Observations relevées sur quelques momies royales d'Egypte - article ; n°1 ; vol.9, pg 578-590

Fouquet

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1886 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 578-590
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: BULLETINS_DE_LA_SOCIETE_D-ANTHROPOLOGIE_DE_PARIS0
• Publié le: 01 janvier 1886
• Nombre de lectures: 36
• Langue: Français

Extrait

Fouquet
Observations relevées sur quelques momies royales d'Egypte
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 9, 1886. pp. 578-590.
Citer ce document / Cite this document :
Fouquet . Observations relevées sur quelques momies royales d'Egypte. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III°
Série, tome 9, 1886. pp. 578-590.
doi : 10.3406/bmsap.1886.4910
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1886_num_9_1_4910578 SÉANCE DU 7 OCTOBRE 188G.
D'après les observations de Virchow, la couleur de la peau
de tous les individus, la fille non exceptée, correspond aux
différentes nuances (de n à s) du n° 33 des tableaux de Radde;
d'après mes observations, la couleur de la peau de cette fille
ne correspond à aucune des teintes des tableaux de Broca, tout
en se rapprochant du n° 33, tandis que les autres individus
ont la couleur des n09 44-47.
Je ferai remarquer encore à propos du pli mongoloïde de la
paupière supérieure, qu'il est très prononcé chez les deux
enfants, beaucoup moins accusé chez le jeune homme, presque
nul chez l'adulte.
L'homme est très poilu, contrairement à ce qu'on affirme
des Boshimans, qui Sauraient de poils ni aux aisselles ni
au pubis. Tel est,'à la vérité, le cas pour le jeune homme.
M. Manouvrier. Le pli mongoloïde est aussi prononcé, et
Test même quelquefois plus, chez certains Français, que chez
cet homme.
M. F. Delisle a entendu avec étonnement M, Topinard
dire que la stéatopygie n^avait point été signalée encore dans
le sexe masculin, Le Muséum possède des moulages sur le
squels cette masculine se constate à un degré tout
aussi considérable que chez les individus en question.
COMMUNICATIONS.
Observations relevées sur quelques momies royales d'Egypte;
PAR LE Dr FOUQCET.
M. Maspero rappelle qu'il a ouvert, au Musée de Boulaq,
pendant le mois de juin dernier, la plupart des momies
royales découvertes, en 1881, dans la cachette de Déir el Ba-
harî. Il a été assisté dans ce travail, entre autres personnes,
par le docteur Fouquet, de la Faculté de 'médecine de Paris,
établi au Caire depuis cinq ans. Il a publié dans des Revues
archéologiques les procès-verbaux descriptifs de l'ouverture
des momies de RamsèsII et Ramsès III, Soqnounrî et Séti Ie*.
Il croit préférable de présenter à une Société, où la précision FOUQUET. — MOMIES ROYALES D'EGYPTE. 519
dans l'observation médicale est de rigueur, des notes prises
par un médecin. Les renseignements qui suivent ont été re
levés et rédigés par le docteur Fouquet, et M. Maspero n'est
que le porte-voix de ce savant auprès de la Société d'anthro
pologie.
1° MOMIE D'UN ANONYME.
Sexe masculin. Age, vingt-trois à vingt-quatre ans. Taille,
lm,75. Ce jeune homme était très remarquablement musclé
et d'une Force corporelle beaucoup au-dessus de la moyenne.
Les saillies et les dépressions du système osseux, au niveau
des insertions musculaires, ne peuvent laisser aucun doute à
cet égard. •
Les proportions du corps sont remarquables, les attaches
fines et élégantes, le pied cambré.
La peau, blanche, a conservé sa coloration primitive, grâce
au procédé d'embaumement, sur lequel je reviendrai tout à
l'heure.
Les cheveux sont blonds, de teinte cendrée. La barbe, nais
sante, blonde, ne couvre que le menton et le bord du maxill
aire inférieur jusqu'à l'angle. La moustache était à peine
apparente. On n'en retrouve que des traces, mais qui suffisent
pour nous convaincre qu'elle ne se composait que de poils
follets. Les cils, très longs et bien plantés, les sourcils, fournis
et bien séparés, sont d'une teinte un peu plus foncée que
les cheveux. Les poils des narines, au contraire, sont peu
colorés. La chevelure est composée de petites nattes sur les
tempes; sur tout le reste de la tète, elle est divisée en mèches
à deux brins tordus. Les cheveux sont ondulés, fins, cylin
driques, d'une longueur maximum de 20 centimètres, plantés
bas sur les tempes! Le front, large, est découvert.
Le nez était long, fin, légèrement busqué. Il a été écrasé et
déformé par la pression des bandelettes. 11 ne porte aucune
trace des manœuvres de l'embaumement. C'est, en effet, par
les narines que le contenu de la boîte crânienne était gêné- SÉANCE DU 7 OCTOBRE 1886. 580
ralement extrait. Le fait est facile à constater sur un grand
nombre de momies.
Dans la bouche, grande ouverte, on aperçoit la langue sé-
chée et recroquevillée. L'orifice du pharynx est béant et l'on
y voit les vestiges du voile du palais et de l'épiglotte. Les
dents, petites et blanches, sont au nombre de trente. Qua
torze en haut, les deux dents de sagesse manquent ; elles
n'étaient pas encore poussées. En bas, les deux incisives sont
rentrantes. Les dents du maxillaire supérieur sont légèr
ement portées en avant. Celles d'en bas sont droites. Aucune-
ne présente de carie. Elles indiquent un âge de vingt-trois à
vingt-quatre ans au plus.
Les oreilles, moyennes, bien détachées de la tête, à ourlet
. fin, au lobule arrondi et percé pour, recevoir les boucles
d'oreille que j'ai encore trouvées en place, étaient parfait
ement symétriques. Les boucles d'oreille sont en or, et se
composent simplement d'un tube creux, effilé par ses deux
extrémités et recourbé en forme d'ellipse. Celles que l'on a
trouvées sur le prêtre-roi Pinotem II sont absolument sem
blables. Le fait est bon à noter et pourra peut-être aider à
établir l'identité du personnage qui nous occupe.
.Les organes génitaux étaient en place, mais pris dans les
bandelettes qui les ont déformés en plusieurs points. Malgré ■
cela, un examen attentif nous démontre que le gland était
découvert au moment où le sujet a été emprisonné dans ses
bandelettes. Il ne s'ensuit pas que l'on puisse affirmer qu'il
en était toujours ainsi, ni surtout qu'il y ait -eu circoncision.
Ce point sera discuté en détail dans une autre note. Sur les
bourses, au pubis, sur les cuisses et sur les jambes, on ob
serve des poils blonds et fins.
Au moment de la mort, ce jeune homme avait un embonp
oint très caractérisé. On eût pu rétablir exactement les pro
portions du cadavre, en prenant la mesure de l'espace resté
vide entre le corps et la couche de bandelettes et d'ingré
dients conservateurs. Malheureusement, lorsque j'y ai songé,
les bras et les jambes étaient déji complètement découverts, FOUQUET.. — MOMIES ROYALES D'EGYPTE. 581
et il était à peu près impossible de reconstituer l'enveloppe
de la momie. Le dépouillement ayant été fait en deux
séances, dans l'intervalle, plusieurs fragments avaient été
détruits ou égarés. Le- ventre était déprimé en bateau, les
muscles contractures. Contrairement à l'habitude, le corps
ne présentait aucune ouverture latérale. Quand le dévelop
pement fut complet, on put observer l'anus largement béant.
Je supposai tout d'abord que les viscères avaient été retirés
par cet orifice ; mais, dans la profondeur, on apercevait le
gros intestin qui ne semblait pas déchiré. Avec l'autorisa
tion de l'administration, je pratiquai une fenêtre en arrière,
au niveau de la région lombaire. Cette ouverture elliptique,
de iO centimètres de longueur sur 6 centimètres et demi de
largeur, à grand axe parallèle à la colonne vertébrale, fut
faite au-dessous des fausses côtes sans Intéresser le squelette.
Elle me permit d'introduire* une partie de la main et de
m'assurer de la présence des reins et du foie et de l'inté
grité du diaphragme. Les intestins, l'estomac, l'épiploon,
formaient un dépôt feuilleté très mince au-devant de la co
lonne vertébrale, et le lambeau détaché par mon incision me
permit d'en recueillir quelques fragments. Ces tissus par
cheminés avaient • cependant une certaine souplesse. En
éclairant la cavité abdominale au moyen d'une petite lampe
à réflecteur, je con