Les Illusions dans la mesuration des directions des grandeurs et des courbures. Une question d optique psycho-physiologique - article ; n°8 ; vol.2, pg 358-384
28 pages
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Les Illusions dans la mesuration des directions des grandeurs et des courbures. Une question d'optique psycho-physiologique - article ; n°8 ; vol.2, pg 358-384

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Revue néo-scolastique - Année 1895 - Volume 2 - Numéro 8 - Pages 358-384
27 pages

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Publié le 01 janvier 1895
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Langue Français
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Extrait

Armand Thiéry
Les Illusions dans la mesuration des directions des grandeurs et
des courbures. Une question d'optique psycho-physiologique
In: Revue néo-scolastique. 2° année, N°8, 1895. pp. 358-384.
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Thiéry Armand. Les Illusions dans la mesuration des directions des grandeurs et des courbures. Une question d'optique
psycho-physiologique. In: Revue néo-scolastique. 2° année, N°8, 1895. pp. 358-384.
doi : 10.3406/phlou.1895.1448
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1895_num_2_8_1448XV.
Les Illusions dans la mesuration des directions
des grandeurs et des courbures
UNE QUESTION D'OPTIQUE PSYCHO-PHYSIOLOGIQUE
Les illusions des sens forment un des chapitres les plus
attachants de toute la logique réelle ou critériologie.
Dès qu'en philosophie, il s'agit d'illusion des sens, on
croit facilement que l'objectivité de nos connaissances est
seule mise en question, et directement en cause. Nous
nous proposons cependant d'étudier les illusions à un autre
point de vue ; par l'examen de certaines optiques,
nous soulevons avant tout une question de psychologie. Ce
n'est qu'incidemment, et accessoirement, que la faillibilité et
une certaine infaillibilité limitée de nos perceptions appa
raîtra dans ce travail. Il s'agit donc plutôt d'une recherche
systématique et objective ; par quelques exemples, choisis spé
cialement, nous essaierons de mettre en lumière le mode de
production, les éléments, et les conditions d'illusion. Les illu
sions de mesuration se prêtent à une étude quantitative, qui
est précieuse pour modifier les et évaluer par les
procédés ordinaires les variations correspondantes dans l'am
plitude de l'illusion. On le comprend, on peut se proposer de
faire changer les conditions et les éléments de façon à les isoler
et à entrevoir leur influence respective. Ce qui s'obtient par
cette analyse, c'est d'abord la cause de l'illusion ; il est certain
que, sans cette étude détaillée, il n'était pas possible de découv
rir un pourquoi quelconque de l'erreur qui nous constitue en illusions d'optique. 359
illusion, encore moins de démontrer la loi de cette erreur et
la proportionnalité à sa cause.
L'importance psychologique des illusions ne se limite pas à
la recherche générale de leurs causes ; celles-ci connues, il
faut rechercher en détail le comment de leur production.
Après avoir appris qu'elles sont effectuées par certaines asso
ciations spéciales accidentellement prépondérantes ou invé
térées, nous voyons ces associations ordonner presque toutes
nos perceptions d'espace.
Les illusions constituent comme des pathologies et des
déformations appropriées pour l'étude de la normalité. Ce qui
les dispose pour l'observation externe, c'est que les associa
tions dont elles proviennent ne sont pas présentes à la con
science, comme stade distinct dans notre perception. En effet,
pour que l'illusion ait lieu, il faut que les associations qui
l'occasionnent n'apparaissent pas en elles-mêmes, séparées de
la perception concrète totale ou représentation. S'il en était
autrement, nous verrions en quoi nous nous trompons, et
nous redresserions aussitôt l'erreur ; l'illusion cesserait à
l'instant : elle serait détruite dans sa cause même.
D'après cela on comprend que la psychologie des illusions
soit relativement récente, puisque la théorie des associations
ne s'est constituée, n'est devenue prépondérante, outrée et
exclusive que dans la philosophie moderne.
En outre, l'emploi systématique des méthodes d'observation
et d'expérience pour l'étude de la psychologie humaine ne s'est
généralisé que peu à peu, et seulement dans les dernières
périodes contemporaines de l'histoire de la psychologie.
En général, la logique formelle, dès le début de l'histoire de
la philosophie, semblait fournir à elle seule tout ce qui con
cernait l'art de philosopher. Elle a de particulier qu'elle
enseigne à mettre en œuvre, c'est-à-dire en raisonnements, les
matériaux. Et ceux-ci étaient si abondants qu'il semblait
inutile de se préoccuper d'en quérir d'autres ; elle les suppo- 360 A. THIBRY.
sait tout acquis ou obvies ; de sorte que la besogne du philo
sophe se réduisait à construire utilement, solidement, voire
même élégamment, suivant les recettes et les règles.
Mais, il est venu un temps où on s'est trouvé avoir curieu
sement employé tous les matériaux qui étaient disponibles
à pied d'oeuvre : découvrir d'autres matériaux, les mieux
tailler et les approprier, tout cela est devenu, dans l'art de
philosopher, un problème nouveau. L'assemblage direct des
propositions, la construction immédiate, a cessé d'être le seul
travail. Il faut bien souvent veiller à se procurer les éléments
par une étude des faits eux-mêmes avant d'édifier sur eux et
de construire et de conclure.
Aussi longtemps que le fait immédiat a servi de base
unique à la théorie de la mémoire, celle-ci est apparue comme
une « mystérieuse activité à travers le temps », une activité-
irréductible à aucune autre, n'ayant guère d'analogie marquée
avec aucune autre face de l'intellect ou de l'imagination, et
ne portant pas en elle-même de lien causal bien distinct entre
ses différents modes et ses divers actes.
Depuis que l'analyse objective se poursuit patiemment,
l'aspect de la question change ; toutes les idées se modifient,
se précisent, et rien ne ressemble si peu à la doctrine
ancienne, imprécise et poétique de jadis que la théorie fonda
mentale et documentée que fournissent nos analystes de la
psychologie actuelle. Non que les anciens se soient mépris
ou aient erré dans leurs analyses de la mémoire, parfois si fines
et si frappantes, mais, tout ce que la méditation seule ne peut
donner a dû être ajouté.
La philosophie anglaise surtout a été l'occasion de ces
recherches. La métaphysique de Locke et de Hume, autant que
celle de Berkeley, appelaient des preuves, des réfutations et
des contrôles qui ne pouvaient s'emprunter qu'aux faits.
L'étude complexe des associations prenait une importance de
plus en plus considérable et devenait un terrain de lutte entre
les philosophies. illusions d'optique. 361
Comme il arrive toujours, cette lutte a eu pour effet de
dégager plus nettement et de mettre mieux en lumière
les détails des faits fondamentaux.
* *
Cette circonstance que, dans l'illusion optique géomét
rique, les associations qui causent l'erreur peuvent toujours
être constatées par des mesurations; et, d'autre part, cette
particularité qu'étant indistinctement conscientes, elles sont
.soustraites _à .. Jjnfliience modificatrice . at xolon t ai re -du suje^
tout cela fait, de cette illusion spéciale, un exemple propice à
une étude expérimentale des associations.
Nous avons pensé que ce serait un élément utile de la
psychologie de la question, que de caractériser ainsi l'asso
ciation, et, de faire voir par là, le mode d'agglutinement et le
degré conscient des éléments multiples d'une perception con
crète; alors que, celle-ci, à première vue, semblait une, incomp
osée, immédiate et directement empruntée aux objets.
Quand on juge des dimensions et des directions sans le
secours d'instrument, à vue d'oeil, on pourrait se borner à
rechercher pratiquement quelles sont les principales illusions
optiques, puis à déterminer les applications pratiques de ces
lois d'erreur aux arts et à la technique du dessin; on découv
rirait ainsi les règles pratiques des déformations apparentes
que subissent d'une manière constante certaines dimensions
dans les constructions, les architectures, les paysages et les
dessins.
On pourrait aussi, comme nous l'avons dit, étudier les faits
dans leurs rapports avec la certitude, et se poser le problème
au point de vue de la critériologie. Parmi toutes les illusions
des sens celles qui ont trait à l'optique occupent naturel
lement la plus grande place : on conçoit que la complexité de
nos perceptions et

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