Pratiques d eugénique chez les Luba du Katanga - article ; n°3 ; vol.4, pg 259-269
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1969 - Volume 4 - Numéro 3 - Pages 259-269
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 29
Langue Français

Extrait

E. Vincke
Pratiques d'eugénique chez les Luba du Katanga
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XII° Série, tome 4 fascicule 3, 1969. pp. 259-269.
Citer ce document / Cite this document :
Vincke E. Pratiques d'eugénique chez les Luba du Katanga. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris,
XII° Série, tome 4 fascicule 3, 1969. pp. 259-269.
doi : 10.3406/bmsap.1969.1455
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1969_num_4_3_1455et Mémoires de la Société ď Anthropologie de Paris, Bulletins
tome 4, XIIe série, 1969, pp. 259 à 269.
PRATIQUES D'EUGÉNIQUE CHEZ LES LUBA
DU KATANGA
PAR
Edouard VINCKE
Le but de ce travail est l'étude de pratiques d'eugénique qui étaient en
vigueur chez les Luba du Katanga, en replaçant les faits dans leur contexte
social. Ultérieurement, il sera fait une comparaison avec des pratiques ana
logues dans les ethnies avoisinantes.
Les pratiques ici décrites peuvent être qualifiées d'eugénique en ce sens
qu'elles visent l'élimination des porteurs de caractères jugés néfastes, carac
tères qui sont connus pour être déterminés, au moins partiellement, par l'hé
rédité.
L'idée de ba?e est ainsi de montrer l'influence de la culture sur le patrimoi
ne génétique d'une population : si cette élimination de certains types d'indi
vidus est pratiquée pendant un certain nombre de générations, la culture de
vient un des facteurs de l'évolution, au même titre que les mutations par
exemple.
Méthode de travail.
Le travail s'est fait par interview de personnes appartenant aux Luba du
Katanga. Le nombre d'individus interrogés à Lubumbashi est d'une quarant
aine. Leurs professions sont très variées : employés, infirmiers, monitrices
d'école, manœuvres, cultivateurs. Leur âge varie de 25 à 70 ans. La majorité
de ces personnes sont actuellement établies à Lubumbashi, mais ont eu ou
ont encore des contacts étroits avec le milieu traditionnel. Plusieurs se ren
dent fréquemment dans leur village d'origine. Leur langue maternelle est
toujours le kiluba. société d'anthropologie de paris 260
Les interrogatoires faits par l'auteur ont été conduits en français ou en
swahili local. Ceux qui ont été conduits par les deux informateurs, MM. Nkulu
et Kyoni, l'ont été en kiluba. Un des informateurs s'est rendu en 1968 dans
son pays d'origine, et a interrogé plusieurs anciens de la tribu, dont son père.
Le travail s'est fait de 1967 à 1969. La durée d'un interrogatoire pouvait
aller jusqu'à deux heures. Les informateurs disposaient des documents de base,
et pouvaient les revoir avec des tiers.
Ethnographie et Histoire.
Les Luba constituent un des plus importants groupes ethniques du Congo.
Leur nombre était estimé, en 1961, à 290.000 individus. Les Luba ont un sys
tème patrilinéaire, la polygamie est pratiquée, la polyandrie est inconnue.
La langue commune est le kiluba, qui comporte des variations régionales aux
régions de frontières.
Les Luba du Kasaï, de même que les Luba du Katanga et les Lulua, se r
éclament d'un ancêtre commun, Ilunga Nshi Mikulu (Nshi = pays, et Miku-
lu = vieux). La séparation d'avec les Luba du Kasaï et les Lulua se serait
faite il y a plusieurs centaines d'années, avant le premier empire Luba dont
le fondateur était Kongolo. Plusieurs traditions différentes existent à son pro
pos, et certains lui donnent une origine Songye. Kongolo régna vers 1500.
Au cours de son règne survint Ilunga Mbidi Kiluwe, chasseur réputé venant
de Kasongo Nyembo. Son fils Kálala détrôna Kongolo et fonda le second
Empire Luba vers 1650. A partir de 1700, le royaume Luba fut le siège de
luttes intestines pour le pouvoir, en même temps qu'il était en conflit avec
les populations périphériques, dans des essais d'expansion du territoire.
Il n'y a pas actuellement d'autorité commune à tous les Luba du Katanga,
aucun chef n'ayant réussi depuis bien longtemps à s'imposer à tous les clans.
Chaque clan se réclame d'un ancêtre particulier, a son chef, et une capitale
qui est souvent différente de la résidence de ce chef. A des intervalles varia
bles, il y a des réunions des chefs des clans principaux, qui peuvent prendre
des décisions communes.
Le nombre des clans s'élève à plusieurs dizaines, ils comportent des effec
tifs très variables ; il n'y a pas de barrières aux mariages entre clans.
Un groupe se distingue des autres : celui des Balaba ou gens du fleuve. Ils
sont divisés en nombreux clans, vivent le long du Lualaba ou à quelques di
zaines de kilomètres de: celui-ci, ou bien sont riverains des lacs. Ils sont pê
cheurs, ou pêcheurs et cultivateurs s'il n'habitent pas à proximité immédiate
de l'eau. Ils sont réputés plus grands et plus musclés que les autres Luba qui
sont cultivateurs et accessoirement chasseurs. Il n'y a pas de banière cultur
elle ou génétique entre les Balaba, et les autres Luba.
Il existe, à l'Est de Manono, un groupe Twa, appelé aussi Tembo, dont
une partie contracte des mariages avec les Luba depuis 1960. VINCKE. PRATIQUES D EUGENIQUE CHEZ LES LUBA 261 E.
La carte montre le pays actuel des Luba, le Buluba. Aux zones de frontièr
es, plusieurs types de situations peuvent se présenter. La frontière peut être
bien définie, et séparer les villages Luba des villages appartenant à l'ethnie
2Ae 26° 2.8e
• kabinda
8e
26 28e
Fig. 1. — Limites du territoire Luba.
voisine : on aura une proportion faible d'échanges matrimoniaux. Ou bien, il
peut y avoir, sur une profondeur de quelques dizaines de kilomètres, des vil
lages appartenant à des ethnies différentes, avec un taux d'unions interethni- société d'anthropologie de paris 262
ques variable, mais supérieur à celui de la situation précédente. Enfin, il peut
y avoir de grands groupes intermédiaires entre deux ou trois ethnies, tels les
Bene Kalundwe, qui occupent le territoire de Kaniama : ils ont de nombreux
échanges culturels et matrimoniaux avec les Luba du Kasaï, les Luba du Ka-
tanga, et les Lunda.
On peut admettre comme centre de l'ethnie la région définie par un hexa
gone dont les sommets sont Kabalo, Kabongo, Kamina, Bukama, Malemba-
Nkulu et Manono. Plus on s'éloigne de cette région, plus on aura de chances
de constater des échanges culturels et biologiques avec d'autres ethnies.
La situation dans les centres urbains ne sera pas traitée ici.
Les Enfants de Malheur.
Les porteurs de certains traits sont considérés comme « Enfants de Mal
heur » ou Bana ba Malwa. La notion est précise, chaque enfant rentrant ou
non dans cette catégorie, et cet état se reconnaît à la naissance, ou plus tard,
jusqu'à l'âge de trois ou quatre ans.
Certaines catégories d'enfants de malheur devaient obligatoirement être
supprimées, ceux dont l'existence était considérée comme une menace grave
pour la communauté : les enfants nés avec une dent, ceux dont les premières
dents apparaissaient à la gencive supérieure, ceux dont les vagissements étaient
pris pour des paroles humaines, ceux qui ne marchent pas vers l'âge de trois
ou quatre ans, ceux qui naissent « en regardant le ciel », les hydrocéphales,
les malformés congénitaux graves, les hermaphrodites.
Pour d'autres catégories, la règle était imprécise, par exemple pour les
albinos.
Enfin, les enfants de malheur de certaines catégories n'étaient pas suppri
més, par exemple les polydactyles.
La naissance d'un enfant de malheur peut avoir plusieurs causes. Ce peut
simplement être un kizumba, un accident. Ce peut aussi être dû à la malveil
lance d'un ancêtre, ou à la réincarnation d'un esprit mauvais. Ou bien la mère
peut avoir transgressé un interdit au cours de sa grossesse, transgression
qui peut avoir été inconsciente. Enfin, un membre malveillant de la commun
auté peut avoir jeté un mauvais sort.
La réaction sociale envers la mère dépendra de la cause attribuée à cette
naissance fâcheuse. S'il y a un conflit de famille préexistant, une mésentente
conjugale, des accusations peuvent être portées, la mère peut subir des repro

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