Pour un bilan de la sociologie du travail en France - article ; n°3 ; vol.14, pg 441-463
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Description

Revue économique - Année 1963 - Volume 14 - Numéro 3 - Pages 441-463
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Marcel David
Pour un bilan de la sociologie du travail en France
In: Revue économique. Volume 14, n°3, 1963. pp. 441-463.
Citer ce document / Cite this document :
David Marcel. Pour un bilan de la sociologie du travail en France. In: Revue économique. Volume 14, n°3, 1963. pp. 441-463.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1963_num_14_3_407559/ J
POUR UN BILAN
DE LA SOCIOLOGIE DU TRAVAIL EN FRANGE
Depuis une quinzaine d'années, grâce aux efforts d'une pléiade de
chercheurs, la sociologie du travail a connu dans notre pays un remar
quable essor. Aussi le moment était-il venu de procéder à une mise au
point de ce qui fait la spécificité de cette jeune discipline scientifique et
fonde son existence en tant que branche nettement différenciée de la
sociologie d'une part, des sciences sociales d'autre part. Il s'imposait aussi
de dresser un bilan des résultats obtenus sans s'interdire de les compléter
ou de les rectifier le cas échéant, voire de combler certaines lacunes qui
subsistent dans l'état de nos connaissances. Il était tentant enfin de s'ap
pliquer à dégager de la multiplicité des études analytiques les points
de convergence et à travers eux les grandes lignes des transformations
déjà réalisées ou en voie de se produire.
Il revenait tout naturellement à G. Friedmann et P. Naville (1), en
qui chacun se plaît à reconnaître les fondateurs de la discipline en France
et qui, plus que quiconque, ont contribué par le renom de leurs travaux
à lui obtenir ses lettres de noblesse, d'assumer la direction de pareille
entreprise. Rompus à l'art si délicat de susciter des vocations de cher
cheurs, de dégager des thèmes appropriés de recherches, d'orienter les
travaux en cours et de les suivre jusqu'à leur terme, ils étaient assurés
d'emblée de la collaboration de ceux qui se plaisent à reconnaître en eux
leurs maîtres et dont les publications font autorité. Dans ces conditions,
ils n'eurent qu'à demander à ceux-ci de condenser dans les limites d'un ou
deux courts articles qui constituent autant de chapitres du traité, l'essentiel
des résultats obtenus par eux dans leurs secteurs de prédilection. Furent
invités également à collaborer, selon la même formule, des personnalités
qui, sans graviter professionnellement dans l'orbite de la sociologie du
1. Georges Friedmann et Pierre Naviixe, Traité de sociologie du travail,
Paris, Armand Colin, 1961 et 1962, 2 vol., 468 et 439 p. REVUE ÉCONOMIQUE 442
travail ont paru aux directeurs de la publication susceptibles de fournir
une contribution intéressante. Quant à ces derniers, tout en effectuant leur
apport dans tel ou tel secteur, ayant retenu personnellement leur attention
de chercheurs, ils se sont en plus chargés de la plupart des études de
portée générale, relative à l'objet, aux méthodes, aux limites de la socio
logie du travail ainsi qu'aux perspectives que celle-ci permet de découvrir.
Dès l'avant-propos, ils avancent de la sociologie du travail la définition
suivante : « Etude des collectivités humaines très diverses par leur taille,
leurs fonctions, qui se constituent à l'occasion du travail, des réactions
qu'exercent sur elles, aux divers échelons, les activités de travail, constam
ment remodelées par le progrès technique, des relations externes entre elles
et internes entre les individus qui les composent» (tome I, p. 5). Ils
reconnaissent toutefois que cette définition « si détaillée soit-elle » ne suffit
pas à conférer à l'approche des sociologues du travail une pleine spécif
icité. D'autres qu'eux en effet, notamment les économistes, les démog
raphes, les ethnologues, les historiens se préoccupent des problèmes « qui
ont pour commun dénominateur de constituer des aspects de la société
industrielle ou en voie d'industrialisation », étant entendu que celle-ci
ne comporte pas que des activités proprement industrielles mais aussi
commerciales, administratives, agricoles. Faut-il donc se résigner, sous
prétexte d'interpénétration inéluctable de frontières et de rapports com
plémentaires (I, 6), à ne pas caractériser davantage ce qui fait le propre
de l'attitude du sociologue du travail en face des problèmes qui se posent
à lui ? P. Naville ne paraît pas très loin de le penser, lui pour qui
la sociologie du travail implique au moins autant que l'utilisation d'une
méthode, qui lui est propre, le recours aux méthodes des autres sciences
sociales, voire « la combinaison de méthodes particulières » (I, 37) et qui
estime que le sociologue est tout aussi fondé que l'économiste à étudier
le salariat pour cette simple raison que « l'estimation du travail de chacun
ne relève pas seulement de sa propre estimation mais de celle de la
société» (II, 109). Moyennant quoi l'auteur procède à une étude fort
suggestive et pertinente, mais dont on ne voit pas toujours ce qui diffé
rencie son angle de vision de celui qu'adopterait l'économiste. Fera-t-on
valoir avec G. Friedmann (I, 89) que l'économiste envisage essentiell
ement le résultat de l'acte de travail et le sociologue les conditions de
celui-ci ? Il est rien moins que sûr que les économistes les plus conscients
de la portée humaine et sociale de leur discipline souscrivent à ce mode
de différenciation. SOCIOLOGIE DU TRAVAIL 443
Serait-ce qu'en dernière analyse il n'y ait pas de meilleurs critères pour
décider du point de savoir si tel problème relève de la sociologie du
travail, que le fait d'avoir retenu ou non l'attention d'un sociologue, connu
pour sa spécialisation dans cette branche particulière ? Ce qui laisserait
alors toute latitude à l'auteur de l'étude en question de mêler à l'approche
sociologique toutes sortes d'autres angles de vision. De fait, certains des
chapitres du traité pourraient fort bien à quelques développements près,
se retrouver sous la plume d'un économiste ou d'un juriste ? Mais le
sociologue en pareille occurrence s'estimerait peut-être fondé à renvoyer la
balle à l'un ou l'autre de ceux-ci en lui faisant observer qu'il empiète
sur ses plates-bandes.
Convenons, dans ces conditions, avec G. Friedmann et P. Naville, que
les interpénétrations sont inéluctables et même qu'elles sont bénéfiques.
Il né faudrait toutefois pas que, sous le prétexte de l'imprécision des
frontières, telle ou telle des disciplines, qui relève des sciences sociales du
travail, en vienne à se montrer envahissante au point de se donner à elle
seule pour apte à englober toutes les autres. On se défend mal contre
le sentiment que la sociologie du travail, emportée par son dynamisme,
puisse être tentée d'aller jusque-là. Ce serait d'autant plus regrettable
qu'outre les difficultés qui ne manqueraient pas d'en naître pour l'harmo
nieux développement des rapports entre disciplines voisines, des traits
communs ne sont pas sans se dégager du traité dans son ensemble, qui
nous paraissent amplement suffisant à conférer sa spécificité à la sociologie
du travail.
L'ua des plus nets est l'attention particulière que le sociologue prête
à sa manière, distincte de celle du juriste, de l'économiste, à l'aspect orga
nique et structurel des problèmes que pose l'existence des collectivités du
travail. Peu importe que dans son effort pour différencier cette optique
de celle de l'historien du mouvement social, le sociologue ait tendance
à prêter à celui-ci un parti pris d'isolement dans le chronologique et l'év
énementiel qui n'est plus guère le sien, s'il l'a jamais été. Peu importe
même que dans la mesure où ils rencontrent des travaux d'historiens sur
leur route, les sociologues du travail soient partagés entre le parti pris
d'en réputer les enseignements aussi périmés que déformants et le sentiment
d'avoir à pallier leurs insuffisances fût-ce, consciemment ou non, au prix
de quelque inexpérience. L'essentiel est que sur les problèmes d'organi
sation et de structure, la sociologie du travail nous aide à perfectionner
notre approche scientifique du réel. La sociologie du travail fai

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