Les entreprises d État chinoises à la croisée des chemins - article ; n°147 ; vol.37, pg 599-627
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Description

Tiers-Monde - Année 1996 - Volume 37 - Numéro 147 - Pages 599-627
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-François Huchet
Yan Xiangjun
Les entreprises d'État chinoises à la croisée des chemins
In: Tiers-Monde. 1996, tome 37 n°147. pp. 599-627.
Citer ce document / Cite this document :
Huchet Jean-François, Xiangjun Yan. Les entreprises d'État chinoises à la croisée des chemins. In: Tiers-Monde. 1996, tome
37 n°147. pp. 599-627.
doi : 10.3406/tiers.1996.5059
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1996_num_37_147_5059LES ENTREPRISES D'ÉTAT CHINOISES
A LA CROISÉE DES CHEMINS
par Jean-François Huchet* et Yan Xiangjun**
Depuis la reprise des réformes en 1992-1993, les entreprises d'État
sont au centre de toutes les préoccupations en matière de politique éco
nomique et de stabilité sociale. Articles, rapports, débats sur la situation
chinoise, comme sur les expériences dans les pays capitalistes ou ex
socialistes, se multiplient avec une liberté de ton qui n'est pas de mise
dans bien des problèmes relatifs à la transition en cours.
L'enjeu est de taille. Les autorités, souvent avares d'informations sur
les ratés de la réforme, annoncent désormais ouvertement la dégradat
ion de la situation financière des entreprises d'État: un tiers des
quelque 100 000 entreprises industrielles (230 000 si l'on ajoute les entre
prises du secteur commercial) sont en situation de déficit chronique, un
autre tiers à l'équilibre (traduisez : dans une situation précaire), seul un
tiers des entreprises seraient en bonne santé financière. Cette situation
coûte très cher à l'État : à travers le budget de l'État central, de par les
subventions accordées aux entreprises, mais surtout à travers les crédits
accordés par les banques, qui demeurent entièrement contrôlées par
l'État. Les crédits accordés aux entreprises en situation de déficit chro
nique sont devenus incompressibles, et de l'avis de tous les observateurs,
constituent une des raisons importantes expliquant les tensions infla
tionnistes existantes depuis 1993. A ces préoccupations s'ajoutent celles,
sociales, liées aux faillites inévitables qui sont programmées ou déjà
déclarées depuis 1993, et au reclassement des sureffectifs estimés à 30-
40 millions de personnes.
De manière générale, la crise financière du secteur d'État renvoie aux
problèmes de cette lente et difficile transformation du mode d'organisa-
* Pensionnaire-chercheur à la Maison franco-japonaise, Tokyo et chercheur associé au CERETIM URA-
CNRS, n° 1420, Université de Rennes I.
** Université de Sun Yatsen, Canton et INIDET, Lyon.
Revue Tiers Monde, t XXXVII, n° 147, juillet-septembre 1996 600 Jean-François Huchet, Yan Xiangjun
tion de la production et du salariat en milieu urbain issu de la période
maoïste. Le terme « entreprise » était abusif pour qualifier les entreprises
d'État durant la période maoïste et le terme « d'unité de travail indus
trielle» (qiye danwei) utilisé en chinois était plus à même de rendre
compte de la réalité sociale (protection sociale, logement, éducation) et
politique de l'entreprise d'État à cette époque.
Une analyse des données macro-économiques officielles sur les perfo
rmances des entreprises d'État (§ 1), malgré leur ambiguïté et les déficiences
du système statistique chinois, laisse entrevoir les faibles résultats aussi
bien sur le plan de la rentabilité financière que des critères d'efficacité phy
sique, démontrant ainsi toutes les limites des réformes des années 1980.
Une analyse qualitative de la situation (§ 2) permet de mieux comprendre
le caractère inachevé et surtout paradoxal de la transition : l'entreprise
assume les charges financières liées à la non-réforme du système de protec
tion sociale et des autres activités sociales de l'unité de travail, mais elle
affecte également ses propres actifs, ou des ressources financières qui lui
sont destinées^ à la création de centres de profits indépendants en dehors
du secteur d'Etat (dans les entreprises de campagne ou dans le secteur
privé). Parallèlement, les d'État sont en position difficile pour
répondre à la suppression progressive des rentes de situation dont elles ont
bénéficié naturellement jusqu'au début des années 1990. On observe,
enfin, une dualisation du secteur d'État en fonction du dynamisme tech
nologique des entreprises : seul un nombre restreint d'entreprises a réussi
à déclencher un cercle vertueux d'accumulation de capacités technologi
ques leur permettant de s'adapter au marché, alors qu'une grande partie
reste dans un immobilisme technologique qui freine leur transformation.
Face à cette situation, il apparaît intéressant d'observer les réponses des
autorités chinoises concernant l'évolution des rapports entre l'entreprise
et la bureaucratie et notamment la place accordée aux privatisations offi
cielles ou déguisées, la gestion des sureffectifs et son couplage avec les
réformes de gestion et de la protection sociale (§ 3).
I - INDICATIONS ET AMBIGUÏTÉS DES DONNÉES MACRO-ÉCONOMIQUES
A) La situation financière
Avant d'entrer dans l'analyse de la situation financière des entreprises
d'État, il convient de rappeler un fait marquant de l'évolution du paysage
industriel chinois depuis 1978, à savoir la baisse de la part du secteur
d'État dans la production industrielle totale, part qui est tombée en des- Les entreprises d'État chinoises 601
sous de la barre symbolique des 50% à partir de 1993 (cf. fig. 1). Cette
baisse peut être relativisée dans la mesure où certaines entreprises du sec
teur collectif sont en fait gérées de la même manière que les entreprises
d'État et remplissent les mêmes fonctions extra-économiques (protection
sociale, logements, etc.). Cependant, la montée en puissance d'autres
formes d'entrepreneuriat, avec les entreprises rurales, les entreprises pri
vées et celles à capitaux étrangers doit nous inciter à relativiser le rôle du
secteur d'État dans le devenir du secteur industriel chinois.
Les statistiques officielles concernant la situation financière des
entreprises industrielles dans le secteur d'État sont à considérer avec la
plus grande prudence étant donné la qualité du système statistique chi
nois et les transformations du système fiscal et comptable intervenues
depuis 1978. Les communiqués officiels durant l'année 1995 indiquent
ouvertement qu'un tiers des 110000 entreprises industrielles sont en
situation de déficit chronique, un autre tiers à l'équilibre, et seul un tiers
en bonne santé financière. Les données macro-économiques de la
figure 2 (en yuans constants) montrent bien une augmentation des
pertes à partir de 1988. Cependant, dès 1990, on assiste à une améliorat
ion très nette des bénéfices avant impôts parallèlement à une faible
amélioration des après impôts. Si l'on se rapporte à ces seuls
chiffres, la ponction fiscale sur les entreprises d'État aurait augmenté de
manière significative, passant de 48,6% en 1986 à 71,1 % en 1994 (date
de l'introduction de la nouvelle loi sur la fiscalité). Les bénéfices après
impôts sur lesquels se fonde l'autonomie financière des entreprises
d'Etat demeurent à un niveau extrêmement bas, rendant leur dépen
dance en matière de financement vis-à-vis du système bancaire et de la
bureaucratie d'autant plus importante.
H Autre (y compris inv
étrangers)
H Privé Illustration non autorisée à la diffusion
□ collectif
I Secteur D'Etat
1985 1993
FlG. 1 . — Évolution de la production industrielle chinoise
par type de propriété (1978-1993)
Source : Zhongguo tongji nianjian (Annuaire statistique de la Chine). 602 Jean-François Huchet, Yan Xiangjun
— •— ♦ — d'Etat Déficit Bénéfices des après enteprises impôts
Illustration non autorisée à la diffusion — ûr~ Bénéfices avant impôts
FiG. 2. — Évolution des profits et pertes des entreprises d'État industrielles
(milliards de yuans constants 1978)
Source : Zhongguo tongji nianjian, 1994 (Annuaire statistique de

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