Le voyage en Louisiane de Franquet de Chaville (1720-1724) - article ; n°1 ; vol.4, pg 98-143
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1902 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 98-143
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

G. Musset
Le voyage en Louisiane de Franquet de Chaville (1720-1724)
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 4 n°1, 1902. pp. 98-143.
Citer ce document / Cite this document :
Musset G. Le voyage en Louisiane de Franquet de Chaville (1720-1724). In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 4
n°1, 1902. pp. 98-143.
doi : 10.3406/jsa.1902.3383
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1902_num_4_1_3383LE VOYAGE EN LOUISIANE
DE FRANQUET DE СНА VILLE ( 1720-1724)
PUBLIÉ PAR M. G. MUSSET
Le 25 octobre 1719 *, la Compagnie des Indes faisait avec
Leblond de La Tour, une convention d'après laquelle celui-ci
devait, à titre d'ingénieur en chef, s'occuper des intérêts de
la Compagnie à La Louisiane.
Sa mission était d'étudier et de mettre en pratique les soins
à donner aux côtes, de rechercher les moyens de rendre le
Mississipi navigable, d'en faire baliser l'entrée, d'examiner la
situation de la Nouvelle-Orléans et de la réformer, si cela
paraissait utile.
Le Blond de la Tour devait s'attacher des sous-ingénieurs.
Les sieurs de Pauger, de Boispinel et Franquet de Chaville
furent désignés pour remplir cette mission.
A la date du 8 novembre 1719, la Compagnie leur donnait
à tous des instructions détaillées qui devaient leur servir de -
guide depuis leur embarquement au Port Louis jusqu'au cour&
de leur séjour à La Louisiane. Il leur était demandé, en plus
de leur service actif, de dresser un journal exact de leur tra-
1. Cf. Pierre Margry. Mémoires et documents pour servir à l'histoire des origine»
françaises des pays d'outre mer, etc. Tome V. — Paris, Maisonneuve frères et Charle*
Leclerc, 1887, in-8\ p. 610 et suivantes. VOYAGE EN LOUISIANE DE FRANQUET DE CHAVILLE 99
versée, de la route qu'ils auront tenue, de toutes leurs opéra
tions et des impressions que leur donnerait le Nouveau-
Monde.
Aux documents déjà connus sur les opérations prévues par
la Compagnie et relatives au Biloxi, au Mississipi et à la
Nouvelle-Orléans, nous avons la bonne fortune d'en ajouter
un nouveau que nous croyons inconnu.
Ce document est le compte rendu de son voyage à un chef
ou à un personnage dont nous ignorons le nom, par un des
membres de la mission, le sous-ingénieur Franquet de
Chaville.
Cet ingénieur, après avoir exécuté, dans la mesure du pos
sible, les ordres de la Compagnie, revint prendre du service
en France, plus heureux que ses compagnons qui, d'après
lui, seraient morts à la tâche. Il resta à la Louisiane de 1720 à
4724. Au. milieu du xvine siècle, il se retrouve à la Rochelle
et porte alternativement les titres d'ingénieur en chef et
directeur des fortifications (1764), puis de directeur du Génie
(1765).
Ce fut lui qui reprit le projet de création d'un nouveau bas
sin au chantier de construction de cette ville, projet dont
l'idée mère appartenait au négociant Théodore de La Croix,
et qui fut l'auteur d'un plan de ce nouveau bassin, conservé
aux Archives nationales, plan que nous avons reproduit dans
notre ouvrage « La Rochelle et ses ports * ». .
Ce sont sans doute ses rapports avec la famille de La Croix
qui nous ont valu la conservation de l'intéressant mémoire
que cet ingénieur a rédigé sur sa campagne à la Louisiane.
1. G. Musset, La Rochelle et ses ports, illustrations de E. Couneau. La Rochelle, Siřet,
août 1890, in-8°, pp. 71-74. 100 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
La lecture de ce mémoire est réellement attrayante. Franquet
de Chaville écrit avec clarté ; ses descriptions sont lumineuses,
ses phrases courtes, la plupart du temps, et excessivement
précises. L'auteur émet, à certaines occasions, des pensées
dont la philosophie ne manque pas de saveur.
Non seulement l'ingénieur nous met au courant de ses tra
vaux et des opérations spéciales dont il était chargé, mais il
nous raconte, par le menu, les péripéties de son voyage; il
nous donne des détails précis sur la situation de la colonie,
sur les espérances que l'on peut concevoir, sur les tiraill
ements que faisaient naître les conflits issus des intérêts privés
qui se heurtent toujours les uns contre les autres dans les
entreprises de cette nature ; d'accord d'ailleurs en cela avec
les observations qu'ont faites de leur côté Bienville ou Pauger.
Ghaville nous donne des détails très intéressants sur les
races indiennes, leurs mœurs, leurs coutumes, et le secours
qu'on peut en attendre, eh usant de procédés intelligents.
Nous aimons aussi à l'entendre prendre le parti des nègres
et protester dans son âme de philosophe chrétien, qui devance
les temps, contre les abus de l'esclavage : « Ce sont eux, dit-
« il, en parlant des nègres, qui font tout le travail des colonies
« et dont on se sert comme de bêtes de somme. Et après
« qu'on s'en est servy, on les revend. «Pay trouvé cette maxime
« si opposée au bon naturel de l'homme, que je la regarde
« comme une marque d'une âme basse et sordide, qui croit
« que l'homme n'a de liaison avec l'homme que pour ses
« besoins et pour sa seule utilité. L'humanité et la justice
« primitive devroit étouffer ces sentiments de dureté qu'ins-
« pire l'orgueil, l'avarice et la cupidité à des hommes qui
« se piquent d'être civilisés et qui font profession d'une loy ,
<r de douceur et de charité. » . . . ■



.

.
.
.
EN LOUISIANE DE FRANQÚET DE CHÁVILLE 101 VOYAGE
Comme conclusion finale, Franquet de Ghaville déclare ne
pas voir apparaître dans un court délai le résultat que les
spéculateurs de la Compagnie semblent tout d'abord chercher,
et qui, en toutes circonstances, comme nous le voyons encore
de nos jours, aux régions sud-africaines, a pour mobile la
fièvre de Гог. Il ne désespère pas de voir dans un temps plus ou
moins éloigné, la découverte de mines importantes ; mais il
constate que les recherches n'ont pas répondu tout d'abord
aux aspirations de la Compagnie, que les précieuses mines
entrevues « se trouvèrent malheureusement converties 6n
« cuivre et en plomb, et telles que les frais de travail en absor-
« baient le produit ». Les rêves de Law et de son entourage
étaient donc déçus. Mais à côté de cela, selon lui, la colonisa
tion pourrait avoir des résultats plus fructueux en dévelop
pant l'agriculture, en peuplant la colonie non pas d'Européens
mais de nègres plus capables de vaquer aux travaux pendant
les chaleurs, en garnissant les magasins, contrairement à ce
qu'il avait malheureusement constaté, de toutes les choses
nécessaires à la vie; et en confiant enfin la direction de là
colonie à un homme « dont la seule vue soit le bien général »,
quand, au contraire, on voyait prédominer alors lès intérêts
particuliers et l'ambition personnelle.
Les réflexions de notre ingénieur sont généralement si judi
cieuses qu'on peut vraiment se féliciter de voir sauver de
l'oubli un mémoire qui avait été si exposé à disparaître, et
dont nos dépôts publics semblent n'avoir conservé aucune
trace. -- ;: •■•-'/•• •-.>• . 102 SOCIETE DES AMERIGANISTES DE PARIS
Relation du voyage de la Louisiane fait pendant les années
1720, 4721, 1722, 1723 et 172ipar M. Franquet de Chavilbe,
ingénieur ordinaire du Roy.
« Je vous dois depuis longtemps, Monsieur, un compte de
mon voyage à la Louisianne. Je souhaite en y satisfaisant de
remplir également votre curiosité et votre attente. Avant de
commencer ce détail, vous exigés sans doute les raisons qui
m'ont fait entreprendre ce voyage, les préparatifs ordinaires
pour l'exécuter. Peut-être vérés vous encore avec quelque
plaisir ce qui s'est passé dans la traversée.
Voicy donc en premier lieu les raisons que j'ay eu de faire
ce voyage. Je n'aurai pas grande peine de vous persuader que
la plus forte de touttes a été la curiosité, et surtout aux jeunes
gens, et ensuite le désir de me faire connoistre. Je ne dois
pas oublier non plus de mettre au nombre des plus puissants
motifs, que la proposition fut faite en ce tems là aux i

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