Pour une nouvelle politique pharmaceutique dans les pays du Tiers Monde - article ; n°105 ; vol.27, pg 109-127
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Description

Tiers-Monde - Année 1986 - Volume 27 - Numéro 105 - Pages 109-127
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

German Velasquez
Pour une nouvelle politique pharmaceutique dans les pays du
Tiers Monde
In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°105. pp. 109-127.
Citer ce document / Cite this document :
Velasquez German. Pour une nouvelle politique pharmaceutique dans les pays du Tiers Monde. In: Tiers-Monde. 1986, tome
27 n°105. pp. 109-127.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1986_num_27_105_4443POUR UNE NOUVELLE
POLITIQUE PHARMACEUTIQUE
DANS LES PAYS DU TIERS MONDE
par German Velasquez*
La tuberculose, qui touche moins de ioo personnes sur ioo ooo
en Europe, et n'y représente que 2 % des décès, en touche 250 en
Afrique où elle est responsable de 8 % des décès. Dans le monde, elle
touche encore 8 millions de personnes et en tue 400 000 par an.
On dénombre encore 125 millions de cas de malaria, la maladie la
plus fréquente du Tiers Monde, qui tue chaque année en Afrique un
million d'enfants de moins de cinq ans. La bilharziose (ou fièvre de
l'escargot), considérée par Toms comme un des six fléaux de l'humanité,
infeste 180 millions de personnes. La maladie se répand avec la cons
truction de barrages.
L'oms affirme que 100 millions d'enfants de moins de cinq ans
souffrent de malnutrition, dont 10 millions de façon aiguë. La sous-
nutrition, affirme E. Barrai, fait directement 15 millions de morts par
an, alors que les pays industriels occidentaux se heurtent en permanence
au problème de la surproduction agricole.
Le taux de mortalité infantile est dans de nombreux pays du Tiers
Monde dix fois plus élevé que dans les pays industrialisés (150 °/00
contre 15 °/oo)j et l'espérance de vie, qui dépasse déjà les 70 ans en
Europe, n'arrive qu'à 45 ans en moyenne pour l'Afrique.
On pourrait ainsi continuer à citer des statistiques sanitaires des pays
du Tiers Monde qui rendraient le tableau encore plus dramatique. Les
trois quarts de la population mondiale se trouvent dans une situation
sanitaire propre au Moyen Age, alors que les pays occidentaux s'embar-
* Colombien, économiste de la Santé, consultant de I'oms.
Revue Tiers Monde, t. XXVII, n° 105, Janvier-Mars 1986 IIO GERMAN VELASQUEZ
quent dans des aventures technologiques de plus en plus sophistiquées,
comme les greffes de cœurs artificiels.
Le déséquilibre flagrant face à la maladie entre les pays du Nord
et du Sud se retrouve à l'intérieur des pays du Tiers Monde, où l'on peut
constater que 80 % de la population n'a pas encore de système de soins
à sa disposition, et que l'organisation sanitaire existante ne répond pas,
dans la plupart des cas, aux véritables besoins des populations.
Dans beaucoup de pays du Tiers Monde la maladie, les principales
causes de mortalité, sont le résultat direct du niveau de développement
économique et social extrêmement bas.
Des centaines de milliers de personnes meurent dans ces pays à
cause de maladies qui n'existent plus dans les pays développés depuis
bientôt un siècle. Un grand nombre de maladies aujourd'hui mortelles
dans les pays sous-développés ont été complètement éradiquées dans les
pays industrialisés grâce, entre autres, à l'action de quelques médica
ments de base dont il existe actuellement une grande pénurie dans les
pays pauvres.
En effet, le marché des produits pharmaceutiques dans les pays sous-
développés, où vit 75 % de la population mondiale, représente seulement
1 5 % du total : 6 % en Amérique latine, 7 % en Asie, 2 % en Afrique1.
En France, par exemple (ce n'est pas le pays qui consomme le plus),
la consommation en valeur en 1983 par habitant a été d'environ 120 $ us
par an, alors que la moyenne pour l'Afrique n'arrive pas à 3 $ us par
habitant par an.
Il est vrai que les produits pharmaceutiques ne suffisent pas à eux
seuls à garantir un bon état de santé de la population; mais, encadrés
dans une politique de santé correcte, ils sont un moyen thérapeutique
essentiel pour protéger, préserver ou rétablir la santé.
C'est justement à ce titre qu'un des facteurs importants pour résoudre
les problèmes actuels de santé dans les pays sous-développés est la
possibilité pour ces pays de s'approvisionner en médicaments essentiels
et qui correspondent à la pathologie de chaque pays. C'est pourquoi
le problème de l'approvisionnement et/ou de la fabrication et de la
distribution de médicaments dans les pays sous-développés constitue
un élément déterminant dans l'application de n'importe quel programme
national de santé cohérent, et qui prétende répondre aux véritables
besoins en santé de la population.
Par ailleurs, en raison de l'augmentation de la facture pharmaceu-
i. Vittorio Fattorusso, Les médicaments essentiels pour le Tiers Monde, in Santé du
Monde, OMS, Genève, mai 1981, p. 3-5, p. 3. UNE NOUVELLE POLITIQUE PHARMACEUTIQUE III
tique de nombreux pays, les composantes socio-économiques de l'usage
de médicaments ont pris aujourd'hui une importance spéciale. C'est
pourquoi les politiques pharmaceutiques nationales, composantes d'une
politique nationale de santé, sont passées du niveau technique et clinique
au niveau économique et social.
Comment résoudre le problème du manque de médicaments dans les
pays du Tiers Monde ?
A quels facteurs faut-il s'attaquer d'abord ?
Que font les pays pauvres aujourd'hui pour se procurer les médica
ments dont ils ont besoin ?
L'expérience de plusieurs pays du Tiers Monde nous montre que
pour commencer à résoudre le problème de l'approvisionnement en
médicaments, il faut intervenir à différents niveaux :
— au niveau de la politique de santé ;
— au de la pharmaceutique;
— au niveau de la fabrication de médicaments.
AU NIVEAU DE LA POLITIQUE DE SANTÉ
L'approvisionnement en médicaments, pour être efficace, doit
s'inscrire dans une politique nationale de santé cohérente, qui planifie
ses actions en fonction des besoins et des possibilités, qui donne la
priorité à la médecine préventive, et qui tienne compte du rôle et de
l'importance de la médecine traditionnelle.
Le système de santé existant aujourd'hui dans la majorité des pays
du Tiers Monde est une copie du système des pays industrialisés. Il a
été transplanté lors de la colonisation ou/et il a été imité après. Or le
système de santé occidental, fondé sur la médecine curative, centré sur
le personnage du médecin et agissant dans une structure hospitalière
hautement technicisée, est complètement inadapté à la situation sanitaire
des pays sous-développés.
Les dépenses de santé dans les pays sous-développés sont mal dis
tribuées (75 % en moyenne pour les zones urbaines dans des pays avec
une structure de population majoritairement rurale), les pourcentages
des budgets destinés aux médicaments sont déséquilibrés (de 30 à 50 %
du budget à la santé contre 10 à 20 % dans les pays développés),
le type de médicaments importés et/ou produits ne correspond pas aux
besoins thérapeutiques.
L'inadaptation de ces systèmes de santé et la faible disponibilité 112 GERMAN VELASQUEZ
de ressources matérielles et humaines des pays sous-développés exige
— seule possibilité d'utilisation rationnelle et équitable des moyens
pour assurer la santé — une planification de la santé au niveau national.
« Les systèmes de santé publique des pays en développement sont
dans l'ensemble mal conçus et insuffisants. Les mesures préventives
devraient avoir le pas sur les mesures curatives. Il faut s'occuper davan
tage des besoins des masses rurales, et moins des élites urbaines. Le
réseau sanitaire doit être simplifié et étendu. La structure de la production
et de la distribution pharmaceutique vient renforcer une structure de la
santé publique fondamentalement injuste »2.
La médecine préventive insiste d'abord sur la santé et son entretien
plutôt que sur La maladie et ses soins. Elle est avant tout une stratégie
active par rapport à la médecine curative qui réserve le plus souvent un
rôle passif aux malades.
La politique des soins de santé primaires, promue par l'Organisation
mondiale de la Santé, basée en grande partie sur une

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