Les crises de balance des paiements sont-elles inévitables ? - article ; n°6 ; vol.45, pg 1377-1400
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Revue économique - Année 1994 - Volume 45 - Numéro 6 - Pages 1377-1400
Les crises de balance des paiements sont-elles inévitables ?
Pour être rendu plus réaliste, le modèle de crise de balance des paiements doit être étendu dans plusieurs directions : introduction de la détention d'actifs rémunérés et possibilité pour les autorités d'agir sur les taux d'intérêt ; existence de spéculateurs agressifs ne visant pas seulement à éviter les pertes de change ; présence d'investisseurs non rationnels. Une fois réalisées ces extensions, on peut se demander dans quels cas ou par quelles politiques les crises de balance des paiements peuvent être évitées ; on examinera en particulier le cas de pays n'ayant pas de perte structurelle de compétitivité, mais qui, comme l'ont montré les événements récents, peuvent voir leur monnaie attaquée.
It is possible to avoid speculative balance of payments crises ?
To be made more realistic, the balance of payments crisis model has to be extended in several directions : introduction of interest paying assets and possibility for the authorities to modify interest rates : existence of speculators aiming at making capital gains and not only at protecting themselves from capital losses due to exchange rate depreciations ; intervention of non-rational investors.
Once these extensions have been incorporated into the model, one can examine in which cases and using which policies balance or payments crisis can be avoided. We pay a special attention to the case of countries which don't suffer from a structural decline in competitiveness, but which, as recent events have shown, can be affected by a speculative attack on their currency.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Patrick Artus
Les crises de balance des paiements sont-elles inévitables ?
In: Revue économique. Volume 45, n°6, 1994. pp. 1377-1400.
Résumé
Pour être rendu plus réaliste, le modèle de crise de balance des paiements doit être étendu dans plusieurs directions :
introduction de la détention d'actifs rémunérés et possibilité pour les autorités d'agir sur les taux d'intérêt ; existence de
spéculateurs agressifs ne visant pas seulement à éviter les pertes de change ; présence d'investisseurs non rationnels. Une fois
réalisées ces extensions, on peut se demander dans quels cas ou par quelles politiques les crises de balance des paiements
peuvent être évitées ; on examinera en particulier le cas de pays n'ayant pas de perte structurelle de compétitivité, mais qui,
comme l'ont montré les événements récents, peuvent voir leur monnaie attaquée.
Abstract
It is possible to avoid speculative balance of payments crises ?
To be made more realistic, the balance of payments crisis model has to be extended in several directions : introduction of interest
paying assets and possibility for the authorities to modify interest rates : existence of speculators aiming at making capital gains
and not only at protecting themselves from capital losses due to exchange rate depreciations ; intervention of non-rational
investors.
Once these extensions have been incorporated into the model, one can examine in which cases and using which policies
balance or payments crisis can be avoided. We pay a special attention to the case of countries which don't suffer from a
structural decline in competitiveness, but which, as recent events have shown, can be affected by a speculative attack on their
currency.
Citer ce document / Cite this document :
Artus Patrick. Les crises de balance des paiements sont-elles inévitables ?. In: Revue économique. Volume 45, n°6, 1994. pp.
1377-1400.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1994_num_45_6_409615Les crises de balance des paiements
sont-elles inévitables ?
Patrick Artus
Pour être rendu plus réaliste, le modèle de crise de balance des paiements
doit être étendu dans plusieurs directions : introduction de la détention d'actifs
rémunérés et possibilité pour les autorités d'agir sur les taux d'intérêt ; existence
de spéculateurs agressifs ne visant pas seulement à éviter les pertes de change ;
présence d'investisseurs non rationnels. Une fois réalisées ces extensions, on
peut se demander dans quels cas ou par quelles politiques les crises de balance
des paiements peuvent être évitées ; on examinera en particulier le cas de pays
n'ayant pas de perte structurelle de compétitivité, mais qui, comme l'ont montré
les événements récents, peuvent voir leur monnaie attaquée.
La crise monétaire de l'été 1992 a confirmé les craintes de ceux qui redout
aient l'apparition de crises spéculatives portant sur les monnaies des pays du
SME. Toutes les conditions sont en effet en principe réunies pour que de telles
crises apparaissent : absence de réalignements faisant ressembler de plus en
plus le SME à un système de changes fixes, malgré les écarts importants qui
subsistent entre les taux d'inflation des différents pays ; disparition des derniers
contrôles des capitaux. La crise de l'été 1992 a montré différents points :
- la hausse très forte des taux d'intérêt permet d'éviter la dépréciation, au
moins à court terme, si elle est menée avec détermination (cas de la Suède, de la
France...) ;
- des monnaies fortes, c'est-à-dire de pays n'ayant pas d'excès d'inflation
(franc), peuvent être attaquées ;
- les pays dont la compétitivité était affaiblie (Italie, Espagne, Royaume-
Uni) ont dû laisser flotter leur monnaie ou dévaluer ;
- les « spéculateurs » cherchaient pour les uns à se protéger contre une possi
ble dépréciation, pour les autres à réaliser un gain de change en s'endettant mas
sivement dans une monnaie qui allait dévaluer, et en forçant la dévaluation par
cet endettement ;
- les investisseurs institutionnels ont joué un rôle majeur, d'une part en aban
donnant les monnaies menacées, d'autre part en rectifiant la structure de leurs
portefeuilles.
Ces différents aspects de la crise nous conduisent à modifier le modèle usuel
de « crise de balance des paiements » si nous voulons pouvoir l'utiliser pour les
analyser.
* Caisse des dépôts et consignations, 56, rue de Lille, 75356 Paris 07 SP.
1377
Revue économique — N° 6, novembre 1994, p. 1377-1400. Revue économique
Ce modèle a été développé depuis une dizaine d'années. Dans ce modèle, si
un pays connaît une perte continue de réserves de changes, il subit une attaque
spéculative précoce qui vide ses réserves et force au passage au régime de taux
de changes fixes avant la date naturelle, de manière à ce que ce passage se fasse
sans « saut » du taux de change. L'absence de saut permet aux non-résidents
détenteurs de la monnaie du pays d'éviter une perte de change (Artus [1986] ;
Hood-Garber [1984] ; Rood-Hodrick [1985] ; Obstfeld [1984]).
L'intérêt pour ce modèle a été réactivé, comme nous l'avons indiqué ci-des
sus, par l'analyse du fonctionnement du Système monétaire européen qui pré
sente les conditions nécessaires à l'apparition des crises spéculatives.
Certains ont cependant indiqué que les crises spéculatives peuvent cependant
être évitées dans le SME, soit s'il y a un accord de prêt illimité entre Banques
centrales (aucun pays n'est alors évidemment obligé de revenir aux changes
flexibles, quel que soit son niveau de réserves), soit grâce aux marges de fluc
tuation qui permettent de réaliser des réalignements des taux de change pivot
sans saut du taux de change effectif (Bean [1992]).
Pour être utilisé pour comprendre les développements récents du fonctionne
ment du SME, le modèle de crise de balance des paiements doit, comme le mont
re la brève analyse des perturbations monétaires de l'année 1992 faite plus
haut, être développé dans trois directions :
- donner un rôle aux taux d'intérêt ; les non-résidents détiennent de fait non
de la monnaie du pays considéré, mais des titres ; la demande de titres dépend
des taux d'intérêt, que les autorités peuvent modifier pour défendre la parité (au
prix bien sûr d'une perte de production), ainsi que de la stratégie de composition
de portefeuille des investisseurs, stratégie qui peut varier dans le temps ;
- distinguer deux motifs pour les attaques spéculatives : le motif de protec
tion contre une perte de change, qui est au centre des modèles usuels de crise de
balance des paiements ; le motif de spéculation active, c'est-à-dire d'obtention
d'un gain de capital, par exemple s'il y a dépréciation et qu'une position courte
(emprunteuse) en monnaie du pays a été prise. Le premier motif est plutôt
caractéristique des investisseurs institutionnels ; le second des banques, mai
sons de titres.... ;
- introduire des spéculateurs non rationnels (« mimétiques ») dont les actions
sont entraînées assez mécaniquement par les mouvements du change ou des
réserves. Ces spéculateurs « naïfs » peuvent être manipulés par les spéculateurs
rationnels.
Nous allons, dans cet article, introduire à tour de rôle ces différentes modifi
cations, puis nous interroger sur le caractère inéluctable ou non des crises de
balance des paiements, en examinant en particulier le cas des monnaies fortes
(celles de pays à faible inflation) et les possibilités de réaction des autorités
monétaires.
Le plan de l'article est le suivant.
La première partie reprend l'analyse de la crise de balance des paiements
lorsque ce sont des titres nationaux qui sont détenus par les non-résidents.
- Nous présentons notre modélisation.
- Nous adaptons la situation usuelle de crise de balance des paiements au cas
où les non-résidents détiennent non de la monnaie, mais des titres du pays
considéré.
1378 Patrick Artus
- Nous décrivons le comportement de spéculateurs « agressifs » qui cher
chent à obte

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