Le rythme musical dans l Encyclopédie - article ; n°1 ; vol.5, pg 72-90
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Description

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1988 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 72-90
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Béatrice Didier
Le rythme musical dans l'Encyclopédie
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 5, 1988. pp. 72-90.
Citer ce document / Cite this document :
Didier Béatrice. Le rythme musical dans l'Encyclopédie. In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 5, 1988. pp.
72-90.
doi : 10.3406/rde.1988.981
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1988_num_5_1_981DIDIER Béatrice
Le rythme musical dans
Y Encyclopédie*
que La plus Querelle les Les souvent hommes nombreuses des autour du Bouffons xvnie d'une querelles siècle opposition qui musicales a pouvaient tellement entre du avoir contribué harmonistes xvme de siècle la musique à simplifier s'organisent et mélodistes. (et l'idée peut- le
être davantage encore l'idée que nous avons de la conception musicale
des Lumières) en plaçant dans deux camps ennemis les partisans des
Italiens et ceux de Rameau, a opposé de façon bien sommaire les avant tout mélodistes et les ramistes qui seraient davantage har
monistes. Du coup, ce troisième élément essentiel de la musique : le
rythme, passe un peu au second plan, quoiqu'il soit difficile de l'isoler
de la mélodie qui sans lui n'existerait pas, et même de l'harmonie. L'art
icle musique de Y Encyclopédie qui est de Rousseau dénonce un certain
retard de la réflexion sur le rythme. Après avoir énuméré les diverses
parties en quoi peut se subdiviser non pas exactement la musique, mais
l'étude de la musique, et rappelé les distinctions qu'avaient établies les
théoriciens antiques, Rousseau ajoute : « La Musique se divise aujour
d'hui plus simplement en mélodie et en harmonie ; car le rythme est
pour nous une étude trop bornée pour en faire une branche particu
lière ».
Est-ce à dire que Rousseau et les encyclopédistes ignorent l'impor
tance du rythme dans l'organisation musicale ? Loin de là. « M. Gluck
sait mieux que moi, écrit Rousseau, que le rythme sans harmonie agit
bien plus puissamment sur l'âme que l'harmonie sans rythme »l. Dans
* Une partie de cet article a été exposée au Congrès des Lumières, à Budapest, le
29 juillet 1987.
1. « Fragments d'observations sur YAlceste de Gluck », Écrits sur la musique, Stock,
1979 [E.M. désormais], p. 401.
Recherches sur Diderot et sur Y Encyclopédie , 5, octobre 1988 LE RYTHME MUSICAL DANS L ENCYCLOPÉDIE 73
ses articles de Y Encyclopédie, comme dans ceux, parfois plus développ
és, du Dictionnaire de musique, Rousseau attire l'attention sur l'impor
tance capitale du rythme dans l'expression musicale. Diderot, D'Alembert
ont également réfléchi sur la question du rythme et compris son impor
tance fondamentale, et en quelque sorte fondatrice. Cependant cette
réflexion est peut-être plus difficile à saisir, plus éparpillée que d'autres
aspects de la pensée musicale des Lumières, et c'est probablement ce
qui explique qu'elle ait été peu étudiée2. J'ai eu moi-même dans mon
ouvrage sur La Musique des Lumières l'occasion d'aborder ce sujet à
plusieurs reprises. Mais je me reproche de ne pas lui avoir consacré un
chapitre.
Qu'entendre exactement par rythme ? Nous n'essaierons pas de
répondre de façon générale à cette question, qui de Saint- Augustin
à Henri Meschonnic a fait couler beaucoup d'encre — et de la meil
leure . Nous nous en tiendrons aux textes des encyclopédistes. La défini
tion qu'en donne Rousseau à l'article rythme laisse perplexe : « la pro
portion que les parties d'un temps, d'un mouvement, & même d'un tout
ont les unes avec les autres ; c'est, en musique, la différence du mouve
ment qui résulte de la vitesse ou de la lenteur, de la longueur ou de la
brièveté respective des notes ». La définition est vaste, en ce qu'elle fait
allusion à d'autres domaines que la musique (ce que confirme, plus loin
dans l'article, le renvoi à pantomine, danse, & sculpture) et, dans la musi
que même, à l'existence de plusieurs niveaux (« un temps, un mouve
ment, un tout ») ; elle nous déçoit dans la mesure où elle ne parle pas
d'accent, ce qui nous semble un élément capital du rythme musical. Si
on ne s'en tient pas cependant à ce seul article, on voit que la pensée de
Rousseau et des Lumières est plus complexe, et s'exerce dans plusieurs
directions. Le rythme en effet est d'abord constitué pour eux par un rap
port de durée, il se comprend par rapport à la mesure dont cependant il
se distingue : « Ce sont en effet deux choses très différentes, écrit Rouss
eau, la mesure n'est qu'un retour périodique de temps égaux ; le
rythme est la combinaison des valeurs ou quantités qui remplissent les
mêmes temps, appropriée aux expressions qu'on veut rendre et aux pas
sions qu'on veut exciter » (E.M. , 399). Le rythme, au sens étroit du te
rme, est lié à la notion de nombre, il est essentiellement constitué par un
rapport numérique de valeurs. Mais d'autres éléments interviennent, si
l'on prend le mot « rythme » dans un sens plus large. La notion d'accent
qui est si importante à nos yeux (et à nos oreilles) ne l'est pas moins
pour les philosophes ; la répétition, le geste, contribuent aussi au
2. Voir cependant J.-M. Bardez, Les écrivains et la musique au xvnf siècle : Philoso
phes, encyclopédistes, musiciens, théoriciens, Genève, Slatkine, 1980, p. 10-12. 74 BÉATRICE DIDIER
rythme. Et finalement la réflexion des Lumières en ce domaine débou
che sur une approche beaucoup plus vaste de l'espace temporel3.
I. — LE RYTHME EST NOMBRE
On rappellera d'abord l'importance de l'Antiquité dans la pensée
musicale des Lumières. A défaut d' œuvres musicales, l'Antiquité leur
léguait de nombreux traités sur la musique ; d'autre part, les textes litt
éraires antiques, poésie, théâtre, étaient étroitement liés à la musique, et
là, la moisson était riche. Ce « retour à l'antique » si sensible dans les
arts plastiques et dans l'architecture de la deuxième moitié du xvme siè
cle, se manifeste aussi dans le domaine musical, avec cette restriction
cependant qu'en l'absence de documents sur la musique antique, les
philosophes réfléchissent surtout à partir de textes théoriques ou d'œu-
vres littéraires.
L'article rythme de Y Encyclopédie reprend la division de Quintilien
entre trois types de rythme (arts plastiques, danse, musique) et sa défi
nition du rythme musical comme celui « des mouvements de la voix et
de la durée relative des sons dans une telle proportion que, soit qu'on
frappe toujours la même corde, comme dans le son du tambour, soit
qu'on varie le son de l'aigu au grave, comme dans la déclamation et le
chant, il puisse, de cette succession, résulter des effets agréables par la
durée ou la quantité ». En fait, les articles rythme et mesure traitent en
grande partie de la métrique grecque.
L'analyse du rythme musical se fait donc à partir du modèle linguis
tique. Ce qui est peut-être un peu contradictoire avec ce thème cher aux
partisans de la musique italienne : prima la musica, et surtout avec la
théorie rousseauiste de l'origine des langues et de l'antériorité du chant.
Mais, il ne s'agit pas exactement chez Rousseau d'une antériorité histo
rique du chant : plutôt de l'existence aux origines d'une sorte de cri
modulé, à mi-chemin entre la musique et la parole. D'autre part, lor
sque Rousseau s'attache à la grecque, il analyse une période év
idemment bien postérieure aux origines d'ailleurs difficiles à situer dans
le temps, une époque où existent les langues nationales. Le rythme
3. Ce qui recoupe assez bien les diverses définitions du rythme que l'on peut trouver
dans Marc Honegger, Science de la musique, Bordas, 1976, 2 vol., art. « Rythme », où il
est rappelé que le rythme provient de notre conscience du nombre (II, 904a) ; que son
organisation est rendue sensible par les accents, et qu'enfin le rythme est « l'être temporel
de la musique » et lui confère son « unité temporelle ». L'article précise que le mot est
susceptible de plusieurs acceptions. Dans un sens étroit il désigne l&

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