Le sujet et son identité dans le discours littéraire polonais contemporain : analyse sémio-linguistique  ; n°4 ; vol.63, pg 845-851
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Le sujet et son identité dans le discours littéraire polonais contemporain : analyse sémio-linguistique ; n°4 ; vol.63, pg 845-851

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Revue des études slaves - Année 1991 - Volume 63 - Numéro 4 - Pages 845-851
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Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 46
Langue Français

Extrait

Madame Magdalena Nowotna
Le sujet et son identité dans le discours littéraire polonais
contemporain : analyse sémio-linguistique
In: Revue des études slaves, Tome 63, Fascicule 4. pp. 845-851.
Citer ce document / Cite this document :
Nowotna Magdalena. Le sujet et son identité dans le discours littéraire polonais contemporain : analyse sémio-linguistique. In:
Revue des études slaves, Tome 63, Fascicule 4. pp. 845-851.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1991_num_63_4_6019LE SUJET ET SON IDENTITÉ
DANS LE DISCOURS LITTÉRAIRE POLONAIS CONTEMPORAIN
Analyse sémio-linguistique*
par Magdalena NOWOTNA
Cette thèse se propose d'analyser un phénomène du discours littéraire que l'on
peut résumer ainsi : dans une certaine réalité, qui peut être appelée l'univers
environnant, le sujet manifeste son vouloir et son être par l'intermédiaire des
formes hypothétiques du langage. Ce phénomène est apparu particulièrement
perceptible dans certains textes poétiques de la littérature polonaise de ces vingt
dernières années (entre 1974 et 1990). Ce travail essaie donc de trouver des
corrélations entre les phénomènes de pensées et les formes de langages qui les
supportent.
Le nombre de formes du langage portant les traits de Yhypothéticité, de
ľ indétermination, de l'impersonnel, manifestées dans ces textes est tel que le
phénomène peut être considéré comme signifiant, d'autant que ces formes de
langage « supportent » des universaux sémantiques comme la vie et la mort, le
vrai et le faux, l'être et le paraître, dans lesquels un sujet modalisé par le vouloir,
le savoir et le pouvoir est censé évoluer.
Le processus qui consiste à manifester son vouloir par le mode hypothétique
et non par le mode indicatif a comme effet, pour le sujet, la mise en doute de son
vouloir, de son identité et de son être, de son espace et de son temps. Le sujet
soumis à une telle caractéristique modale est un sujet en crise par rapport à un
sujet qui peut s'exprimer au mode indicatif et de façon affirmative en ce qui
concerne ses paramètres primordiaux existentiels. La présence du sens de
l'incertitude attaché au sujet, si visible dans certains textes poétiques polonais,
dépasse largement ces textes et même la littérature en général en tant que message
verbal et peut être discernée, semble-t-il, dans des manifestations très diverses de
notre civilisation contemporaine (manifestations plastiques, ou cinématograp
hiques, par exemple, avec la prolifération des personnages dits « anti-héros »).
* Thèse de doctorat soutenue le 17 octobre 1991, à l'université de Paris-Sorbonne.
503 p.
Rev. Etud. slaves, Paris, LXIII/4, 1991, p. 845-851. 846 M. NOWOTNA
Le premier chapitre de ce travail porte comme titre : la crise du vouloir. Étant
donné que le vouloir est une modalité qui conditionne les autres et qui constitue la
base de la créativité et du faire humain, la crise du vouloir conduit inévitablement à
la crise de l'identité où la question qui suis-je se pose : c'est le thème du
deuxième chapitre. Cela mène ensuite à la crise de l'être par laquelle l'existence
même est mise en doute : thème du troisième chapitre. Entre ces deux étapes se
situe une zone de recherche — entre l'identité et l'être — où le sujet essaierait (en
vain) de trouver une issue possible en construisant son identité. Cette tentative
échoue et la crise de l'être s'établit. L'espace et le temps seront mis en cause, ou
plutôt leur perception, la façon dont ils se présentent et leur perçu par le sujet.
L'espace et le temps, le « ici et maintenant », devenant à leur tour hypothétiques
et incertains : voilà le contenu du quatrième chapitre. Puis, lorsque tout déçoit, il
reste quand même quelque chose : le corps ou plutôt ses réactions (à la douleur)
et ses fonctions primordiales. Cela constitue le contenu du cinquième chapitre et la
seule chose sûre et certaine dans cet ensemble.
Ainsi est racontée l'histoire du sujet à travers des textes. Le sujet est donc
conçu comme une catégorie intrinsèque aux poèmes concrets. Son histoire, c'est
l'histoire des crises. D'où provient une certaine saturation par des éléments qui
produisent une distorsion par rapport au modèle « neutre » constitué par un sujet
en état de non-crise. Distorsion qui est visible dans des manifestations langagières
à l'intérieur des figures discursives, dans l'aspectualité temporelle, les répartitions
des formes personnelles et impersonnelles, les éléments indéfinis, les modes
autres que l'indicatif.
L'un de ces phénomènes, l'accumulation de l'hypothétique associé au vouloir
(« je voudrais » et non « je veux ») ou bien la saturation d'un texte par des
éléments indéfinis associés à l'identité, représente un cas de déviation, d'écart
différentiel (générateur de manifestations significatives) par rapport à une
« norme » (ce terme étant intuitif de fait et de nature) ou tout simplement par
rapport à l'exemple d'un sujet qui peut réaliser son vouloir. On arrive à cette
constatation : état de crise du sujet en tant qu'écart différentiel (ontologique).
Concernant la méthode d'analyse, ou plutôt la façon de traiter les textes
choisis, il faut évoquer trois sources principales de pensée, ou trois voies épisté-
mologiques principales, qui ne sont arrangées ni hiérarchiquement ni de façon
linéaire, mais se complètent et agissent ensemble. Il s'agit de la sémiotique
greimassienne, de la sémiotique poétique de M. Riffaterre et de J. C. Coquet,
de la linguistique générale (E. Benveniste, O. Ducrot, B. Pottier) et des acquis
de la polonaise (J. Kuryłowicz, J. Safarewicz, К. Pisarkowa,
H. Włodarczyk). L'évocation linéaire des trois sources d'inspiration, de ces trois
points de vue, est, comme il vient d'être dit, inexacte. D'abord parce qu'il n'est
pas possible de les séparer, ensuite parce que toutes trois font partie d'un univers
plus large et que l'on ne peut honnêtement discerner les filiations et les prove
nances de l'un ou de l'autre en fonction de limites nettes. Enfin, c'est le texte
même, en tant qu'objet d'analyse, qui dicte (ou négocie) la méthode. Il devient
ainsi sujet dans l'univers significatif en imposant la façon de déchiffrer les sens
inclus dans son contenu. LE SUJET ET SON IDENTITE 847
En réunissant les réflexions de A. J. Greimas et de M. Riffaterre on parvient
à la conclusion que la littérarité serait une combinaison spécifique de traits tels que
l'unicité, le caractère autonome, le caractère clos et une certaine densité d'éléments
significatifs. Une densité qui serait donc à la fois l'effet de la condensation et du
choix significatif effectués pendant le passage entre la réalité et sa représentation
littéraire. Pendant ce passage, il se produit une distorsion, un déplacement de sens
accompagné de l'accumulation d'éléments significatifs — agrammaticaux et
redondants dans la réalité et créateurs de la signifiance spécifique — , raison d'être
de l'œuvre littéraire.
Il faut souligner que cette densité, cette distorsion et cette unicité sont
perceptibles à travers le langage qui nous transmet l'arrangement spécifique des
sens en créant son effet de sens. Le langage n'est donc pas uniquement l'outil de
transmission. П est un créateur de sens.
Il semble que la spécificité de l'identité du sujet se situe d'abord et
essentiellement à l'intérieur de la structure actantielle des textes examinés et,
ensuite, que cette se situe dans une combinatoire d'éléments
(fonctifs) et non pas, par exemple, dans la nouvelle qualité d'un élément inconnu
dont l'irruption dans la réalité donnée bouleverse la structure. П en est ainsi de la
conjonction du faux et de l'ordinaire qui donne, comme effet de sens, le
mensonge généralisé — caractéristique principale de l'univers dans lequel évolue
le sujet. En effet, c'est un arrangement, une disposition particulière et autonome
de sens, q

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