Métis de Français et de Néo-Calédonien - article ; n°1 ; vol.9, pg 10-19
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1886 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 10-19
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1886
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Langue Français

Extrait

Moncelon
Métis de Français et de Néo-Calédonien
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 9, 1886. pp. 10-19.
Citer ce document / Cite this document :
Moncelon . Métis de Français et de Néo-Calédonien. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 9,
1886. pp. 10-19.
doi : 10.3406/bmsap.1886.4852
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1886_num_9_1_4852SÉANCE DU 7 JANVIER 1886. 10
CANDIDATURES.
M. Moncelon (Léon), membre du Conseil supérieur des
colonies, délégué de la Nouvelle-Calédonie, présenté par
MM. J. Vinson, Hervé et Blanchard, demande le titre de
membre titulaire.
ÉLECTIONS.
MM. Serrurier et Laguerre sont élus membres titulaires.
PRESENTATIONS.
Métis de Français et de IVpo-Calédonien \
PAR M. MONCELON.
Les métis à la Nouvelle-Calédonie. — II existe actuellement,
à la Nouvelle-Calédonie, un grand nombre de métis, prove
nant de race blanche et de race indigène. Ils sont générale
ment bien constitués et intelligents. Ils vivent, pour la plu
part, dans les tribus indigènes où les ont ramenés leurs mères.
Ils y vivent, malheureusement, dans les conditions les plus
fâcheuses; on n'ignore pas cette particularité dans l'adminis
tration locale; j'ai eu moi-même l'occasion de la signaler à
cette administration par différents articles dans les journaux
de Nouméa. Je suis heureux de pouvoir en donner ici quelques
extraits.
Nos enfants esclaves des Canaques. — II existe dans la brousse,
au milieu des indigènes, une masse d'enfants aux traits euro
péens; ces malheureux, abandonnés par leurs pères, ont
suivi les mères, également délaissées, dans tribus res
pectives; et là, à mesure que leurs forces le permettent,
ils deviennent les esclaves de ceux qui leur donnent l'igname
et le taro quotidiens.
La recherche de la paternité étant interdite par nos lois,
les auteurs de ces pauvres créatures sont hors de cause ;
quelle que soit leur misérable conduite, ils échappent à toute — MÉTIS DE FRANÇAIS ET DE NÉO-CALÉDONIEN. 11 MONCELON.
responsabilité, à toute répression ; ils peuvent en toute sécu
rité procréer et abandonner à la souffrance, livrer au vice et
à la sauvagerie ces produits de leur sang, et notre société
s'est interdit le droit de leur demander compte de leur con
duite barbare... Mais le gouvernement républicain doit-ilassis-
teràce spectacle honteux sans s'émouvoir? Un peuple civilisé
peut- il voir ses enfants retourner, par sa faute, à la vie
primitive d'Indiens anthropophages ? Et ne savons-nous pas
tous qu'un jour ces métis abandonnés, entraînés par ceux
qui les ont recueillis, se livreront sur nous à tous les excès
dont leurs parents adoptifs sont capables?
Voilà, messieurs les administrateurs, des considérations
bien faites pour vous émouvoir et provoquer, de votre part,
des mesures effectives, sérieuses. J'ai essayé, moi qui vous
parle, de retirer un de ces petits innocents des griffes de ses
maîtres ; ma mère a voulu se charger de le soigner, de l'élever;
il nous a été énergiqueraent refusé : cet enfant fait déjà les
corvées du village ; il fait les courses et le service des vieux ;
dans quelques années il pourra manœuvrer le piquet qui
plante les ignames ; il va devenir une force dont on abusera
pour le bien-être de la communauté ; les Canaques, qui
spéculent sur les bras, ne sont pas assez bêtes pour le rendre
aux blancs, qui l'ont abandonné à leur exploitation ! J'ai
demandé à l'acheter... Un garçon? Allons donc ! Si c'eût été
une fille, elle serait chez moi ; une fille, c'est bon à pas grand'-
chose ; mais des garçons, ça travaille les taros et les ignames ;
quand on en peut trouver, on les garde.
Mais si l'Etat s'est interdit le droit de dire à un père déna
turé : a Tu dois garder et élever ton enfant !» il a dû prévoir
les conséquences funestes de sa décision, et, s'il n'a pas su
les prévoir, il doit aujourd'hui être édifié par le spectacle si
triste auquel nous assistons. En France, on a pris des mesures
atténuantes ; en Nouvelle-Calédonie, ces mesures sont insuf
fisantes.
Toute une génération, qu'on s'accorde à trouver intelligente,
passe, par notre faute, à l'état de sauvagerie, c'est-à-dire 12 SÉANCE DU 7 JANVIER 1886.
tourne contre nous ; cette négligence, cet abandon est un
crime, sans circonstances atténuantes. Si l'Etat ne cherche
pas le père, il doit en prendre la place et en remplir les
obligations.
On ne doit pas regarder à la dépense considérable qu'oc
casionnera la création d'orphelinats bien compris, largement
constitués, d'où les pauvres abandonnés sortiront bons ou
vriers et bons citoyens ; la France, si prospère et si bonne
mère, n'épargnera jamais ses ressources, quand il s'agira de
sortir quelques-uns de ses enfants de la barbarie et de la
fange ; il ne s'agit que de lui signifier une misère, pour
qu'elle y apporte remède et consolation.
Eh bien ! messieurs nos gouvernants, puisque cette œuvre
indispensable vous sera facilitée par les larges dispositions de
la mère patrie, puisque cette reuvre," si digne et si belle, est
en même temps si aisée a mettre en exécution, n'hésitez pas
à l'accomplir ; tendez la main à tous ces petits êtres aban
donnés et que leur délaissement fait vos enfants! allez les
chercher tous dans ces huttes, où ils apprennent le vice et
la haine, où ils sont les esclaves des cannibales, eux les
enfants de la France ; apprenez-leur à aimer leur grande et
belle patrie en en faisant des hommes, en leur donnant la part
à laquelle ils ont droit dans les bienfaits de notre civilisation.
Depuis cette époque, mai 1881, le jeune enfant dont il est
question dans l'article qui précède a été recueilli sur mon
habitation; c'est ce grand garçon que j'ai l'honneur de vous
présenter aujourd'hui, messieurs, et qui peut avoir environ
onze ans.
Je tiens, messieurs, puisque l'occasion s'en présente et
pour vous mettre bien au courant de la situation intéressante
des métis à la Nouvelle-Calédonie, à reproduire ici l'article
que je publiais, sur cette question qu'il résume, le 22 mai
1883, dans un journal de Nouméa : le Néo -Calédonien.
Les métis abandonnés, en Nouvelle-Calédonie. — Bien des
fois déjà ce journal a appelé l'attention sur le sort intéres
sant des jeunes métis éparpillés dans la brousse, abandonnés MONCELOX. — MÉTIS DE FRANÇAIS ET DE NÉO-CALÉDONIEN. i3
des blancs et livrés aux Canaques, qui en font leurs esclaves.
Les circonstances nous font un devoir de revenir aujour
d'hui sur cette question.
La commission, dite de la colonisation libre, en recherchant
les moyens de procurer à la colonie la main-d'œuvre qui lui
manque, ne pouvait oublier cette classe de parias, appelée
très certainement, si on sait prendre des mesures convenables
à son égard, à fournir des hommes précieux à l'agriculture.
Nous avons proposé à la commission de réunir à Yahoué
tous les métis délaissés et de leur donner là les premiers él
éments de l'agriculture et des divers métiers s'y rattachant.
Yahoué deviendrait ainsi une véritable école professionnelle,
où les colons pourraient se procurer de bons serviteurs et des
contremaîtres intelligents et exercés.
Une fois les frais d'établissement faits, l'école, bien dirigée,
pourrait se fournir et presque s'entretenir elle-même. Il ne
s'agirait point, en effet, de parquer des enfants, des jeunes
gens, et de les héberger dans un hôtel où tout leur tomberait
des mains administratives ; il faudrait apprendre à ces en
fants, à ces jeunes gens, destinés au rude métier de cultiva
teur, car nous visons surtout ce but, à se suffire eux-mêmes,
comme ils devront forcément le faire plus tard. Par des cul
tures bien conduites, ils arriveraient facilement à procurer à
l'établissement le riz, le maïs, les racines et les légumes qu'

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