Les ligues régionales et les associations islamiques en Égypte : deux formes de regroupements à vocation sociale et caritative - article ; n°141 ; vol.36, pg 163-177
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Les ligues régionales et les associations islamiques en Égypte : deux formes de regroupements à vocation sociale et caritative - article ; n°141 ; vol.36, pg 163-177

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Description

Tiers-Monde - Année 1995 - Volume 36 - Numéro 141 - Pages 163-177
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

S. Ben Nefissa
Les ligues régionales et les associations islamiques en Égypte :
deux formes de regroupements à vocation sociale et caritative
In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°141. pp. 163-177.
Citer ce document / Cite this document :
Ben Nefissa S. Les ligues régionales et les associations islamiques en Égypte : deux formes de regroupements à vocation
sociale et caritative. In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°141. pp. 163-177.
doi : 10.3406/tiers.1995.4951
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1995_num_36_141_4951Ill— LES ACTIONS COLLECTIVES :
RÉSEA UX ET STRA TÉGIES
LES LIGUES REGIONALES
ET LES ASSOCIATIONS ISLAMIQUES
EN EGYPTE
DEUX FORMES DE REGROUPEMENTS
A VOCATION SOCIALE ET CARITATIVE
Sarah Ben Nefissa*
L'Egypte a la particularité, et la chance, de disposer d'une longue tradition
de vie associative parallèlement à une longue tradition étatique et de centra
lisme politique. Tout se passe comme si la réalité associative, en Egypte, était
arrivée à se maintenir, quelles que soient les circonstances politiques, et à défier
le contrôle administratif de plus en plus étroit que les différentes législations ont
cherché à lui imposer depuis la fin du XIXe siècle. Les étapes de la
codification de plus en plus minutieuse de la vie associative montrent, a contrar
io, la force, la ténacité et la vitalité des associations égyptiennes jusqu'à
aujourd'hui : tout se passe aussi comme si l'Etat égyptien, malgré sa prétention
historique à l'hégémonie sur la vie et le corps sociaux, n'arrivait pas à se priver
des « services » que lui rendent les associations égyptiennes dans la préservation
de la paix sociale, du lien social, du contrôle et du bien-être social.
Depuis l'ère de Yinfitah1 économique inaugurée par le président Sadate au
début des années 1970, l'Etat égyptien affirme vouloir encourager le développe
ment de la vie associative et, plus largement, la prise en charge des citoyens par
eux-mêmes, notamment dans les domaines sociaux. Cette volonté n'est toute
fois pas dénuée d'ambiguïtés, puisque l'on constate que la législation dirigiste
sur les associations datant de l'époque de Abdel Nasser n'a pas été réformée.
Mais, malgré le régime de « liberté surveillée » dont il jouit, le secteur associatif
joue un rôle social primordial dans la vie de certains quartiers et de certaines
* orstom.
1. C'est l'expression égyptienne pour signifier la politique d'ouverture économique inaugurée par le pré
sident Sadate dans les années 1970.
Revue Tiers Monde, t. XXXVI, n° 141, janvier-mars 1995 Sarah Ben Nefissa 164
villes égyptiennes, dans un contexte de désengagement de l'Etat et de discrédit
(voire d'inexistence) des services publics.
Aujourd'hui, près de 12 000 associations sont enregistrées au ministère égypt
ien des Affaires sociales qui en assure la tutelle et la législation et leur donne la
possibilité d'œuvrer dans quatorze domaines d'activité. Toutefois, malgré cette
pluralité, la classification officielle est loin de traduire la réalité de la vie associa
tive égyptienne. Dans la mesure où c'est à partir de cette nomenclature que sont
construites les informations fournies par les rapports officiels, la majorité des don
nées ainsi obtenues doivent être prises avec de grandes précautions. Dans les rap
ports administratifs et ministériels, pratiquement aucune information ne ressort
au sujet des ligues régionales et des associations islamiques. Cette rétention de
l'information n'est pas simplement un problème de classification, elle révèle égal
ement des arrières-pensées, notamment d'ordre politique.
I - LES LIGUES RÉGIONALES
Un phénomène occulté et méprisé
Les ligues régionales regroupent des personnes sur la base de leur origine
géographique commune. Il s'agit d'associations de migrants et de personnes
installées hors de leurs villages, régions ou gouvernorats d'origine. Elles repré
sentent 7,43 % des associations enregistrées. Malgré leur importance numér
ique et contrairement aux associations islamiques, les ligues régionales ne sus
citent l'intérêt ni des journalistes ni des chercheurs. Les causes de ce manque
d'intérêt sont multiples. Les ligues régionales ne jouent pas de rôle politique
visible ou direct comme certaines associations islamiques. Ces dernières, qui
polarisent toute l'attention sur elles, constituent un enjeu d'importance aussi
bien pour l'islam contestataire que pour l'Etat égyptien. Le premier cherche à
accroître sa base sociale et politique en offrant des services sociaux aux populat
ions. Le deuxième cherche à ne pas se faire dépasser sur le plan de la « solidar
ité islamique » et encourage si ce n'est crée lui-même des associations de charislamiques.
Les ligues régionales ne sont pas dénuées totalement de fonctions politiques,
mais celles-ci demeurent limitées. Généralement, les présidents de ces ligues
sont des personnalités, de la région ou du village, qui ont réussi. Parfois, il s'agit
même de députés à l'Assemblée du peuple, et l'association constitue pour eux
un moyen d'élargir leur base électorale dans les quartiers où ils se présentent.
Les ligues régionales ne disposent pas de larges moyens financiers qui leur
permettraient d'acquérir des immeubles ou de grands bâtiments, comme c'est le
cas pour nombre d'associations islamiques. Le peu d'intérêt que les autorités
publiques leur manifestent se justifie par le fait qu'il s'agit « d'associations fe
rmées sur elles-mêmes », selon les termes administratifs, c'est-à-dire qu'elles
n'accordent de services qu'à leurs seuls membres. ligues régionales et les associations islamiques en Egypte 165 Les
La position des autorités égyptiennes envers les ligues régionales semble en
fait mitigée. Les propos tenus à leur sujet par les responsables administratifs
donnent l'impression que l'Etat est contraint d'accepter une réalité qu'au fond
il n'apprécie pas beaucoup, car elle pourrait signifier un certain retard, ou
archaïsme, de la société égyptienne. Ces quelques lignes d'un rapport administ
ratif sont significatives : « Une grande partie des associations qui offrent des
aides sociales sont en fait des ligues régionales. Ce sont de toutes petites associa
tions, dont le siège est généralement l'appartement d'un des membres, ce qui
fait que certains les dénomment les "associations de la pancarte". Quand le
ministère a voulu améliorer cette situation en les fusionnant, comme le lui per
met l'article 29 de la loi, il y a eu une violente réaction de refus. Il a donc été
décidé de les laisser fonctionner, et de mener des études afin de voir comment
les faire évoluer. »
Répartition dans le temps et dans l'espace
Par décennie, le poids des ligues régionales a varié : 8,18 % dans la décenn
ie 1960 ; 10,95 % dans les années 70 ; 4,30 % dans la décennie 1980. Du point de
vue de l'expression du phénomène dans l'espace, les ligues régionales sont ci
rconscrites dans certains gouvernorats économiquement dynamiques. La décenn
ie 1980 a vu leur rétrécissement, en nombre et dans l'espace. Ils n'y a plus que
16 gouvernorats qui abritent des ligues régionales. Le Caire — bien que toujours
en première position, avec la création de 100 ligues régionales — voit toutefois le
nombre de créations de ces regroupements diminuer de plus de la moitié.
L 'Association de charité des originaires de Koma2
Les ligues régionales œuvrent principalement dans le domaine social et l'une
des originalités de leurs activités est leur intérêt particulier pour les cérémonies
funéraires. Un tel phénomène s'explique par la nature même de l'association,
qui est un regroupement de personnes ayant définitivement quitté leur terroir
natal et qui ne disposent plus de cimetières pour enterrer leurs défunts.
C'est le cas de l'Association de charité des originaires de Korna, qui nous
servira d'exemple3. Son siège est à Zitoun et, au début de la fondation, il était
installé da

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