Origine et caractères du pouvoir royal au Baguirmi - article ; n°2 ; vol.37, pg 183-214
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1967 - Volume 37 - Numéro 2 - Pages 183-214
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

V. Pâques
Origine et caractères du pouvoir royal au Baguirmi
In: Journal de la Société des Africanistes. 1967, tome 37 fascicule 2. pp. 183-214.
Citer ce document / Cite this document :
Pâques V. Origine et caractères du pouvoir royal au Baguirmi. In: Journal de la Société des Africanistes. 1967, tome 37
fascicule 2. pp. 183-214.
doi : 10.3406/jafr.1967.1421
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1967_num_37_2_1421ORIGINE ET CARACTÈRES
DU POUVOIR ROYAL AU BAGUIRMI
PAR
Viviana PÂQUES
Nous exposons ici quelques résultats de l'enquête conduite au cours des deux
missions effectuées en 1966 et en 1967, dans le cadre de la R. С. Р. 117 au Tchad. Ces avaient pour objet l'étude du Baguirmi qui fut, avec le Ouaddaï un des
royaumes les plus importants du pays jusqu'à la conquête française.
Il convient d'abord de chercher à situer ce royaume dans l'histoire et dans la
géographie. Nous disposons pour cela de deux sortes de documents, de nature et de
valeur fort diverses.
I. Les témoignages directs de voyageurs ou de savants qui, au cours de leurs
déplacements au Baguirmi ont connu un sultan et ont été mêlés à quelque événe
ment historique précis que nous pouvons dès lors dater avec certitude. Les plus
anciens sont cités par Barth x. En voici l'essentiel.
En dehors d'une allusion faite au хше siècle par Ibn Said aux Ibkarem, qu'on
pourrait identifier, par la racine В К R M, au Baguirmi, il faut attendre le xvie
siècle, avec le témoignage de l'Imam A'hmed ben Fartwa, historiographe d'Idriss
Alaoma qui régna sur le Bornou entre 1580 et 1617, pour entendre mentionner
l'existence du Baguirmi. « Le Sultan Abdul Jalil, nous dit l'Imam, traversait le
Baguirmi pour se rendre à Njimi, dans le Kanem, quand il apprit qu'Idriss avait
pillé sa capitale » 2. Notons toutefois que Léon l'Africain, qui assure avoir visité
le Bornou au xvie siècle, ne parle ni du Baguirmi ni du Tchad. D'autre part,
Barth, retraçant une brève histoire du Ouaddaï, dira à propos d'Ab el Kerim,
arrière-petit-fils de Yamane, qu'il situe en 1020 de l'Hégire, soit 1642 de notre ère 3 :
« Cet homme vécut plusieurs années à Bidiri, située à dix milles à l'est de la capi
tale du Baguirmi, qui, à cette époque, ne semble pas avoir existé ». Or Bidiri, centre
religieux musulman occupé par les Peul, jouera un rôle important dans la légende
de fondation du palais des sultans de Massénia 4. Il faudra attendre bien plus tard
la relation d'El Tounsy pour avoir quelques précisions sur ce royaume du Baguirmi.
1. Barth, Travels and discoveries in North and Central A frica, 1849-1855. London, 1857, vol. III, p. 432 et p. 505.
2. Palmer, Sudanese Memoirs, Lagos, 1928, vol. I. The Kanem wars by Imam Ahmed ibn Fartua p. 32 ms, p. 40.-
3. Op. cit. p. 528-529.
4. Cf. Lebeuf, A. M. D. Boum Massénia, capitale de l'ancien royaume du Baguirmi, infra p. 215. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 184
El Tounsy assiste en effet à la mort du mbâg x El Hadj Ahmed, appelé Gaorang,
et au pillage de sa capitale, Massénia, par les troupes du sultan du Ouaddaï, Sabum,
en 1806, Saleh étant sultan de Logone. Plus tard, nous avons le témoignage de
Denham qui passa dans la région en 1824, au moment où se déroulait la bataille
entre Burkumanda (1806-1846) et El Kanemi, près de Ngala.
Barth séjourna dans la capitale Massénia sous le règne d"Abd el Qader et en
1855, Escayrac de Lauture confirme qu"Abd el Qader depuis sept ans. Nach-
tigal verra, lui, le successeur d"Abd el Qader, Mohammed Abu Sekin, à Goundi,
en 1872-1873, alors qu'il cherchait à reconquérir son trône, occupé par fAbd er
Rahman, protégé du Ouaddaï. En 1883 Abu Sekin reprend Massénia et fait mettre
à mort son compétiteur avant de mourir lui-même en 1884. Enfin, à partir de Gao
rang II, qui fut proclamé mbâg en 1885 et qui s'allia à Gentil pour lutter contre
Rabeh, les sultans qui se sont succédé au Baguirmi nous sont bien connus. Il s'agit
Mahmat (1918-1933) et de mbâg Yousouf, l'ancien chef de canton de Massénia.
2. Une autre série de documents est constituée par les informations recueillies
par ces mêmes voyageurs auprès de lettrés barma islamisés qui possèdent dans
leurs archives soit les généalogies des sultans du pays, soit le récit de certains évé
nements marquants de leur règne. On ne sait quelle tradition orale ou écrite se
rattachent ces textes. Ce qui est certain, c'est que la a toujours été réin
terprétée, de manière à se trouver en accord avec le monde intérieur de l'auteur
et avec sa conception ésotérique de l'univers. Il n'est donc pas question de pro
céder à des vérifications historiques en ce qui concerne ces chronologies, dont les
dates sont toujours précises mais rarement concordantes. Elles n'en sont pas moins
fidèlement recopiées par les Iman ou par certains dignitaires désireux d'être regardés
comme les dépositaires de la tradition. Elles circulent ainsi de main en main et sont
regroupées en fonction des hasards qui les ont mises en possession des intéressés.
Leurs concordances peuvent donc s'expliquer aussi bien par une origine commune
que par une véritable référence à une réalité événementielle.
Parmi ces documents nous citerons pour mémoire les généalogies recueillies par
Barth, par Escayrac de Lauture, Nachtigal, Lanier, Devallée, etc. Nous avons
nous-mêmes relevé quelques successions dynastiques de sultans, qui ne corre
spondent pas à celles fournies par ces auteurs, dans l'intention de les livrer aux ana
lyses comparatives des historiens.
A. Liste recueillie à Fort-Lamy auprès d'un dignitaire barma, Baba Iba, allié
à la famille du mbâg de Massénia : Muhammadu.
B. Deux listes recueillies à Massénia les 17 et 18 janvier 1966, auprès des digni
taires du palais.
C. Liste recueillie auprès du mbâg de Bousso, compagnon d'armes de Gaorang II,
le 16 janvier 1967.
On trouvera ces textes en annexe.
Tous les documents recueillis par les premiers voyageurs ont été, par la suite,
1. mbâg : titre donné au roi du Baguirmi ainsi qu'à d'autres rois de cités riveraines du Chari, telles que Bousso
ou Mailing. Ces derniers ont conservé leur titre, non seulement après avoir fait leur soumission au mbâg de Massén
ia, mais encore sous l'administration française où ils remplissaient le rôle de chefs de canton, et sous l'adminis
tration moderne tchadienne, où ils ne sont officiellement que chefs de village. Certains chefs Sara portèrent égal
ement le titre de mbâg car, bien que ne dépendant pas directement du mbâg de Massénia ou de Bousso, ils venaient
chercher la confirmation de leur investiture auprès du mbâg de Massénia, créant ainsi une sorte de confédération
de petits états qui gravitaient autour du roi barma. (Barma : terme par lequel se nomment les habitants du
Baguirmi). ORIGINE ET CARACTÈRES DU POUVOIR ROYAL AU BAGUIRMI 185
réinterprétés par des historiens de culture occidentale, qui ont cherché à donner
un caractère de succession chronologique à ces récits mythiques de fondation, ou
une explication rationnelle aux événements de caractère religieux rapportés par les
narrateurs ou les copistes sous une forme symbolique. On a même essayé de fixer
des dates à partir de la durée présumée des règnes. Des historiens plus récents,
comme Jacques Le Cornée, ont repris toutes ces données en leur imprimant une
dernière coloration scientifique, en vue de développer une grande fresque historique,
en dépit des innombrables incertitudes que nous venons de signaler.
Des difficultés analogues se présentent quand on essaie de déterminer géographi-
quement ce que fut le royaume du Baguirmi. Des recherches ont été conduites en
vue de retrouver les villages dépendant administrativement de la capitale du
royaume. Elles se sont heurtées à bien des obstacles. Les premiers tenaient à la
mobilité d'une population semi-sédimentaire, dont les villages peuvent être effacés
de la carte sans laisser de vestiges apparents: D'autres étaient dûs à l'instabilité
des zones d'influence qui varient suivant la fortune ou la force de chaque mbag.
Enfin, comme dans toute l'Afrique, les villages d'

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