Les limites du libéralisme économique soviétique : la perestroïka va-t-elle passer à la trappe ? - article ; n°2 ; vol.22, pg 59-70
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1991 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 59-70
The Limits of Soviet Economie Liberalism : Perestroïka in Limbo.
Western proponents of laissez-faire and their followers in the East have long argued that Soviet economic performance could be greatly enhanced by repudiating administrative-command planning in favor of a free market. All that was required to exit the treadmill of cosmetic reform was an act of political will. Since markets were assumed to be more productive than controlled economic systems, it was contended that marketization in any degree would improve economic performance, and legitimate the rapid adoption of a full fledged market regime.
The Gorbachev revolution has falsified this expectation. It has demonstrated that it is far easier to unleash the forces of liberalism than it is to orchestrate an orderly transition to market socialism. Glasnost', demokratizatsiia, novoe myshlenie, and perestroika have simultaneously raised expectations, and triggered an acute economic and political crisis that shows no signs of abating. This has left the regime in limbo, drifting toward the right.
Where will it end ? Will free market forces ultimately prevail, or are other outcomes more probable ? This essay explains why free market optimism is likely to be misplaced. Although the current impasse could be resolved by devising a sound program of incremental reform, or adopting a stabilization policy restoring the pre-perestroika system of administrative command planning, neither option is apt to be seized. Liberals have yet to formulate a viable plan, and Gorbachev still resists the status quo ante. As a consequence, the forces of despotism are growing, and may soon extinguish Gorbachev's capricious experiment in laissez-faire market socialism.
Les partisans du laissez-faire en Occident et leurs émules en Europe de l'Est ont longtemps affirmé que les performances de l'économie soviétique ne s'amélioreraient nettement que si 1'U.R.S.S. renonçait à la planification imperative pour adopter l'économie de marché. Il suffisait de le vouloir pour sortir de l'ornière des réformes de façade. Les marchés étant par définition plus productifs que les économies centralement gérées, il était hors de question d'introduire un nombre plus ou moins grand d'éléments du marché dans l'espoir d'obtenir des résultats économiques satisfaisants. Seule l'adoption accélérée d'un système de marché à part entière était justifiée.
La révolution gorbatchévienne a infirmé cette théorie. Elle a montré qu'il était beaucoup plus facile de lâcher les forces du libéralisme que d'orchestrer une transition dans l'ordre au socialisme de marché. Glasnost', demokratizacija, novoe myslenie et perestrojka ont à la fois fait naître d'énormes espoirs et provoqué une crise économique et politique aiguë qui ne paraît nullement s'apaiser. Le régime est resté en suspens, tout en dérivant vers la droite.
Comment tout cela se terminera-t-il ? Les forces du marché libre finiront-elles par l'emporter ou d'autres issues sont-elles plus probables ? L'auteur entend expliquer en quoi l'optimisme des adeptes du marché libre n'est pas de mise. Il serait possible de sortir de l'impasse actuelle en appliquant un programme cohérent de réforme par étapes ou en menant une politique de stabilisation, destinée à rétablir le système impératif de planification antérieur à la perestroïka, mais aucune de ces deux options n'a de chance d'être retenue. Les libéraux n'ont toujours pas formulé de projet viable et Gorbatchev refuse le retour au statu quo antérieur. De ce fait, les forces du despostisme reprennent de la vigueur et pourraient bien anéantir prochainement l'expérience fantasque de socialisme de marché à la sauce libérale.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 52
Langue Français

Extrait

Steven Rosefielde
Les limites du libéralisme économique soviétique : la perestroïka
va-t-elle passer à la trappe ?
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 22, 1991, N°2. pp. 59-70.
Citer ce document / Cite this document :
Rosefielde Steven. Les limites du libéralisme économique soviétique : la perestroïka va-t-elle passer à la trappe ?. In: Revue
d’études comparatives Est-Ouest. Volume 22, 1991, N°2. pp. 59-70.
doi : 10.3406/receo.1991.1501
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1991_num_22_2_1501Abstract
The Limits of Soviet Economie Liberalism : Perestroïka in Limbo.
Western proponents of laissez-faire and their followers in the East have long argued that Soviet
economic performance could be greatly enhanced by repudiating administrative-command planning in
favor of a free market. All that was required to exit the treadmill of cosmetic reform was an act of political
will. Since markets were assumed to be more productive than controlled economic systems, it was
contended that marketization in any degree would improve economic performance, and legitimate the
rapid adoption of a full fledged market regime.
The Gorbachev revolution has falsified this expectation. It has demonstrated that it is far easier to
unleash the forces of liberalism than it is to orchestrate an orderly transition to market socialism.
Glasnost', demokratizatsiia, novoe myshlenie, and perestroika have simultaneously raised expectations,
and triggered an acute economic and political crisis that shows no signs of abating. This has left the
regime in limbo, drifting toward the right.
Where will it end ? Will free market forces ultimately prevail, or are other outcomes more probable ?
This essay explains why free optimism is likely to be misplaced. Although the current impasse
could be resolved by devising a sound program of incremental reform, or adopting a stabilization policy
restoring the pre-perestroika system of administrative command planning, neither option is apt to be
seized. Liberals have yet to formulate a viable plan, and Gorbachev still resists the status quo ante. As
a consequence, the forces of despotism are growing, and may soon extinguish Gorbachev's capricious
experiment in laissez-faire market socialism.
Résumé
Les partisans du laissez-faire en Occident et leurs émules en Europe de l'Est ont longtemps affirmé que
les performances de l'économie soviétique ne s'amélioreraient nettement que si 1'U.R.S.S. renonçait à
la planification imperative pour adopter l'économie de marché. Il suffisait de le vouloir pour sortir de
l'ornière des réformes de façade. Les marchés étant par définition plus productifs que les économies
centralement gérées, il était hors de question d'introduire un nombre plus ou moins grand d'éléments du
marché dans l'espoir d'obtenir des résultats économiques satisfaisants. Seule l'adoption accélérée d'un
système de marché à part entière était justifiée.
La révolution gorbatchévienne a infirmé cette théorie. Elle a montré qu'il était beaucoup plus facile de
lâcher les forces du libéralisme que d'orchestrer une transition dans l'ordre au socialisme de marché.
Glasnost', demokratizacija, novoe myslenie et perestrojka ont à la fois fait naître d'énormes espoirs et
provoqué une crise économique et politique aiguë qui ne paraît nullement s'apaiser. Le régime est resté
en suspens, tout en dérivant vers la droite.
Comment tout cela se terminera-t-il ? Les forces du marché libre finiront-elles par l'emporter ou d'autres
issues sont-elles plus probables ? L'auteur entend expliquer en quoi l'optimisme des adeptes du
marché libre n'est pas de mise. Il serait possible de sortir de l'impasse actuelle en appliquant un
programme cohérent de réforme par étapes ou en menant une politique de stabilisation, destinée à
rétablir le système impératif de planification antérieur à la perestroïka, mais aucune de ces deux options
n'a de chance d'être retenue. Les libéraux n'ont toujours pas formulé de projet viable et Gorbatchev
refuse le retour au statu quo antérieur. De ce fait, les forces du despostisme reprennent de la vigueur et
pourraient bien anéantir prochainement l'expérience fantasque de socialisme de marché à la sauce
libérale.Les limites du libéralisme
économique soviétique :
la perestroïka va-t-elle passer à la trappe ?
Steven ROSEFIELDE*
Le libéralisme soviétique est en perte de vitesse. Pendant huit petits mois,
entre le Plenum du Parti communiste du 7 février 1990 et l'adoption, le
19 octobre 1990, du programme consensuel de transition voulu par
Gorbatchev, le gouvernement a donné l'impression qu'il allait rompre
définitivement avec l'autoritarisme et édifier un nouvel ordre économique
socialiste et démocratique1. Mais au moment même où Gorbatchev semb
lait s'être rallié à une variante en 800 jours du programme de transition
en 500 jours de Eltsine et de Chataline, il déclara qu'un traitement de choc
était inacceptable et que le laissez-faire socialiste n'était plus de saison. En
moins de trois mois, il s'est débarrassé de ses principaux conseillers
libéraux, Stanislav Chataline, Nikolaj Petrakov et Leonid Abalkine et s'est
mis à taxer les « démocrates » d'ennemis d'un pouvoir communiste en
plein renouveau2. En même temps, le KGB, la bureaucratie militaire et
conservatrice relevaient vigoureusement la tête et passaient à l'attaque de
tous côtés.
Dimitri Jazov, ministre soviétique de la Défense, annonça qu'il n'y aurait
plus de réduction du budget militaire jusqu'à la fin du siècle3 et le premier
* University of North Carolina, Chapel Hill.
1. M.S. GorbaCev, Ob osnovnykh napravlenijakh po stabilizacij narodnogo khozjajstva
i perekhodu k rynocnoj ekonomiki (A propos des orientations fondamentales pour la
stabilisation de l'économie et la transition vers une économie de marché), discours à la
session du Soviet suprême, Pravda, 20 octobre 1990, pp. 1-2 et Osnovnye napravlenija po
stabilizacij narodnogo khozjajstva i perekhodu k rynocnoj ekonomiki (Orientations fonda
mentales pour la stabilisation de l'économie et la transition vers une économie de
marché), Pravda, 18 octobre 1990, pp. 1-6.
2. Serge Schmemann, « Gorbachev's Offensive : His Critics are Denounced », New
Regard York Times, Legislature's 28 février Session 1990, as p. End A4 ; of Bill Democratization Keller, « Mourning and Onset Soviet of Reaction Reform : », Many New
York Times, 29 décembre 1990, pp. 1-4. Craig Whitney, « Gorbachev Aide Who Quit
Doubts Commitment to Free Market », New York Times, 20 janvier 1991, p. A6.
3. Dmitri Jazov, Koncepcija voennoj reformy (Comment concevoir la réforme de
l'armée), Pravitel'stvennyj Vestnik, 18 novembre 1990, pp. 5-10.
59 Steven Rosefielde
ministre, Valentin Pavlov, retrouvant des réflexes que l'on croyait périmés,
accusa l'Occident de complot, de tenter de submerger le marché sous les
roubles, lui faisant porter la responsabilité du déficit budgétaire qu'il avait
lui même contribué à créer en tant que ministre des Finances4.
Où cela va-t-il s'arrêter ? Après avoir jeté par dessus bord les « dévia
tionnistes de gauche », Gorbatchev va-t-il défendre une transition par
étapes vers le marché ? Un système combinant plan et marché ? Une
réactivation de la planification imperative ? Ou un système encore plus
pervers ? Explorons ces hypothèses provocatrices en essayant d'analyser
les forces économiques contradictoires qui se manifestent à l'heure actuelle
et affectent le système. Bien qu'il ait des raisons d'être optimiste, on ne peut
pas exclure un retour à la répression et à la terreur si les libéraux ne
parviennent pas à élaborer un programme de transition en douceur vers le
socialisme de marché.
I. LE LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE
Le fait que Gorbatchev ait renoncé au traitement de choc a valeur
historique puisqu'il met en lumière les carences du libéralisme économique
en tant que mécanisme de transformation sociale radicale. Jusqu'au
19 octobre, Gorbatchev n'avait jamais fléchi, affichant sa certitude d'une
revitalisation possible de l'économie soviétique par la mise en œuvre de
réformes de plus en plus audacieuses jusqu'à ce que soit trouvée la solution
optimale. Le système imp

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