Les réformes économiques en Europe de l Est : dix ans après - article ; n°1 ; vol.6, pg 15-50
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1975 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 15-50
Les pays socialistes européens ont derrière eux une décennie de réformes économiques. Le propos commun de ces réformes consiste à associer à l'exécution du plan certains des instruments caractéristiques des économies de marché ; le signe le plus visible, quoique trompeur à bien des égards, en est la restauration de la notion de profit. Dans ces «nouveaux mécanismes économiques», on peut s'interroger sur l'équilibre entre trois couples de notions : centralisation-décentralisation, planification-politique économique, efficacité-rentabilité.
Première question : si l'on transfère du centre à la périphérie (ou du sommet à la base) certaines compétences de direction, qui sera le bénéficiaire de ce transfert, l'entreprise ou un échelon intermédiaire (union d'entreprises, combinat, grande unité de production) ? La réponse éclaire non seulement sur la structure de l'administration économique, mais sur la forme du marché socialiste : plus l'industrie sera concentrée, et plus l'on se rapprochera d'une forme oligopolistique, avec les avantages mais aussi les dangers inhérents à l'exercice éventuel de pouvoirs de monopole si l'autonomie de l'entreprise est poussée trop loin.
Ces risques se manifesteront plus ou moins selon la réponse donnée à la seconde question : que conservera-t-on de la planification imperative antérieure? Quand de nombreux indices planifiés subsistent, freinant les pouvoirs des unités de production, la réforme se trouve partiellement bloquée : l'entreprise, théoriquement intéressée à la bonne réalisation du plan, ne peut organiser librement l'emploi de ses ressources et déterminer son offre et ses débouchés. Si à l'inverse on utilise surtout les «régulateurs indirects» de la politique économique, dans une situation où subsistent des pénuries de biens de production et de consommation, on court le risque de tensions inflationnistes (d'origine interne ou externe) qu'il faut combattre par des mesures plus énergiques inévitablement interprétées comme un recul de la réforme.
La troisième question concerne le conflit entre l'intérêt général, qui requiert une gestion avant tout efficace, selon des critères à préciser, et l'intérêt particulier de l'entreprise et de ses membres, qui implique la maximisation du profit, à condition que l'entreprise s'y sente intéressée. L'identification de l'efficacité et de la rentabilité n'est nullement assurée a priori.
Une étude comparative de l'état actuel, en 1974, de la réforme dans quatre pays socialistes (U.R.S.S., R.D.A., Pologne, Hongrie) permettra d'apprécier la diversité des réponses à ces questions et des combinaisons possibles.
Economie Reforms in Eastern Europe: Ten Years Later.
The socialist countries of Europe now have ten years of economic reforms behind them. The general purpose of these reforms has been to combine the execution of plans whith some features of a market economy. The most conspicuous, although somewhat misleading, indication of this trend is the revival of the profit concept. These «new economic mechanisms» raise the question of the equilibrium among three sets of ideas: centralization - decentralization, planning - economic policy, efficiency - profitability.
The first question is: who :will benefit certain decision-making power is transferred from the center to the periphery, or from the top to the bottom? Will it be the individual enterprise or an intermediate level (e.g. industrial associations, vertically grouped enterprises of the «kombinat» type, or major enterprises) ? The reply to this question sheds light not only on the structure of the economic administration but also on the nature of the socialist market. The more concentrated an industry, the nearer it approaches an oligopolistic type of market, with the advantages, but also the dangers inherent in monopolistic power if enterprises' independence is pushed too far.
These risks are more or less important according to the answer given to the second question: what is exactly retained now from the prior compulsory planning system? When there are many plan target indicators which restrain the autonomy of production units, reform is partially halted. An enterprise, which is theoretically concerned with the successful realization of the plan, is not free to organize its resources and do market research. If, on the other hand, the indirect regulators of economic policy are primarily used, in a situation where there is a scarcity of producers' and consumers' goods, there is a risk of open (and not only repressed as in the preceding case) inflation, of either internal or external origin, that must be countered by more vigourous measures, such measures being inevitably interpreted as a set-back of the reform.
The third question concerns the clash between the general interest which calls for efficient management according to criteria to be defined, and the individual interest of the enterprise and its workers which implies a maximization of profits, provided the incentives are strong enough. But efficiency is not necessarily equated with profitability.
A comparative study of the present (1974) state of the reforms in four socialist countries (USSR, East Germany, Hungary and Poland) may provide answers which, suprisingly, are not so different as it would seem.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marie Lavigne
Les réformes économiques en Europe de l'Est : dix ans après
In: Revue d'études comparatives Est-Ouest. Volume 6, 1975, N°1. pp. 15-50.
Citer ce document / Cite this document :
Lavigne Marie. Les réformes économiques en Europe de l'Est : dix ans après. In: Revue d'études comparatives Est-Ouest.
Volume 6, 1975, N°1. pp. 15-50.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1975_num_6_1_1941Résumé
Les pays socialistes européens ont derrière eux une décennie de réformes économiques. Le propos
commun de ces réformes consiste à associer à l'exécution du plan certains des instruments
caractéristiques des économies de marché ; le signe le plus visible, quoique trompeur à bien des
égards, en est la restauration de la notion de profit. Dans ces «nouveaux mécanismes économiques»,
on peut s'interroger sur l'équilibre entre trois couples de notions : centralisation-décentralisation,
planification-politique économique, efficacité-rentabilité.
Première question : si l'on transfère du centre à la périphérie (ou du sommet à la base) certaines
compétences de direction, qui sera le bénéficiaire de ce transfert, l'entreprise ou un échelon
intermédiaire (union d'entreprises, combinat, grande unité de production) ? La réponse éclaire non
seulement sur la structure de l'administration économique, mais sur la forme du marché socialiste : plus
l'industrie sera concentrée, et plus l'on se rapprochera d'une forme oligopolistique, avec les avantages
mais aussi les dangers inhérents à l'exercice éventuel de pouvoirs de monopole si l'autonomie de
l'entreprise est poussée trop loin.
Ces risques se manifesteront plus ou moins selon la réponse donnée à la seconde question : que
conservera-t-on de la planification imperative antérieure? Quand de nombreux indices planifiés
subsistent, freinant les pouvoirs des unités de production, la réforme se trouve partiellement bloquée :
l'entreprise, théoriquement intéressée à la bonne réalisation du plan, ne peut organiser librement
l'emploi de ses ressources et déterminer son offre et ses débouchés. Si à l'inverse on utilise surtout les
«régulateurs indirects» de la politique économique, dans une situation où subsistent des pénuries de
biens de production et de consommation, on court le risque de tensions inflationnistes (d'origine interne
ou externe) qu'il faut combattre par des mesures plus énergiques inévitablement interprétées comme un
recul de la réforme.
La troisième question concerne le conflit entre l'intérêt général, qui requiert une gestion avant tout
efficace, selon des critères à préciser, et l'intérêt particulier de l'entreprise et de ses membres, qui
implique la maximisation du profit, à condition que l'entreprise s'y sente intéressée. L'identification de
l'efficacité et de la rentabilité n'est nullement assurée a priori.
Une étude comparative de l'état actuel, en 1974, de la réforme dans quatre pays socialistes (U.R.S.S.,
R.D.A., Pologne, Hongrie) permettra d'apprécier la diversité des réponses à ces questions et des
combinaisons possibles.
Abstract
Economie Reforms in Eastern Europe: Ten Years Later.
The socialist countries of Europe now have ten years of economic reforms behind them. The general
purpose of these reforms has been to combine the execution of plans whith some features of a market
economy. The most conspicuous, although somewhat misleading, indication of this trend is the revival
of the profit concept. These «new economic mechanisms» raise the question of the equilibrium among
three sets of ideas: centralization - decentralization, planning - economic policy, efficiency - profitability.
The first question is: who :will benefit certain decision-making power is transferred from the center to the
periphery, or from the top to the bottom? Will it be the individual enterprise or an intermediate level (e.g.
industrial associations, vertically grouped enterprises of the «kombinat» type, or major enterprises) ?
The reply to this question sheds light not only on the structure of the economic administration but also
on the nature of the socialist market. The more concentrated an industry, the nearer it approaches an
oligopolistic type of market, with the advantages, but also the dangers inherent in monopolistic power if
enterprises' independence is pushed too far.
These risks are more or less important according to the answer given to the second question: what is
exactly retained now from the prior compulsory planning system? When there are many plan target
indicators which restrain the autonomy of production units, reform is partially halted. An enterprise,
which is theoretically concerned with the successful realization of the plan, is not free to organize its
resources and do market research. If, on the other hand, the indirect regulators of economic policy are
primarily used, in a situation where there is a scarcity of producers' and consumers' goods, there is a
risk of open (and not only repressed as in the preceding case) inflation, of either internal or external
origin, that must be countered by more vigourous measures, such measures being inevitably interpreted
as a set-back of the reform.The third question concerns the clash between the general interest which calls for efficient management
according to criteria to be defined, and the individual interest of the enterprise and its workers which
implies a maximization of profits, provided the incentives are strong enough. But efficiency is not
necessarily equated with profitability.
A comparative study of the present (1974) state of the reforms in four socialist countries (USSR, East
Germany, Hungary and Poland) may provide answers which, suprisingly, are not so different as it would
seem.Les réformes économiques
en Europe de l'Est :
dix ans après
Marie LAVIGNE*
Les pays socialistes européens ont lancé voici une décennie un ensemb
le de réformes concernant l'administration, la planification et la
gestion de leur économie. Ces réformes ont-elles réussi? Où en est-on,
en 1974, de leur application ?
Les statistiques n'apportent pas beaucoup d'éléments de réponse, si
ce n'est qu'après le ralentissement général des taux annuels de crois
sance en 1961-1965 (6,0 % pour le revenu national dans l'ensemble du
Comecon), une reprise s'est manifestée dès 1966-1970 (7,3 %), et s'est
poursuivie en 1971-1973. L'observation superficielle du touriste le
confirme : il y a de plus en plus de voitures dans les rues des villes, de
marchandises dans les magasins, de résidences secondaires dans les gran
des banlieues ou les endroits touristiques...
L'économiste soviétologue est porté à analyser la situation présente
en fonction de quelques concepts simples. Les réformes, de façon génér
ale, associent à l'exécution du plan certains éléments des mécanismes
de marché : la renaissance de la notion du profit en est l'aspect le plus
visible, sinon le plus significatif. En classant les pays socialistes euro
péens selon l'intensité de ce recours au marché, ou, comme on préfère
le désigner dans ces pays, « aux régulateurs économiques indirects », on a,
par ordre croissant, la Roumanie encore très largement conforme au
modèle soviétique antérieur à 1965, puis PU.R.S.S. elle-même, la Tché
coslovaquie et la R.D.A., la Pologne et la Bulgarie, enfin la Hongrie
où, dit-on généralement, le « socialisme de marché » semble le plus
avancé.
(♦) Maître de conférences à l'Université de Paris I - Panthéon - Sorbonne.
Cet article sera publié en anglais chez Praeger, dans un ouvrage intitulé Economie
Development in the Soviet Union and Eastern Europe, vol. I : « Reforms, Technology
and Income Distribution», édité par Z.M. Fallenbuchl, professeur à l'Université de
Windsor, Ontario (Canada).
15 Marie Lav igne
Du point de vue de l'organisation, du fonctionnement et des finalités
des économies socialistes, il est commode d'opposer les termes de trois
couples de concepts, centralisation — décentralisation, plan — politique
économique, efficacité macroéconomique — profitabilité microéconomique.
Si aujourd'hui on développe ces oppositions, à l'exemple de quatre pays
échantillons — U.R.S.S., R.D.A., Pologne, Hongrie — on voit apparaître
des schémas nouveaux, très différents de l'alternative devenue presque

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