Néo et post-modernisme : la mode architecturale comme discours public réaménagé - article ; n°1 ; vol.35, pg 7-20
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Description

Quaderni - Année 1998 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 7-20
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 217
Langue Français

Extrait

Christophe Gibout
Néo et post-modernisme : la mode architecturale comme
discours public réaménagé
In: Quaderni. N. 35, Printemps 1998. pp. 7-20.
Citer ce document / Cite this document :
Gibout Christophe. Néo et post-modernisme : la mode architecturale comme discours public réaménagé. In: Quaderni. N. 35,
Printemps 1998. pp. 7-20.
doi : 10.3406/quad.1998.1337
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1998_num_35_1_1337Politique
NEO ET POST-MODERNISME :
LA MODE ARCHITECTURALE COMME
DISCOURS PUBLIC RÉAMÉNAGÉ
CHRISTOPHE GIBOUT
ucune ville importante ne peut se passer de
44 monuments qui spécifient son identité, de qui soient le totem de la ville...
A
Des monuments, par conséquent, des mo
numents qui symbolisent la ville et des mo
numents, si possible, porteurs de sens... Les
monuments sont une des composantes de
l'esthétique urbaine, et c'est à eux que l'on
pense le plus souvent quand on pense à
une ville" (1). Jean Rivero pointe ici l'ambi
tion de nos édiles : la volonté de marquer
leur cité d'empreintes indélébiles, et, si poss
ible, y faire associer leur nom. Des césars
d'hier aux élus d'aujourd'hui, tous parent
les lieux où s'exercent leurs pouvoirs. Ils
veulent, pour paraphraser Marc Auge (2),
constituer un centre monumental qui tout à
la fois matérialise et symbolise leur aspira
tion à être centre d'une région de dimens
ion variable. Si les choix opérés lors de cette
constitution sont politiques, ils n'en con
cernent pas moins l'organisation spatiale de
la cité ainsi que sa vision esthétique. Trois
domaines sont donc ici intimement liés: le
politique, l'architecture et l'esthétisme. Cette
collusion est d'ailleurs quasi ancestrale dans
notre pays. Ainsi que le notait Philippe
Genestier (3), il existe, partant des XVIIème
et XVIIIème siècles une "tradition monarc
hique française" qui vise à "raviver la mag
nificence" de notre architecture, à "défïnir
Docteur Université Chargé en Sociologie, de de Poitiers cours, le bon goût", et dont "le dernier avatar se
rait représenté par les grands projets du Pré-
QUADERNI N°35 - PRINTEMPS 1998 NEO ET POST-MODERNISME ARCHITECTURAL 7 sident". Il serait, cependant, fort injuste le duo Chemotov-Huidobro. Aussi, les es
d'oublier nos "potentats locaux", maires, thètes s'étonnent, par-delà le trio de choc
présidents de conseil général ou régional, révélé par les grands travaux mitterrandiens
qui, de Montpellier à Lille, de Lyon à Tours (Nouvel, de Portzamparc, Perrault), de ce
ou à Nîmes, ont ou ont eu, eux aussi, leurs succès remporté, un peu partout autour de
"grands projets" (4). De quelque couleur la planète, par la nouvelle génération archi
tecturale française. De même, les curieux politique qu'ils soient, de taille fût
s'interrogent quant à savoir ce qui, avec un la collectivité locale dont, comme élus du
cahier des charges souvent précis voire peuple, ils ont la responsabilité temporaire,
les édiles ne semblent que difficilement ré pointilleux, différentie véritablement les pro
sister à cette tentation d'inscrire leur nom à jets concurrents et quelles conceptions du
l'histoire du patrimoine local ou national. bâtiment public, et plus globalement de la
ville, sourdent des plans et autres maquett
Depuis quelque temps, de la presse spécial es. Les citoyens, principalement en raison
isée aux propos tenus çà et là dans la presse du coût de ces nouvelles constructions,
généraliste ou au cours des campagnes élec parfois au vu de l'esthétique qui est rete
torales, des réflexions sur le regain architec nue, veulent légitimement savoir sur quels
tural se font jour dans la société française. critères la décision repose et quelles raisons
Les profanes, à l'occasion de projets import obscures se cachent derrière la nouvelle
ants faisant l'objet de couverture médiati hystérie monumentaliste française. Les po
que (Très Grande Bibliothèque, Stade de litiques, obligés de trancher dans les multi
France, Grand Louvre...), ne comprennent ples propositions qui leur sont faites lors
pas toujours les luttes ou les différences qu'ils lancent des appels d'offres veulent
qui se font jour entre les différents concept connaître, au-delà des querelles de person
eurs. Depuis quelque temps, la littérature nes ou d'écoles professionnelles, quelles
spécialisée étrangère (5) s'extasie devant les luttes profondes émergent des projets et
réalisations de créateurs français formés réalisations des architectes de notre temps.
dans la mouvance de mai 1968, du stade Les professionnels de l'architecture, con
Charléty version Gaudin aux mythiques stu frontés à la mondialisation de la concurrence
dios de Babelsberg reconstruits par Valode sur les projets les plus importants et les plus
et Pistre ou encore de l'Opéra de Shanghai à même de leur apporter notoriété et recon
édifié par Charpentier à la Grande Galerie du naissance, désirent trouver des arguments
Muséum d'Histoire Naturelle repensée par supplémentaires pour les aider, à l'instar
8« NEO ET POST-MODERNISME ARCHITECTURAL QUADERNI N°35 - PRINTEMPS 1998 d'Odile Decq, de Raffy, de Jourda et dés. Il y a dès lors, et jusqu'à aujourd'hui,
Perraudin, à accélérer leur implantation sur une cassure dans le comportement de deux
les différents marchés du monde (6). Autant types d'architectes, "l'un manifeste une to
de questions qui rendent plus que nécess tale indifférence à la dimension historique
aire un nouvel essai de réflexions sur le du lieu, il raisonne en termes de projet et
sens à donner tant à cet évident renouveau non de continuité, c'est-à-dire qu'il part d'un
bâtisseur qu'à cette plus surprenante renais point zéro pour s'orienter vers un futur lui
sance architecturale française. même non conçu comme historique. L'autre
accumule les justifications historiques
Néo-modernistes contre post-modernistes comme des strates successives et s'efforce
d'en révéler l'existence, ce qui bien souvent
Loin d'être unitaire, l'architecture française le conduit à fabriquer artificiellement l'his
toire" (8). contemporaine se divise, dans les faits, en
deux tendances très distinctes "selon le prin
cipe schématique qui oppose les "transpar Cette division entre deux types d'architect
ents", étiquetés comme indifférents à la ville es et deux conceptions de l'architecture
(Nouvel, Perrault, Soler...) et les "urbains" renvoie pratiquement à celle des modernes
(Ciriani, Gaudin, Grumbach, de Portzamp et post-modernes. David Harvey (9) situait
arc...)" (7). Alors que les premiers voient la première coupure radicale, dès l' entr
d'abord dans la ville une construction des edeux-guerres, entre ces deux tendances
Hommes pour les Hommes, les seconds la dans "la manière de regarder et d'appréhen
comprennent avant tout comme un lieu de der l'espace. Alors que les modernistes
production et d'expression artistiques. Pour voient l'espace comme quelque chose de
les uns, la ville est avant tout "humaine", vant être mise en cause dans des buts so
pour les autres, elle demeure "esthétique". ciaux, les post-modernistes voient l'espace
De fait, cette distinction trouve sa première comme quelque chose d'indépendant et
expression au cours des années 1960 avec autonome, devant être formé en accord avec
le débat, impliquant autour des profession des principes esthétiques, lesquels n'ont
nels tout un ensemble d'élus nationaux et nécessairement rien à voir avec un quelcon
des grands commis de l'État, autour de l'idée que objet social prépondérant". Juxtapo
de patrimoine. Cette dernière notion triom sant ces derniers, propos, nous pouvons
suggérer l'assimilation des "urbains" aux pha avec la promulgation, en 1962, de la loi
dite "Malraux" sur les secteurs post-modernistes, et la qualification de "néo-
QUADERNI N°35 - PRINTEMPS 1998 NEO ET POST-MODERNISME ARCHITECTURAL 9 modernistes" aux "transparents". En plantent les décors. Par leurs choix, ils orien(10)
effet, les "transparents" renouvellent la fa tent les act

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