Les Dorhosié et Dorhosié-Finng du cercle do Bobo-Dioulasso (Soudan français). - article ; n°1 ; vol.1, pg 61-86
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Les Dorhosié et Dorhosié-Finng du cercle do Bobo-Dioulasso (Soudan français). - article ; n°1 ; vol.1, pg 61-86

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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1931 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 61-86
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Tauxier
Les Dorhosié et Dorhosié-Finng du cercle do Bobo-Dioulasso
(Soudan français).
In: Journal de la Société des Africanistes. 1931, tome 1 fascicule 1. pp. 61-86.
Citer ce document / Cite this document :
Tauxier Louis. Les Dorhosié et Dorhosié-Finng du cercle do Bobo-Dioulasso (Soudan français). In: Journal de la Société des
Africanistes. 1931, tome 1 fascicule 1. pp. 61-86.
doi : 10.3406/jafr.1931.1504
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1931_num_1_1_1504DORHOSIE ET DORHOSIE-FINNG LES
DU CERCLE DE BOBO-DIOULASSO
(SOUDAN FRANÇAIS),
PAR
' ' L. TAUXIER.
Les Dorhosié ou Dokhosié — ou, pour parler plus exactement, les
Dorho ou Dokho, au pluriel Dorhobè ou Dokhobè, comme ils s'appellent
eux-mêmes — sont une petite population nègre du cercle de Bobo-Diou-
lasso. Ils sont situés dans la savane soudanaise entre le 10e et le
11e degré de latitude nord (en réalité un peu au-dessus du 10e) et un
peu à l'est du 7e degré de longitude ouest. Ils sont environnés par les
Dorhosié-Finng et les Komono au sud, les Tiefo au nord, les Gouin et les
Tourouka à l'ouest, les Lorho ou Gan à l'est (à l'est des Lorho il y a le
Lobi). Ce sont les Mandè-Dyoula de Bobo-Dioulasso et de Kong qui les
appellent Dorhošié ou Dokhosié ce qui veut dire simplement : les gens
(sié) du Doro ou du Dokho. — Les Dokhos furent découverts par Binger
lors de son voyage du Niger au golfe de Guinée, lorsqu'il alla de Kong à
Bobo-Dioulasso, marchant du sud au nord. Voici comment il s'exprime
sur leur compte * .
« Dissiné est le dernier village où l'on trouve quelques Dokhosié. Leur
territoire est limité à l'ouest par le territoire des Mbouin(g), des Tou-
rounga et des'Toussia, à l'est par le Lobi, au nord par les Tiéfo et au
sud par les Komono ; au total il peut comprendre 80 à 100 villages ; la
densité de la population ne doit pas dépasser 6Nà 7 habitants par kil
omètre carré. Cette région ne me paraît pas habitée depuis bien longtemps,
la plupart des villages sont de formation récente et placés en pleine
brousse que l'on commence seulement à défricher ; comme villages éta
blis ici de longue dater je n'ai vu que Bougonti, Dablatona, Tavancoro et
Gandoudougou. Cela ne veut pas dire que ce pays n'ait jamais été habité ;
1. Du Niger au golfe de Guinée 1892. Tome I, p. 354. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES . - 62
vu,' dans maints endroits, d'anciennes traces deculture, j'ai, au contraire,
des amas de pierre, des sillons à demi effacés, de vieilles de défr
ichement qui prouveraient qu'il y a longtemps le pays était habité, mais
qu'il a été ensuite en partie abandonné, puis tout récemment réoccupé.
Les quelques ruines que Ton traverse ne sont pas le résultat de guerres,
c'est par superstition seulement que les Dokhosié évacuent leurs vi
llages; il suftîtpour cela que, dans un espace de temps relativement court,
il meure deux ou trois personnes dans un village pour qu'immédiate
ment on déménage. ,
Le Dokhosié n'a pas, comme le Komono, les traits rudes ; il a moins l'air
d'une brute que son voisin; mais, comme lui, il circule tout nu, n'ayant
qu'un petit sac en coton dans lequel il renferme ce qu'il a à cacher, par
dessus lequel il porte un bila. Les hommes de la classe aisée se couvrent
le matin et le soir d'une méchante couverture en coton dans laquelle ils
se drapent fièrement comme dans un plaid. Ils portent généralement les
cheveux très longs en grosses tresses et se coiffent soit du bonnet dit
bammada, soit d'un petit chapeau en paille aussi plat qu'une assiette
creuse, dont les bords sont ridiculement petits et ornés de grandes
plumes de poules.
Les femmes et les jeunes filles sont à peu près nues ; comme les Komon
o, elles ont toutes la tête rasée.
La pipe fait essentiellement partie de l'équipement des Dokhosié. Elle
est du modèle décrit à Tiong-i1, et fabriquée soit en terre, soit en cuivre
fondu ; elle est armée d'un tuyau en bambou d'environ 1 mètre de long
autour duquel sont enroulés des cordonnets. A ces cordonnets sont sus
pendus des groupes de cauries, des sonnettes, des verroteries, des bagues
en cuivre, etc..
Le tabac est cultivé dans le pays. II est de même qualité que celui qu'on
rencontre depuis Léra, de l'espèce dite sira et peut être employé comme
tabac à priser. Quand la feuille atteint 7 à 8 centimètres, elle est cueillie
et pilée dans un mortier avant qu'elle soit complètement sèche ; on obtient
ainsi une sorte de pâte, qui est façonnée à la main en pains ovales de
.grosseurs diverses et dont le prix varie depuis 5 jusqu'à 40 cauries. Le
prix du kilog est de 2 à 3 fr. Malheureusement, comme tout ce que cul
tivent les noirs, il est récolté en quantité insuffisante et Ton serait embarr
assé d'en trouver une dizaine de kilos dans chaque village.
On trouve dans les villages dokhosié un peu de mil (sanio), rarement
du sorgho (bimbiri), quelques ignames, des poulets et même quelques
bœufs et des chèvres.
La véritable industrie de ce peuple est l'apiculture. Dans tous les
1. Village Sièneré où Dinger était passé auparavant. '
D0RH0S1É ET DOIUIOS1É-FINNG ' 63 LES
villages, les vieux sont occupés à confectionner des ruches. Elles sont de
deux espèces, en forme de nasse en paille,, ou en écorce d'arbres ; ils em
ploient de préférence l'écorce du sanan *.
La ruche terminée est bien enduite intérieurement d'une épaisse couche
- de bouse de vache ; elle est ensuite bouchée et on n'y laisse que deux ou
trois petites ouvertures pour le passade des abeilles. Quand la bouse est
bien sèche, on place la ruche au-dessus d'un petit feu allumé avec des
bois odoriférants pour la parfumer. Les noirs emploient pour cela la
racine d'un arbrisseau à écorce brune et lisse nommé nama 2, ou ses fruits,
grosses gousses plates renfermant un minuscule noyau. Cet arbre et son
fruit dégagent au feu une odeur qui ressemble un peu au sucre brûle ou
au cacao ; elle attire la mouche à miel.
Ces ruches sont disposées sur les arbres de diverses essences, solid
ement amarrées avec des harts et orientées l'ouverEure face au sud. Quand
une ruche est pleine de rayons, les indigènes ouvrent la porte et enlèvent
environ la moitié des laissant l'autre aux insectes afin de les con
server. Le.miel est porté dans les grands villages et vendu sur les mar
chés ; on le mange le matin avec les niomies ; onen fait aussi de l'hydro
mel, qui est bu par presque tous les musulmans.
Bien qu'ils soient nus et qu'ils aient toutes les allures d'un peuple encore
sauvage, les Dokhosié sont en train de se civiliser. Les hommes sont
tous circoncis3 et s'enivrent moins que les Komono. Gomme ces derniers,
ils oublient peu à peu leur langue pour adopter le mandé-dioula qu'ils
connaissent déjà tous. Les villages neufs sont en outre très propres, ce
qui est certainement un progrès.
Tous les Dokhosié reconnaissent l'autorité des Ouattara, qui les
emploient actuellement à réprimer quelques désordres et châtier quelques
villages rebelles du Tagouara. Leur chef de colonne se momme Sabana
Ouattara ; il est Mandé-Dioula, et réside pour le moment avec les guerr
iers Dokhosié à Dandé (route de Dioulasso à Djenné). Tous les Dokhosié
sont armés de fusils.
Le tatouage des Komono, des Dokhosié et des Tiéfo est analogue à
сЛш des Mandé-Dioula \ : trois grandes cicatrices coupant obliquement
les joues, de l'oreille au coin de la bouche où elles viennent rayonner.
Quelques-uns y ajoutent une petite cicatrice, semblable à un accent aigu,
-, 1., Ou sana (nom Dyoula), beau grand arbre aux fleurs blanches [Daniella thuri-
fera).
2. Ou mieux nia ma (en Mandé). C'est le Bauhinia. reliculala, bien connu dans
toute l'Afrique occidentale.
3. Ceci est inexact, comme nous le verrons plus loin.
4. Nous avons déjà dit plus haut que ce tatouage facial n'appartenait qu'à une part
ie des Dyoula de la Haute-Côte d'Ivoire. ' SOCIÉTÉ DES AFRICAMSTES 64
à hauteur de la narine droite ou gauche ; de plus, le ventre des hommes
et des femmes est agrémenté de douze grandes cicatrices disposées en
rayon autour du nombril, qui est pris comme centre.
Ce

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