation dont les
niveaux et les rythmes varient de manière considérable selon les pays.
L'un des contrastes les plus frappants est celui qu'offrent les pays de I'asean,
d'une part, ceux de l'Afrique subsaharienne, d'autre part. L'intégration de l'Asie du
Sud-Est au commerce mondial semble continue alors que les pays africains sont
marginalisés. Les tentatives d'explication ne peuvent ignorer l'impact des acteurs
« du bas » et, in fine, le regard plus ou moins condescendant que l'État porte face
aux micro-activités formelles bien sûr mais surtout informelles. A partir de réseaux
multiples et de micro-institutions, les acteurs asiatiques développent leurs activités
dans un cadre de libéralisme économique plus porteur qu'en ASS où l'administration
est davantage tatillonne.
Les logiques qui prévalent à la constitution des groupements régio
naux peuvent relever d'un interventionnisme étatique, du jeu des
acteurs, ou d'une ouverture sur l'extérieur à partir de l'économie de
marché :
— Le rôle de l'État diffère sensiblement entre l'Afrique subsaharienne
et les pays de I'asean. Sa légitimité, la constitution ou non de
PÉtat-nation, le comportement face aux valeurs (d'ordre ethnique,
religieuse, confucéenne...) constituent des variables à intégrer car
elles influent sur les grandes orientations politiques, sur la hié
rarchie des objectifs économiques, sur le rôle assigné aux organisat
ions, sur le poids et le respect des conventions et, in fine, sur la
place laissée aux entreprises. Alors qu'au sein de I'asean le cadre
libéral relatif aux mécanismes du marché favorise la dynamique du
Université d'Artois.
Revue Tiers Monde, t. XXXIX, n° 155, juillet-septembre 1998 582 Jean-Claude Vérez
secteur informel, en ASS, la réglementation administrative tend
davantage à canaliser les comportements dynamiques.
— A propos du jeu des acteurs, les enquêtes de terrain montrent que les
politiques macro-économiques décidées « d'en haut » se heurtent
aux comportements des agents que certains dénomment « du bas ».
Les exemples récents des programmes d'ajustement structurel en ASS
peuvent en témoigner. Il convient donc de tenir compte des straté
gies des acteurs insérés dans leur environnement social le plus
proche.
— Enfin, l'hypothèse d'un marché régional et/ou mondial propre aux
grandes entreprises et d'un local voire national pour les peti
tes mérite d'être abordée. Si tel était le cas, des liens entre
les niveaux local-national et régional-mondial attesteraient du rôle
des activités informelles dans le processus de régionalisation.
En Asie, des « circuits financiers clos » apparaissent. Dans cer
tains pays tels que la Thaïlande, le secteur informel constitue un fac
teur d'intégration de la population active sur la base d'un potentiel
de petites entreprises dont les responsables qualifiés ont des comport
ements d'entrepreneurs dynamiques1. En Afrique, les relations comm
erciales sont contrôlées par des réseaux d'appartenance à base eth
nique et parfois situées dans un espace multinational. L'étude
des comportements des agents individuels sur les marchés parallèles
devient incontournable d'autant que les échanges informels en
Afrique se font avec les opérateurs asiatiques2. L'article analyse tout
d'abord l'impact des activités informelles au sein de I'asean puis leur
rôle en ASS, en insistant sur le fait qu'elles se situent au cœur d'un
contexte macro-économique où l'on retrouve l'État, le marché, les
acteurs et au cœur d'un processus de régionalisation qui concerne les
deux espaces cités.
1. X. Oudin, 1993.
2. L'exemple des pagnes en atteste. C'est en Côte-d'Ivoire que l'on trouve les plus gros consommate
urs. Au début des années 90, ce marché était estimé à 40 milliards de francs cfa. Le Nigeria, la Chine, le
Pakistan sont devenus de réels concurrents avec un écart de prix de 1 à 2,5 en faveur du fancy chinois. Si
la Côte-d'Ivoire a résisté à la pénétration des pagnes chinois, les pays africains non producteurs ont
davantage été touchés (Bénin, Libéria...) du fait des échanges parallèles. Dès lors que les pratiques comm
erciales qui reposent sur des liens historiques et qui, pour le moment, trouvent la source de leur crois
sance dans l'informalité ne sont pas ignorées, l'idée de favoriser les échanges au sein d'un espace régional
pourrait être bénéfique. Rôle du secteur informel dans un contexte de régionalisation 583
I. LE RÔLE DYNAMIQUE DU SECTEUR INFORMEL
AU SEIN DE L'ASEAN
Divers travaux montrent que les activités informelles ne sont pas
incompatibles avec les mécanismes de l'économie de marché ; on y
trouve des éléments de l'économie pure walrasienne. En outre, les
échanges informels trouvent leur source dans les disparités des polit
iques économiques, financières, monétaires, commerciales distinctes
selon les pays. Les activités informelles se déploient sur des espaces
frontaliers, à partir de réseaux marchands différenciés par ethnies, et
structurés depuis longtemps. Sur la base de solidarités ethniques et
d'échanges régionaux, le comportement des acteurs n'est pas irration
nel mais s'insère dans un cadre communautaire de référence. Est-ce
l'une des raisons pour lesquelles toute volonté « d'officialiser
l'informel » a échoué ? L'économie informelle dégage finalement des
ressources et représente un facteur de décollage économique qui, s'il
n'est pas suffisant, n'en est pas moins réel. Chaponnière (1994)
évoque, à propos des caractéristiques de la croissance économique
asiatique, la légalisation des activités commerciales qui subsistaient
dans l'illégalité. L'acteur économique asiatique peut ainsi déployer son
esprit d'initiative d'autant qu'il bénéficie de conditions macro
économiques initiales favorables : économies protégées, intervention
nisme étatique avec un rôle efficace d'orientation des ressources vers
des projets à long terme (révolution verte, développement des infra
structures), politique de substitution aux importations à partir de stra
tégies cohérentes, clairement définies1, liberté d'entreprendre, taux de
change adapté aux conditions du marché, mécanismes du marché non
bridés. Il trouve donc dans le secteur informel des espoirs de réussite.
Il faut bien évidemment distinguer le petit artisanat, le petit commerce
de rues, les multiples services à faible rentabilité des activités informell
es plus porteuses et qui créent de substantiels profits. Sur la base
« des circuits financiers clos », des circuits ethniques et des clubs divers
(où se côtoient chefs d'entreprise, hommes d'affaires, décideurs polit
iques ; citons à ce sujet l'exemple de la Pacific Economie Cooperation
Conference créée en 1980), les conditions d'accumulation sont réunies.
Dans les pays de I'asean (hors Singapour), les statistiques industrielles
ne saisissent uniquement que les emplois formels soit le tiers des
1. J. Trotignon, 1993. 584 Jean-Claude Vérez
« actifs industriels »'. Le reste relève du secteur informel ou des « cot
tages-industries » (industries rurales). Alors « qu'en Afrique on
dénonce le caractère parasitaire des activités informelles, dans le Sud-
Est asiatique, on constate qu'elles se développent de façon soit indé
pendante, soit complémentaire (confection à domicile) »2. Pourtant,
elles sont confrontées 

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents