Noi e gli altri, l enjeu migratoire, miroir de la crise politique italienne - article ; n°1 ; vol.11, pg 55-69
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Pôle Sud - Année 1999 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 55-69
L'originalité de l'Italie, dans l'ensemble sud-européen, réside tout d'abord dans la politisation du thème de l'immigration. Cette politisation se réalise aussi dans un sens spécifique : non seulement on y retrouve le balancement habituel entre nécessités répressives et volontés démocratiques, mais encore voit-on s y réaliser, par l'entremise de certains partis politiques, une naturalisation politique des thèmes xénophobes, sous la forme d'une équivalence symbolique entre insécurité et immigration. La dynamique des prises de position, dans les rapports interpartisans et dans la société civile, est prise dans le mouvement de la recomposition politique italienne. Ce contexte rend, plus qu'ailleurs, sensibles les effets de la confrontation à l'altérité sur les représentations de la Nation et de l'État, de la nationalité et de la citoyenneté, qui sont au principe de la crise politique italienne.
Within southern Europe, the specificity of the Italian approach to immigration is its degree ofpoliticisation. This has also taken a specific course : not only is there the usual balancing act between repressive necessities and commitments to democracy, but, through certain political parties, there has been a naturalisation of xenophobic themes which has taken the form of equating insecurity with immigration. The dynamics of this positionning, both in terms of inter-party relationships and in civil society, is caught up in the ongoing recomposition of Italian politics. More than in other countries, this context has made the effects of confronting the Other even stronger on representations of the nation, the state, nationality and citizenship, concepts which are all at the heart of the Italian political crisis.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Evelyne Ritaine
Noi e gli altri, l'enjeu migratoire, miroir de la crise politique
italienne
In: Pôle Sud, N°11 - 1999. pp. 55-69.
Résumé
L'originalité de l'Italie, dans l'ensemble sud-européen, réside tout d'abord dans la politisation du thème de l'immigration. Cette
politisation se réalise aussi dans un sens spécifique : non seulement on y retrouve le balancement habituel entre nécessités
répressives et volontés démocratiques, mais encore voit-on s y réaliser, par l'entremise de certains partis politiques, une
"naturalisation politique" des thèmes xénophobes, sous la forme d'une équivalence symbolique entre insécurité et immigration.
La dynamique des prises de position, dans les rapports interpartisans et dans la société civile, est prise dans le mouvement de la
recomposition politique italienne. Ce contexte rend, plus qu'ailleurs, sensibles les effets de la confrontation à l'altérité sur les
représentations de la Nation et de l'État, de la nationalité et de la citoyenneté, qui sont au principe de la crise politique italienne.
Abstract
Within southern Europe, the specificity of the Italian approach to immigration is its degree ofpoliticisation. This has also taken a
specific course : not only is there the usual balancing act between repressive necessities and commitments to democracy, but,
through certain political parties, there has been a naturalisation of xenophobic themes which has taken the form of equating
insecurity with immigration. The dynamics of this positionning, both in terms of inter-party relationships and in civil society, is
caught up in the ongoing recomposition of Italian politics. More than in other countries, this context has made the effects of
confronting the Other even stronger on representations of the nation, the state, nationality and citizenship, concepts which are all
at the heart of the Italian political crisis.
Citer ce document / Cite this document :
Ritaine Evelyne. Noi e gli altri, l'enjeu migratoire, miroir de la crise politique italienne. In: Pôle Sud, N°11 - 1999. pp. 55-69.
doi : 10.3406/pole.1999.1051
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pole_1262-1676_1999_num_11_1_1051Noi e gli altri, l'enjeu migratoire,
miroir de la crise politique italienne
par Evelyne Ritaine
FNSP/CERVL-IEP Bordeaux
Pôle Sud№ 11 - novembre 1999 -p. 55 à 69
Pourquoi, à un moment donné, la ques travail de mise en conformité, donc à une ins
tion de l'immigration devient-elle un enjeu cription sur l'agenda politique, dans de nomb
politique, non seulement problème suscept reux pays, et en Italie jusqu'en 1990, ce tra
ible de traitement public, mais aussi objet de vail s'effectue à bas bruit, dans les cercles
luttes partisanes et thème de mobilisations gouvernementaux et dans les réseaux
sociales ? Le sens commun prétend aisément d'experts. Ni les grands partis politiques, ni les
que l'accentuation de la pression migratoire spécialistes de la bureaucratie publique n'ont
est à l'origine de cette émergence dans l'arène tendance à débattre de cette question poten
publique. Or, dans le cas de l'Italie, les flux tiellement sensible dans l'arène publique.
d'immigration se sont intensifiés avec régular Pour qu'il y ait politisation du thème, il
semble bien qu'il faille que des acteurs poliité, depuis la fin des années 70, dans l'indif
férence publique et dans une relative tolérance tiques entreprennent d'utiliser celui-ci
sociale, du moins jusqu'au début des années comme une ressource dans leurs stratégies
90. De plus la faible ampleur du phénomène, politiques, contraignant ainsi leurs adversaires
les étrangers ne représentant pas plus de 2 % puis par contamination tous les
de la population résidente, n'autorise pas à acteurs sociaux concernés, à prendre position :
prendre cette explication mécanique au ce processus de politisation intervient
sérieux. Un argument plus élaboré est parfois d'autant plus facilement que les forces poli
avancé, qui invoque l'effet de la construction tiques sont plus fragmentées, donc les straté
européenne, en l'occurrence l'ouverture d'un gies de distinction entre partis plus néces
espace de libre-circulation intracommunauta saires, et qu'une crise politique majeure
ire. La volonté italienne de faire partie de bouscule tous les rapports de force, fragment
l'espace défini par les accords de Schengen, ation et crise caractéristiques de la situation
qui a instauré des obligations de contrôle du italienne dans les années 90. L'originalité de
territoire rendues encore plus évidentes l'Italie, dans l'ensemble sud-européen, réside
ensuite par leur intégration dans le Traité tout d'abord dans cette politisation du thème.
d'Amsterdam, les difficultés qu'a rencontrées Elle la réalise aussi dans un sens spécifique :
ce pays à être intégré dans l'espace de libre-cir non seulement on y retrouve le balancement
entre nécessités répressives et volontés démocculation, auraient ainsi contribué à l'inscrip
tion du thème migratoire dans les débats ratiques, classique dans les différents pays
publics1. Ce second facteur explicatif, quoique européens et au sein même des normes
plus pertinent, a cependant une portée limi de l'Union, mais encore voit-on s'y réaliser,
tée : en effet, même si l'existence de normes par l'entremise de certains partis politiques,
une "naturalisation politique" des thèmes européennes oblige les pouvoirs publics à un
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xénophobes, et, par contrecoup, une radicali- jalonnent ce parcours, la loi de 1990 dite loi
sation de la mobilisation antiraciste. Cepen Martelli, le décret-loi du gouvernement Dini
en 1995, et la récente loi de 1998 dite loi dant, si ce processus de politisation dans
l'arène partisane est le plus apparent, et s'il Turco-Napolitano : au travers des évolutions
représente sans doute l'armature du cadre qui s'y manifestent sont visibles aussi bien le
cognitif des politiques concernant l'immigrat processus d'instrumentalisation du thème par
ion, il n'est que la partie émergée d'un pro des stratégies de distinction politique entre les
cessus de production des représentations poli partis que le poids de l'influence de certains
tiques bien plus complexe. À l'analyse en effet, groupes de pression. Si le premier processus
les prises de position des acteurs politiques se est un facteur de radicalisation des interpréta
révèlent informées et influencées par de mult tions, le second, en ménageant de nombreux
espaces de négociation et d'échange politique, iples acteurs sociaux (représentations d'inté
rêt, associations du "troisième secteur", pousse à la recherche de solutions consens
experts de la bureaucratie publique), qui uelles, tant symboliques que pratiques.
apparaissent comme le véritable creuset de la Dans ce pays dont la mémoire collective est
production politique sur ces thèmes. La si marquée par l'émigration (Ritaine, 1998), il
logique de leurs engagements dessine un est symptomatique de la non-visibilité des
espace de médiation politique spécifique à la nouveaux problèmes que, jusqu'en 1986, le
question de l'immigration, fait de l'entrecro statut des étrangers n'ait été réglé que par un
isement de multiples réseaux d'échange poli texte de 1931, le Testo unico di pubblica sicu-
tique. La dynamique de ces prises de position, rezza, promulgué par le régime fasciste, et un
dans les rapports interpartisans et dans la iquement soucieux de sécurité publique. Entre
société civile, est prise dans le mouvement de ces deux dates, les questions concernant la
la recomposition politique italienne. Ce présence des étrangers en Italie n'étaient
contexte rend, plus qu'ailleurs, sensibles les réglées que par circulaires administratives, ceci
effets de la confrontation à l'altérité (not egli en contradiction avec la Constitution de 1 947
altri : nous et les autres) sur les représentations qui stipule dans son article 2 que "la condition
de la Nation et de l'État, de la nationalité et de juridique de l'étranger est réglée par la loi en
la citoyenneté : celles-ci ne sont-elles pas au conformité avec les normes et traités interna
tionaux" {cf. article de F. Pastore). Le caractère principe de la crise politique italienne?
discriminatoire des pratiques bureaucratiques
Le temps dyune non-politique en la

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