Les signes physiques de l intelligence chez les enfants - article ; n°1 ; vol.16, pg 1-30
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Description

L'année psychologique - Année 1909 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 1-30
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alfred Binet
Les signes physiques de l'intelligence chez les enfants
In: L'année psychologique. 1909 vol. 16. pp. 1-30.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. Les signes physiques de l'intelligence chez les enfants. In: L'année psychologique. 1909 vol. 16. pp. 1-30.
doi : 10.3406/psy.1909.3785
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1909_num_16_1_3785L'ANNEE PSYCHOLOGIQUE
TOME XVI
MÉMOIRES ORIGINAUX
i
LES SIGNES PHYSIQUES DE L'INTELLIGENCE
CHEZ LES ENFANTS
Juger l'intelligence d'un enfant par des moyens autres que
l'appréciation directe de ses manifestations intellectuelles peut
paraître bien imprudent, nous n'en disconvenons pas; et
cependant nous croyons nécessaire de rechercher ce qu'il y a
d'utile dans les signes physiques de l'intelligence qui nous
sont fournis par l'examen de la tête, de la physionomie, des
mains, etc. Nous avons deux raisons pour faire cette étude :
la première est que l'appréciation d'une intelligence est une
affaire si compliquée qu'on n'a le droit de refuser aucun pro
cédé pouvant y servir; la seconde, c'est que si on néglige de
parler de ces moyens indirects, on n'empêchera pas les parents
et surtout les maîtres de les employer et d'y croire, et s'ils les
emploient sans esprit critique, sans être avertis des erreurs
auxquels ils s'exposent, cela pourrait être grave. Cette revue
garderait un intérêt, quand même elle n'aboutirait qu'à une
conclusion sceptique1.
Par moyens indirects d'apprécier l'intelligence, nous enten
dons parler de quelques signes physiques auxquels on a de
tout temps cherché à trouver une interprétation : ce sont par
1. Dans cette revue nous mettons au point beaucoup de recherches
personnelles publiées ici même.
l'année psychologique, xvi. 1 2 MEMOIRES ORIGINAUX
exemple le volume et la forme de la tête, l'expression de la
physionomie, la dimension de certains organes : le front, l'œil,
le menton, la couleur des cheveux, la forme extérieure des
mains et leurs lignes, les malformations connues sous le nom
de stigmates de dégénérescence, et enfin l'écriture.
Malgré les conseils du fabuliste, nous ne cessons pas de
juger les gens sur l'apparence. Quelques-uns se vantent de ne
pas s'y tromper. D'autres se posent en spécialistes, en théori
ciens infaillibles, et même en devins, et ils ont toujours beau
coup de succès. Ils soulèvent une curiosité générale quand on
leur entend dire : « Je sais lire dans les mains. Je connais la
signification des bosses du crâne. Vous, monsieur, vous avez un
pouce d'assassin. Vous, madame, vous mourrez de mort vio
lente ». On sait cependant que ces petites affirmations sont bien
sujettes à caution; mais comme elles ont trait à des phéno
mènes inexpliqués, on subit plus ou moins l'attrait du mystère,
on se dit que peut-être, avec beaucoup d'erreur, il s'y mêle
quelque parcelle de vérité ; et comme, le plus souvent, on n'est
pas versé dans la méthode expérimentale et qu'on ignore les
conditions sévères de la démonstration d'un fait, on se laisse
convaincre par une suggestion, une coïncidence, une équivoque,
moins encore...
Il importe donc de mettre en garde les maîtres contre l'habi
tude de juger les enfants par l'extérieur; cette habitude ils l'ont
presque tous ; et leur expérience des enfants est du reste assez
grande pour faire de quelques-uns d'entre eux des physiono
mistes excellents. Il n'existe pas un maître qui ne se laisse
impressionner défavorablement par l'accumulation de plusieurs
stigmates sur une même tête.
Un front étroit, des yeux clignotants, un crâne petit, une
grosse lèvre, des oreilles écartées et un visage asymétrique
préviennent défavorablement; c'est d'instinct qu'on porte ce
jugement; et il est d'autant plus irrésistible qu'il s'y mêle tou
jours un sentiment assez accentué d'antipathie ou de sympathie.
De plus, lorsqu'un enfant diffère sensiblement par son aspect
extérieur de la majorité de ses semblables, le maître est porté
tout naturellement à le considérer comme un dégénéré. J'ai
entendu souvent cette expression dédaigneuse prononcée par
des personnes qui auraient été fort en peine de la définir- Mais
il est certain qu'on l'employait dans un sens péjoratif, et je
m'élève contre tout ce qu'il y a de grave et même d'injuste
à faire supporter à un enfant la responsabilité de tares qui BINET. — LES SIGNES PHYSIQUES DE L'INTELLIGENCE 3 A.
souvent n'exercent aucune espèce d'influence sur sa mentalité.
Nous allons donc, dans cet article, étudier les points sui
vants : Le volume de la tête ; l'expression de physionomie ; les
stigmates de dégénérescence; l'onycophagie; la forme des
mains. Nous exposerons brièvement les résultats des observa
tions que nous avons faites sur les écoliers à ces divers points
de vue et ensuite nous chercherons à extraire de nos observa
tions des conclusions générales et des règles de conduite.
LES DIMENSIONS DE LA TÊTE
Un simple coup d'œil sur les têtes des enfants réunis dans
une même classe montre combien les volumes des têtes sont
différents; celui-ci a une tête moyenne; celui-là une tête si
grosse que le cou semble avoir peine à la porter droite; un
troisième, aux yeux vifs et au corps toujours en mouvement,
a une tête si petite qu'on la compare volontiers à une tête
d'oiseau ou d'ouistiti. Les volumes céphaliques présentent les
mêmes variations que les tailles, les poids, les degrés de force
musculaire; mais ces variations sont, pour la tête, de valeur
bien plus grande. Si on prend un groupe naturel d'enfants,
on en trouvera un très petit nombre qui, pour la taille, seront
en avance ou en retard de quatre ans ; quatre ans d'écart par
rapport à la moyenne est l'écart maximum qu'on puisse
observer. Il n'en est pas de même pour les têtes : les écarts de
quatre ans et même supérieurs à quatre ans ne sont pas rares
chez les normaux. Nous avons vu sur des épaules de quatorze
ans des têtes qui n'avaient qu'un développement de sept ans.
Technique. — D'abord, une question de technique. Gomment
une tête se mesure-t-elle? Il est bien entendu que ce n'est pas là
une affaire de coup d'œil; un œil exercé juge qu'un écolier a
une tête de volume anormal, mais on ne sait jamais deviner avec
précision qu'elle est la valeur de l'anomalie, et de combien de
millimètres cette tête est en excès ou en défaut relativement à
un diamètre normal. Il faut employer des instruments.
Quels instruments? On a préconisé les plus simples et les
plus compliqués. Les uns ont fait construire des céphalo-
mètres monumentaux qui ne marchent admirablement qu'en
théorie; d'autres ont employé le conformateur des chapeliers,
qui est fort ingénieux, mais manque de précision; d'autres MÉMOIRES ORIGINAUX 4
enfin ont eu recours au simple ruban de la couturière; il
suffirait assure-t-on pour mesurer convenablement la circonfé
rence horizontale de la tête; peut-être chez les garçons; mais
on ne pourrait pas employer ce moyen avec les jeunes filles, à
cause de leur chevelure abondante; et de plus, on doit se
méfier des rubans métriques, car ils sont souvent mal gradués
et ils s'allongent à l'usage. Le procédé qui prévaut aujourd'hui
consiste à ne pas mesurer des circonférences, mais des dia
mètres ou des hauteurs en projection; cela exige quelques
connaissances d'anatomie pour la détermination des points de
repère osseux; cependant, j'ai pu enseigner à plusieurs insti
tuteurs, qui n'étaient point anatomistes, ces procédés de mens
uration, et ils s'en tiraient très bien, comme j'ai pu le con
trôler, et ils ne commettaient que des erreurs tolérables. Je
renvoie pour ces détails aux ouvrages techniques, me conten
tant de dire ici qu'avec deux instruments, appelés compas
d'épaisseur, et compas-glissière, on prend les mesures suivantes,
les plus usités de toutes : le diamètre de la tête en longueur et
en largeur, la hauteur du crâne, le diamètr

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