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Après les précédents de 1986 et de 1992, l'Insee a renouvelé en 1997, pour la troisième fois, l'enquête Jeunes, en partenariat avec de nombreuses administrations et organismes de recherche. Ce dossier sur les jeunes est le troisième en cinq ans. L'intérêt permanent pour cette population tient sans doute, en grande partie, à la difficulté de trouver des catégories suffisamment robustes et stables pour décrire une période de la vie caractérisée par une forte mobilité : affective, familiale, et professionnelle. D'où la nécessité d'adapter en permanence les instruments d'observation et de mesure à une réalité difficile à saisir.

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Langue Français

Extrait

Préface
près les précédents de 1986 et de 1992, l’Insee a renouvelé en 1997,Apour la troisième fois, l’enquête Jeunes, en partenariat avec de nom-
breuses administrations et organismes de recherche. Ce dossier sur les
jeunes est le troisième en cinq ans. L’intérêt permanent pour cette popula-
tion tient sans doute, en grande partie, à la difficulté de trouver des catégo-
ries suffisamment robustes et stables pour décrire une période de la vie
caractérisée par une forte mobilité : affective, familiale, et professionnelle.
D’où la nécessité d’adapter en permanence les instruments d’observation et
de mesure à une réalité difficile à saisir.
Une nouvelle perspective : l’interaction
de la sphère professionnelle et de la sphère familiale
L’étude des jeunes embrasse une perspective de plus en plus large. Les
deux dossiers précédents (Insee, 1995 ; Insee, 1997) mettaient l’accent sur
les mécanismes d’insertion sur le marché du travail. C’est en effet au sein
du monde professionnel que se produisent les transformations les plus pro-
fondes (ou du moins les plus apparentes) susceptibles d’entraver ou de faci-
liter le processus de socialisation des jeunes, et notamment celui des moins
qualifiés. Une telle approche, focalisée sur l’insertion professionnelle des
intéressés, conduit à s’interroger sur l’influence de l’origine sociale, sur le
rôle du système éducatif et sur l’efficacité des politiques publiques d’emploi.
Ces questions se situent toujours au premier plan des préoccupations des
chercheurs et des décideurs.
Toutefois, d’autres paramètres révèlent progressivement leur importance :
ceux régissant les liens des jeunes avec leur famille. Il ne s’agit pas seule-
ment de la modification des rapports entre parents et enfants, déjà ample-
3ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 337-338, 2000 - 7/8ment étudiée dans le cadre de la sociologie de la famille (Bozon et
Villeneuve-Gokalp, 1994 ; de Singly, 1997 ; Galland, 1997). L’élargissement
de la perspective réside plutôt dans l’analyse conjointe des logiques propres
à la sphère familiale et à la sphère professionnelle, et dans la recherche de
leurs éventuelles interactions.
Mesurer l’impact de chacune de ces deux sphères sur les conditions de vie
des jeunes permet de décrire plus concrètement les processus d’insertion
dans le monde du travail. De plus en plus de travaux s’intéressent aux
mécanismes par lesquels la famille aide les jeunes à surmonter leurs diffi-
cultés d’insertion sur le marché de l’emploi(1). L’exemple d’une telle
approche est fourni par un article utilisant l’enquête Jeunes et carrières de
1997 (Herpin et Verger, 1997), qui montrait l’importance des transferts fami-
liaux dans les revenus des jeunes : leur prise en compte conduit à faire for-
tement baisser le taux de pauvreté des étudiants hors du foyer parental. Ils
sont en fait largement soutenus par leurs parents, plus souvent aisés qu’en
moyenne, dans la poursuite d’études supérieures. À l’opposé, les jeunes
issus de milieux plus défavorisés se trouvent doublement pénalisés : la
faiblesse des ressources de leurs parents explique souvent l’arrêt relative-
ment précoce de leurs études (2). Leur niveau de diplôme plus faible abou-
tit aussi fréquemment au chômage ou à des emplois peu rémunérateurs, à
temps partiel ou à durée déterminée.
De l’adolescence à l’âge adulte : une frontière plus floue
qu’auparavant
La transition entre le monde de l’adolescence et celui des adultes constitue
une étape essentielle dans le devenir des jeunes. Dans la sphère familiale,
le jeune est à la charge de ses parents. Il peut bénéficier des droits sociaux
de ses parents directement ou indirectement : couverture maladie jusqu’à
20 ans, éventuellement allocations familiales et dégrèvement d’impôt par le
biais du quotient familial. Pour ceux qui poursuivent des études, les bourses
sont versées directement à l’étudiant, mais leurs montants sont déterminés
par les ressources de ses parents (3). Un étudiant peut aussi demander jus-
qu’à 25 ans son rattachement au foyer fiscal parental.
L’état d’adulte autonome se caractérise, au contraire, par des droits sociaux
essentiellement individuels. Certains sont directement liés au travail comme la
garantie d’une rémunération minimale au travers du Smic ou les allocations
chômage. D’autres sont assurés au niveau de la famille lorsque celle-ci n’ar-
rive pas à se procurer des revenus suffisants par le travail : RMI à partir de
25 ans, aides spécifiques pour les familles avec enfants (allocations familiales,
aides à la garde d’enfant, allocation de parent isolé), et aides au logement.
1. Voir J. Minonzio pour une revue de la littérature sur l’exercice de la solidarité dans les réseaux de relations et
de parenté.
2. Il est très difficile de faire la part, dans l’arrêt des études, entre les difficultés scolaires du jeune, l’éloignement des
normes scolaires dans les familles peu diplômées, la faiblesse des revenus des parents, etc. Mais un article récent
(Goux et Maurin, 2000) a montré l’importance propre des revenus des parents dans la réussite scolaire.
3. Comme le remarquent Herpin et Verger (1997), les bourses universitaires sont d’un montant nettement inférieur
à celui du « minimum vital » nécessaire à un étudiant, ce qui suppose implicitement que les parents complètent ce
revenu ou que l’étudiant occupe un emploi rémunéré durant ses études.
4 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 337-338, 2000 - 7/8Les comportements professionnels et familiaux se transforment (4). La tran-
sition du giron familial à l’autonomie adulte n’est plus aussi tranchée ni déli-
mitée dans le temps que par le passé. Les jeunes connaissent des situa-
tions familiales et professionnelles qu’il est impossible de rattacher précisé-
ment à l’un ou à l’autre des deux systèmes de droits définis ci-dessus.
Comme le note le rapport du Commissariat général du Plan « Minimas
sociaux, revenus d’activité, précarité », publié en juin 2000, « les transfor-
mations du travail comme celles de la famille ont ébranlé notre système de
protection sociale ».
L’interaction plus étroite entre sphère familiale et sphère professionnelle
amène à construire des modèles d’analyse devant rendre compte conjoin-
tement des trajectoires familiales et professionnelles. Cette approche ne
peut plus être strictement individuelle. Ces modèles doivent être capables
de traduire l’imbrication des différentes trajectoires des membres d’un
ménage ou d’une même famille. C’est dans cette nouvelle perspective que
se placent les articles publiés dans ce numéro (5).
L’efficacité de l’apprentissage
en matière de formation professionnelle
Un constat s’impose : le poids de la formation initiale reste prépondérant
dans la détermination des trajectoires professionnelles et familiales.
Pourtant, le contenu de cette formation initiale a lui-même profondément évo-
lué en intégrant de plus en plus stages en entreprises ou périodes d’alter-
nance. Dans leur article, Véronique Simonnet et Valérie Ulrich estiment
l’efficacité relative de deux filières de formation professionnelle initiale
menant à des niveaux de diplôme comparable : le contrat d’apprentissage et
le lycée professionnel. Les apprentis ont plus de chances que les lycéens pro-
fessionnels de trouver un emploi et cet emploi est plus souvent à temps plein.
En revanche, le salaire obtenu est similaire tant en niveau qu’en évolution.
L’entrée dans l’une ou l’autre des deux filières d’apprentissage dépend relati-
vement peu des caractéristiques individuelles des jeunes, mais beaucoup
plus de leur région de résidence. Cette influence résulte des mouvements de
déconcentration des politiques de formation professionnelle depuis 1983, qui
ont laissé un pouvoir important aux régions dans ce domaine.
Associer une formation et une première expérience du monde du travail
améliore ainsi les conditions d’insertion pr

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