Logiques héritées, nouvelles stratégies : les groupes capitalistes de Taïwan et Singapour face aux défis de l internationalisation - article ; n°124 ; vol.31, pg 735-762
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Logiques héritées, nouvelles stratégies : les groupes capitalistes de Taïwan et Singapour face aux défis de l'internationalisation - article ; n°124 ; vol.31, pg 735-762

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Description

Tiers-Monde - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 124 - Pages 735-762
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Catherine Paix
Michèle Petit
Logiques héritées, nouvelles stratégies : les groupes capitalistes
de Taïwan et Singapour face aux défis de l'internationalisation
In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°124. pp. 735-762.
Citer ce document / Cite this document :
Paix Catherine, Petit Michèle. Logiques héritées, nouvelles stratégies : les groupes capitalistes de Taïwan et Singapour face
aux défis de l'internationalisation. In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°124. pp. 735-762.
doi : 10.3406/tiers.1990.3954
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1990_num_31_124_3954AFFIRMATION ÉCONOMIQUE? QUELLE
LOGIQUES HÉRITÉES,
NOUVELLES STRATÉGIES :
LES GROUPES CAPITALISTES
DE TAÏWAN ET DE SINGAPOUR
FACE AUX DÉFIS
DE L'INTERNATIONALISATION
par Catherine Pak et Michèle Petit*
« Oie sauvage,
Longue est la route du Nord au Midi,
Des milliers d'arcs sont tendus sur son trajet,
A travers la fumée et la brume,
Combien d'entre nous arriveront à Heng-Yang ? »
Kuei-Meng • Dynastie des Tang.
Dans leurs grandes lignes, les réorientations qui ont marqué les écono
mies de Taïwan et de Singapour dans les années quatre-vingt ne sont pas
sans analogies : restructuration et reconversion de l'industrie dans des
secteurs de plus haute technologie, diversification et sophistication des
activités de services, expansion des opérations de production et/ou de
services aux échelles régionale et mondiale. Et dans les deux cas, elles
ont été de pair avec des taux de croissance élevés que la nouvelle vague
d'internationalisation du capital japonais dans la région a largement
soutenus.
Ces tendances générales ne doivent pas pour autant masquer les fortes
particularités de ces pays dont les dimensions, la nature de l'économie
et les formes d'intégration à l'extérieur sont peu comparables, ni
occulter les formes spécifiques d'intervention des firmes étrangères, du
* CNRS, Laboratoire strates, ura 142.
Revue Tiers Monde, t. XXXI, n» 124, Octobre-Décembre 1990 736 Catherine Paix et Michèle Petit
capital local et de l'Etat dans leur développement. Tout montre notam
ment que les groupes capitalistes locaux — dont la position économique
et les stratégies sont très dissemblables — pèsent de façon très différente
sur les formes actuelles de repositionnement de ces pays au sein de
l'économie et de l'espace mondiaux et sur le rôle qu'ils sont amenés à
jouer dans le processus de régionalisation de la zone Asie-Pacifique.
A Taïwan, où se sont constitués des groupes industriels importants
dont le développement a reposé sur de fortes protections intérieures et
sur des fonctions de sous-traitance pour les firmes multinationales, les
entrepreneurs locaux ont des difficultés certaines pour assurer les reconver
sions que leur imposent les nouvelles données de la concurrence inter
nationale et la libéralisation de l'économie. Ayant gardé la maîtrise
financière de leurs entreprises et assuré une modernisation continue de
leurs opérations en jouant de leurs liens avec les firmes étrangères, ils
semblent néanmoins disposer d'un certain nombre d'atouts pour amorcer
un processus d'internationalisation sur des bases leur ouvrant l'accès à
de nouveaux marchés, à de nouvelles compétences et à des secteurs de
plus haute technologie.
A Singapour, où la bourgeoisie, de tradition plus ancienne, s'est
constituée et consolidée sur la base de fonctions de médiation commerciale
et financière et à partir d'opérations spéculatives, les groupes capitalistes
locaux jouent aujourd'hui un rôle essentiel dans les fonctions d'intermé-
diation que veut remplir la ville entre les firmes transnationales — tout
particulièrement japonaises — et les Etats ou les entrepreneurs des pays
environnants. Peu tournés vers l'industrie dès l'origine, ils font preuve,
en revanche, de faibles capacités de saisir les occasions d'investissements
industriels dans la région et de se lancer dans les industries de haute
technologie et les services de pointe qui peuvent assurer à la ville-Etat
sa prééminence régionale.
Les formes d'insertion économique et les stratégies actuelles des bourg
eoisies de Taïwan et de Singapour renvoient ainsi à deux logiques très
différentes — logique de consolidation d'un capital industriel et d'auto-
nomisation économique croissante, logique commerciale et spéculative
fondée sur Fintermédiation — qui paraissent indissociables de la position
initiale des entrepreneurs et des bases sur lesquelles a reposé l'accumulation
à l'origine.
Il nous semble donc important de revenir sur l'histoire propre de ces
deux bourgeoisies en insistant sur les situations, tant internes qu'externes,
qui ont été constitutives de leurs logiques initiales et sur les stratégies à
partir desquelles elles ont assuré l'apparente continuité de ces logiques
à chaque étape du processus d'accumulation. Logiques héritées, nouvelles stratégies 1У1
A TAÏWAN : RECHERCHE D'AFFIRMATION IDENTITAIRE
ET PROGRESSION CONTINUE DANS L'INDUSTRIE
Le processus d'industrialisation engagé par Taïwan dans les années
cinquante s'est appuyé sur la formation d'un tissu très dense de petites
et moyennes entreprises et sur l'ascension d'un petit nombre de groupes
industriels1 dont le rôle au sein de l'économie est important, mais dont
le niveau de concentration demeure limité.
Créés par des Taïwanais et par des entrepreneurs originaires de Chine
continentale qui avaient suivi le gouvernement nationaliste à Taïwan
en 1949, ces groupes doivent pour partie leur ascension initiale à une
intervention directe de l'Etat dans les années cinquante, pour partie à
un rapprochement avec des firmes étrangères à partir du milieu des
années soixante, lorsque celles-ci ont commencé à délocaliser leurs product
ions de main-d'œuvre à Taïwan. Et la politique très dirigiste du gouver
nement en faveur du développement d'une industrie nationale — qui a
consisté à soutenir de grandes entreprises dans les secteurs de substitution
d'importations, tout en développant un tissu très diffus de sous-traitance
industrielle pour l'exportation — explique en grande partie leur renfor
cement dans l'industrie et leur niveau de concentration relativement limité.
Si les 100 groupes qui contrôlent les entreprises les plus importantes
du pays détenaient 25,6 % des avoirs industriels au début des années quatre-
vingt, leur poids économique n'est ainsi pas comparable à celui de leurs
puissants voisins coréens : alors que le chiffre d'affaires de Samsung,
premier des jaebuls coréens, atteignait 27,3 milliards de usd en 1989,
celui des premiers groupes industriels de Taïwan oscillait à la même date
entre 5,8 et 1,2 milliards de usd8. Certains sont toutefois à la tête de
firmes de dimension internationale qui les situent aux premiers rangs
mondiaux dans leur branche, tel Formosa Plastics, premier conglomérat
privé, qui est le plus grand fabricant de polyvinyle du monde. Et si les
entreprises qu'ils ont développées restent de dimension très inférieure à
celles du secteur public, les 100 premières d'entre elles assuraient en 1984
22% de la production industrielle et 13,6% des exportations8.
1 . Ces groupes n'ont pas d'existence juridique ; ils sont formés d'entreprises indépendantes,
mais qui appartiennent en majorité à un même ensemble de personnes, et qui sont reliées à une
société mère par des participations de capital ou au niveau de la gestion.
2. Formosa Plastics, 5,8 milliards d'usD ; Far Eastern Textile Corporation, 2 milliards
d'usD, et Tatung, premier fabricant d'électronique ménager, 1,2 milliard d'usD. Source : Far
Eastern Economie Review, 11 janvier 1990.
3. Au début des années quatre-vingt, les entreprises publiques contrôlaient 26 % des avoirs
industriels, assuraient 15 % de la production industrielle et le montant de leurs chiffres d'affaires Catherine Paix et Michèle Petit 738
Peu concentrés, ces groupes sont par ailleurs très spécialisés dans
l'industrie4, tout spécialement dans un domaine de production, et les entre
preneurs qui les dirigent n'ont cessé de consolider leur position économiq

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