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Publié par | NOROIS |
Publié le | 01 janvier 1984 |
Nombre de lectures | 51 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
François Carré
Les grandes pêches thonières françaises en zone tropicale
In: Norois. N°121, 1984. La france et la gestion du milieu marin et côtier. pp. 113-126.
Résumé
RÉSUMÉ
Depuis le milieu des années 1950, les pêcheurs bretons et basques exploitent les thons tropicaux au large de l'Afrique d'où
proviennent environ 90 % de la production nationale (70 000 tonnes). L'essentiel des captures est réalisé par une flottille de
senneurs congélateurs très perfectionnés, armés par les sociétés spécialisées dans la conserve et la commercialisation du thon.
Traité dans des usines africaines et françaises, ce thon en boites répond presque entièrement à la demande du marché français.
Malgré ses succès, cette activité a un avenir incertain qui dépend de l'état des stocks, des possibilités d'accès aux pêcheries
situées dans des eaux étrangères et de la compétitivité des produits français. Les armateurs cherchent à découvrir des
nouvelles dans l'océan Indien (Seychelles) et autour des territoires français d'outre-mer.
Abstract
SUMMARY
From the mid fifties, Breton and Basque fishermen have being exploiting tropical tuna off Africa, from where about 90 % of the
French production (70 000 tons) come. The majority of the fish are caught by a fleet of sophisticated deep-freezing purse-seiners
belonging to the same groups engaged in canning and marketing tuna-fish. After being processed both in African and French
factories, the canned tuna is dispatched to the French market, where it satisfies the demand almost entirely.
In spite its success, this activity has uncertain future, as it is dependent on the state of the tuna stocks, on the accessibility of
fishing grounds lying in foreign waters and on the competitivity of the French products. The vessel owners are now looking for
new fishing waters in the Indian Ocean (Seychelles Islands) and close to the overseas French territories.
Citer ce document / Cite this document :
Carré François. Les grandes pêches thonières françaises en zone tropicale. In: Norois. N°121, 1984. La france et la gestion du
milieu marin et côtier. pp. 113-126.
doi : 10.3406/noroi.1984.7366
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1984_num_121_1_7366n° 121, Poitiers, janvier-mars 1984. Norois,
Les grandes pêches thonières
françaises en zone tropicale
par Francois CARRÉ
Université de Paris-Sorbonne. U.E.R. de géographie.
E.R.A. 345 du C.N.R.S. (Géographie de la mer
et des côtes dans l'Atlantique Nord et ses mers bordières).
Alors qu'elle n'est qu'au 21e rang dans le monde pour l'ensemble de sa
production halieutique, la France est pourtant le 8e pays thonier (environ
70 000 tonnes en 1981), derrière le Japon (0,6 Mt ou million de tonnes), les
Etats-Unis (0,23 Mt), les Philippines (0,2 Mt), la Corée du Sud (0,17 Mt),
l'Espagne (0,1 Mt), l'Indonésie et Taïwan. Comme 62 % des captures mond
iales de thon proviennent des eaux chaudes, la France doit cette place
honorable à l'organisation de campagnes lointaines en zone tropicale, essen
tiellement au large de l'Afrique atlantique. Certes, la pêche traditionnelle
des deux espèces qui vivent dans les eaux françaises, le thon blanc ou
germon et le thon rouge, n'a pas disparu, mais elle s'est effacée devant les
campagnes tropicales, d'une tout autre ampleur, apparues pendant la dé
cennie 1950-60, et qui fournissent aujourd'hui presque 90 % de la production
nationale.
Par les moyens mis en œuvre et son dynamisme, ce secteur est l'un des
plus beaux fleurons des pêches françaises, qui s'est révélé capable de
répondre à l'accroissement de la demande sur le marché intérieur, tout en
prenant rang dans la compétition internationale. Pourtant cette réussite
incontestable demeure fragile : les stocks de thons attirent des flottes
venues du monde entier et sont soumis à une* exploitation intense, la
concurrence est âpre sur le marché mondial, enfin, alors que la question
de l'accès aux ressources ne se posait pas à l'époque de l'Empire français
quand furent organisées les premières expéditions, les thoniers
doivent maintenant obtenir l'autorisation de travailler dans les eaux de
pays africains souverains.
I — LE DEVELOPPEMENT DES CAMPAGNES TROPICALES AU
LARGE DE L'AFRIQUE.
Depuis trente ans et les expéditions des pionniers qui prirent le risque
d'exploiter des pêcheries méconnues, de tester des techniques nouvelles et
d'investir dans des campagnes aux succès incertains, les pêches thonières
tropicales n'ont cessé de progresser. Parallèlement les scientifiques ont
Mots-clés : Pêche tropicale française. Thon tropical. Atlantique tropical. Océan Indien.
Key words : French tropical fisheries. Tuna. Tropical Atlantic. Indian Ocean.
8 114 FRANÇOIS CARRÉ
apporté des connaissances précieuses sur la biologie et la répartition des
thons, qui permettent aux pêcheurs d'opérer désormais avec plus de certi
tude et d'efficacité. Ainsi s'explique la croissance importante de la pro
duction française.
A) LES GRANDES ETAPES TECHNIQUES DES CAMPAGNES TROPICALES.
Alors que des langoustiers bretons avaient l'habitude d'aller en Afrique,
les thoniers français n'avaient guère dépassé le golfe de Gascogne jusqu'au
début des années 1950. Il fallut que le regretté Emile Postel attirât l'a
ttention des pêcheurs métropolitains sur l'intérêt économique considérable
des thonidés qu'il avait repérés et étudiés au large de Dakar, pour que
deux petits thoniers bretons fissent le premier voyage en 1952-53. Devant
le succès de leur prospection, un armateur français, Oscar Bertin, proprié
taire de plusieurs canneurs congélateurs opérant dans le Pacifique sous
un pavillon de complaisance, décida d'envoyer un de ses thoniers en
Afrique, le « Yolande Bertin », avec à son bord deux chercheurs de
l'I.S.T.P.M. (Institut scientifique et technique des pêches maritimes) (Le-
taconnoux et al., 1956). Puis vinrent les Luziens et le mouvement s'amp
lifia. Tandis que la pêcherie s'élargissait à l'ensemble du golfe de Guinée,
la France fondait les centres de recherches océanographiques de
l'O.R.S.T.O.M. (Office de la recherche scientifique et technique d'Outre-Mer)
à Dakar, Abidjan et Pointe Noire.
La seconde étape marquante dans l'évolution de cette pêche correspond
à l'introduction de la congélation à bord des navires. Hormis le « Yolande
Bertin », les premiers canneurs conservaient le poisson dans la glace et le
livraient à des entrepôts africains. A partir de 1958-60, les armateurs lan
cèrent des canneurs congélateurs : le navire y gagna en autonomie et le
thon en qualité (Jaffrezic, 1966).
Le troisième épisode décisif fut l'apparition de la senne coulissante à la
place de la technique de la canne et de l'appât vivant (Belkin et Kamens-
kij, 1976 ; von Brandt, 1965 ; Netzel, 1980). A la suite des Canariens, les
Français firent les premiers essais de senne à thon en 1962 à bord de
navires mixtes, canneurs-senneurs, afin de limiter les risques d'échec et de
pouvoir continuer à attirer le poisson par l'appât, même en cas d'emploi
de la senne. Celle-ci exige moins d'hommes et d'efforts pour des résultats
supérieurs ; utilisée aujourd'hui « à la volée », comme en Californie, c'est-
à-dire sans appâter, elle dispense de la recherche et de la conservation
de l'appât vivant, difficultés majeures des canneurs dans les eaux afri
caines. A partir de 1964, la plupart des thoniers nouveaux ont été des
senneurs, de nos jours plus nombreux que les canneurs, sans que cette
mutation technique ait modifié les pêcheries, puisque les deux types de
navire recherchent les thons de surface.
B) LES THONS.
La production thonière mondiale repose essentiellement sur les six
espèces suivantes dont nous donnons les noms vernaculaires français et
anglais, des confusions étant possibles. Selon les systématiciens, elles
appartiennent soit à deux micro-familles distinctes, Thunnidae et Katsu-
wonidae, soit à deux genres à l'intérieur de la famille des Scombridae. LES GRANDES PÊCHES THONIÈRES EN ZONE TROPICALE 115
Thunnus (Germo) alalunga (Bonnaterre, 1788) :
thon blanc ou germon (anglais : albacore)
Thunnus thynnus (Linné, 1758) : thon rouge