Polysémie et lexicographie : de la langue à l analyse de discours. Autour de Polysémie et construction du sens sous la direction de Khadiyatoulah Fall, Jean-Marcel Léard et Paul Siblot, et Les mots de la nation sous la direction de S. Rémi-Giraud et P. Rétat  ; n°1 ; vol.78, pg 113-125
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Polysémie et lexicographie : de la langue à l'analyse de discours. Autour de Polysémie et construction du sens sous la direction de Khadiyatoulah Fall, Jean-Marcel Léard et Paul Siblot, et Les mots de la nation sous la direction de S. Rémi-Giraud et P. Rétat ; n°1 ; vol.78, pg 113-125

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Langage et société - Année 1996 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 113-125
13 pages

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Publié le 01 janvier 1996
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Langue Français

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Branca
Polysémie et lexicographie : de la langue à l'analyse de
discours. Autour de Polysémie et construction du sens sous la
direction de Khadiyatoulah Fall, Jean-Marcel Léard et Paul
Siblot, et Les mots de la nation sous la direction de S. Rémi-
Giraud et P. Rétat
In: Langage et société, n°78, 1996. pp. 113-125.
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Branca. Polysémie et lexicographie : de la langue à l'analyse de discours. Autour de Polysémie et construction du sens sous la
direction de Khadiyatoulah Fall, Jean-Marcel Léard et Paul Siblot, et Les mots de la nation sous la direction de S. Rémi-Giraud
et P. Rétat. In: Langage et société, n°78, 1996. pp. 113-125.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1996_num_78_1_2766Polysémie et lexicographie :
de la langue à l'analyse de discours
autour de
Polysémie et construction du sens
sous la direction de
Khadiyatoulah FALL, Jean-Marcel LÉARD et Paul SIBLOT,
Université Montpellier III, Praxiling (Le fil du discours), 1 996
Les mots de la nation
sous la direction de
S. RÉMI-GIRAUD et P. RÉTAT,
Presses Universitaires de Lyon, 1 996
Le premier recueil, consacré au traitement de la polysémie lexicale,
constitue les actes d'un colloque organisé les 25 et 26 avril 1995 à
Chicoutimi par l'équipe Praxiling et les linguistes de l'Université
du Québec. Il permet de confronter plusieurs modèles explicatifs, la
sémantique interprétative de F. Rastier (F. Rastier, M. Noailly), la
praxématique (P. Siblot), les opérations énonciatives de Culioli
(El Mankouch, K. Fall et P. Larrivée), les ponts sémantiques inspirés
du Dictionnaire explicatif et combinatoire de Mel'cuk (G. Dostie,
J.M. Léard et al.). Malgré leur intérêt intrinsèque, je ne discuterai
pas les articles qui relèvent d'une sémiotique visuelle (El Mankouch
et K. Fall qui envisagent trois types d'usage des guillemets). Je n'évo
querai pas davantage les morphèmes grammaticaux très polysé
miques, (P. Larrivée qui analyse certaines valeurs contextuelles de
pas, L. D'Amboise et J.-M. Léard, les emplois de bon, bien comme
marqueurs discursifs; N. Labrecque et G. Dostie, des spécificateurs
comme façon, manière). Je m'attarderai sur les contributions de P. Siblot
© Langage et société n° 78 - décembre 19% 114 COMPTES RENDUS
et M. Noailly que l'on peut lire en parallèle avec le volume récent
consacré aux Mots de la nation.
Pour sa part, le colloque intitulé Les mots de la nation aborde sous
l'angle des mots et des discours le problème des façons dont les
sociétés humaines se solidarisent et marquent leur appartenance à
des États-nations ou dont au contraire elles se séparent. L'intérêt
des chercheurs a sans doute été suscité par la montée des conflits
en Yougoslavie, dans l'ex-URSS, en Espagne, en Italie, en France. . .
Mais s'il porte sur plusieurs langues d'Europe et sur l'arabe, il balaie
aussi l'histoire, de l'Antiquité à aujourd'hui. Plusieurs approches
(qui ne sont pas toujours exclusives) sont représentées de façon fort
intéressante. En lexicologie, un point de vue diachronique traite les
concepts du point de vue de leur construction progressive. L'analyse
de discours et les approches que l'on peut dire globalement socio-
linguistiques sont largement représentées dès lors qu'il s'agit de
vocabulaire social... Mais j'évoquerai seulement quelques contri
butions pour les situer par rapport aux approches de la polysémie :
le point de vue cognitif d'A. Cruse dans "La signification des noms
propres de pays en anglais" permet d'affiner l'analyse des traits ; le
point de vue "terminologique"1 de Sylviane Rémi-Giraud - désor
mais S.RG. - est présenté avec beaucoup de netteté ce qui permet de
situer des points d'accords et de désaccords.
I. LA POLYSEMIE
l.l- Selon une première définition,
un polysème est un mot à significations multiples
Ainsi pour prendre un exemple parmi d'autres, air signifie à la fois :
"fluide gazeux, atmosphère"; d'où par restriction "atmosphère propre
à un lieu" comme dans l'air de la cour et l'ambiance comme dans il y
a de l'orage dans l'air. Par métonymie on passe aux "manières d'êtres
1. Le lexique qu'elle étudie n'est cependant pas une terminologie procédant d'une
volonté de normalisation comme peut l'être le lexique spécialisé de certaines sciences.
S'il répond à une organisation systématique, cette dernière ne procède pas de règles
volontaristes. COMPTES RENDUS 1 15
dans un lieu" ou aux "manières d'être en général", d'où la signifi
cation "d'apparence habituelle à une personne" qui prend de grands
airs; un air pincé. Toutes ces significations, fluide gazeux qu'on resp
ire/atmosphère d'un lieu/apparence d'une personne peuvent être reliées, si
distantes qu'elles paraissent au premier abord.
On parle au contraire d'homonymie lorsqu'un même signifiant
présente deux significations distinctes et qu'on ne parvient pas à éta
blir de liens entre elles. C'est le cas de cousin, terme de parenté
(d'origine latine con-sobrinus) et de cousin au sens d'insecte (peut-
être de culex moucheron).
En fait, la répartition entre ce qui appartient à la polysémie et ce
qui relève de l'homonymie n'a rien d'évident et varie selon les stra
tégies des descripteurs. Nous évoquons trois problèmes.
1 .2- La frontière entre homonymie et polysémie
Les lexicographes ont généralement considéré que deux signifiants
constituaient des homonymes dès que les contextes étaient très dis
joints. Bien que vol (des oiseaux) et vol, (larcin) soient historiquement
reliables, ils sont habituellement présentés comme deux mots dif
férents. De plus les stratégies descriptives peuvent différer pro
fondément : les dictionnaires Robert ont tendance à regrouper les
sens dès qu'il est possible d'établir des connexions. Au contraire,
J. Dubois et l'équipe qui a rédigé sous sa direction le Dictionnaire du
Français Contemporain (1966) réédité et augmenté sous le nom de
Pluridictionnaire (1975) choisit la solution homonymique dès que
les propriétés distributionnelles et les dérivés sont spécifiques.
ÉLEVER a ainsi trois entrées distinctes :
élever (élévation, élévateur)
bien élevé, mal élevé
élevage éleveur
H n'y a guère que les différences de domaines discursifs que le DFC
regroupe sous une même entrée : par exemple, structure en mathé
matique et en sciences humaines. J. Dubois ne dégroupe non plus
en fonction de les changements de traits comme l'opposition ani
mé, non animé dans voir une vache, manger de la vache. 116 COMPTES RENDUS
1 .3- Quels niveaux linguistiques retenir comme pertinents
La polysémie se situe au niveau de la langue au sens saussu-
rien et tout le monde admet qu'en contexte le mot se colore de
nuances dont la combinatoire discursive rend compte. Mais des
problèmes de frontières se posent. A. Cruse (« La signification
des noms propres de pays en anglais ») rappelle que les cogni-
tivistes posent un niveau de traitement intermédiaire entre
langue et parole. Ils distinguent par exemple deux "facettes"
du mot livre :
Le livre comme objet concret (Le livre est trop gros pour ma bibliothèque; le livre est
abîmé).
Le livre comme contenu (Le livre est passionnant).
G. Kleiber (1990) a critiqué cette solution polysémique en mont
rant qu'elle ne permet pas bien de traiter des activités communes
aux deux acceptions telles que J'ai acheté un livre à la librairie du
coin. En effet, si je suis bibliophile, j'ai acheté ce livre pour ses
qualités d'objet physique, si je suis amateur de poésie moderne
pour son contenu ; mais peut-être est ce que je m'intéresse aux
deux aspects conjointement. On peut d'ailleurs coordonner sans
faire sourire les deux acceptions : J'ai acheté un livre passionnant mais
il est malcommode à ranger. Au contraire, lorsqu'on coordonne
deux acceptions polysémiques on a l'impression d'un forçage
spectaculaire, poétique

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