Les Indiens Émerillon de la Guyane française - article ; n°1 ; vol.52, pg 133-156
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1963 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 133-156
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Hurault
P. Frenay
Les Indiens Émerillon de la Guyane française
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 52, 1963. pp. 133-156.
Citer ce document / Cite this document :
Hurault Jean, Frenay P. Les Indiens Émerillon de la Guyane française. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 52,
1963. pp. 133-156.
doi : 10.3406/jsa.1963.1998
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1963_num_52_1_1998INDIENS ÉMERILLON LES
DE LA GUYANE FRANÇAISE
par J. HURAULT et P. FRENAY
Historique.
Les indiens Émerillon ne sont entrés en contact avec les Européens que
tardivement, à la fin du xvnie siècle. Ils vivaient à cette époque comme de
nos jours sur les bassins supérieurs du Camopi, de l'Approuague et de l'Inini,
s'avançant même par la Waki et par l'Arawa ou Tampok jusqu'au Maroni \
Ces bassins supérieurs étaient reliés par des chemins, tous disparus aujourd'hui,
sauf celui qui joint le Haut Tamouri à la Haute Waki, encore fréquemment
utilisé. Depuis une vingtaine d'années, les Émerillon ont cessé de fréquenter
l'Inini et l'Approuague, et leur habitat tend à se réduire au Camopi et à la
Waki.
Il ne semble pas que l'on doive confondre les Émerillon avec les Moriou ou
Maouriou, qui vivaient au début du XVIIIe siècle sur l'Oyapok. La prononciat
ion de leur nom, Méréyon ou Mériyon, comporte nettement une voyelle nasale
terminale, sur laquelle les observateurs de langue française ne pouvaient guère
hésiter. D'ailleurs, les Moriou ont été emportés par le désastre démographique
des populations de l'Oyapok, pratiquement anéanties par des épidémies entre
1740 et 1760. Si les Émerillon, comme les Oayana, ont survécu jusqu'à nos
jours, c'est précisément que les uns et les autres sont restés isolés jusqu'à la
fin du xvine siècle, et que le processus s'est déclenché chez eux plus tard
ivement.
La première mention certaine des Émerillon apparaît dans les fonds d'ar
chives en 1731. Audiffrady, explorant la rivière Ouya (Comté actuelle) au
sud de Cayenne, parle « des Émérillons qui descendent du côté de la rivière
de Maronny » essayant de surprendre les Indiens Norak de la région, pour
faire des prisonniers et les manger.
1. On peut remarquer à ce sujet que les grands sauts du Maroni appelés main
tenant « Abattis Cottica, étaient appelés au xvine siècle Itou pouko « le long saut »,
mot Tupi-Guarani, ce qui laisse penser que l'habitat des Émerillon devait jadis
s'étendre jusque là, ou tout au moins qu'ils fréquentaient le cours du grand fleuve. SOCIÉTÉ DES AMERICANISTES 134
En 1760 M. de Kerkove (1), voyageant dans le Haut Oyapok apprend
d'un chef indien que les « Méréons sont de bons Indiens établis sur l'Araoua,
à quatre journées des Caïcoucianes en descendant cette rivière » (ce renseigne
ment les situe à proximité de l'embouchure de l'Inini).
En 1767, les Émerillon, établis à de l'Inini, furent visités par
Patris (2), qui évalua leur nombre à 120 flécheurs, soit 350 à 400 personnes au
total. Patris les décrit comme très primitifs et craintifs, ayant peu de relations
avec les autres Indiens ; ils possédaient cependant, comme les autres tribus de
Guyane, une certaine spécialisation commerciale ; ils fabriquaient des grages
à manioc. Ils cultivaient le manioc, mais juste assez pour leur subsistance.
Les Émerillon se plaignaient de raids entrepris contre leurs établissements
par les « Taïras » (13) (c'est-à-dire les Indiens Galibi de la région côtière) enca
drés par des noirs et mulâtres libres de Surinam. Ces Galibi, qui provenaient
en partie des missions des Jésuites à Kourou et à Sinnamari, avaient quitté
le territoire français à la suppression de ces missions, pour se réfugier à Suri
nam. Patris les décrit comme « de vrais corsaires d'eau douce et écumeurs de
rivière » (2). Ils faisaient des raids contre les Indiens du Haut Maroni, pour
capturer des jeunes gens et jeunes filles et les vendre à Surinam comme esclaves.
Le gouverneur de Fiedmont, quand il apprit ces faits, envoya Brisson de
Beaulieu, officier réformé et capitaine général des Indiens, et l'ingénieur géo
graphe Simon Mentelle, pour rassurer les Émerillon et menacer les coupables
d'une intervention militaire (3). Cette mission remplit pleinement son but (4),
mais elle n'apporta aucun renseignement nouveau sur les Émerillon.
Le recensement général entrepris en 1786 (5) fait état de 30 Émerillon, « de
la mission Saint-Paul, résidant dans les sauts d'Oyapok ».
En 1822, Milthiade et Loret (7 bis), qui cherchaient à atteindre le Haut
Maroni, dont le cours inférieur était interdit par les Noirs réfugiés Djuka, trou
vèrent les Émerillon à peu près au même emplacement qu'un demi-siècle pr
écédemment, à proximité de l'embouchure de l'Inini. Ils avaient très peur des
Noirs réfugiés Boni qui occupaient le cours moyen du grand fleuve, et refu
sèrent d'accompagner les explorateurs, qui durent revenir sur leurs pas.
En 1824, Bodin, ingénieur géographe de la Marine (6), visita les Oyampi
nouvellement arrivés en Guyane et établis à proximité de l'embouchure du
Camopi. Ils se plaignaient de déprédations et de vols commis par les Émerillon :
« ...c'est une peuplade essentiellement paresseuse qui à peine cultive le ma
nioc nécessaire à sa subsistance. On reconnaît leur paresse jusqu'à leurs armes,
rien n'est si mal fait que leurs flèches, les plumes ne sont presque pas amarrées,
leurs arcs sont à peine polis. Ce qui les fait craindre des Oyampis qu'ils ont
visité dernièrement, c'est qu'ils sont d'une stature très élevée, il y a peu de
races d'hommes aussi bien partagées sous ce rapport ».
Quelques années plus tard, des renseignements intéressants furent recueillis
par Adam de Bauve (8), en 1830, et Leprieur (10), en 1833. L'un et l'autre
remarquèrent des différences entre le mode de vie des Émerillon et celui des
autres Indiens de Guyane. Ils observèrent que les se déplaçaient INDIENS ÉMERILLON DE LA GUYANE FRANÇAISE 135 LES
plus fréquemment que les autres Indiens, que leur activité était surtout axée
sur la chasse et qu'ils ne cultivaient que le strict minimum, venant faire de
longs séjours dans les établissements Oyampi pour se ravitailler. Ils notèrent
que les Émerillon ne pratiquaient pas la culture du coton, et se contentaient
de hamacs grossiers en écorce de mahot. Cet objet est un trait caractéristique-
de la culture matérielle des Indiens chasseurs-pêcheurs de Surinam, décrits par
de Goeje et Ahlbrinck. Il est permis de penser que les Émerillon étaient plus
proches de ce mode de vie que les autres Indiens de Guyane, et qu'ils ne consi
déraient l'agriculture que comme une activité d'appoint. L'acquisition de l'agr
iculture a dû se faire très lentement, et probablement s'étendre sur plusieurs
générations. Ce n'est là qu'une hypothèse, mais en bon accord avec l'ensemble
des témoignages historiques. On peut remarquer que de nos jours, les Émeril
lon demeurent sensiblement plus nomades que les autres Indiens.
Un rapport de Bagot (y), commerçant et pionnier très attaché aux Indiens
de Guyane (1849) fait état d'une diminution considérable du nombre des Émer
illon sous l'effet d'épidémies de « rhumes » et « fluxions de poitrine », ces ter
ribles maladies à virus qui ont, depuis les premiers établissements européens
jusqu'à nos jours, décimé les Indiens de l'Amazonie forestière. Bagot évalua
cependant encore leur nombre, pour la seule rivière Camopi, à une centaine.
En 1888, les Émerillon de la crique Saï, affluent de l'Inini, au nombre d'une
centaine, ont été visités par l'explorateur Coudreau (9). Il nota la symbiose
étroite de cette tribu avec ks orpailleurs- créoles, et une détérioration déjà mar-
quée des coutumes et de la vie sociale.
En 193 1, M. Jacques Perret (12) séjourna chez les Émerillon qui étaient
alors rassemblés principalement sur la r

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