Les villes dans les nouveaux États d Afrique occidentale - article ; n°13 ; vol.4, pg 65-80
17 pages
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Description

Tiers-Monde - Année 1963 - Volume 4 - Numéro 13 - Pages 65-80
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bakary Kamian
Les villes dans les nouveaux États d'Afrique occidentale
In: Tiers-Monde. 1963, tome 4 n°13-14. pp. 65-80.
Citer ce document / Cite this document :
Kamian Bakary. Les villes dans les nouveaux États d'Afrique occidentale. In: Tiers-Monde. 1963, tome 4 n°13-14. pp. 65-80.
doi : 10.3406/tiers.1963.1318
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1963_num_4_13_1318LES VILLES
DANS LES NOUVEAUX ÉTATS
D'AFRIQUE OCCIDENTALE
par Bakary Kamian (i)
A l'exception de la République longtemps nominale du Libéria, toute
l'Afrique occidentale au sud du Sahara, Nigeria comprise, était constituée
de territoires coloniaux vers les années 1928-1931, à un moment où les
Empires coloniaux, faute de terres nouvelles à coloniser, s'étaient sta
bilisés dans le monde, notamment en Afrique. Après la guerre 193 9-1 945,
le grand processus de la décolonisation est déclenché, des États indé
pendants naissent dans les anciennes colonies françaises, anglaises,
hollandaises, portugaises et japonaises. En 1960-61, à part une fraction
de la Guinée et de la Gambie encore restées aux mains des Portugais et
des Anglais, tous les anciens territoires coloniaux de l'Ouest africain
sont devenus indépendants; onze États les remplacent : ce sont la
Côte-d'Ivoire, le Dahomey, le Ghana, la Guinée, la Haute- Volta, le
Mali, le Niger, la Nigeria, le Sénégal, la Sierra-Leone et le Togo, sans
oublier la saharienne Mauritanie, « pont entre le Maghreb et l'Afrique
noire ».
Dans ces nouveaux États souverains, la croissance des villes, son
incidence ethnique et les problèmes politiques et sociaux qu'elle suscite
constituent un des traits majeurs de la géographie humaine.
Dans l'Ouest africain précolonial et colonial, j usqu'à la guerre 1939-45,
villes et campagnes étaient peu différenciées, il y avait peu de villes,
mais surtout de grosses agglomérations à caractère plus rural qu'urbain.
Deux villes seulement, Ibadan (240000 hab. en 193 1) et Lagos
(120000 hab.) dépassaient 100 000 habitants. En 1961, 15 cités ont
(1) Professeur au Lycée Askia-Mohamed à Bamako. Diplômé d'Études supérieures de
géographie. Nombreuses missions en différents États d'Afrique noire. A publié diverses
études sur le Mali.
65 BAKARY KAMIAN
plus de ioo ooo âmes, 27 autres en ont plus de 50 000 chacune. La popul
ation ouest-africaine passa de 46 à 74 000 000 d'habitants en 30 ans,
cependant que la proportion des citadins ou des gens considérés comme
tels s'accrut à un rythme plus vertigineux encore.
En 1928, 40000 Européens, surtout Anglais et Français, vivaient
en Afrique de l'Ouest. En 1956, la population française du Sénégal
seul dépassait ce chiffre avec 48 000 unités. Dakar, avec 34 013 Français,
et Abidjan avec 8553 Français comptaient à elles deux plus d'Européens
que tout l'Ouest africain il y a un quart de siècle.
Les Européens, venus en grand nombre pendant et après la guerre
1939-45, ont créé ou développé des villes, foyers de contacts entre
colonisateurs et colonisés, agglomérations aux habitations confortables
où ils résident, importantes par la masse de leur population d'au moins
5 000 âmes, exerçant des professions essentiellement administratives,
intellectuelles, religieuses, commerciales, militaires, minières et por
tuaires. Dans ces nouveaux foyers, les Noirs sont accourus pendant la
période coloniale et accourent de nos jours par milliers. Les notions de
races, disons d'ethnies, s'émoussent, se perdent peu à peu suivant un
rythme variable d'un État à l'autre dans ces tours de Babel. Une ass
imilation spontanée se produit, qui inculque aux nouveaux immigrants
une psychologie nouvelle.
Socialement, politiquement, économiquement, la ville prend chaque
jour un plus grand rôle dans l'évolution africaine, car c'est d'elle que
partent désormais les directives politiques et administratives, la mode,
les capitaux pour le développement économique des campagnes.
L'ESSOR URBAIN EN AFRIQUE OCCIDENTALE APRÈS 1945
QUELQUES DONNÉES STATISTIQUES
Pour mesurer toute l'importance de la place des villes dans les cam
pagnes qui les entourent, il faut tout d'abord se reporter à quelques
données statistiques et à quelques images classiques telles 'que : rues
*
goudronnées et soigneusement bordées de trottoirs, maisons qui se
serrent les unes contre les autres et s'étirent en hauteur pour économiser
l'espace, vitrines chatoyantes des magasins, lumières ardentes qui font
rougeoyer le ciel ; plus encore, grouillement des hommes et des véhi
cules qui se croisent avec peine aux carrefours.
En 193 1, les capitales des n nouveaux États indépendants d'Afrique
occidentale entre le fleuve Sénégal et le mont Cameroun groupaient
66 LES VILLES DANS LES NOUVEAUX ÉTATS D'AFWQUE OCCIDENTALE
ensemble 327000 habitants, soit moins que Dakar ou Accra en i960.
Trente ans plus tard, la population de ces mêmes villes (Abidjan, Accra,
Bamako, Conakry, Dakar, Freetown, Lagos, Lomé, Niamey, Ouaga
dougou et Porto-No vo) se chiffre à près de 2 000 000 d'âmes, soit
6 fois plus qu'en 193 1. Certaines des villes ouest-africaines ont grandi
en villes-champignons, doublant, triplant leur population en 10 ans :
Accra est passé de 60000 à 400000 entre 193 1 et i960; pendant la
même période, Abidjan est passé de 9 000 habitants à 210 000, Niamey
de 1 600 à 3 5 000, Lomé de 6 000 à 73 000, Lagos de 1 20 000 à environ
un demi-million, Bouaké de 5 000 à 50 000, Dakar de 47 500 à 364 000,
Ibadan de 240000 à plus de 750000. Dans les États de l'ancienne
A.O.F., les agglomérations de plus de 5 000 habitants, au nombre
de 35, ont doublé aujourd'hui. Parmi ces agglomérations, les dix plus
peuplées renfermaient ensemble : 145 382 habitants dont 6 967 Européens
représentant 4,79 % du total. Vingt-cinq agglomérations ont aujourd'hui
plus de 20 000 habitants chacune contre 2 (Dakar : 3 3 679 et Porto-Novo :
21 643 hab.) en 1926.
Entre les deux guerres mondiales, les relations commerciales se déve
loppent entre l'Europe et l'Asie d'une part, et l'Afrique de l'autre.
Ports et gares se créent ou s'agrandissent. En même temps l'adminis
tration coloniale fait des progrès pour contrôler le pays et fonde de
nouveaux centres administratifs. Banques et industries, cinémas et
pharmacies, font leur apparition, amenant avec eux leur personnel métrop
olitain. Puis viennent les années de guerre 1939-45, les restrictions,
la rareté des produits manufacturés. La ville était le lieu où l'on pouvait
trouver quelques articles de quincaillerie et quelques tissus au prix du
marché noir.
Après la guerre on enregistra en Afrique occidentale une poussée
urbaine sans précédent qui s'accentue avec l'accession à l'indépendance
des anciennes colonies françaises et anglaises comme l'indique le
tableau n° I.
Avec l'accession à la souveraineté politique, les nouveaux orga
nismes des États et les industries dans le cadre des divers plans de
développement nationaux se créent ou s'installent dans les villes. Des
paysans accourent vers la ville, en particulier vers la capitale au-dessus
de laquelle il n'y a plus rien, y viennent s'imprégner de l'esprit des
partis politiques et des gouvernements, recevoir les mots d'ordre,
se ravitailler en produits manufacturés. Ils viennent aussi en ville pour
67 BAKARY KAMIAN
les cinq raisons principales décrites en Afrique centrale dans les
études de M. Balandier sur les Brazzavilles noires :
i° Motifs d'ordre économique 5 ° % des départs en ville
2° L'attrait familial 20 - —
30 Le désir d'élévation sociale 15- —
4° Le rôle de refuge 10 - —
50 Les motifs divers 5- —
En définitive, dans ces créations coloniales que sont la plupart de
nos villes ouest-africaines, les Noirs sont toujours plus nombreux que
les Blancs. Avant l'indépendance politique, les deux communautés
noire et blanche ne se mêlaient guère. « La ségrégation est de règle, non
légale, comme au Congo belge, mais de fait. Les différences d'emploi,
de salaires et de traitements, de niveau de vie, d'habitudes, sont telles
qu'un rapprochement, à défaut de fusion, n'est guère con

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