Les collégiens de Côte d Ivoire en famille. - article ; n°73 ; vol.19, pg 87-100
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1979 - Volume 19 - Numéro 73 - Pages 87-100
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Marie Gibbal
Les collégiens de Côte d'Ivoire en famille.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 19 N°73-76. 1979. pp. 87-100.
Abstract
J.-M. Gibbal—Ivorian Schoolboys within their Family.
As soon as they re-enter their rural family life Ivorian schoolboys enjoy a privileged status which often breeds conflicts stirred up
by their refusal to help their parents, their behaviour towards girls, and more generally by their breaches of traditional etiquette
and religious duties. The resulting clashes beget economie and social sanctions, as well as religious and magical counter-
measures. The school attend-ance or the decision to withdraw the child from school altogether are decisions which sometimes
have nothing to do with the actual performance of the student himself. Success at school can also generate jealousy among the
parents of un-lucky schoolboys: failures at school are often put down to magical aggressions coming from within the village itself.
The influence of the environment is so pervasive that the schoolboys themselves, while at first skeptical, gradually yield to these
views based on magie and often opt for an attitude of reserve and, whatever their private convictions on the subject, usually
accept their family views. This encloses them in an ambiguous and contradictory status which they experience as being 'between
two worlds', as one of them put it. [pp. 87-100]
Citer ce document / Cite this document :
Gibbal Jean-Marie. Les collégiens de Côte d'Ivoire en famille. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 19 N°73-76. 1979. pp. 87-
100.
doi : 10.3406/cea.1979.2856
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1979_num_19_73_2856GIBBAL JEAN-MARIE
Les collégiens de Côte Ivoire en famille
La magie école montrait comment interféraient pratiques
scolaires et pratiques magiques villageoises1 Il agit cette fois de suivre
la réinsertion des jeunes au village pour remonter origine de cette
interférence Il ne sera question ici que du retour dans leur milieu des
élèves du second degré ceux du primaire étant pas vraiment coupés
du monde rural Les résultats exposés ont été recueillis dans trois milieux
socio-culturels distincts la région Issia ouest en plein pays Bête
zone de forêt dense et de plantations de café la région de Sakasso
en pays Baule dans le Centre savane humide moins fertile que la
forêt le pays Senufo enfin au nord région de Ferkessédougou plus
écart et beaucoup plus pauvre Il existe ainsi des disparités physiques
entre les trois régions auxquelles se superposent des différences sociales
Disparités régionales ordre géographique le trafic routier est beaucoup
moins bien organisé dans le nord du pays où le nombre des taxis-brousse
en circulation est inférieur celui on trouve en zone forestière La
région du Nord produisait encore fort peu de choses une date
récente par comparaison avec le reste du pays Au moment de enquête
les gens du Nord voyageaient peu compte tenu de leurs revenus et se
dépla aient plus ailleurs pied ou bicyclette
Rapports adultes/adolescents différents dans la région Issia
le milieu adulte oppose pas en apparence une résistance très grande
la pénétration des normes et pratiques origine urbaine Il en va
de même Sakasso ce premier niveau de contact celui qui permet
la réinsertion du jeune dans le milieu villageois De plus organisation
sociale villageoise est moins rigide dans Ouest et le Centre que dans
le Nord où on se trouve en présence de sociétés castes et rites
initiation qui contribuent la hiérarchisation des rapports sociaux
Enfin les paysans de Ouest et du Centre disposent de ressources moné
taires plus importantes que ceux du Nord consécutives économie de
traite Dans la région Issia et de Sakasso les collégiens hésitent
56 1974 J.-M 627-650 GIBBAL Ce nouvel La magie article école porte sur Cahiers les mêmes tudes matériaux africaines recueillis XIV 4) de
1969 1971
Cahiers tudes africaines 73-76 XIX-i-4 pp 87-100 88 JEAN-MARIE GIBBAL
guère se rendre dans leur village où ils ont davantage attendre sur
le plan matériel et sur celui du prestige lié au statut de lettré Dans le
Nord malgré les profondes atteintes portées ordre traditionnel la
décadence du par exemple) les vieux détiennent encore un pouvoir
réel La liberté allure et de propos des collégiens contraste avec la
tutelle que subissent les jeunes villageois Aussi les vieux ne les voient-ils
pas un bon il revenir au village Les élèves du secondaire répugnent
ailleurs retourner en vacances dans leur famille Ils ne la rejettent
pourtant pas mais se contentent de revoir certains de ses membres
occasion de visites rendues leurs propres père et mère Ferkes-
sédougou
Différences sociales
Les ls de paysans ce sont ceux de Ouest et du Centre qui
entretiennent les relations les plus intenses avec leur village origine
Ils passent parfois plus de temps au village et davantage encore sur
les campements de culture en ville Dans le Nord les élèves du
primaire ls de paysans sont entièrement intégrés aux activités agricoles
de la famille pendant les vacances qui correspondent hivernage donc
la plus grande activité agricole mais ce est déjà plus le cas de la
majeure partie des collégiens
Les ls de fonctionnaires et de notables dans Ouest et le Centre
les élèves originaires de la région ont souvent occasion de retourner
dans leur village où réside une partie de leur famille et où leur père
possède bien souvent une plantation Ceux dont les parents sont étrangers
la région entretiennent plus que des relations éloignées avec le village
origine et ne sont pas tellement désireux de rendre Ils ne vont pas
non plus dans les villages de la région accueil sauf peut-être autour
Issia où ai noté une certaine inter-ethnicité des réseaux sociaux des
collégiens bête et étrangers Dyula exceptés Dans la région de Sakasso
une jeune Baule reconnaît que ses amis gar ons et filles origine
ethnique différente ne accompagnent pas facilement dans son village
car ils ont peur des tombeaux baule Ils disent il de la fumée
qui sort des tombeaux Les relations ville-campagne des étrangers
Sakasso sont limitées aux matches de football qui se déroulent occasion
nellement dans les villages
Ces différences posées je vais tenter de montrer travers le procès
de réinsertion les conflits avec les adultes et les sanctions encourues
les relations ville-campagne des collégiens en termes de stratégies fami
liales les relations ville-campagne et interprétation du monde
comment les collégiens incarnent au niveau villageois les contradictions
de la société ivoirienne GIENS DE TE IVOIRE 89 COLL
LA INSERTION DES JEUNES
Le chemin du retour
De nombreux collégiens ne rejoignent pas immédiatement leur famille
une fois année scolaire écoulée Ils profitent de leurs premières semaines
de vacances soit pour demeurer Abidjan ou Bouaké ils pour
suivent leurs études dans ces villes soit pour voyager travers le pays
et rendre visite des parents Aussi le chemin du retour vers Issia
Sakasso ou Ferkessédougou est-il souvent fort long parcourir Il existe
cependant importantes variantes régionales les collégiens de Sakasso
et Issia voyagent plus que ceux du Nord car ils disposent un réseau
interurbain de parenté plus fourni Toutefois les élèves senufo qui résident
pendant année scolaire Abidjan font aussi étape sur le chemin de
Ferkessédougou en particulier Bouaké
En retardant ainsi leur retour les collégiens recherchent abord
un prestige supplémentaire celui qui beaucoup voyagé est investi
une considération accrue de la part de sa famille villageoise Ensuite
les élèves mettent profit ces visites préalables pour se faire les porteurs
de messages familiaux et se rendre ainsi indispensables dès leur arrivée
Enfin plusieurs informateurs voient dans cette pratique le moyen de
renouer progressivement avec leur famille Ce manque impatience
rejoindre le village ou la ville origine traduit au fond une certaine
appréhension égard de tout ce on va retrouver
Arrivés Issia Ferkessédougou ou Sakasso les élèves arrêtent
encore chez leurs parents avant de regagner leur village Comme si un
temps de latence supplémentaire était nécessaire pour aller au-delà Nos
informateurs invoquaient entre autres raisons la nécessité de prévenir
de leur arrivée la famille villageoise en lui adressant un message ou un
messager Désir également de trouver une situation familia

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