Le sentimentalisme russe et la franc-maçonnerie - article ; n°4 ; vol.74, pg 689-700
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Description

Revue des études slaves - Année 2002 - Volume 74 - Numéro 4 - Pages 689-700
Russian Sentimentalism and Freemasonry
The spreading of Sentimentalism in Russia coincides with a period of great activity in Masonic lodges, notably the one made up of the circle formed around N. I. Novikov during the years 1770-1780. In spite of their divergences with Freemasons, writers such as M. N. Murav'ev, N. M. Karamzin or A. N. Radiš?ev felt their profound moral influence. Ail these men were interested in the same issues (the attention paid to 'the inner man', the celebration of friendship — this 'sacred union of souls' — , the pursuit of happiness). Freemasonry and Sentimentalism constitute two separate worlds, which maintained close contacts but did not merge and sometimes conflicted while being sources of mutual enrichment.
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12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Natalia Kochetkova
Monsieur Jean Breuillard
Le sentimentalisme russe et la franc-maçonnerie
In: Revue des études slaves, Tome 74, fascicule 4, 2002. pp. 689-700.
Abstract
Russian Sentimentalism and Freemasonry
The spreading of Sentimentalism in Russia coincides with a period of great activity in Masonic lodges, notably the one made up
of the circle formed around N. I. Novikov during the years 1770-1780. In spite of their divergences with Freemasons, writers such
as M. N. Murav'ev, N. M. Karamzin or A. N. Radiščev felt their profound moral influence. Ail these men were interested in the
same issues (the attention paid to 'the inner man', the celebration of friendship — this 'sacred union of souls' — , the pursuit of
happiness). Freemasonry and Sentimentalism constitute two separate worlds, which maintained close contacts but did not merge
and sometimes conflicted while being sources of mutual enrichment.
резюме
Русский сентиментализм и масонство
Сентиментализм развивается в русской литературе в период активной деятельности масонских лож, прежде всего
кружка, объединившегося в 1770-1780 годы вокруг Н. И. Новикова. Такие писатели, как М. Н. Муравьев, Н. М. Карамзин,
А. Н. Радищев, при всех расхождениях с масонами, испытали их глубокое нравственное влияние. Их всех интересовали
многие общие темы (внимание к «внутреннему человеку», прославление дружбы — «священного союза душ», поиски
пути к счастью). Масонство и сентиментализм — разные сферы, тесно соприкасающиеся, но не совпадающие, иногда
противоборствующие, взаимно обогащающие друг друга.
Citer ce document / Cite this document :
Kochetkova Natalia, Breuillard Jean. Le sentimentalisme russe et la franc-maçonnerie. In: Revue des études slaves, Tome 74,
fascicule 4, 2002. pp. 689-700.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_2002_num_74_4_6839LE SENTIMENTALISME RUSSE
ET LA FRANC-MAÇONNERIE
PAR
NATALIA KOCHETKOVA
Institut de la littérature russe
de ľ Académie des sciences de Russie, Maison Pouchkine
La franc-maçonnerie pénètre en Russie dès la fin du premier tiers du
XVIIIe siècle, mais son action la plus importante est liée au cercle maçonnique
que crée Nikolaj Ivanovic Novikov (1744-1818), cercle dont l'activité couvre
les années 1770 à 1780. Chronologiquement, cette période coïncide avec la for
mation du sentimentalisme russe. En dépit de l'arrestation de Novikov en 1792
et des persécutions contre ses proches collaborateurs, de nombreuses idées
maçonniques continuent alors d'exercer leur action sur la littérature, action qui
se renforce avec l'avènement de Paul Ier en 1796 et se maintient dans les deux
premières décennies du règne d'Alexandre Ier. En 1822, les loges maçonniques
sont officiellement interdites, mais la quête morale et religieuse des maçons
attire l'attention toujours renouvelée de générations de philosophes, d'écrivains
et d'artistes.
Jusque dans les années vingt du XIXe siècle, le sentimentalisme russe, quant
à lui, continue d'exister, mais occupe une place de plus en plus marginale dans
l'évolution de la littérature, gardant toutefois son importance historique et cultu
relle et transmettant ses acquis principaux aux meilleurs écrivains du
XIXe siècle : Puškin, Gogoľ, Turgenev, Dostoevskij, Tołstoj.
Ainsi, chronologiquement, sentimentalisme et franc-maçonnerie coïncident
dans une large mesure, ce qu'on peut expliquer par la réception intensive et
simultanée de la culture européenne, tant en maçonnerie qu'en littérature. Il
serait cependant hasardeux et erroné d'en conclure que l'art des sentimentalistes
était assujetti aux idées qui s'étaient formées dans le milieu maçonnique. Il y eut
incontestablement entre les deux domaines un lien et même une dépendance,
mais ces relations étaient assez complexes, et parfois contradictoires. La maçonn
erie et le sentimentalisme sont comme des mondes distincts en contact étroit,
parfois imbriqués l'un dans l'autre, mais certainement pas identiques.
Un fait est remarquable : de nombreux maçons, et en particulier ceux du
cercle de Novikov, se sont activement occupés de littérature. C'est vrai de Novi
kov lui-même et de ses proches collaborateurs : Fedor Petrovič Ključarev (1755-
Rev. Étud. slaves, Paris, LXXIV/4. 2002-2003. p. 689-700. 690 NATALIA KOCHETKOVA
1822), Aleksej Mixajlovič Kutuzov (1746 ou 1747-1797), Aleksandr Fedorovič
Labzin (1766-1825), Ivan Vladimirovic Lopuxin (1756-1816), Maksim Ivanovic
Nevzorov (1762 ou 1763-1827), Aleksandr Andreevič Petrov (circa 1763-
1793). Mais c'est vrai aussi de l'un des fondateurs du sentimentalisme russe : le
célèbre maçon Mixail Matveevič Xeraskov (1733-1807), qui exerça une grande
influence sur plusieurs générations d'écrivains. On repère en outre des idées, des
thèmes et des motifs caractéristiques de la maçonnerie jusque dans les œuvres
d'écrivains dont on ignore l'affiliation maçonnique. Les écrivains de l'époque,
qu'ils fussent ou non maçons, étaient en contact assez étroit, participaient à la
rédaction des mêmes revues, lisaient et commentaient les mêmes nouveautés du
monde de l'édition. Les liens amicaux qu'ils avaient noués dans leur jeunesse se
maintenaient chez beaucoup d'entre eux, et indépendamment de leur partici
pation à des organisations maçonniques.
Le caractère particulier de la maçonnerie russe tenait au fait que Novikov et
ses collaborateurs s'assignaient des objectifs qui dépassaient largement les
limites de l'activité proprement maçonnique. La vie de Xeraskov pendant
plusieurs décennies est liée à l'université de Moscou. Dans les années 1760, il
en est le directeur, puis, à partir de 1778, le curateur. Il est tout à fait normal que
Xeraskov ait été lié à Novikov : les deux hommes étaient unis non seulement
par leur affiliation maçonnique (la Rose-Croix), mais aussi par leur souci de
développer la culture russe et l'instruction. En 1779, Xeraskov confia à Novikov
la direction, pour dix ans, des presses de l'université et des Nouvelles de Moscou
(Moskovskie vedomosti). Les années qui suivirent, et qui reçurent le nom de
« décennie d'or » (1779-1789) de Novikov, virent un essor sans précédent de la
librairie de l'université et du commerce du livre à Moscou, à Saint-Pétersbourg
et dans bien d'autres villes1.
Tout cela permit aux lecteurs russes de découvrir les œuvres du sentimen
talisme européen. En dépit de la place assez modeste qu'elles occupent dans les
éditions multiples et très variées qui sortaient des presses de Novikov, on peut
déceler certaines tendances dans le choix des traductions et des publications
originales. Comme l'a noté G. V. Vernadskij, l'un des meilleurs spécialistes de
la maçonnerie russe, ces œuvres présentent une « nuance plus ou moins pro
noncée de sentimentalisme2 ». Elles traduisent un intérêt affirmé pour les
œuvres de J.-J. Rousseau, de Mme de Genlis, de Ch. F. Gellert, de S. Gessner, de
J. Thomson, de Ed. Young. Les traductions de ces auteurs paraissent dans les
revues qu'édite Novikov pendant les années de son activité maçonnique : la
Lumière du matin (Utrennij svet, 1777-1780), le Mensuel de Moscou (Moskov-
skoe ežemesjačnoe izdanie, 1781), la Lumière du soir (Večernjaja zarja, 1782),
Lectures des enfants, pour leur cœur et leur raison (Detskoe čtenie dlja serdca i
razuma, 1785-1789).
Dans l'article qui ouvre la Lumière du matin, Novikov écrit : « Je pense
que nous ne pouvons pas choisir de meilleur objet pour nos travaux que le cœur
1. Cf. L. B. Svetlov, Издательская деятельность H. И. Новикова, M., 1946 ;
I. F. Martynov, Книгоиздатель Николай Новиков, М., 1981 ; G. Marker, Printing and the
origins of intellectual Ще in Russia, 1700-1800, Princeton, 1985, p. 122-134.
2. G. V. Vernadskij, Русское масонство в царствование Екатерины II, 2е éd.
cor. et augm., éd. M. V. Rejzin et A. I. Serkov, SPb., 1999, p. 163-164 (lre éd. : Pg., 1917). LE SENTIMENTALISME RUSSE ET LA FRANC-MAÇONNERIE 691
et l'âme de nos chers compatriotes3. » II rappelle l'importance de « l'art de la
connaissance de soi », exercice qui « exige une grande application »4. Ce genre
de propos reflétait un ensemble de représentations typiquement maçonniques et
faisait en même temps écho à la philosophie lyrique de Xeraskov publiée dans
les années soixante, annonciatrice du sentimentalisme russe. Dans sa poésie
Lecture (1769), Xerasko

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