Parallèle entre les classifications des aliénistes - article ; n°1 ; vol.17, pg 363-388
27 pages
Français

Parallèle entre les classifications des aliénistes - article ; n°1 ; vol.17, pg 363-388

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
27 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1910 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 363-388
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
Parallèle entre les classifications des aliénistes
In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 363-388.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. Parallèle entre les classifications des aliénistes. In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 363-388.
doi : 10.3406/psy.1910.7283
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1910_num_17_1_7283XIV
PARALLÈLE ENTRE LES CLASSIFICATIONS
DES ALIÉNISTES
Introduction. — On entend dire souvent que* si chaque aliéniste
se plaît à se faire une classification personnelle des maladies
mentales, en revanche toutes ces classifications diffèrent très peu
comme fond; il n'y aurait que des divergences d'étiquettes. Ce que
les uns appellent manie ou mélancolie, d'autres l'appelleraient folie
intermittente ou folie maniaque-dépressive; ce quia été désigné
longtemps sous le nom de folie des dégénérés deviendrait aujour
d'hui de la démence précoce, ou de la confusion mentale, et ainsi
de suite. Les mots auraient changé beaucoup plus que les faits.
Quand même cette opinion serait juste, il n'en serait pas moins
intéressant de comparer avec le plus grand soin toutes ces classi
fications différentes. Si on possédait un tableau de leurs équiva
lences, on en tirerait un grand parti dans la pratique. D'abord, on
lirait avec plus de fruit les aliénistes, car on saurait au juste de
quels malades ils veulent parler dans leurs descriptions et théories;
on donnerait un sens exact à des statistiques publiées, qui souvent
restent inutiles, faute de définitions précises : on saurait, sous les
certificats des collègues, deviner à quels sujets ils les appliquent;
on pourrait se donner le plaisir délicat d'imaginer, en présence d'un
malade, quelle étiquette il aurait reçue des mains de Magnan ou de
Kraepelin; enfin, on pourrait espérer la fin de l'anarchie terminol
ogique qui règne actuellement en aliénation. Voilà les principaux
avantages qu'on trouverait à réduire à une commune mesure des
classifications dont les différences ne seraient que verbales.
Mais ce n'est pas tout. Les classifications des plus grands alié
nistes ne diffèrent pas seulement par les termes employés; ils y ont
mis leur manière de comprendre l'aliénation, leurs méthodes, leur
philosophie; et quand on compare. leurs classifications, on est tout
naturellement porté à chercher quelle est la meilleure. La meil
leure, à coup sûr, c'est celle qui réunirait les quatre mérites
suivants : celle qui serait la plus large et ne laisserait en dehors de
ses cadres aucun malade; celle qui serait la plus commode et
n'exigerait pour ses diagnostics que des faits faciles à se procurer;
celle qui serait la plus vraie et se prêterait aux constatations les 364 MÉMOIRES ORIGINAUX
plus exactes; celle enfin qui attacherait au diagnostic les consé
quences les plus nombreuses et les plus importantes.
Nous n'allons pas faire une revue critique de toutes les classif
ications qui ont été proposées : les anciennes sont hors d'usage;
parmi les modernes, la plupart ne contentent que celui qui les a
inventées, et c'est peu. Deux seulement méritent une discussion
approfondie, celles de Magnan et de Kreepelin.
I. — CLASSIFICATION DE MAGNAN (1882).
Elle est tripartite (voir le tableau ci-dessous). La première sub
division : « États mixtes tenant de la pathologie et de la psychiat
rie », embrasse tous les troubles mentaux qui surviennent à l'occa
sion de grosses lésions cérébrales, ou sous l'influence de poisons
nettement déterminés, ou celles qui s'accompagnent d'accidents
moteurs paroxystiques tels que des crises convulsives. Magnan n'a
rien innové dans la constitution de ce groupe; seulement, il a
le mérite de mettre l'accent sur le symptôme caractéristique de
chaque affection; ainsi il insiste sur le caractère global de la
démence dans la paralysie générale; — sur la limitation de l'aff
aiblissement des facultés mentales dans les lésions circonscrites du
cerveau (hémorragie, ramollissement); — sur le caractère amnés
ique de l'épilepsie; — sur les troubles hallucinatoires de l'alcoo
lisme... Ne pas s'embarrasser d'une masse inutile de symptômes,
mais aller tout droit à l'essentiel, voilà quelle a été la préoccupation
constante de sa carrière d'aliéniste.
Classification de Magnan 1.
/. Étais mixtes tenant de la pathologie et de la psychiatrie.
Paralysie générale.
Démence sénile (athérome cérébral),
i
///. II. 1. In a. A. B Folies Idiots, Leçons *oiie Folie Délire Alcoolisme Mélancolie. Hystérie. Manie. Epilepsie. proprement imbéciles, ues des cliniques intermittentes. chronique. dégénères, dégénérés et intoxications débiles, dites. sur les \ j Psychoses. maladies Délires déséquilibrés. syndromes diverses. d>embiée mentales, épisodiques. Absinthe. Cocaïne. Ramollissement. Hémorragie. Plomb. Morphine Seigle Tumeurs, (primaires). 1893, ergoté. p. et etc. 203. opium. ET SIMON. — PARALLÈLE ENTRE LES CLASSIFICATIONS 36b BINET
Dans les vésanies, son œuvre a été plus personnelle ; il a intro
duit une subdivision en folies simples et folies dégénératives. Arrê
tons-nous sur cette distinction, car elle lui appartient en propre.
Il réduit les formes simples de la folie au nombre de quatre :
1° La manie;
2° La mélancolie; Magnan appauvrit ces deux groupes en élimi
nant les états maniaques ou mélancoliques qui ne sont que symp-
tomatiques, par exemple, de paralysie générale ou d'alcoolisme ; il
ne laisse dans le groupe que les formes pures de tout mélange
organique ;
3° La folie intermittente. Mot nouveau et idée nouvelle. Jusque-là
Baillarger avait décrit une folie à double forme1, qui consistait en
alternance de manie et de mélancolie; Falret avait décrit une folie
circulaire 2, où la succession des accès se faisait sans interruption.
Magnan montre que toutes ces formes correspondent à une même
affection : celle-ci commence par des accès simples de manie ou de
mélancolie séparés par des intervalles de retour complet à la santé-;
les accès de double forme ou de folie circulaire représentent des
phases tardives, dans lesquelles le retour à la santé ne se fait plus.
Magnan propose par suite de réunir tous ces cas sous une déno
mination qui consacre leur caractère commun d'intermittence, et
il imagine le terme de folie intermittente.
4° Le délire chronique. Lasègue3 et Falret4 avaient commencé à
isoler une forme de délire systématisé. Magnan parfait leur œuvre
en construisant un type de délire chronique qui présente une évo
lution régulière en quatre périodes : incubation, persécution, ambit
ion et démence.
Voilà pour Magnan les quatre types classiques de la folie. Il les
isole et les définit surtout par leur évolution, et voici comment il
a procédé pour y arriver. Dans son service de l'admission (à l'asile
de Sainte-Anne), il ne voit guère que des malades aigus, mais il a
soin de tenir compte de l'état des malades qui ont fait plusieurs
entrées dans son service; il recherche les certificats antérieurs
dont ces malades ont été l'objet, il fait le graphique des change
ments d'état qu'ils ont présentés; et c'est ainsi qu'il arrive, pour
les cas de folie intermittente, à saisir l'évolution caractéristique de
cette- maladie, pour le délire chronique, à établir la transformat
ion lente et régulière des idées délirantes.
Le même procédé de compulsion de certificats le met en même
temps en mesure d'isoler un autre groupe, le groupe dégénératif,
dont la création lui appartient en propre. Il s'aperçoit en effet
que certains malades entrent tantôt avec un état maniaque, tantôt
1. Baillarger. Recherches sur les maladies mentales, t. I, p. 143 et sniv.
et p. 683.
2. Falret. Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses,
p. 584.
3. Lasègue. Études médicales, t. 1, p. 543.
4. Falret. Société médico-psychologique, 1875. 366 MEMOIRES ORIGINAUX
avec un délire hallucinatoire, tantôt avec des idées mystiques et
tantôt avec des idées de perséc

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents