Malthus démenti ? Sous-peuplement chronique et calamités démographiques en Sardaigne au bas Moyen Âge - article ; n°4 ; vol.30, pg 684-702
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1975 - Volume 30 - Numéro 4 - Pages 684-702
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

John Day
Malthus démenti ? Sous-peuplement chronique et calamités
démographiques en Sardaigne au bas Moyen Âge
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 30e année, N. 4, 1975. pp. 684-702.
Citer ce document / Cite this document :
Day John. Malthus démenti ? Sous-peuplement chronique et calamités démographiques en Sardaigne au bas Moyen Âge. In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 30e année, N. 4, 1975. pp. 684-702.
doi : 10.3406/ahess.1975.293640
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1975_num_30_4_293640MALTHUS MENTI SOUS-PEUPLEMENT
CHRONIQUE ET CALAMIT MOGRAPHIQUES
EN SARDAIGNE AU BAS MOYEN AGE
Le surpeuplement rural une très grande partie de Europe occidentale la
suite de expansion démographique des -xni6 siècles est plus mettre en
doute depuis les recherches récentes et concordantes de nombreux spécialistes
de économie et de la société médiévales Il agit une constatation fondée soit
sur les densités de peuplement enregistrées vers la fin de cette période souvent
égales celles du xvine voire du xixe siècle pour les mêmes circonscrip
tions) soit sur évidence de tout un enchaînement effets malthusiens
tenures de plus en plus réduites terres épuisées et abandonnées endettement
paysan hausse tendentielle des prix des blés crises répétées de subsistances
Si on est unanime présent reconnaître cette situation de départ dûment
nuancée selon les régions en fonction des activités particulières exercées et de la
productivité agraire) on est loin être accord sur le sens donner aux morta
lités et épidémies qui caractérisent la période suivante et la grande dépression
démographique qui en résulte
Pour les historiens malthusiens ces désastres sont la conséquence prévisible
et étant donnés les blocages techniques les faibles rendements de agri
culture médiévale presque inéluctable de la surcharge humaine est
toujours la conviction de M.M Postan qui avait ouvert le débat dans un article
célèbre il plus de vingt ans et qui écrit nouveau Au début du
xive siècle et peut-être avant le surpeuplement relatif était assez grand pour
faire monter le taux de mortalité un niveau exorbitant est opinion
également de Georges Duby pour lequel évolution des taux de mortalité
porte un dernier témoignage le plus probant sur la charge démographique ex
cessive qui accablait certaines campagnes Occident la fin du xnie siècle
Pour école néo-malthusienne ce est pas principalement la hausse de la
mortalité mais plutôt la baisse de la natalité déterminée par appauvrissement
des classes rurales trop nombreuses qui est en cause La surface arable
comme assure Leopold Genicot ne accroissait plus au contraire elle se
contractait Ceci aurait conduit une diminution délibérée des naissances et
freiné en premier le progrès démographique Dans le cas précis du contado de
Pistoia étudié par Herlihy un lan hunger exacerbé qui remonte peut-être
aux premières décennies du xnie siècle contraint les paysans appauvris prati
quer une politique de limitation de naissances qui aurait fait honneur Malthus
684 DAY MALTHUS MENTI
lui-même Par conséquent pour Herlihy comme pour Genicot les
premières famines et mortalités du xive siècle frappent une population déjà en
perte de vitesse sinon franchement en baisse
Du côté des populationistes multiplier les hommes est multiplier les
richesses Robert Delatouche élève énergiquement contre le pessimisme
malthusien de tous bords En premier lieu expansion démographique des xie-
xiue siècles est la cause et non la conséquence du progrès des techniques agri
coles 10 et agriculture médiévale aurait été bien capable histoire le démontre
de résoudre le problème de surpeuplement relatif en pratiquant notamment la
culture la main améliorant ainsi la productivité hectare En Alsace par
exemple vers la fin de la période expansion et en raison de la pléthore de
main-d uvre on remarque en effet le progrès de la culture intensive la
jachère noire fait place la jachère verte etc.)11 Cependant les difficultés
enchaînent la mise en culture des communaux entraîne la diminution du
cheptel les terres blé faute de fumier sont rapidement épuisées Et en fin de
compte pour Henri Dubled comme pour les malthusiens étroite observance
ce sont les mortalités et les pestes qui mettent fin définitivement la tension
démographique dangereuse de la fin du xine siècle
Pour les historiens marxistes on le sait la démographie elle seule ne
saurait expliquer le sens profond de la crise du Bas Moyen Age Ils accusent
plutôt les contradictions du mode de production féodal Le surpeuplement du
xme siècle était le fruit un système économique vicieux qui consommait
plus il investissait Hilton)12 Pierre Vilar sans minimiser comme
jadis historien soviétique Kosminsky 13 la gravité des pertes humaines au Bas
Moyen Age met en cause lui aussi le système féodal qui empêche le nouveau
pas en avant dans le domaine de la technique agricole nécessaire pour
rétablir équilibre précaire entre population et production 14
Comme on peut le constater après cet échantillon auteurs presque
personne hui il soit de tendance malthusienne populationiste ou
marxiste ne doute que Europe occidentale dans son ensemble regorgeait
hommes au moment où interviennent les grands fléaux du xive siècle
Or cette donnée de base si elle est sans doute vraie pour une bonne partie
du continent 15 ne peut plus être retenue dans le cas particulier qui nous
intéresse ici La Sardaigne restait encore au début du xive siècle un pays de
peuplement clairsemé manifestement sous-peuplé par rapport aux terres poten
tiellement productives aussi bien que par rapport aux techniques agricoles si
primitives fussent-elles Dans de telles circonstances la stricte logique malthu
sienne voudrait que les désastres démographiques frappent si ose dire en
douceur Il en est rien Au contraire aucune région de Europe été plus
cruellement éprouvée que la Sardaigne par les famines épidémies et violences
du Bas Moyen Age ni avec des effets aussi durables Bref en tout état de cause
un modèle non malthusien impose ici aussi bien pour la situation démographi
que de départ que pour les conséquences économiques et sociales de la grande
saignée des xive et xve siècles
Historiens et géographes de la Sardaigne depuis Gian Francesco Fara dont
le De Chorographia Sardiniae date de 1586 16 ont été hantés par le problème du
685 MOGRAPHIE ET SOCI
sous-peuplement rural pour beaucoup cause déterminante sinon unique de la
pauvreté chronique de leur île et se situant ainsi au ur de éternelle questione
sarda Ils ont considéré le phénomène sous optique suggérée jadis par Fara lui-
même point de départ obligatoire toute étude historique du problème est-à-
dire en comptabilisant les localités existantes époque judicale ou époque
pisane ééé siècles) et en confrontant le résultat avec le nombre de localités
recensées au début des temps modernes on ainsi constaté que la moitié des
villages sardes avait été tout simplement rayée de la carte au Bas Moyen Age
On attribue cette solitude qui afflige le voyageur et rend hardi le
délinquant 17 la guerre aux barbaresques la violence et insécurité endé
miques banditisme vendetta luttes de clocher pastoralisme guerrier comme
dit Fernand Braudel) la malaria la fiscalité effreinée des nouveaux maîtres
En fait tous les maux qui caractérisent de fa on particulière la première
période aragonaise
Nous avons essayé nous-mêmes apporter quelques précisions ordre
géographique cette représentation globale du problème18 Il en résulte
notamment que les zones élevage en particulier les montagnes de la
Barbagia et le pays de Nuoro ainsi que certaines régions où il semble avoir
existé une sorte équilibre entre labourage et élevage ont été largement
épargnées Mais par contre les zones céréalières liées aux marchés de Cagliari
dans le sud et de Sassari dans le nord ont été durement touchées Cette consta
tation permet accuser en même temps la mauvaise conjoncture la crise
agraire sans pour autant minimiser importance des facteurs catast

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