Poussin et l homme historique - article ; n°1 ; vol.19, pg 1-18
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1964 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 1-18
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Francastel
Poussin et l'homme historique
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e année, N. 1, 1964. pp. 1-18.
Citer ce document / Cite this document :
Francastel Pierre. Poussin et l'homme historique. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 19e année, N. 1, 1964. pp. 1-
18.
doi : 10.3406/ahess.1964.421116
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1964_num_19_1_421116ÉTUDES
Poussin et l'homme historique
Au xvne tâche du tel fut L'idéal Guide cours depuis le siècle titre des l'avaient classique émilien. dix d'une années ans Exposition précédée, du ; précédentes, Le il xvue s'est Comité ainsi siècle donné organisée une bolonais qu'une en pour Exposition Italie à Bologne but présentation d'organisation et de la reconstituer au des peinture cours Carraches des de poursuit peintres l'été le paysage, et climat 1962. une du sa
de culture d'où est sortie la peinture bolonaise, et de rassembler des
matériaux en vue d'une réévaluation critique du xvne siècle européen
tout entier. M. Césare Gnudi en est à la fois l'inspirateur et le réalisateur ;
on ne peut que rendre hommage à la continuité du dessein comme à la
probité des moyens employés pour le réaliser. Il n'y a aucune compar
aison entre ces manifestations et la très lamentable Exposition du
xvne siècle européen que le Conseil de l'Europe a réalisée à Rome en
1956, l'une des plus mauvaises d'une médiocre série.
L'Exposition bolonaise de 1962 constituait, en fait, un effort pour
réencadrer Poussin dans la peinture italienne et européenne du xvne siècle.
M. Gnudi avait ajourné eii 1960 l'exposition projetée, pour faciliter la
célébration au Louvre de l'année Poussin. En revanche, le Louvre a aidé
Bologne, en 1962, à matérialiser le rapprochement souhaité de Poussin
et des artistes italiens de son temps par des prêts d'une exceptionnelle
1. On ne saurait donner une bibliographie sommaire de Poussin. On se reportera
aux dernières publications : d'abord au Catalogue de l'Exposition de Bologne qui a
fourni le prétexte de cet article : LHdeale classico del Seicento in Italia e la pittura di
paesaggio, Dominiquin, Albane, Poussin, Dughet, Claude Lorrain. Ve Mostra Biennale
d'arte antiea, Bologne, 1962. Ensuite les Actes du Colloque Nicolas Poussin, Paris,
1958. Paris, C.N.R.S., 1959. Dans les perspectives de ce texte on consultera également
Denis Mahon, Studies in Seicento art and theory, Londres, 1947 ; G. C. Argan, La
pittura deW Illuminismo in Inghilterra. Scritti in onore di Mario Salmi, Rome, 1963 ;
Guido Luzzatto, UEsposizione di Guido Reni, Cenobio, 1955 ; la très remarquable
série des Actes des Congrès du Centro internazionale di Studi Umanistici de Rome
dirigé par Enrico Castelli, en particulier le tome III, Retorica e Barocco, Venise 1954,
Rome, 1955, ainsi que les Testi Umanistici su la Retorica publiés dans l'Archivio di
Filosofia sous la direction également de Enrico Castelli, Rome-Milan, 1953. Voir
aussi Jacques Ehrmann, Un Paradis désespéré. L'Amour et Vlllusion dans VAstrée,
Yale, 1963, ainsi que Roger Bauer, Les métamorphoses de Diane. Wort und Text.
Festschrift fur Fritz Schalk, Francfort, 1963. On trouvera enfin le texte cité de Max
Planck dans L'Image du monde dans la physique moderne, Paris, Gonthier, 1963.
Annales (19e année, janvier-février 1964, n° 1) ANNALES
importance, grâce à quoi la confrontation de Poussin non seulement
avec Claude Lorrain mais avec l'Albane et le Dominiquin se trouvait
réalisée, ainsi que la mise en valeur de Gaspard Dughet, le neveu de Pouss
in et à proprement parler son seul élève. On voyait, donc, à Bologne,
une double exposition : une exposition Poussin, particulièrement inté
ressante pour ceux qui n'avaient pu voir à Paris la merveilleuse présen
tation de 1962 ; une exposition du xviie siècle romain,
révélatrice pour tous les curieux du grand siècle.
Si manifestes que soient les divergences de jugement avec M. Gnudi
que fera apparaître cette étude, on ne saurait trop le féliciter d'avoir
illustré des problèmes dont dépend la possibilité d'une étude enfin cr
itique du xvne siècle européen : problème de la nature et des fondements
de l'idéal classique ; problème des rapports entre Rome et Bologne, entre
Rome et Paris ; des moments du xvne siècle ; problème du
paysage classique ; enfin du Classicisme considéré comme une
valeur neuve de la société moderne. Puisse cette exposition marquer
l'heure où l'on cessera enfin d'envisager tout le xvne siècle comme un
âge unanime et baroque, affecté seulement çà et là par quelques dévia
tions du goût ; où l'on cessera de le regarder comme un dernier avatar
de la Renaissance ; où l'on s'efforcera enfin de considérer les œuvres
comme liées au destin d'une société créatrice de valeurs.
Qu'une telle attitude soit déjà, en soi, hardie, il n'en faut pour preuve
que le texte de la très importante préface de M. Césare Gnudi, qui reste,
après la dispersion des œuvres, le témoin des intentions et des jugements
de l'organisateur. Même ici, le Classicisme est présenté comme une oppos
ition au Baroque. Assurément, on ne va pas aussi loin que ces critiques
littéraires qui, ayant emprunté sans discernement la catégorie du Baroque
à des historiens de l'art, y voient l'incarnation de toutes les valeurs
vivantes du xvne siècle. On accepte implicitement, toutefois, cette idée,
infiniment discutable, de l'unité culturelle de la période qui va de Raphaël
à la Régence voire à la Révolution française. En bref, toute la théorie
du Classicisme reste ici dominée par un double postulat : que l'Italie, et
particulièrement Rome, fournit à l'Europe la forme-type de sa peinture ;
que la Renaissance, achevée à Rome vers 1510, reste la norme de toute
culture pendant au moins deux siècles. Il en résulte qu'en dépit d'efforts
certains de bonne volonté pour réhabiliter le Classicisme, cet art apparaît
toujours comme conditionné par les formes antérieures et que le véritable
rapport existant entre le siècle et ses oeuvres spirituelles, cependant les
plus représentatives, apparaît toujours comme second. Ainsi, par exemple,
en arrive-t-on à étudier le problème Poussin en fonction de Raphaël au
lieu de l'aborder en fonction de La Fontaine ou de Molière. Ainsi, M. Denis
Mahon s'efforce-t-il à nous persuader que le rapport ligne et couleur
chez Poussin reste le même que chez Raphaël. Ainsi, pose-t-on comme
hypothèse de base à toute attention critique le fait que Poussin se serait POUSSIN
formé dans le milieu romain de sa jeunesse pour en prolonger les vertus
et l'effort, pour relever les Carraches et achever l'épuration du goût
traditionnel. Une fois de plus, en somme, on proclame les mérites du
Classique, mais on le repense en fonction d'un Baroque qui, de plus en
plus, au fur et à mesure que le temps passe, devient, comme l'a très bien
vu et dit M. Germain Bazin dans sa préface au catalogue, un frère jumeau
de l'académisme ; le principal résultat des débats passionnés de ces der
nières années étant d'avoir fait prendre en considération par la méca
nique critique de ce dernier système des éléments rej étés- auparavant
par les puristes de la forme antiquisante.
Aussi bien resterait-on encore dans le système, à vouloir réfuter point
par point les jugements avancés par les organisateurs et les commentat
eurs de l'Exposition de Bologne. Ce serait, une fois de plus, proclamer
les droits et la spécificité du Classicisme et développer les chaînes d'argu
ments de ceux qui le refusent parce qu'au fond ils l'ignorent. Mieux vaut
sans doute s'efforcer de tirer parti des éléments d'information fournis
par l'Exposition de Bologne pour essayer de ressaisir sur le vif les prin
cipes inspirateurs de l'artiste qui, dans le domaine esthétique, fut l'i
ncarnation même du Classique : Nicolas Poussin.
Le premier problème qui se pose est celui de savoir s'il existe un vrai
Poussin. Aucun doute n'est permis : Poussin se montre à nous au début
ou même vers le milieu de sa carrière, très différent de ce qu&#

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