Pour une Histoire rurale de l Afrique du Nord - article ; n°3 ; vol.12, pg 455-466
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1957 - Volume 12 - Numéro 3 - Pages 455-466
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 44
Langue Français

Extrait

Jean Poncet
Jean Despois
Pour une Histoire rurale de l'Afrique du Nord
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 12e année, N. 3, 1957. pp. 455-466.
Citer ce document / Cite this document :
Poncet Jean, Despois Jean. Pour une Histoire rurale de l'Afrique du Nord. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 12e
année, N. 3, 1957. pp. 455-466.
doi : 10.3406/ahess.1957.2659
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1957_num_12_3_2659DÉBATS ET COMBATS
Pour une Histoire rurale
de l'Afrique du Nord
1. — A propos des cultures en terrasses.
M. Jean Desfois, dans un récent numéro de cette revue, a traité du
problème que poserait l'absence de cultures sèches en terrasses dans les
campagnes du Nord maghrébin. Il conclut : « Si vraiment la culture
sèche en terrasses n'a jamais été pratiquée dans les campagnes du Nord
maghrébin, même dans les pays kabyles, si vraiment cette technique
d'aménagement des pentes, si connue et si traditionnelle dans les pénin
sules méditerranéennes et dans le Proche-Orient, a toujours été ignorée
des riverains de l'Afrique du Nord, ce n'est pas seulement que ceux-ci
n'en ont pas senti la nécessité... c'est aussi qu'une cause commune au
Nord et à l'Est n'a pas agi au Sud de la Méditerranée. On ne voit pas que
cette cause puisse être d'ordre géographique. C'est donc aux spécialistes
de l'Antiquité méditerranéenne et de la protohistoire, qui ne semblent
pas s'être souciés de l'origine des champs en terrasses, de résoudre, si
possible, le problème soulevé à propos de l'Afrique du Nord. 1 »
II ne nous semble pas que le problème, ainsi formulé, soit correctement
posé et voudrions faire quelques remarques à ce propos, qui per
mettent peut-être, sinon de lui apporter une réponse, du moins de l'aborder
plus facilement.
Il est exact que les terrasses de culture, qui servent non seulement à
retenir les eaux et à empêcher leur ruissellement trop rapide, — même
en cas de cultures « sèches » — , mais aussi à fixer les terres arables sur les
pentes, ne sont pas liées à un seul type de culture. Mais il faut tout de
suite préciser un point essentiel : l'édification de véritables terrasses ne
peut se concevoir que dans le cadre d'une agriculture au moins à demi
intensive, obtenant des rendements assez élevés pour justifier une telle
somme de travail, fournie par une population suffisamment dense. La
1. Annales, janvier-mars 1956, p. 42-50 : « La culture en terrasses en Afrique du
Nord ».
455 ANNALES
vigne et l'arbre fruitier, le mais et la pomme de terre, le riz ou le blé,
mais un blé sarclé et soigné donnant des récoltes supérieures à celles des
djebels nord-africains, autant de cultures qui fournissent des rendements
assez abondants pour nourrir les travailleurs ayant édifié et entretenu de
vastes réseaux de terrasses au flanc des montagnes et des vallées
méditerranéennes, extrême-orientales, hindoues ou sud-américaines.
M. J. Despois a parfaitement raison de souligner que de telles pratiques
supposent une pression démographique, mais également une organisation
sociale assez forte... L'abandon des travaux de retenue des eaux et des
sols sur les pentes, à la suite de guerres, de migration ou de dépeuplement,
mais aussi par suite de transformations dans les structures économiques
et les conditions de production, peut avoir pour conséquence la destruc
tion partielle ou même définitive, sous des climats particulièrement agress
ifs, des terrasses les plus anciennes et, avec elles, des sols modifiée par
l'homme.
Sur ces deux points, qui en réalité ne sont que les deux aspects d'une
même réalité, — action des facteurs économiques et démographiques,
d'une part ; évolution historique des réseaux de terrasses, d'autre part — ,
il convient, selon nous, d'insister tout particulièrement, car c'est là une
première clé du problème des cultures en terrasses en Afrique du Nord.
La terrasse associée à l'irrigation, telle que nous la retrouvons encore
parfois en Tunisie, quoique bien dégradée — Matmata, meškat sahéliennes,
jardins irrigués de certaines décheras (Zaghouan, Le Kef, Téboursouk,
La Kessera...) — est évidemment le degré ultime, le plus perfectionné, de
la culture en terrasses. Elle a survécu localement parce qu'elle se trouvait
à proximité de noyaux sédentaires et denses de population, auxquels
elle permettait de tirer parti au maximum de ressources en eau et en terre
relativement abondantes, au milieu de vastes espaces desséchés. Plus on
va vers le Sud, plus on a l'impression que les hommes ont traditionnell
ement lié leur habitat à cette pratique de la terrasse irriguée, comme à
celle de Pirrigatior, toutes les fois où cela devenait possible : le resserrdes activités agricoles sur des aires à la fois peu étendues, travaillées,
défendues et utilisées au maximum, s'explique par des raisons multiples.
En bien des pointe, au demeurant, on assiste à un recul considérable de
la culture en terrasses, sinon à sa disparition complète, par rapport à
l'Antiquité. Tout cela ne rend en rien plus « curieuse » ou plus difficile à
comprendre l'apparente inexistence des « terrasses » de culture sèche.
La seule chose qui soit exceptionnelle, à cet égard, ce n'est pas la
pratique des terrasses de culture, mais la conservation de cette pratique
et de la terrasse elle-même, jadis abondante sous toutes ses formes, y
compris sous les diverses formes de transition brièvement évoquées par
J. Despois. Le problème n'est donc pas d'expliquer pourquoi la culture
« sèche » en terrasses aurait été ignorée ou inexistante, même chez les
Kabyles, ces agriculteurs soigneux qui cultivent de fortes pentes et ne
456 EN AFRIQUE DU NORD
savent pas les défendre contre l'érosion, mais de suivre révolution his
torique et économique d'activités culturales ayant abouti à l'abandon
ou à l'ignorance, mais aussi à l'impossibilité actuelle de ces méthodes.
Les cultures en terrasses ont été répandues autrefois dans de nom
breux massifs tunisiens du Centre et de la Dorsale. La photographie
aérienne en atteste la présence près de Gafsa, de Fériana-Sbéitla-Kasse-
rine, à l'Ouest de Kairouan, etc. Les ingénieurs hydrologues et pédologues
ont à maintes reprises relevé les traces et signalé l'importance des restes
de terrasses construites avec murettes de soutènement (cf. dès 1906
une étude détaillée du bassin de l'oued Merguellil : Ousselat, Pichon, etc.),
et les travaux consacrés au plateau de Kasserine, au djebel Chambi, au
djebel Mrhila 1... Sans doute s'agissait-il aussi bien de retenir le ruissell
ement ou d'équiper des cônes de déjection d'oueds que d'entretenir des
plantations ou des cultures sèches, mais on ne voit pas comment il pourr
ait y avoir des pentes aménagées en terrasses sans que les cultures bénéf
icient, dans une certaine mesure, de rétention d'eau : la culture sèche en
terrasses ne diffère de la culture irriguée que par des disponibilités hydraul
iques moins importantes et surtout moins régulières, liées à la pluvio
métrie et non à des sources permanentes. La localisation des découvertes
de ce genre faites en Tunisie permet-elle donc de conclure à l'inexistence
de pratiques culturales en gradins ou même en terrasses dans le Tell ?
Il faut y regarder de plus près. Les massifs montagneux du Centre et de
la Dorsale, ceux du Sud également, ont servi de refuge et apparaissent,
jusqu'à une époque parfois toute récente, comme les témoins d'une vie
groupée et indépendante : montagnards du Djebel Ousselat, dispersés
au XVIIIe siècle seulement, Djebalia de Gafsa, étudiés par Bardin, popul
ations des Matmata... mais aussi, plus au Nord, habitants de l'ancien
« cercle des Hamadas » (gens de La Kessera par exemple), occupante de
l'ancienne «Table de Jugurtha», au-dessus de l'actuel Kalaat-ee-Senam,etc.
Ces groupes, qui n'ont perdu leur cohésion et leur originalité qu'à des
dates relativement proches, étaient aussi ceux qui avaient gardé les
traditions cultur

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