Plaidoyers pour les centres urbains secondaires en Afrique au sud du Sahara - article ; n°133 ; vol.34, pg 117-138
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Description

Tiers-Monde - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 133 - Pages 117-138
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monique Bertrand
Plaidoyers pour les centres urbains secondaires en Afrique au
sud du Sahara
In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°133. pp. 117-138.
Citer ce document / Cite this document :
Bertrand Monique. Plaidoyers pour les centres urbains secondaires en Afrique au sud du Sahara. In: Tiers-Monde. 1993, tome
34 n°133. pp. 117-138.
doi : 10.3406/tiers.1993.4829
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1993_num_34_133_4829PLAIDOYERS
POUR LES CENTRES URBAINS
SECONDAIRES
EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA
par Monique BERTRAND*
Depuis le Colloque de Talence consacré à la croissance urbaine en
Afrique noire1, la recherche urbaine française privilégie l'étude des
grandes agglomérations au sud du Sahara. L'étude de nombreuses capi
tales a notamment confronté des politiques institutionnelles nationales
et des pratiques citadines de quartiers, et soulevé la question des acteurs
sociaux de la ville. Au contraire, les niveaux inférieurs de l'urbanisation
sont moins connus ; leurs marchés sont même négligés au vu de taux
d'urbanisation inférieurs à ceux des autres continents en développement.
Ce désintérêt n'est pourtant pas fondé quant aux rythmes élevés de
croissance de la population citadine, qui concernent autant la base de la
pyramide urbaine que l'effet cumulatif du sommet. Qualifiées de centres
secondaires, par opposition aux agglomérations « primatiales », les pe
tites et moyennes villes africaines constituent-elles une réplique en mi
niature des métropoles nationales, ou bien suggèrent-elles des formes
spécifiques d'accumulation économique et de stratifications sociales ?
Lacunaire, l'approche des villes africaines « par le bas » est pourtant
ancienne chez les géographes. Plusieurs études de cas sont menées dès
les indépendances, notamment à I'orstom : au même titre que les monog
raphies de terroirs ruraux, celles de petites villes offrent un cadre d'en
traînement accessible à la recherche individuelle de terrain2. La notion
de ville secondaire apparaît dans le contexte d'une urbanisation peu
• Maître de conferences à l'Université de Caen.
1. CEGET-CNRS, 1972.
2. Cahiers de I'ORSTOM, 1969 ; Auger, 1973 ; Courade, 1972.
Revue Tiers Monde, t. XXXIV, n° 133, Janvier-Mars 1993 118 Monique Bertrand
dense, dont le niveau productif et les techniques d'encadrement sont fai
bles. Elle place d'emblée ces localités dans l'interprétation économique
des réseaux urbains, régionaux puis nationaux. Le terme de « périphér
ie » jalonne bien vite les travaux devenus comparatifs, qui s'inspirent
peu du renouvellement méthodologique apporté aux grandes agglomé
rations par les enquêtes anthropologiques des années 1970.
Lieux ponctuels et parfois excentrés, ces villes ne suggèrent-elles
pas, aujourd'hui, d'autres enjeux que la transposition de modèles de
décentralisation souvent forgés de l'extérieur? Promues dans les an
nées 1980 par un regard sociologique qui tente d'y tester sa concep
tion « du local », porteuses également de nouvelles idéalités pour le
développement « autocentré », elles posent le problème du statut
scientifique d'espaces particularisés dans le champ « macro-spatial »
des déterminations économiques et politiques. Ne sont-ils pas souvent
cloisonnés dans des critériologies étroites, et étiquetés de plus en plus
comme « le local » à partir d'un adjectif pourtant fort relatif? Si
l'Afrique noire marque un retard sur les politiques municipales amorc
ées en Amérique latine (qu'elles soient justifiées par le désengagement
budgétaire de l'Etat ou par l'élargissement de la « société civile »), ce
retard n'est pas le seul fait des modalités d'intervention des Etats dans
leurs territoires ; il peut aussi découler de plaidoyers « piégés » sur les
centres urbains secondaires.
I - LES GRILLES DE LECTURE D'UN « LOCAL ATONE »
EN AFRIQUE
Différentes réflexions ont successivement cantonné les petites et
moyennes villes dans le schéma d'une personnalité institutionnelle ho
mogène, dominée par une économie dualiste. Définies par une quantifi
cation fonctionnaliste, elles apparaissent tantôt comme le prédateur
d'une production agricole insuffisante, le symptôme
d'une urbanisation bancale.
1. Naissance d'un « paradigme d'intermédiarité »
Les premières monographies consacrées aux relations villes-campa
gnes identifient d'abord l'objet d'étude « petite ville » en abordant par
le bas l'effet de taille d'une agglomération sur son arrière-pays eth- Plaidoyers pour les centres urbains secondaires 119
nique. Cette géographie des lieux est descriptive et devient classifica-
toire ; son approche de la ville est encore ruraliste : des seuils de
concentration humaine, des aires de desserte des gares routières, des
auréoles de ravitaillement agricole différencient les centres semi-ur
bains, des petites et des moyennes villes, mais ils limitent la raison
d'être de ces localités à la seule échelle locale. Elles n'apparaissent di
gnes d'intérêt que dans le prolongement de leur hinterland rural, ne
sont significatives que de relations de proximité. Malgré l'intensité, en
core mal mesurée, des villes-campagnes en Afrique (Mond-
jannagni, 1975), ces échanges les confinent pourtant dans une image
de médiocrité commerciale. Etudiées comme facteur de polarisation
élémentaire, elles n'émergent pas encore dans la recherche urbaine plu
ridisciplinaire, qui tente ailleurs de lier des mutations économiques et
des dynamiques sociales proprement citadines.
L'image des centres secondaires héritée de ces premiers repérages des
semis de base est ainsi négative. Ni authentiquement rurale, ni parfait
ement urbaine, la petite ville semble enfermée dans son environnement
immédiat. Un défaut ď « intermédiarité » colle infailliblement à l'évoca
tion de ses populations et activités. Les exemples présentés, le plus sou
vent forestiers, déplacent certes les thèmes consacrés d'abord aux capi
tales (flux migratoires, collectes agricoles, impact des services). Mais la
particularité des plus petits centres ne viendrait que du gauchissement
d'un véritable ordre monographique révélé en d'autres lieux. Le maint
ien d'une forte population d'actifs agricoles dans ces agglomérations de
base déformerait en réduction les définitions urbaines. L'agglomération
miniature d'en bas troublerait un schéma (paysages résidentiels, organi
sation commerciale) de la vraie ville élaboré d'en haut.
Ces localités lointaines semblent donc se borner à n'être que des
étapes intermédiaires, des relais transitoires dans un processus linéaire
de passage « du rural à l'urbain » : jalons provisoires, sans effet de re
tour ni pouvoir de rétention, dans un itinéraire à sens unique, qui trans
forme irrémédiablement un paysan particularisé en un citadin anonyme.
L'étude de centres secondaires en ressort stéréotypée. Leurs quartiers et
marchés sont marqués par la dualité : les uns relèvent d'une tradition
précaire, les autres d'une modernité trop discrète, circonscrite au centre.
Cela fige progressivement le prototype « niveau inférieur du semis ur
bain », qui communique peu avec les instances nationales de décision
économique. Mais la pertinence de ce schéma descriptif n'est guère dis
cutée par la suite.
Le thème de l'exode rural illustre également cette médiocre initiation
du passage par la petite agglomération. Dès le début des années 1970, 120 Monique Bertrand
les migrations camerounaises vers les villes analysées par Y. M arguerai
placent celles-ci au bas de l'échelle des polarisations économiques, où
s'amorce un certain déracinement démographique (réduction de la f
écondité, déséquilibre du rapport hommes/femmes). La typologie des
flux migratoires se déduit directement du rayonnement inégal des fonc
tions urbaines. Les aires de drainage humain s'ordonnent hiérarchique
ment selon le critère d'un réseau économique classé des centres locaux <

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