Les dix années de la Révolution islamique en Iran - article ; n°123 ; vol.31, pg 509-535
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Description

Tiers-Monde - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 123 - Pages 509-535
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ahmad Salamatian
Simine Chamlou
Les dix années de la Révolution islamique en Iran
In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°123. pp. 509-535.
Citer ce document / Cite this document :
Salamatian Ahmad, Chamlou Simine. Les dix années de la Révolution islamique en Iran. In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°123.
pp. 509-535.
doi : 10.3406/tiers.1990.3935
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1990_num_31_123_3935HORIZONS ET TRAJECTOIRES
LES DIX ANNÉES
DE LA RÉVOLUTION ISLAMIQUE EN IRAN
par Ahmad Salamatian* et Simine Chamlou**
Le 4 février 1979, trois jours après son retour triomphal à Téhéran,
l'ayatollah Rouholah Khomeiny chargeait Mehdi Bazargan, par un décret
magistral, de former le gouvernement provisoire. Ce fut le premier acte
officiel pour la fondation du nouveau régime en Iran. Le texte du décret,
lu pour la première fois en public par l'hojatoleslam Ali-Abkar Hachémi
Rafsandjani, les circonstances révolutionnaires et historiques de sa promulg
ation, son contenu et sa formulation méritent encore l'attention et la
relecture pour toute analyse de l'évolution constitutionnelle de la République
islamique qui allait en naître.
« Au nom de Dieu tout miséricordieux, tout compatissant » :
a Son excellence Monsieur l'ingénieur Mehdi Bazargan, conformément
à la proposition du Conseil de la Révolution et au droit Shariï1, ainsi qu'au
droit légal émanant du vote de l'écrasante majorité de la nation iranienne,
prononcé durant les gigantesques rassemblements et les multiples grandes
démonstrations à travers l'Iran en faveur de la direction du mouvement,
considérant notre confiance en votre foi inébranlable dans la sainte religion
musulmane; connaissant votre passé dans les luttes islamiques et nationales,
je charge votre excellence, indépendamment de vos relations partisanes et de
vos attaches à un groupe particulier, de former le gouvernement provisoire
dans le but de gérer les affaires du pays et surtout d'organiser le référendum
et le recours au suffrage universel, afin de transformer le système politique
* Ancien député d'ispahan, écrivain.
** Docteur en Sociologie.
1. Défini par Shariah, dont la légitimité vient du corpus des textes fondamentaux du droit
slamique, basé sur le texte du Coran et les traditions du Prophète et des 12 Imams.
Revue Tiers Monde, t. XXXI, n° 123, Juillet-Septembre 1990 510 Ahmad Salamatian et Simine Chamlou
du pays en république islamique et de former une assemblée constituante
des élus du peuple pour ratifier la nouvelle Constitution et pour élire, selon
elle, l'assemblée des députés de la nation. Il vous convient de désigner et de
présenter le plus rapidement possible les membres du gouvernement provi
soire conformément aux conditions que j'ai déjà établies... »2
Par ce firman, l'ayatollah Khomeiny se présentant comme le détenteur
exclusif de la légitimité religieuse et le représentant unique de la volonté
populaire se pose comme le maître du pays et de sa révolution. Il prend
ainsi en main la destinée du nouveau régime en précisant, déjà, son identité
islamique, sa forme républicaine, les règles de son établissement, les inst
itutions de la période de transition et les conditions des hommes qui devraient
assurer cette tâche.
LA FIN DE LA MONARCHIE
Dans les faits, la monarchie qui avait régné en Iran depuis des millénaires
avait été désacralisée dès la chute des Safavides au début du xvme siècle (1722).
Elle avait perdu sa base tribale avec la fin des Qadjar en 1921. Elle s'était
discréditée par les protectorats russe, britannique et américain qui en avaient
assuré la survie et fut enfin balayée avec le départ, le 16 janvier 1979, de
Mohamad Reza Chah qui allait mourir quelques mois plus tard comme roi
déchu en exil. Le même sort qu'avaient eu ses trois prédécesseurs Mohamad
Ali Chah et Ahmad Chah de la dynastie Qadjar et son père Reza Chah,
fondateur de la dynastie Pahlavi.
L'institution monarchique elle-même s'éteint juridiquement à Neauphle-
le-Château le 22 janvier 1979 avec la démission du président du Conseil de la
Régence, Seyyed Djalal Téhrani, qui reconnaît son illégalité afin de pouvoir
être reçu par Khomeiny.
Le Parlement et le Conseil des Ministres, deux institutions issues de la
constitution de 1907, n'ont pu marquer leur indépendance à l'égard du Chah
qu'à de rares exceptions. Elles se sont surtout discréditées depuis le coup
d'Etat royal contre le gouvernement de Mossadegh, en août 1953, en se
transformant en organes dépendant totalement de la personne du roi et
soumis à ses ordres comme de simples exécutants. Le dernier gouvernement
du Chah dont les ministres ne réussissaient même pas à contrôler les sièges de
2. Sahifé Nour, lecueil des textes et des directives de Khomeiny, vol. 5, p. 27, en persan,
Téhéran, 1361, 1982. Les dix années de la Révolution islamique 511
leur ministère occupé par des fonctionnaires en grève, est déclaré illégal
et a'a plus d'existence propre depuis le retour de Khomeiny3.
Le dernier enjeu entre l'ancien et le nouveau régime est le Commandement
Suprême des Forces Armées. Ce commandement, assuré par la personne du
Chah, est resté vacant depuis son départ4. En réalité il se trouve entre les
mains du général Robert E. Huyser, l'officier le plus gradé des forces améri
caines stationnées en Europe installées à Stuttgart en rfa, dépêché à Téhéran
dès le 4 janvier 1979. Il a pour mission de préparer les forces armées ir
aniennes à un coup d'Etat, qualifié ď « inévitable » selon Brzezinski et « en
dernier ressort » d'après le Président Carter5. Mais trois jours après le retour
de Khomeiny, le général Huyser quitte précipitamment l'Iran, laissant sa
mission entre les mains du major-général Philip Gost, chef de la Mission
militaire américaine en Iran6, qui se trouve ainsi à la tête d'un groupe de cinq
officiers iraniens paralysés entre les ordres émanant de ce dernier, de
l'ambassadeur américain Sullivan et du représentant de la cia à Téhéran
qui les encourage à s'entendre avec Khomeiny7.
En effet, le Conseil national de Sécurité, sous la direction de Brzezinski, est
persuadé de la nécessité absolue d'un coup d'Etat militaire, afin de reprendre
la situation en main8, tandis que l'ambassadeur Sullivan, représentant
officiel sur place, mène une politique différente pour établir des relations et
parvenir à une entente entre les militaires et les religieux sous la direction de
Khomeiny9.
C'est dans ce climat de confusion totale, à la suite de l'écrasement par une
insurrection populaire d'une tentative de coup d'Etat perpétré par la garde
impériale, au cours des trois glorieuses (du 9 au 12 février 1979), que
disparaît le haut-commandement de l'armée comme le dernier vestige
du pouvoir monarchique.
Depuis longtemps, sinon toujours, le peuple iranien subit le pouvoir
politique sans y prendre part. Sur la tombe des espoirs soulevés par la révo
lution constitutionnelle de 1907 contre l'archaïque despotisme tribal des
Qadjar, la dictature des Pahlavi, tant vantée pour son « modernisme »,
faisant barrage à toute participation populaire à la vie politique, a été
3. Général Gharabaghi : dernier chef d'état-major, général des Forces armées impériales
d'Iran, Vérité sur la crise iranienne, Paris, La Pensée Universelle, 1985, p. 195.
4. Ibid., p. 124-125.
5. Général Robert E. Huyser, Mission to Téhéran, André Deutsch, limited. London,
1982, p. 18.
6. Ibid., p. 267.
7.p. 199.
8. Zbigniew Brzezinski, Power and principle, New York, Etats-Unis, Farrar, Straus,
Giroux, 1983, p. 382-385.
9. William H. O. Sullivan, Mission to Iran, New York, W. Norton et Cie,
1981, p. 200 à 202 et 233-235 à 238. 512 Ahmad Salamatian et Simine Chamlou
incapable d'orienter le pays vers une modernisation politique. La révolution,
comme une secousse tellurique, est une libération soudaine des forces blo
quées. Elle naît de la jonction, à un moment donné, des forces au travail
depuis longt

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